Liaisons

Henri-Charles Dahlem

Description

Avant de vous débarrasser d’un ordinateur, vous devriez vous assurer que vos fichiers et courriers électroniques ont bien été effacés. Sinon il se pourrait bien que tous vos petits secrets soient dévoilés un jour par un informaticien avide de sensation. Ce livre lève le voile sur les intrigues, jeux de pouvoir et rivalités au sein de la première chaîne de télévision française. Animateurs et journalistes y jouent une version moderne des Liaisons dangereuses où presque tous les coups sont permis. Un an après la chute des tours jumelles du World Trade Center à New York, Fabrice Le Guen entend commémorer à sa manière l’événement. Mais les masques vont tomber bien vite dans ce roman à clef où l’argent, le sexe, le pouvoir et la politique forment un mélange explosif.

Informations

• Publié par: Les Éditions du Net
• Date de parution: 29 octobre 2014
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782312028590
• Langue: Français

Extrait

Liaisons
Henri-Charles Dahlem
Liaisons
Roman












LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014 ISBN : 978-2-312-02859-0
Avant-Propos
Contrairement à ce que pourrait faire croire la couverture de ce livre, je n’en suis pas l’auteur. Comme on le dit d’un trésor, j’en serais plutôt l’inventeur. C’est en effet par le plus grand des hasards que j’ai découvert la matière de ce livre et que j’en ai fait un roman.
Ce préambule, je vous l’accorde, mérite quelques explications. Employé dans une grande société de services informatiques, j’ai été chargé il y a quelques mois du remplacement de l’ensemble du parc informatique de La Première, la plus importante chaîne de télévision privée française. Nos consignes dans ce cas sont assez simples : nous demandons aux titulaires des ordinateurs de faire une copie de sauvegarde de l’ensemble des informations qui se trouvent sur leur disque dur, soit sur un serveur dédié soit sur un support de sauvegarde, puis de supprimer lesdites informations.
Or, il se trouve que dans bien des cas les informations demeurent sur les appareils lorsque nous en prenons possession. Mon travail consiste alors à reformater les PC pour le marché de l’occasion. C’est-à-dire de supprimer les informations qui pourraient encore s’y trouver et d’installer la dernière version du système d’exploitation.
S’agissant cette fois des ordinateurs de nos plus célèbres animateurs et présentateurs, je n’ai pu me résoudre à tout effacer avant d’en avoir fait une copie pour mon usage privé.
La curiosité est un vilain défaut, mais qu’auriez-vous fait à ma place ? Si vous réprouvez mon geste, alors ne lisez pas ce qui suit. Dans le cas contraire, sachez que j’ai décidé de publier ce livre pour vous édifier sur les mœurs de quelques personnages du paysage audiovisuel français.
Ce recueil d’e-mails – les puristes de la langue m’excuseront de ne pas avoir utilisé le terme de mel ou message électronique ou encore de courriel, qui n’ont pas encore réussi à s’imposer – ne contient qu’une sélection parmi les centaines qui se trouvaient sur les anciens ordinateurs des collaborateurs de La Première.
Je n’ai fait que les mettre en ordre, me permettant d'élaguer tout ce qui me paraissait inutile.
A l’inverse, j'ai tâché de ne conserver que les e-mails qui m'ont paru nécessaires, soit à l'intelligence des événements, soit au dévoilement des personnalités.
Si l'on ajoute à ce travail, celui de replacer par ordre chronologique les e-mails que j’ai conservé, quelques notes courtes et rares, et qui n'ont d'autre objet que d'indiquer la source de quelques citations, ou de motiver quelques-unes des suppressions que je me suis permis, on comprendra que je ne revendique pas le statut d’auteur.
Bien entendu, j'ai supprimé ou changé tous les noms des personnes dont il est question dans ces e-mails. Comme on dit, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existées serait totalement fortuite. Ceci afin de m’éviter des poursuites juridiques. Pour la même raison, si dans les patronymes que j’ai substitués aux noms réels, il s'en trouvait un qui appartienne effectivement à quelqu’un, ce serait une erreur de ma part et je prie cette ou ces personnes de bien vouloir m’excuser.
Je reconnais que j’avais pour intention première de me servir de la matière des documents bruts pour en faire un « vrai » roman. Mon épouse, que je tiens à remercier ici, m’en a dissuadé. Tous les changements que je souhaitai faire pour corriger telle ou telle faute, améliorer le style et offrir une prose plus classique n’auraient qu’appauvri le tout. C’est du reste aussi l’avis de mon éditeur.
Il m'a objecté que c'étaient les e-mails mêmes qu'on voulait faire connaître, et non pas seulement un roman fait d'après ces e-mails ; qu'il serait autant contre la vraisemblance que contre la vérité, que les huit à dix personnes qui ont concouru à cette correspondance électronique, écrivent de la même manière. De plus, tout lecteur raisonnable s'attend sûrement à trouver des fautes dans un recueil d’e-mails.
Après tout, c’est la loi dans ce genre d’écrits souvent rédigés vite. Je me suis soumis de bonne grâce à ces remarques.
Quant au mérite que cet ouvrage peut avoir, disons simplement que s’il ne m'avait pas paru digne d'être publié, je ne m'en serais pas occupé. Quant aux pratiques qu’il dévoile, chacun saura les juger à sa manière.
La proposition
Saint-Tropez, le 1 er août 2002
DE : [e-mail]
A : [e-mail]
OBJET : Ah, l’amour !
Julie, ma Julie, je t’écris en vitesse, pour te prouver que je ne passe pas tout mon temps à feuilleter Elle et Marie-Claire, mais que je pense aussi aux copines. A toi et à Sandrine.
Maman a fait installer internet dans la maison de campagne ou je peux surfer comme je veux. Pour le reste la mer est belle, les garçons ne sont pas trop stupides et quelques boîtes passent de la bonne musique. Bref, c’est la belle vie, même si tu n’es pas là pour causer et pour rire avec moi.
Il n'est pas encore cinq heures ; je dois aller retrouver papa et maman à sept : autrement dit, j’ai du temps pour te raconter ce qui m’est arrivé hier. A la disco, j’ai rencontré Madeleine qui m’a présenté un type hyper sympa qui habite la région parisienne. Je l’ai invité à passer à Paris parce que pour lui, les vacances sont déjà finies. Je crois que c’est la première fois que j’ai hâte de rentrer à la maison. Ne te moque pas trop de moi ! Je crois que je suis amoureuse. A la prochaine. Tiens-moi les pouces !

Paris, le 5 août 2002
DE : [e-mail]
A : [e-mail]
OBJET : Proposition intéressante (ou indécente ?)
Quand penses-tu revenir de Washington, mon cher Le Guen ? N’auras-tu pas bientôt fini ta série de reportages en Amérique autour de l’anniversaire des attentats du 11 septembre ? J’ai besoin de toi à Paris. Il m'est venu une excellente idée dont j’aimerais te confier l'exécution. Je ne doute pas que tu trouveras mon projet dans tes cordes et même qu’il t’amusera, comme autrefois tu t’amusais avec moi. Voici donc en deux mots de quoi il s’agit (mais jure-moi qu'en fidèle ami, tu n’en feras pas étalage. Le secret le plus absolu doit entourer cette affaire, car il y est question de nos carrières respectives, mais aussi d’amour et de vengeance, deux domaines où je te sais et te crois excellent. Ce sera un fait d’armes à consigner dans les Mémoires que tu écriras ou feras écrire. Car je suis sûre que Michel Lafon bout d’impatience de te verser un premier à-valoir bien conséquent. Mais laissons cela, et revenons à ce qui m'occupe.
Tu sais peut-être qu’Isabelle Leclerc, l’« animatrice préférée des Français », qui nous a quitté avec fracas, a une fille qui souhaite faire de la télévision. C'est encore un secret ; mais elle m'en a fait part hier. Et qui crois-tu qu'elle ait choisi pour prendre en mains sa carrière ? Je te le donne en mille : Denis Desfossés. Oui, ce Desfossés qui a permis à La Sixième de nous tailler des croupières la saison passée en nous brûlant la politesse avec sa télé-réalité. Je ne m’en suis toujours pas remise. De ton côté, je pense que tu ne lui as toujours pas pardonné ta mise à l’écart du journal de 20 heures. Et moi, n'ai-je pas encore plus à lui reprocher ?
[Pour comprendre ce passage, il faut savoir que Denis Desfossés avait une liaison avec Claire Dupuy et qu’il a quitté cette dernière pour Michèle Tosca, alors responsable de l’antenne d’une chaîne publique. C’est à ce moment que Fabrice Le Guen et Claire Dupuy s'attachèrent l'un à l'autre. Comme cette aventure est antérieure aux événements dont il est question dans ces e-mails, il n’en reste uniquement que des allusions.]
Mais l'espoir de me venger me rassérène.
Tu as été emm… cent fois, ainsi que moi, par Desfossés. Tu es au courant de sa ridicule ambition de marier l’Entertainment et la qualité culturelle dans ses émissions, et son préjugé plus ridicule encore, contre les animatrices qui n’ont pas suivi une formation en école de journalisme. Je suis sûre que s̵