Les trois grâces - Femmes entre violence, maltraitance et persion
63 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les trois grâces - Femmes entre violence, maltraitance et persion , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
63 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Trois vies, trois destins que raconte avec sa plume, incisive comme un scalpel, mais avec à chaque fois une pointe de compassion et de tendresse pour ses héroïnes.En lisant l’histoire de la sculpturale Hasnya on découvre que la maternité est toujours subsidiaire et sacrifiée à la paternité qui demeure le pilier incontournable d’une société patriarcale surpuissante. Pour Fatma ce sera pire : c’est l’incompréhensible complaisance de cette société pour les pervers qui ne sont ni identifiés ni même découverts et encore moins châtiés. Il est clairement signifié aux victimes qu’il est de leur responsabilité de ne pas se trouver sur leur chemin, sinon c’est toute leur vie qui est saccagée et personne ne peut rien pour elles.Et Sultana l’intellectuelle qui a cru s’affranchir grâce à une vie débridée en violant tous les codes et toutes les règles, est-elle vraiment libre ? Elle a finalement été acculée à l’exil. Non, les femmes sont encore maltraitées et se maltraitent elles-mêmes en ce 21e siècle. Zohra MAHI ne fait que rapporter ce fait établi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 septembre 2015
Nombre de lectures 11
EAN13 9782359300987
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0480€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
• UN AUTRE REGARD •
Les 3 grâces
Femmes entre violence, maltraitance et perversion
Droits réservés
ISBN : 978 - 2 - 385930 - 098- 7
©Les points sur les i
16 Boulevard Saint-Germain
75005 Paris
www.i-editions.com
Les trois Grâces
Femmes entre violence, maltraitance et perversion
De la même auteure
Des intrus dans le jardin du Bey Edt Les points sur les i - 2010
Mais saisons sèches, Edt Les points sur les i – 2010
L’aube était radieuse, Edt Les points sur les i - 2011
Derniers jours calmes à Palikao, Edt Les points sur les i - 2011
France-Algérie
Cinquante ans après… Que reste-t-il de nos guerres ?
Edt Amalthée -2012
Zohra MAHI
Les trois Grâces
Femmes entre violence, maltraitance et perversion
HASNIYA
FATMA
SULTANA
À Alain GUILLO, Humain avec un grand H et
Éditeur avec un grand E.
PROLOGUE
Les violences faites aux femmes concernent malheureusement, tous les pays toutes les classes sociales et toutes les obédiences ou religions.
On pouvait penser que vu l’avance prise par les femmes en Occident dans la défense de leurs droits, on n’allait plus jamais entendre dire qu’une femme française, anglaise, allemande ou italienne est morte sous les coups de son mari ou de son compagnon.
Ce n’est pas le cas puisque les statistiques indiquent qu’au contraire, il en meure tous les jours sans que des solutions soient trouvées pour mettre un terme à cette hécatombe.
Dans ces pays dits de développement complexe, une autre violence, que l’on camoufle avec beaucoup d’intelligence et d’habileté, c’est l’utilisation comme pur produit de marketing, du corps de la femme à laquelle on fait croire qu’elle ne fait qu’user de sa liberté en s’exhibant pour vendre le moindre produit de consommation.
Qu’en est-il des pays musulmans comme l’Algérie qui est le pays arabe le plus atypique en raison du socialisme appliqué dès le premier jour de l’indépendance à une société traditionnelle musulmane qui n’a pas varié malgré la colonisation française? Il n’est pas différent des autres car si en effet, le régime progressiste est à l’origine d’avancées spectaculaires pour les femmes dans des fonctions importantes et dans des domaines variés comme l’enseignement, la magistrature, le barreau et la médecine, la violence a-t-elle disparu pour autant dans les relations hommes/femmes ?
Dans le monde rural, resté encore plus en retrait, où les femmes sont sous la domination de la famille patriarcale surpuissante, la situation est-elle différente ? Il n’en est rien car cette violence, phy-t sique et surtout psychique ravageuse existe loin, très loin des préconisations marxistes-léninistes de l’égalité Homme/femme prônées dans les allées du pouvoir et appliquées aux populations des grandes villes.
Trois exemples de femmes appartenant à des milieux différents que j’ai rencontrées et entendues, ont subi, à des degrés divers, ces violences.
Celles-ci peuvent être aussi visibles qu’un coquard, des contusions ou des fractures et constatées par un médecin qui en atteste et d’autres invisibles et insidieuses qui dévastent une âme et sont rarement relevées. Pourtant ce sont ces dernières qui sont les plus courantes et que j’ai décelées chez mes interlocutrices.
Elles s’appelaient Hasniya, Fatma et Sultana. Elles auraient pu être sœurs mais elles ne se connaissaient pas. Leur seul lien c’est moi et le récit que j’ai fait de leurs expériences singulières. Je les ai vues vivre, pour les deux premières en raison de notre parenté, pour la dernière son amitié m’a permis de recueillir ses confessions.
Hasniya, la plus âgée était une survivance de l’Algérie française. Elle était analphabète, démunie de tout après un divorce scandad leux. Elle a vécu tournée vers la recherche de la sécurité matérielle et la thésaurisation. Les hommes dans sa vie furent nombreux et sans visages mais obligatoirement dotés d’un portefeuille bien rempli, tandis que le nombre des hommes de sa vie sera réduit à deux et aucun ne fit vraiment son bonheur. Elle fut maltraitée par elle-même, par sa famille indifférente et par la société, intraitable, qui lie l’obligation de fidélité conjugale à l’aptitude d’être une bonne mère, alors que l’une ne va pas forcément avec l’autre.
Fatma s’est mariée à la veille de la proclamation de l’indépendance de l’Algérie, elle a donc commencé sa vie de jeune mariée sous les règles traditionnelles et l’a poursuivie sous les nouvelles sans que sa vie n’en ait été améliorée. Elle avait l’air égaré d’une femme frappée de sidération et toujours dépassée par son destin. Ecrasée à jamais par le souvenir, toujours effrayant, d’une agression majeure subie dans l’enfance, enfouie loin dans son inconscient et qui revenait par intermittence se rappeler à elle avec la culpabilité refoulée. Une autre violence exogène viendra s’ajouter à la première : la violence conjugale exercée chaque jour par un mari malheureux d’avoir été privée de la fleur de cette fille à la beauté angélique, gâchée par cette perte incommensurable : la virginité.
La vie de Fatma fut un long malheur domestique vécu dans un huis clos sombre avec un homme qui ne s’est préoccupé que de son salut de croyant. Elle ne fut dispensée ni du viol conjugal et légal ni des multiples maternités dans lesquelles elle n’avait aucune part consciente. Elle vécut une vie de séquestrée, soumise, jusqu’à la fin, à ce qu’elle disait être sa destinée.
Sultana est l’exemple même de la jeune femme de la période postindépendance, glissant sans transition des hauts-plateaux peuplés de bédouins ses ancêtres, vers une vie d’intellectuelle brillante. Sa parole fut néanmoins confisquée comme si elle avait été analphabète. Dès le premier « je t’aime », extorqué par un fou furieux, elle fut enfermée avec lui dans un blockhaus imaginaire mais néanmoins effrayant.
Dans son cas, la maltraitance fut surtout psychique mais tout aussi violente. Elle fut extrême au point que l’évanouissement devint l’état permanent et la seule forme de fuite quand les crises de tétanie devenaient invalidantes. Une sensibilité de sismographe a fait de sa vie une montagne russe vécue au quotidien. L’avenir avait disparu de son horizon, la vie au jour le jour lui suffisait.
Après un divorce chaotique à la suite duquel elle endossa tous les torts, les multiples expériences sexuelles qu’elle fit avec de parfaits inconnus n’avaient pour but que de la délivrer de cette empreinte toxique trop violemment subie. Peut-être une thérapie du pire.
Je la soupçonne de ne pas m’avoir tout dit de ses multiples jardins secrets dont je ne saurai rien car je ne l’ai plus jamais revue après notre dernier et fugace entretien.
HASNIYA
E LLE .
M OHAMED .
K HALED .
J AMIL .
ELLE
Hasniya était très belle, très folle, menteuse parfois, mais toujours diaboliquement séduisante.
La première fois que je la vis, elle était assise par terre et se tirait les cartes pour savoir si l’homme, sur lequel elle avait jeté son dévolu, allait l’épouser ou pas.
Selon ce qu’elle lisait dans ces cartes, son visage devenait grave, dubitatif ou, par de rares moments, aussi doux et joyeux que celui d’une petite fille. Elle souriait alors de toutes ses magnifiques dents et se levait immédiatement pour garder intacte l’impression agréable de la dernière prédiction favorable.
Elle était voilée comme toutes les jeunes femmes de cette époque mais sous son voile, elle était habillée à l’européenne et avait l’apparence d’une Espagnole qui se serait teint les cheveux en blond avec des accroche-cœurs tout autour du visage et une longue crinière dorée qui s’étalait sur son dos.
Sa peau était uniformément mate avec quelques grains de beauté judicieusement posés par la nature : un, au coin de l’œil gauche, un second au-dessus du coin extérieur de la lèvre et le troisième sur le front, juste entre les deux yeux. Je ne sais plus quel pouvoir magique elle disait détenir du fait de l’emplacement de ce « troisième œil ».
Son nez n’était pas aussi petit que le voulait la mode mais il était droit comme celui d’une statue grecque et équilibrait le côté un peu chevalin de son visage d’icôn

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents