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Description
Sujets
Informations
Publié par | Éditions L'Interligne |
Date de parution | 30 juin 2016 |
Nombre de lectures | 11 |
EAN13 | 9782896990054 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Table des matières
Page titre
Catalogage - Dépôt légal
Quelques doux mots
Souvenir de route
En voiture
Le long du fleuve
Un, deux, trois
Ce qu’il n’aimait pas de lui
La voiture blanche
À sa fenêtre
L’araignée
Le knack
Les pétales d’Esméralda
Les deux doigts de la main
Coupures au montage
Un calendrier qui a du mordant
La ruelle
Le peignoir bleu
Un écrivain, une correctrice
La belle histoire
L’école
Comment se tenir occupé quand on n’a plus rien à faire
L’invité
L’héritage
Bernard
Chantal
Dialogue
Portrait de dame avec bébé
En un secret étanche
Crédits - Achevé d'imprimer
Moments troubles
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Héroux, Michel T., 1957
Moments troubles / Michel T. Héroux.
(Collection « Vertiges ») Nouvelles. ISBN 978-2-923274-80-5
I. Titre. II. Collection : Collection « Vertiges »
PS8639.H47475M65 2011 C843’.6 C2011-901223-5
Les Éditions L’Interligne 261, chemin de Montréal, bureau 310 Ottawa (Ontario) K1L 8C7 Tél. : 613-748-0850 / Téléc. : 613-748-0852 Adresse courriel : communication@interligne.ca www.interligne.ca
Distribution : Diffusion Prologue inc.
Papier ISBN : 978-2-923274-80-5 PDF ISBN : 978-2-89699-004-7 ePub ISBN : 978-2-89699-005-4
© Michel T. Héroux et Les Éditions L’Interligne Dépôt légal : premier trimestre 2011 Bibliothèque nationale du Canada Tous droits réservés pour tous pays
Je dédie ce recueil à ces personnes parties vers l’Autre Pays :
Nicolas F., Claude H., France W., José K., Raymond P.,
Jean-François M., Nicole D., Madeleine M., Charlotte L.,
Roland H. et Lynn G.
Quelques doux mots
Je tiens spécialement à remercier Steeve Boucher, ami et artiste photographe, qui m’a heureusement permis de découvrir la passion d’écrire de courts textes à la place du roman dont je souhaitais l’aboutissement. Aux écrivains Réjean Bonenfant et Guy Dessureault qui ont su me dire avec gentillesse et tact les eforts et les apprentissages à réaliser pour espérer être édité. À Louis Jacob, mon parrain d’écriture, qui m’a aidé à réaliser une bonne part de ses apprentissages. À Micheline Ferron, amie fdèle et lectrice de prédilection de toutes mes tentatives littéraires et à Lynn Pagé, tendre amie et correctrice hors pair. À Marie Perrôt qui m’a adroitement secondé dans la dernière étape littéraire. À Martine Desjardins, mon écrivaine préférée. À toutes les belles personnes qui m’entourent et qui m’ont encouragé. Enfn, à l’équipe de la maison d’édition L’Interligne, complice de l’accomplissement d’un de mes très vieux rêves.
Souvenir de route
Elle m’a sorti de sa vie, je l’ai sortie de mon quotidien, mais je porte encore les milliers et les milliers de kilomètres que j’ai parcourus pour la voir, puis la fuir. Son absence hante désormais les autoroutes de ma chair.
Michel T.
En voiture
T OUT COMMENÇA SUR CETTE ROUTE, dans cet habitacle, sur le siège avant de la voiture que je suis à conduire. Ce soir-là, il faisait un froid à vous empêcher de respirer. Le minibus avait refusé de démarrer. On m’avait sorti de mes lectures coutumières et demandé d’accompagner les joueurs à l’aréna.
Nicolas m’indiquait le chemin à prendre afn de nous rendre à la patinoire intérieure. La route était sinueuse, raboteuse et peu éclairée. Je prêtais attention à ses directives pour ne pas me perdre. Dans les infexions de sa voix, dans son humour, il y avait une résonance si familière qu’il me semblait le connaître depuis toujours. En arrivant, je lui donnai un léger coup de coude dans les côtes en guise de bonne chance.
La partie commença. J’optai pour refermer mon livre et le déposer sur mes genoux. Quoique j’aie toujours exécré les sports, je ne pouvais m’empêcher d’admirer l’aisance avec laquelle Nicolas patinait et son adresse dans le contrôle de la rondelle. Il ne s’avérait pas le joueur le plus performant de l’équipe, mais sûrement le plus gracieux et le plus intelligent. On aurait dit qu’il réécrivait sur la surface glacée et immaculée les poèmes de Nelligan et de Saint-Denys Garneau qu’il savait si bien déclamer au cours de français.
Son équipe perdit la partie. Dans la voiture, au retour, la chaleur générée par les eforts des joueurs était telle qu’elle les ankylosait. Nicolas s’endormit quelques instants, la tête appuyée sur mon épaule. Un sourire que je vis malgré moi dans le rétroviseur m’échappa et mes mains sur le volant se raidirent.
Tout aurait dû fnir là. Tout pourrait se terminer ici ou là. Ici où un gaz inodore et incolore pourrait m’emporter. Là où se trouve une courbe prononcée avec la rivière à proximité. Là où un épais muret de pierres veille à la protection d’une maison et de ses occupants. Là et là encore sur chaque poteau de bois qui me rapproche de ma destination. J’ai peur de moi.
Le lendemain, il vint me visiter. Il se disait désolé de la défaite des siens. Il s’en voulait d’avoir pris davantage plaisir à se prélasser en méandres et en arabesques sur la patinoire qu’à chercher à compter des buts. Ses compagnons ne l’avaient pas épargné de critiques et de sarcasmes dans le vestiaire. Il m’avoua bientôt qu’il détestait la compétition. Ses yeux s’imbibèrent d’eau. Je le fs asseoir. Il dit avec difculté : « Vous savez, mon père me manque, mais je n’arrive pas à lui parler… » Incapable de compléter sa phrase, il éclata en sanglots et il se releva pour partir. Tout aurait dû fnir là… Je le pris dans mes bras.
Nous continuâmes l’entretien en abordant des sujets plus légers. Des rires vinrent sécher ses joues. Je le raccompagnai à la porte. Il me remercia pour mon écoute et mon attention. Sur le point de sortir, il se retourna, se hissa de quelques centimètres en levant les talons et m’embrassa sur la bouche.
Il revint me voir le lendemain et tous les autres jours de la semaine. Un certain baiser me poursuivait et continuait d’ébranler mes certitudes.
Quelquefois, je me dis : « C’est sa faute ! Il m’a provoqué à chaque occasion, et avec plus de vigueur. » Puis, je me rappelle mon cœur et mon visage qui se faisaient de plus en plus implorants à chacune de ses visites, alors que je feignais de lui laisser l’initiative.
Je prie parfois pour qu’il me dénonce. J’ai quarantedeux ans. Ma foi et ma vocation me torturent désormais plus qu’elles ne m’apaisent.
Plus que quelques dizaines de poteaux de bois avant d’arriver au collège. Dans l’obscurité qui s’abat sur le jour, dans l’obscurité qui m’envahit, je me demande de quel courage je pourrai faire preuve maintenant.
Le long du fleuve
L A JOURNÉE ÉTAIT PARFAITE, voire magique. Le soleil arrosait généreusement la ville de sa lumière, un vent léger faisait rougir les pommettes des promeneurs et le fond de l’air s’avérait à peine humide.
Avec de longues et puissantes enjambées, Martin déchirait littéralement la glace. Tout en patinant, il admirait le feuve à sa droite et il imaginait une patinoire qui relierait Trois-Rivières et Québec. Les bateaux, solidement amarrés au quai, lui semblaient d’immenses dormeurs en période d’hibernation. Les silhouettes féminines, chaussées de blanc et le plus souvent casquées de laine, paraissaient toutes autant de Cendrillon valsant dans un palais de givre.
Dans une des directions, sur cette allée de glace d’une centaine de mètres, il devait combattre un vent contraire qui le ralentissait. Cependant, ce combat plus viril qui lui demandait beaucoup plus d’eforts le comblait d’un sentiment d’accomplissement.
Une grande blonde, à l’allure fère et aux jambes interminables, se dirigeait vers la cabane aménagée pour les patineurs. Martin se dit qu’un peu de repos et un brin de causette, peut-être, s’imposaient avant de retourner à son cabinet. Il entra, esquissa un sourire en direction de la jeune femme et dévoila dans un geste étudié son épaisse chevelure noire zébrée de gris. Il s’assit et réféchit à la bonne phrase à dire dans les circonstances. Continuant à regarder la femme, il fouilla de sa main droite sous le banc pour saisir ses bottes. Il n’agrippa rien. Incrédule, il se pencha et regarda sous le banc. Rien. Il scruta attentivement tout autour. Toujours rien qui ressemblait à ses chaussures hivernales d’un cuir vert très foncé qui lui avaient coûté plus de deux cents dollars. Ses dents se serrèrent. Des mots d’évangile fusèrent de partout dans sa tête. Il déposa ses avant