Ricochets à Ambialet

Natalice

Description

Sur les traces d’un petit garçon désabusé et de ses compagnons éphémères...

Ce matin-là, le soleil encore timide accompagne Matthieu sur le chemin de l’école. Il est joyeux, sautille avec légèreté, hume l’air parfumé de rosée printanière toute neuve. Et pourtant, quand il décide de fuguer, c’est un village entier qui est à sa recherche...

Quels secrets se dissimulent derrière sa disparition ? Qui est ce vieux sage aux cheveux blancs, dont la rencontre sera déterminante pour sa quête de vérité ?

Pas à pas, cheminant au rythme du Tarn, sa rivière tantôt limpide, tantôt marron de colère, tantôt chantante, tantôt assoiffée, Matthieu va apprendre, cultiver son esprit, forger sa personnalité et grandir. De ricochet en ricochet, sur les berges d’Ambialet, au travers de la vie du village, des querelles d’enfants aux rumeurs les plus viles, une histoire naît tranquillement, au gré des inspirations et des émois...

Sujets

• Quête
• Disparition
• Village
• Fiction
• Fugue
• Musique
• Littérature
• Literature
• Literary

Informations

• Publié par: Nombre7 Editions
• Date de parution: 22 octobre 2021
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782381538013
• Langue: Français

Extrait

ISBN : 9782381538006
 
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Ricochets à Ambialet

 
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Natalice
Ricochets à Ambialet


 
À Tata Danièle,
Partie bien trop tôt rejoindre les étoiles, qui m’a écrit dans l’un de ses derniers messages : « Tes jolis textes me vont toujours droit au cœur… »
Je t’aime, Tata…

 
On ne voit bien qu’avec le cœur.
L’essentiel est invisible pour les yeux…
Le Petit Prince
Antoine de Saint-Exupéry

 
Préambule
Chaque matin, pendant près de dix ans, la brume de la vallée du Tarn a salué mon départ pour une nouvelle journée de labeur, lorsque j’exerçais à Albi.
Tantôt épaisse, jalouse de ses trésors cachés, tantôt aérienne, joueuse, elle laisse entrevoir un coin de verdure, un pan de mur, une touche fleurie… Sa palette inépuisable, chaque fois différente, surprend les yeux du flâneur ou de l’empressé, au gré de ses caprices…
De l’église Saint-Gilles en bas du village au Prieuré Notre-Dame de L’Auder, surplombant majestueusement la vallée, cette cité, située sur une presqu’île naturelle créée par le méandre de la rivière, est un enchantement sans pareil ! Sans oublier le « château rose » où se cache une centrale hydroélectrique d’EDF !
Chargée d’Histoire, occupée par les Celtes, puis les Romains, siège du Vicomté des Trencavel au Moyen-âge, témoin de la Croisade des Albigeois, Ambialet attire de nombreux touristes chaque année.
Il est bien le village idéal pour une histoire « hors du temps »…
Ami lecteur, oublie donc en ce moment de lecture les aiguilles de ta montre, laisse-les s’affoler et chercher l’heure, et pars sur les traces d’un petit garçon désabusé et de ses compagnons éphémères…
Le Chemin de Croix qui monte jusqu’au Prieuré, principal décor de ce livre, n’en fait pas pour autant un ouvrage religieux, loin s’en faut ! Ma fascination pour cette « histoire » en tableaux date de l’enfance, une attirance sans raison, ancrée en moi depuis mon plus jeune âge… Il fallait bien un jour en faire quelque chose ! Et quoi de mieux qu’écrire une jolie histoire quand on aime manier la plume ?
Ici, il est le support à une forme de compréhension des valeurs humaines, de la relation à l’autre et aux autres, de l’amour, de l’amitié, de la tolérance…, au travers de la vie du village, des querelles d’enfants aux rumeurs les plus viles, en passant par les fêtes estivales empreintes d’amitié et de bonhommie sur fond de bonne musique…
Bonne promenade, bonne lecture, bonne rencontre avec Matthieu, Mélina, Sophie… et quelques autres !
Natalice, février 2021
Le lecteur trouvera en annexes les photos de chaque station du Chemin de Croix du Prieuré d’Ambialet, pour se repérer au cours du texte et du périple des protagonistes du récit.
 
L’enfant
Les clapotis de la rivière le laissent indifférent.
En vain, les canards se pressent, quémandent un regard, une miette, un signe d’amitié…
Le front buté, le regard vide, la bouche crispée, le garçon fixe la surface de l’eau. Les talons usés à force de cogner dans les cailloux de la berge, il tremble.
Les mains serrées autour de ses genoux écorchés, les ongles enfoncés dans sa chair, il serre les dents, à s’en faire crisser les mâchoires.
Surtout, ne pas pleurer, ne pas crier, ne pas entendre.
Ne plus jamais entendre.
Rester là.
Ne pas penser.
Ne pas se souvenir.
***
La journée pourtant avait commencé sous de bons augures : les jeunes et fantasques rayons du soleil avaient encouragé le choix d’un short et d’un tee-shirt, de mi-chaussettes un peu avachies à force d’être favorites, et de tennis sans âge, incontournables aux premières ébauches de l’été…
L’enfant était parti pour l’école, joyeux et chantonnant, son cartable mal fermé sur l’épaule, de travers comme d’habitude. Il arborait en franchissant le seuil ce petit air de malice et cette apparente légèreté qui séduisaient les fillettes et feignaient d’agacer les enseignants, conquis par son intelligence vive. Son sourire en coin lui valait cependant une vigilance de tous les instants des autorités inflexibles qui jalonnaient sa vie d’écolier. En franchissant le seuil, il s’était retourné, l’œil sur son père assis à la table de bois, le regard fixé sur le vide de ses pensées imbibées d’alcool mal assimilé.
Comme tous les jours.
Secouant la tête, Matthieu avait lancé : « Salut, P’pa ! » puis, sans attendre de réponse, il avait filé, endossant son costume d’enfance insouciante.
***
Matthieu secoue la tête, fronce les sourcils, se lève pour explorer la berge, à la recherche du caillou le plus beau, le plus lisse, le plus ovale. Ses yeux plissés scrutent chaque bout de roche, éliminant sans clémence l’un après l’autre, trop épais, trop granuleux, trop fin, trop léger… Enfin, il l’aperçoit : là, au pied d’un saule délicatement frémissant, le galet parfait semble l’attendre. L’enfant se baisse, le caresse du bout des doigts, avec une extrême délicatesse, comme il caresserait la joue d’un être aimé. Plat, lisse, doux, d’un ovale parfait. Matthieu le recueille au creux de la paume, le tourne, l’observe, en apprécie le poids, les couleurs. Nuances de gris, nuances de chagrin, les mêmes qu’en son cœur…
Doucement il se relève, le précieux caillou au creux de la paume, bien serré, bien au chaud entre ses doigts. Il en lisse pensivement ses joues souillées de larmes salées, qui apprécient ce froid salvateur.
Le garçon enfin se redresse, corps tendu vers le ciel. L’instant du réveil, l’instant fragile, éphémère, où l’esprit reprend vie malgré lui, malgré la peine, malgré la haine…
Comme un réflexe, l’enfant s’approche de l’eau, onde dansante imperturbable, il la regarde, fasciné, hésite à s’y jeter, pensée traversante vite effacée. La vie en son corps proteste, se révolte, il l’écoute, obéit, ferme les yeux, se balance au rythme des palpitations agitées de son pouls.
Le calme revenu, Matthieu ouvre les yeux, son regard brille d’un éclat nouveau, résolu, assuré. Plus de malice dans ces iris-là, mais une détermination, féroce.
Il recule un peu, cherche l’aplat le plus propice, se campe sur ses jambes, bien stable, comme le lui a appris son père, jadis… Il chasse cette pensée d’un revers de la main, secoue la tête et sa tignasse légendaire ébouriffée, puis reprend sa position de lanceur. Fier, majestueux, seul maître du monde pour une seconde de magie, il fléchit légèrement les genoux, pieds de profil, épaules tournées face à l’eau, index positionné le long de l’arête du caillou, pouce et majeur en face à face sur chacune des surfaces lisses de la pierre. Il prend le temps de détendre son poignet, par des flexions arrière, puis avant, comme s’il s’agissait d’un lancer de compétition. Il plie et déplie ses genoux éraflés par les chutes sur les chemins et la cour d’école, les matches de foot mémorables. Enfin, il se décide, et d’un geste ferme et définitif, il envoie le caillou vers la rivière scintillante d’impatience. Le geste est magnifique, le bras de l’enfant effectue une rotation parfaite, de son dos à son torse tandis que le caillou s’envole, parallèle à l’eau et rebondit une fois, deux fois, trois, quat