Mon cri pour toi
207 pages
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Mon cri pour toi , livre ebook

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Description

Mon cri pour toi est le huitième roman de Micheline Duff, l'auteure de la populaire trilogie D'un silence à l'autre. Elle nous entraîne cette fois-ci derrière les barreaux d'un pénitencier fédéral, univers qu'elle connaît vraiment, pour nous raconter l'histoire de Christian, un détenu particulier qui a bien voulu se confier à Madame Piano. Un roman aux pages vibrantes d'émotions et d'authenticité qui jette à terre les clichés sur la prison, où bien des cœurs battent en silence.
Une fois par semaine, Françoise s'enferme dans un local sans fenêtre, totalement encombré et éclairé par une ampoule unique. C'est là, assise devant un vieux piano mal foutu qu'elle reçoit les confidences d'êtres en marge, écrasés de remords, de peur et de solitude. Seule, en tête-à-tête avec les détenus, celle qu'on appelle Madame Piano enseigne les rudiments de l'instrument mais, surtout, tend l'oreille. Des années qu'elle les écoute sans juger, en essayant d'oublier les crimes et de rechercher le filon d'humanité... Au fil du temps, une relation privilégiée s'est tissée avec certains prisonniers, une amitié véritable marquée par la confiance et le malheur.
Dans ce monde mystérieux et clos, on découvre des êtres attachants, rarement repoussants, toujours étonnants. Et parmi eux, Christian, condamné à vie à l'âge de dix-huit ans, qui écoule ses jours en compagnie de son père, détenu lui aussi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 novembre 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764416761
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection dirigée par Anne-Marie Villeneuve
Micheline Duff

Mon cri pour toi
roman
De la même auteure
Romans
Au bout de l’exil, Tome 3 L’Insoutenable Vérité , Montréal, Éditions Québec Amérique, 2010.
Au bout de l’exil, Tome 2 Les méandres du destin , Montréal, Éditions Québec Amérique, 2010.
Au bout de l’exil, Tome 1 La Grande Illusion , Montréal, Éditions Québec Amérique, 2009.
D’un silence à l’autre, Tome III Les promesses de l’aube , Chicoutimi, Éditions JCL, 2007.
D’un silence à l’autre, Tome II La lumière des mots , Chicoutimi, Éditions JCL, 2007.
D’un silence à l’autre, Tome I Le temps des orages , Chicoutimi, Éditions JCL, 2006.
Jardins interdits , Chicoutimi, Éditions JCL, 2005.
Les lendemains de novembre , Chicoutimi, Éditions JCL, 2004.
Plume et pinceaux , Chicoutimi, Éditions JCL, 2002.
Clé de cœur , Chicoutimi, Éditions JCL, 2000.
Récit
Mon grand , Chicoutimi, Éditions JCL, 2003.
Si on ne m’avait pas attribué, à l’âge de six ans, le titre d’« homme de la maison », rien de tout ceci ne se serait sans doute produit. D.B.

Merci pour ces moments d’évasion que tu nous procures, ils nous invitent à nous dépasser… Pierre A.

Notre rôle ne se limite pas à administrer la peine. Nous devons, à toutes les étapes, aider le délinquant à modifier son comportement. Système correctionnel du Canada
À Daniel, et à tous ceux qui, derrière les barreaux, ont un cœur qui bat.
Madame Piano
Prologue
L’ aube avait barbouillé le ciel de mauve. Dès que j’entrouvris, la bourrasque m’arracha la porte des mains et se mit à la heurter contre le mur avec un claquement sinistre et furieux. Pieds nus et encore vêtue de ma robe de nuit, je sortis sur la terrasse du chalet suspendue entre ciel et mer, au-dessus de la falaise. L’air semblait vouloir s’emparer de moi pour m’envelopper, me palper, siffler dans mon oreille, emmêler mes cheveux. Je sentais ses frémissements sur tout mon corps. Le vent, ses caresses, ce mouvement qui cherchait à m’entraîner, cette poussée irrésistible, tout cela me faisait rire. Y résister relevait de la pure jouissance et j’ouvris tout grand les bras avec l’impression d’embrasser l’univers. Au pied de l’escarpement, des vagues gigantesques se fracassaient et festonnaient la mer d’angora blanc. Derrière le chalet, les arbres ployaient dans tous les sens et balançaient leurs cheveux comme des sorcières démentes.
Je me sentis soudain petite, infiniment petite. Et seule. Au bout du monde. Pas d’âme qui vive à des milles à la ronde. Seule. Moi et le vent. Moi et la force du vent. Moi et l’immensité de la mer. J’enviai l’oiseau blanc qui virevoltait au-dessus du gouffre en lançant des cris perçants. Je ne possédais pas cette liberté. Comme une enfant, je me mis à tournoyer en riant, les mains ouvertes et le regard tourné vers le haut. Vers le grand, vers le fort. Vers l’insaisissable. Mais je perdis pied. Sans la protection du parapet, l’étourdie que je suis aurait pu basculer dans l’abîme. L’euphorie du moment n’avait eu d’égale que l’horreur du vide. Le péril…
Cette idée évoqua un souvenir encore récent. Le trou… ce lieu où l’on enferme les prisonniers récalcitrants hors de l’univers, les privant de tout contact avec les autres humains pendant des jours, voire des semaines. Un trou au niveau du sol, cerné de barreaux, et dont le néant happe la pulsion de vivre et en éteint le feu jusqu’à la dernière braise. Seuls y survivent les enragés… et les morts-vivants qui s’enfichent.
Christian… Il m’avait dit : « Lorsque je suis revenu du trou, un cri immense, effroyable, me nouait la gorge. J’ai eu peur d’en mourir tant il m’oppressait. Et il m’effraie encore, Françoise, car il se trouve toujours là au fond de moi. » Je n’avais su que poser, sur son bras, une main hésitante et silencieuse. Chaleureuse tout de même. « Je te comprends… »
C’est pourquoi, en ce moment précis, sur la terrasse surplombant la mer déchaînée, j’ai pensé à toi, Christian. Et au-dessus du trou, seule, ivre de liberté, debout dans les gémissements du vent, bras tendus et poings fermés brandis vers le ciel, j’ai crié. D’un grand cri extirpé aux fibres mêmes de ta souffrance devenue mienne. Entre Dieu et diable, j’ai hurlé mon cri pour toi de toute la ferveur de mon amitié.
À partir de ce jour, j’ai commencé à écrire ton histoire, mon ami, telle que tu me l’as racontée, en pièces détachées et au fil des années. J’ai voulu prolonger dans l’éloquence silencieuse des mots ce cri pour toi lancé dans le vide d’un matin mauve. Puisse ce récit de ta vie, à sa manière, t’apporter la paix que tu mérites. Puisse-t-il refréner l’élan brutal de ceux-là, toujours prêts à lancer la pierre sur les transgresseurs de l’existence. Puisse-t-il, surtout, réduire les préjugés et témoigner que, sous la carapace de ceux qui ont les deux mains sur les barreaux, se cachent souvent des cœurs d’enfant qui n’ont jamais cessé de battre.
1
M algré la courte distance à parcourir entre le stationnement du pénitencier et l’unique voie d’accès à l’intérieur des murs, et ensuite du pavillon de l’administration jusqu’à celui du « socio », je sens le froid cinglant me mordre les joues. Vivement à l’intérieur pour me réchauffer avec un café !
À huit heures du matin, le secrétariat du socio bourdonne déjà d’activité. Les gardiens, le récréologue et le directeur de la section s’y pointent en même temps que les nombreux détenus responsables soit de l’entretien ménager des lieux et des équipements requis pour les arts plastiques et les activités physiques ou éducatives, soit de la réalisation d’une émission de télévision quotidienne en circuit fermé. En prison, tout ce beau monde n’est pas pressé de démarrer la journée, et l’on s’attarde volontiers à la porte du secrétariat, centre névralgique des lieux, pour piquer une jase au milieu du va-et-vient continuel. Peu sont éligibles au café qui perfuse derrière l’un des pupitres, et la « huit tasses » fournit exclusivement les membres du personnel, rarement les détenus. Je ne suis ni l’un ni l’autre, mais j’ai droit au café.
Allô, Madame Piano !
Salut, les gars ! Ça va ? Y a-t-il un petit café pour moi ?
C’est pas encore prêt. Je vais envoyer quelqu’un vous le porter dans quelques minutes. Pas de lait, pas de sucre, c’est bien ça ?
Le récréologue me gratifie d’un regard condescendant. S’il se montrait aussi coopérant pour les cours qu’il est zélé pour le café, celui-là, tout irait bien…
Le terme « studio » pour désigner le lieu où l’on a rangé le vieux piano mal foutu constitue un bien grand mot : un coin de remise, tout au plus, sans fenêtres et totalement encombré. Des dizaines de boîtes empilées, des outils, des bouts de tuyau et de fils électriques, quelques chaises empoussiérées, bref, un bric-à-brac indescriptible éclairé par une ampoule unique. On me promet depuis des mois de transférer le piano dans une des nombreuses salles spacieuses et bien éclairées de la bâtisse, et peu utilisées durant la journée. « Mais vos élèves ne pourraient pas venir travailler leur piano, le soir : ces locaux servent pour des cours ou d’autres activités. » Ah bon. À croire que mes cours gratuits ont moins d’importance que le taï-chi ou les cours de peinture et de sculpture subventionnés à grands frais et supervisés par des professeurs officiellement inscrits sur la liste de paye du gouvernement fédéral. Il ne me servirait à rien de chialer, je ne me présente pas là pour les amabilités et la haute considération du personnel ni pour la beauté des lieux. Encore moins pour le café ! Quant au salaire, je ne me permets même pas d’y songer.
Bonjour ! C’est donc vous, Madame Piano ? J’ai entendu parler de vous, et en bien, par-dessus le marché ! Voici votre café. Je m’appelle Christian Larson, je suis le nouveau responsable des émissions de télé.
Salut, Christian. Tu viens d’arriver à Bonsecours [1] ?
Non, non, j’habite ce château fort depuis trois ans, après sept années au max

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