Les Singularités
115 pages
Français

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Les Singularités , livre ebook

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Description

Voici l’histoire d’amour improbable de deux individus que tout oppose : l’un est journaliste en astrophysique, l’autre donne dans l’astrologie ! Évoluant dans un sympathique groupe d’amis qui tentent de jouer les entremetteurs, nos deux célibataires, Alexandre et Chloé, nous en feront décou- vrir davantage sur le boson de Higgs et l’origine de l’univers, envers et contre les astres.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 octobre 2012
Nombre de lectures 3
EAN13 9782764423387
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L i t t é r a t u r e d ' A m é r i q u e Collection dirigée par Isabelle Longpré
Du même auteur chez Québec Amérique
À Juillet, toujours nue dans mes pensées , roman, Montréal, 2009.
Les Singularités
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Quessy, Benoît
Les singularités
(Littérature d’Amérique)
ISBN 978-2-7644-2236-6 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2337-0 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2338-7 (EPUB)
I. Titre. II. Collection : Collection Littérature d’Amérique.
PS8633.U49S56 2012 C843’.6 C2012-941871-4
PS9633.U49S56 2012



Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

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Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.
Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3e étage
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Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Dépôt légal : 4e trimestre 2012
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Projet dirigé par Isabelle Longpré en collaboration avec Anne-Marie Fortin
Mise en pages : Andréa Joseph [ pagexpress@videotron.ca ]
Révision linguistique : Chantale Landry et Diane-Monique Daviau
Conception graphique originale : Isabelle Lépine
Adaptation de la grille graphique : Célia Provencher-Galarneau
Photo en couverture : Giovanni Benintende / shutterstock.com
Conversion au format ePub : Studio C1C4

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© 2012 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
Benoît Quessy
Les Singularités
roman
À mes parents, Jean-Eudes et Pierrette
LOU ET L'AU-DELÀ

R éunis un samedi soir comme un autre, sauf qu’on était en avril et qu’en avril l’hiver est vraiment trop long, Lou, Alexandre, Luce et Rolin écoutaient Mathilde rapporter l’étrange conversation qu’elle avait saisie au vol plus tôt cette semaine. Ils imaginaient leur amie au café, sur le bout de sa chaise, un léger mouvement du corps vers l’avant pour ne pas perdre un mot de ce qui se disait à la table voisine :
T’as eu son courriel hier ?
Oui… je ne sais plus quoi en penser. Il va me rendre folle.
C’est vrai qu’il a l’air bien, tu ne trouves pas ?
Deux femmes, une mère et sa fille, peut-être.
Un mort qui a l’air bien est quand même un mort, dit la plus jeune. Que ce soit ton fils, mon amoureux, ça change rien à l’affaire.
Pour moi, c’est différent. J’aime bien recevoir de ses nouvelles. J’pense à lui tous les jours, et encore plus depuis son départ. Mais toutes ces photos de voyage, ces poèmes… les folies qu’il nous envoie, c’est son esprit qui voyage. Son humour, son originalité. C’est bien lui, je le reconnais, et ça me fait du bien.
Mathilde en était encore bouleversée.
Imaginez. Les capsules d’immortalité de Lou. J’étais en présence de deux femmes qui recevaient les capsules d’immortalité que mon grand talent de chum avait imaginées.
Maryse et Claire, commenta Lou. Avec l’air piteux de celui qui venait de se faire prendre la main dans le sac.
Lou avait un temps programmé ces capsules d’éternité pour des désespérés en fin de vie qui tentaient d’échapper à leur destin. Il s’était emballé pour ce projet qui lui permettait d’arrondir ses fins de mois. Mathilde se rappelait lui avoir dit de ne jamais lui faire un coup semblable, qu’elle serait capable d’aller le rejoindre en enfer pour lui botter le cul. Lou en avait produit une dizaine, puis s’était lassé de travailler avec des morts-vivants. Quand même fier de son idée : perpétuer son souvenir dans l’esprit de ceux qu’on aime après sa mort. Commentaires programmés sur les médias sociaux, courriels post-mortem, photomontage de soi dans différents paysages, le tout méthodiquement subtilisé au Web et expédié à ceux qu’on aime après le passage de La Grande Faucheuse. Construire une fiction sous des apparences de réel. Une réalité augmentée, qui venait se greffer au quotidien de ceux qu’ils laissaient derrière eux. Le sort en était jeté, les codes de programmation aussi, pas de retour possible. Et des courriels pour l’éternité.
Pas mal, constata Rolin. Aujourd’hui, tout le monde veut rester jeune, ne jamais mourir, vivre à tout prix. Y a de l’avenir ton truc, tu ne devrais pas abandonner comme ça. Moi, y a bien deux ou trois crétins que j’aimerais écœurer, quand ils penseront s’en être tirés avec ma mort.
C’est vraiment pas drôle, répliqua Luce. Presque de la torture. Regarde ces deux pauvres filles. En plus de perdre l’homme qu’elles aiment, il revient les hanter.
Bref, continua Mathilde, je suis contente que Lou ait arrêté ça. Mais à la fin, quand la madame a déclaré qu’elle était heureuse d’avoir des nouvelles de son fils, je me suis dit qu’il était pas si idiot que ça, mon amoureux.
On a quand même payé notre voyage à Barcelone avec, hey !
Parfois tous les deux mois ou toutes les deux semaines, les soupers chez Mathilde et Lou étaient l’occasion de divaguer sur le sort de l’humanité, rire un peu de soi et beaucoup des autres. L’appartement, situé au troisième étage d’un immeuble solitaire ayant échappé au pic des démolisseurs, s’élevait entre deux terrains déserts, sans voisins sur lesquels il aurait sans doute apprécié se reposer un peu. Un édifice tout en longueur, avec une légère tendance à pencher du côté du soleil levant. Par un drôle de destin architectural, on atteignait l’appartement du troisième grâce à un long, très long escalier sinueux dont les belles rampes en bois s’ouvraient sur le salon tel un lys fatigué, mais encore beau. Mathilde et Lou aimaient bien recevoir leurs amis et Luce, un vrai cordon-bleu, donnait un coup de main aux cuisines, faisant de ces soirées une ode aux plaisirs de la table et à l’amitié. Pendant que Luce préparait la bouffe, Rolin gueulait, Alexandre passait le plus clair de son temps à expliquer le monde et Lou tentait de se poser en arbitre, sans vraiment y arriver. Mathilde régnait sur son monde.
Lors de ces soupers, qu’importe si Rolin disait des bêtises ou médisait sur ses collègues du Canal Météo, avec lesquels il annonçait des prévisions bidon. Ou s’il gardait parfois une bouteille de vin à ses pieds pendant le souper. Question de ne pas déranger. Il était Rolin, l’ami unique qui évoquait ses exploits sportifs de jeunesse sans qu’on puisse distinguer le vrai du faux. Inutile de s’indigner, Rolin était là pour tout démolir, le bon comme le mauvais :
J’ai rien contre les modes, que le monde vive comme y veulent, mais quand t’as l’impression de combattre la mauvaise société de consommation parce que t’achètes de la bouffe organique et que tu portes une tuque sur la tête l’été, moi ça me fait rire. Ça me fait rire pour ne pas pleurer. Ça me donne le goût de préparer un Kraft Dinner énorme pour toute la population du Sud-Soudan, juste pour entendre les granos dire « Y faut pas leur en donner, c’est pas bon pour la santé ».
C’est facile, Rolin, de ne rien aimer, protesta Luce, découragée.
Tu s’rais pas un peu de mauvaise foi, par hasard… insista Lou, habitué au délire de son ami.
Si je l’suis pas, qui va l’être ? répliqua Rolin, l’œil pétillant.
Ce soir-là, on célébrait un prix de journalisme qu’Alexandre venait de remporter. Une série d’articles sur l’humain derrière l’homme de sciences qu’il avait publiée au cours des derniers mois. La presse s’était emballée pour ces reportages, la rumeur avait couru sur la ville et finalement, ce prix. Une bonne occasion de se rassembler, même si des prétextes, on en trouvait toujours quand on avait envie de se voir. Rien ne faisait plus plaisir à Alexandre que l’usuel risotto aux fruits de mer de Luce, les amis et quelques bonnes bouteilles autour de la grande table ronde.
Alex, Mathilde m’a dit que t’as repeint ton appartement ?
Oui, Luce. Les gros travaux, plâtre, la poussière et tout. La merde, mais bon, c’est fait. Plus que nécessaire.
T’as choisi quoi comme couleur ?
La même chose qu’avant. Ça porte le nom de « nuages ». Un beige gris. J’ai même retrouvé le numéro de série dans mon classeur.
Gros changement, mon Alex ! commenta Luce sous le regard amusé des amis qui s’amusaient de l’attention que prenai

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