Lettre à Tahar Ben Jelloun
34 pages
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Lettre à Tahar Ben Jelloun , livre ebook

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Description

Fortement inspirée et touchée par la dimension mystique du livre Cette aveuglante absence de lumière de l’écrivain franco-marocain, Tahar Ben Jelloun, cette lettre qui lui est adressée est à la fois un regard sur la beauté du monde et son inhumanité.
La narratrice rompt en quelque sorte avec la conscience grégaire où l'on menace de s'endormir, et se met à écrire. Elle est dans un état d'écoute, d’observation, de questionnement…l'écriture, servant ici d'ancrage, de repère, voire même de quête spirituelle, invitant au désert intérieur, à la métamorphose du cœur, pour y découvrir l'universel au fond de soi.
Ainsi, dans la solitude, et avec pour seul outil, les mots, la narratrice revient sur l'histoire réelle qu'a vécu le personnage du livre de Tahar Ben Jelloun, un prisonnier ayant survécu dans des conditions inhumaines durant 18 ans au fond d'un trou noir, dans un lointain désert du Maroc - et fait un parallèle avec les injustices vécues par un cinéaste irakien, ayant perdu 27 membres de sa famille sous le régime de Saddam Hussein.
Avec une rare intensité et dans une langue fluide et éloquente, ce récit épistolaire révèle la dimension salvatrice de l’acte d’écrire, qui devient presque un personnage, grave et parfois désespéré, paisible ou révolté, mais toujours en quête de lumière, dévoilant la richesse de la vie intérieure de ceux qui souffrent physiquement ou moralement, et exprimant le refus de rester dans l’oubli, la douleur, la mort.
Ce récit se veut aussi un hommage à Tahar Ben Jelloun.
Je viens de terminer le livre de Ben Jelloun. Un livre où se mêlent les ténèbres et la lumière. Le divin et le diabolique. L’horreur et l’extase. J’ai pleuré. Je ne dois pas !
Que le ciel pleure à ma place ! Que le ciel déverse l’averse pour laver la douleur, l’arracher, la déraciner. Que le ciel nous dise encore que tout n’est pas perdu !
Le jour s’enlise dans la grisaille. Il pleut. Il a plu toute la nuit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 février 2021
Nombre de lectures 8
EAN13 9782896997251
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lettre à Tahar Ben Jelloun

Janine Messadié
 
 
 
 
 
 
 
 
Lettre à Tahar Ben Jelloun
 
Récit épistolaire
 
 
 
 
 
 
 
 
2021
Collection Vertiges
L’Interligne

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
 
Titre: Lettre à Tahar Ben Jelloun : récit épistolaire / Janine Messadié.
 
Noms: Messadié, Janine, auteure.
 
Collections: Collection Vertiges.
 
Description: Mention de collection: Collection Vertiges
 
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200361910 | Canadiana (livre numérique) 20200362062 |
 
ISBN 9782896997237 (couverture souple) | ISBN 9782896997244 (PDF) | ISBN 9782896997251 (EPUB)
 
Classification: LCC PS8626.E7567 L48 2021 | CDD C843/.6—dc23
 
 
 
 
 
 
 
L’Interligne
435, rue Donald, bureau 337
Ottawa (Ontario) K1K 4X5
613 748-0850
communication@interligne.ca
interligne.ca
 
Distribution : Diffusion Prologue inc.
 
ISBN 978-2-89699-725-1
© Janine Messadié 2021
© Les Éditions L’Interligne 2021 pour la publication
Dépôt légal : 1 er trimestre de 2021
Bibliothèque et Archives Canada
Tous droits réservés pour tous pays

L’auteure tient à remercier le Conseil des arts de l’Ontario pour les subventions d’aide à la création qui lui ont été accordées dès le début de ce projet d’écriture, particulièrement Nina Charest et Geneviève Trilling, ainsi que les membres des jurys.
 
Elle désire aussi exprimer sa profonde gratitude à Christine Klein-Lataud, directrice de collection aux Éditions L’Interligne, pour sa précieuse et attentive lecture, ainsi que Suzanne Richard-Muir, directrice passionnée de L’Interligne.

Le vent, qui en réalité souffle de temps en temps,
venant sans cesse d’ailleurs et allant sans cesse ailleurs,
mais ne soufflant jamais en permanence au même endroit,
charrie par rafales des odeurs tantôt agréables, tantôt désagréables
et emporte parfois une nuée de papillons ou de libellules,
mais aussi parfois une volée d’oiseaux noirs – et quand il est passé,
tout ce qui, dans le jardin, peut bouger et a été effleuré par lui,
reste en mouvement longtemps encore.
Le vent c’est la vie de quelqu’un
car nulle chose existe qui n’en touche une autre.
Jeroen Brouwers



Prélude
 
 
 
 
 
 
 
Comment exprimer la solitude ? Comment la définir ? Elle est là autour de moi dans les bruissements de l’aube et sur l’étendue de ce lac immense que je regarde tous les jours par la fenêtre, jusqu’à y noyer mon regard, ma voix, ma raison d’être.
 
Dans la solitude, on ne sait pas pourquoi l’on vit ou pour qui. On est pris par le vertige du vide, le mien et celui qui m’entoure. Ça vient d’infiniment loin la solitude. Ça va aussi très, très loin… loin comme une éternelle attente ou un amour impossible.
 
Dans la solitude tout s’estompe… la nuit, le jour se confondent… les minutes et les secondes perdent tout leur sens. Et bien que le tic-tac de l’horloge batte la cadence dans ce silence imprenable, la solitude me renvoie à l’intemporel, à l’élasticité du temps, à son infinitude.
 
Dans la solitude j’existe par l’écriture. Je m’y adonne et m’y abandonne tout entière. J’écris sans trop savoir où cela me mènera. J’écris avec l’instinct du nomade, sans destination fixe, sans but précis, en déplacement continuel… Ce sont les mots qui guident le voyage. Mots vifs, mots crus, mots tendres, mots célèbres, mots d’enfants, mots à double sens, mots vides de sens… Avoir le mot juste, ne plus avoir de mots.
 
Les mots sont des passagers dans ce lieu de l’écriture et du silence. Ils vont et viennent, inventent des paysages, décrivent la beauté d’un visage ou celle de la nuit. Ils disent l’amour, la mort, la détresse et l’enchantement 1 ; ils disent aussi très souvent la vie, confessent des vérités ou des mensonges, et racontent avec ou sans pudeur la corruption de l’innocence, les grandeurs et la misère de la modernité. Quelquefois les mots frappent l’esprit de manière fulgurante, vous laissant un sentiment de tristesse profonde et de grand désespoir. D’autres fois encore, les mots s’enlisent dans la boue et la terre sauvage, dans le sang des hommes ou dans leur bienveillance.
 
Ce matin le soleil brille à l’horizon et le lac est docile. Quelques bateaux amarrés sur le quai attendent que l’hiver vienne et passe. Au printemps, ils pourront naviguer à nouveau sur cette masse d’eau géante, qui, par son immensité, a pris le nom de mer ontarienne . C’est une mer grise, parfois verte d’espérance, parfois d’un bleu azur… ce bleu qui reflue au cœur lorsque le quotidien se fait lourd.
 
Il y a des matins comme ce matin où la blonde lumière de l’automne vient consoler ce qui reste de peine sur mon âme. Je cherche à dire ce qui l’afflige, je n’y parviens pas. Je cherche au plus profond de mon être, je ne trouve pas.
 
Ce matin, les mots se bousculent dans ma tête. Ce matin, ma pensée est en désordre.
 
Tout m’échappe et s’évapore 2 …
Et cette mer houleuse et pleine de naufrages 3 .
 
De ma fenêtre, je pose mon regard sur ce point

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