Maguia ou le prix de la liberté
264 pages
Français

Maguia ou le prix de la liberté , livre ebook

264 pages
Français

Description

Tout semble beau lorsqu'on pratique un rythme de vie qui ne dépend de personne, qui ne respecte aucune norme et qui se veut totalement libéral. Mais, quand vient la saison des orages, comme la cigale à la fourmi, l'on se dit : « si je savais, si j'avais su ». On n'est jamais vraiment libre que lorsqu'on se donne une hygiène de vie et qu'on la respecte. Maguia l'apprendra à ses dépens. Mais, doit-elle être seule coupable de ses erreurs ? Pourquoi n'a-t-elle pas pu suivre une éthique de vie digne ? Où étaient ses géniteurs ? Ceux qui étaient censés lui inculquer cela ? C'est pendant le voyage en lecture des multiples chapitres de ce roman que vous comprendrez comment l'orgueil, l'irresponsabilité des parents, les guerres familiales, le sexe, le désir d'indépendance, la mauvaise notion de maturité, entraînent lentement mais sûrement la jeunesse au pays de SI JE SAVAIS.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2021
Nombre de lectures 16
EAN13 9798511681429
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait





























MAGUIA
ou
LE PRIX DE LA LIBERTÉ
























LORANCE-K


MAGUIA
ou
LE PRIX DE LA LIBERTÉ

(ROMAN)



Yaoundé
2021














Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous les
pays.
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other means without written permission from the publisher.
© La Jeune Plume, Yaoundé 2021
Tel : (237) 693 59 59 50 / 677 15 32 83
email : lajeuneplume9@gmail.com
rayon.x4@gmail




À mes enfants et à tous les jeunes. Que ce
livre soit une lampe sur leurs pas tout au long de
leur cheminement dans la vie.










CHAPITRE I :
MON ENFANCE
Ma mère rendit l’âme aux aurores, le
vendredi 12 mai ; trois mois à peine après la naissance de
sa petite fille.
Ce fut pour moi un coup très dur. Je pleurai au
point de me sentir asséchée de l’intérieur. Je perdis le goût
à tout, même à ma fille. Je ne la détestais point ; mais je ne
m’en préoccupais plus. Comment aurais-je pu prendre
soin d’elle alors que j’étais incapable de prendre soin de
moi ? La tristesse avait pris possession de mon être et était
bien décidée à ne plus me lâcher. J’étais devenue l’ombre
de moi-même. Je me demandais sans cesse pourquoi Dieu
m’avait pris ma mère, alors qu’il m’avait déjà pris mon
père. Etait-ce une malédiction familiale ? Ma mère
payaitelle le prix de sa méchanceté envers Mamie, comme sa
belle-tante le lui avait prédit ?
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C’était un lundi. Le jour s’était levé et, malgré le
froid matinal, le soleil s’étirait progressivement sur la ville
qui semblait déjà sortie de sa léthargie. Les
vrombissements des moteurs, les bruits de klaxon, les
« bonjour » et « bonne journée » lancés çà et là montraient
bien que les batteries avaient été rechargées à fond durant
le week-end. J’affichais une mine maussade pour avoir été
tirée de mon lit à peine le jour levé. Je détestais ce jour de
la semaine, premier d’une longue série pendant laquelle il
m’était interdit de faire la grasse matinée. Mon uniforme
sur le dos, j’étais sortie chercher mes chaussures oubliées
la veille sur notre petite véranda ― par chance, il n’avait
pas plu ― lorsque j’aperçus ma grand-mère, son vieux sac
couleur terre coincé sous son aisselle et un sac de marché
à la main arriver à hauteur de notre maison.
― Bonjour Mamie ! lui criai-je.
― Bonjour mon bébé ! Bien dormi ? Elle me tendit les
bras et je courus l’embrasser.
― Très bien. Et toi ?
― Assez bien mon enfant… à part mon mal de dos qui a
repris au cours de la nuit, me répondit-elle avec beaucoup
de peine sur le visage.
― Patience Mamie !...
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― Merci ma « princesse ». Dis-moi : où sont tes parents ?
― Maman est à l’intérieur et papa est déjà parti à la
boutique.
Elle me fit savoir qu’elle s’en allait aux champs et me
conseilla de me dépêcher sinon je serai en retard pour
l’école.
― Tu me gardes quand tu rentres! lui dis-je avant de
retourner vers la maison tandis qu’elle s’éloignait.
― J’ai compris mon bébé. Sois sage en classe !
Je lui fis signe de la main avant de rentrer à l’intérieur.
Vu que la journée s’annonçait belle, je savais que sa
santé chancelante ne l’empêcherait pas de cultiver sans
relâche. En effet, ça faisait bien longtemps qu’elle se
plaignait de courbatures mais aussi loin que remontaient
mes souvenirs, jamais elle n’avait manqué ses rendez-vous
champêtres, excepté lorsqu’elle était alitée.
Veuve depuis quelques années, maman Dikoume
se sentait très seule. Le départ brusque de son compagnon
de toujours, survenu tragiquement des suites d’un accident
de la circulation, avait laissé dans sa vie un gouffre aussi
grand que la bouche du volcan Mauna Loa. De plus, de
ses entrailles n’était sorti qu’un seul enfant, un seul !
L’unique enfant qui lui ait fait connaître la douleur de
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l’enfantement ! Heureusement, sa grande générosité lui
valait la présence permanente de gosses du quartier ou de
neveux et nièces, issus soit de sa famille soit de celle de
son défunt mari, venus passer du temps avec elle. La
compagnie des tout-petits, qu’elle considérait comme des
anges, constituait le seul remède contre cette solitude, son
amie fidèle depuis les noces de mon père, bien que ce
dernier avait emménagé pas loin de chez elle. Mamie et
nous étions donc voisins, ce qui n’était pas pour me
déplaire car je pouvais la voir tous les jours sauf quand elle
s’en allait passer des semaines entières dans son champ, et
ma mère pouvait toujours compter sur elle pour mettre la
marmite au feu.
Issue d’une famille que je qualifierai de
multiculturelle, je suis née dans la ville de Bafoussam,
chef-lieu de la région de l’Ouest Cameroun. Mes parents
m’ont nommée Maguia, du nom de jeune fille de ma
grand-mère paternelle. Monsieur Dikoume, son mari, était
le fruit de l’union de deux sawas tandis que les parents de
grand-mère, tous deux bamilékés, étaient respectivement
originaires de la Mifi et du Ndé. Quant à ma mère, elle
était, elle aussi, le produit d’un mélange de cultures : sa
mère était éwondo de Nkolmeyang ―situé dans la
Mefouet-Afamba, région du Centre Cameroun ―et son père,
banka ―un village du Haut-Nkam dans l’Ouest du même
pays. Ceci explique peut-être pourquoi je me suis toujours
12

sentie un peu perdue quant à mon identité car je me
souviens bien que, contrairement aux autres élèves qui
affirmaient avec aisance : « Je suis bamiléké », « Je suis
éton », « Je suis bassa » etc. je ne savais trop quoi répondre
quand on me posait la question de savoir de quelle tribu
j’étais : « Je suis à la fois sawa, ewondo et bamiléké »,
affirmais-je généralement, ce qui me valait des moqueries
de la part de mes camarades qui me traitaient d’idiote.
Ah, Mon enfance ! Comment puis-je qualifier cette
période de ma vie ? Je dirais, comme la plupart des
enfants qui grandissent en ignorant tout de ce qui se passe
autour d’eux, que j’étais heureuse… du moins jusqu’à l’âge
de 7 ans. Je me souviens que j’avais beaucoup d’amis. De
retour de l’école et pendant les fins de semaine, nous
passions des heures à courir dans les rues qui jonchaient
notre beau quartier de Tamdja. Enfant unique comme
mon père, je ne manquais de rien. J’étais sans cesse
couverte de cadeaux de la part de mes parents et de ma
Mamie préférée qui, croyais-je à l’époque, n’avait qu’un
seul petit enfant.
Oui ! Ce fut une très belle période. La plus belle
de toute ma vie d’ailleurs ! Une période marquée par
l’insouciance la plus totale : aucune demande non
exaucée, aucune privation, aucun choix à faire ni de
décision quelconque à prendre. La belle vie quoi ! Hélas,
elle ne dura pas longtemps
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Je frappais à la porte de notre maison depuis un
bon moment mais… rien. J’étais d’ailleurs très surprise de
la trouver fermée. Certes maman sortait tous les jours
pour se rendre au marché, aider papa à la boutique ou
effectuer d’autres courses, mais elle veillait à être toujours
présente à mon retour. Tout en continuant de frapper, je
me demandais où elle pouvait bien être passée.
J’étais âgée de 6 ans et faisais la classe de CP ―
Cours Préparatoire. Fatiguée après une journée d’école
bien chargée et une marche d’une demie heure environ
sous un soleil incandescent ― janvier tirait à sa fin et ici,
c’est le mois le plus chaud de l’année ― j’hésitai un instant
sur la conduite à tenir. Finalement, je déc

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