On aurait dit juillet
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On aurait dit juillet , livre ebook

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Description

Une ville anonyme où tout n'est que furtivement entrevu et vite oublié. Un espace où se croisent des centaines d'individus et tout autant de vies privées auxquelles nous n'avons pas accès, ou si peu et si rarement, par quelques scènes échappées, des brèches qui laissent deviner des lieux intimes. Que nous le voulions ou non, nous sommes tous des voyeurs.
Avec On aurait dit juillet, Josée Bilodeau s'est arrêtée à ces brèches, à ces moments fragiles et souvent déroutants qui nous révèlent des instants précieux qui seraient autrement demeurés cachés, secrets, parce que c'est souvent dans la quotidienneté que les choses s'éclairent…
Un jour de mai marqué par l'emballement des conditions météorologiques, un chauffeur de taxi fait un infarctus au volant. Sa cliente, bouleversée par une rupture amoureuse, ne sait pas quoi faire et reste assise, comme paralysée. Une serveuse apporte un café à une folle qui vient de s'attabler sous l'œil désapprobateur des clients. Un apprenti cuisinier insouciant offre sa spécialité aux clients, geste inconsidéré dont on ignore encore l'étendue des conséquences. Une fête d'anniversaire tourne au drame quand on donne la parole aux invités. Un photographe parcourt la ville, appareil en main, pour saisir les plus étonnants visages de cette étrange journée...
En un habile chassé-croisé, ces scènes recréent un peu de l'organisation de la ville qui s'écrit au ras du sol à mesure qu'évolue le soleil dans le ciel et jusque tard dans la nuit. Avec On aurait dit juillet, Josée Bilodeau propose une fascinante mosaïque urbaine composée de ces détails qui font de la ville un lieu habitable, vivant et touffu, où la rencontre de l'autre est possible, et souvent inattendue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 septembre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782764417539
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L i t t é r a t u r e d’ A m é r i q u e
Collection dirigée par Normand de Bellefeuille et Isabelle Longpré
On aurait dit juillet
De la même auteure


De la même auteure

Kilomètres, récits, Éditions Les Intouchables, 1999.
La Nuit monte, roman, XYZ éditeur, coll. Hiéroglyphe, 2003.
Josée Bilodeau
On aurait dit juillet
roman
Crédits
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Bilodeau, Josée
On aurait dit juillet
(Littérature d'Amérique)

ISBN 978-2-7644-0609-0 (imprimé)
ISBN 978-2-7644-1400-2 (PDF)
ISBN 978-2-7644-1753-9 (EPUB)

I. Titre. II. Collection : Collection Littérature d'Amérique.
PS8553.I533O5 2008 C843'.54 C2007-942256-X
PS9553.I533O5 2008


Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

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L’auteure remercie le Conseil des Arts du Canada pour son soutien dans la réalisation de ce projet.

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Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514-499-3000, télécopieur : 514-499-3010

Dépôt légal : 1 er trimestre 2008
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Mise en pages : André Vallée — Atelier typo Jane
Révision linguistique : Diane-Monique Daviau et Danièle Marcoux
Direction artistique : Isabelle Lépine
Adaptation de la grille graphique : Louis Beaudoin
Conversion au format ePub : Studio C1C4

Pour toute question au sujet de ce ePub : service@studioc1c4.com

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

©2010 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
Exergue



« Il y a des gens qui pensent que de telles scènes sont des décorations, tirées de vies par ailleurs occupées et utiles. Frances sait parfaitement que c’est ce dont la vie est faite, toutes les scènes sont parfaitement liées, comme des pavés ajustés les uns aux autres. »
Carol Shields

« J’ai retenu du voyage que les villes ont une âme. À nous de les écouter. Elles se lamentent dans le croisement du va-et- vient nocturne et des confusions du jour. »
Claude Beausoleil
Préambule
A
vant cette journée étrange, il y a eu certains signes. Le mois de mai avait commencé sur une triste note. Le vent, toujours présent — c’était à rendre fou —, avait gardé un fond froid désagréable, comme si avril s’était accroché. Mais le dix du mois, un soleil claironnant l’arrivée d’une autre saison s’est installé à demeure. Ce jour-là, on a vu les bourgeons éclore à l’œil nu. L’air embaumait le lilas. On le sentait jusque dans les maisons aux fenêtres grandes ouvertes. Tandis que les colverts réintégraient les étangs après une longue migration, le muguet envahissait les parterres, petits soldats gagnant le territoire ennemi, pouce par pouce. Le quartier s’est mis à grouiller d’une animation peu commune. On avait condensé l’arrivée du printemps en quelques heures de magie.
Au cours des jours suivants, la nature allait s’ajuster. Les feuilles atteindraient leur maturité, les parcs et les squares deviendraient des oasis de verdure. Dans ce quartier de la ville où la vie est toujours si agréable, on cesserait vite de s’étonner de ces petits miracles printaniers. Les files s’allongeraient devant les marchands de glaces. Les grandes surfaces mettraient les climatiseurs en promotion. Les gens prendraient leurs habitudes estivales, contents.
Ce n’est que le 15 mai, devant le premier et le plus étonnant de cette série de petits prodiges, que les gens commenceront à s’inquiéter. Oh pas beaucoup, il ne s’agira d’abord que d’un sentiment diffus. Un malaise, tout au plus, quand, à minuit pile, des éclairs bleus et brillants se mettront à déchirer le ciel, donnant le coup d’envoi à ce qui restera, pour plusieurs habitants du quartier, les plus longues vingt-quatre heures de leur vie.
Vous verrez, avant la fin de cette funeste journée, il y aura un mort et d’innombrables dommages collatéraux. Quelques menaces de divorce, un rendez-vous manqué et des désertions. De petites et de grandes peurs, de petites et de grandes joies. Un adolescent découvrira le pouvoir des mots, et un homme qui connaissait le pouvoir des gestes en sera anéanti. Un apprenti cuisinier provoquera une réaction en chaîne dont on ignore encore, à ce jour, l’étendue des conséquences.
Des gens s’aimeront. Certains avec un naturel réjouissant. D’autres, plus maladroitement. Deux seulement seront tentés de consigner, par écrit ou en images, tout ce qu’ils peuvent de cette journée de collisions, alors que tous les autres assisteront à des phénomènes isolés. Visions partielles des événements qu’on ramène à soi, invariablement.
Mais pour l’heure, au beau milieu de cette nuit singulière, dans les cours comme sur les terrasses, les gens ont suspendu leurs discussions, le nez levé vers ce ciel irréel. On dirait des oisillons attendant la becquée. Un bien joli tableau.
Monique, Mathieu, Robert
S
i Monique avait à décrire cette scène plus d’une fois, il est peu probable que ses versions s’accorderaient. Elle n’est ni certaine de ce qui s’est passé exactement ni de ce qui s’est dit. Tout est allé très vite, une réalité fuyante entre ses mains ouvertes.
Elle avait invité le fils de Robert à l’anniversaire de son père. Il y avait quelques amis à eux. Mathieu les connaissait tous. Elle avait attendu le jour même pour lui téléphoner, avec l’espoir coupable qu’il aurait déjà prévu autre chose pour la soirée. Mais il était venu, avec cette charge électrique qu’il trimballait depuis un moment. Ses quinze ans à fleur de peau la mettaient mal à l’aise. Il était toujours si tendu, une boule de petits élastiques prêts à se rompre.
Il s’est pointé tard à la réception. Dehors, le ciel était toujours aussi spectaculaire. En l’accueillant à la porte, Monique a dit une banalité et lui a souri. Pas lui. « Boule d’élastiques », a-t-elle pensé. Ça lui a fait du bien. Elle a précédé Mathieu dans le couloir. Le blouson de toile de l’adolescent, trop chaud pour cette lourde soirée, frottait contre son grand corps pataud. Monique en était agacée. Mais comme c’était la soirée de Robert, elle s’est efforcée d’oublier la présence de Mathieu. Elle a bu un autre verre, alors qu’elle aurait dû s’arrêter là. Robert est venu l’enlacer. Il était heureux de voir son fils, et même visiblement ému.
Au milieu de la fête, les invités ont voulu présenter ce qu’ils avaient préparé pour Robert, le « chauffeur d’autobus préféré des dames âgées », avait proclamé l’instigateur de ce bien-cuit plutôt inquiétant, vu le taux d’alcool dans le sang de l’assemblée. Robert a fait un clin d’œil compatissant à sa femme, même si c’est lui qui allait se faire cuisiner.
Monique a croisé le regard de Mathieu. Noir, comme toujours. Il portait encore son blouson, avait les mains dans les poches, les cheveux devant les yeux. Il se mordillait la lèvre nerveusement, un autre de ses tics. C’est plus fort qu’elle, Monique remarque toujours tout. « Qui commence ? » a demandé Robert, prompt à faire progresser les choses, comme d’habitude. Mathieu s’est avancé en dépliant une feuille qu’il avait glissée dans une enveloppe rouge, les éternelles enveloppes de sa mère, a noté Robert, un peu agacé sans savoir pourquoi. La participation volontaire de l’adolescent a étonné Monique. Les autres semblaient amusés. Robert, lui, a plissé le front, inquiet.
C’est là, à ce moment précis, que la boule s’est défaite. Monique l’a vue, elle a entendu les élastiques éclater dès qu’il a ouvert la bouche. Mathieu semblait se détendre, grandir un peu plus à chaque phrase, une plante après la pluie. Les mots, prononcés de façon impeccable pour une fois, claquaient dans la pièce. Monique les entendait comme une musique trop forte. Ce n’est qu’en remarquant la réaction des invités qu’elle s’est mise à écouter vraiment. « Queue, bouche, enfant, sucer… »
Il y a eu un brusque mouvemen

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