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Description
Sujets
Informations
Publié par | Québec Amérique |
Date de parution | 08 mai 2012 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782764412817 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
De la même auteure
Lazy Bird , Québec Amérique, coll. Tous Continents, 2009. Nouvelle édition, coll. Nomades, 2016.
Bondrée , Québec Amérique, coll. Tous Continents, 2014. Nouvelle édition, coll. Nomades, 2015.
• PRIX LITTÉRAIRE DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL 2014, CATÉGORIE « ROMANS ET NOUVELLES »
• PRIX SAINT-PACÔME DU ROMAN POLICIER 2014
• PRIX ARTHUR ELLIS 2015 DU ROMAN POLICIER EN LANGUE FRANÇAISE
• PRIX DU CONSEIL DES ARTS ET DES LETTRES DU QUÉBEC : ŒUVRE DE L’ANNÉE EN ESTRIE
Mirror Lake , Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2006. Nouvelle édition, QA compact, 2013.
• PRIX RINGUET DE L’ACADÉMIE DES LETTRES DU QUÉBEC
La Femme de Sath , Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 1987. Nouvelle édition, QA compact, 2012.
Projections (en collaboration avec la photographe Angela Grauerholz), J’ai vu, coll. L’image amie, 2003, photo.
Le Ravissement , L’instant même, 2001.
• PRIX LITTÉRAIRE DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL 2001, CATÉGORIE « ROMANS ET NOUVELLES »
• PRIX LITTÉRAIRE DES COLLÉGIENNES ET DES COLLÉGIENS 2002 (COLLÈGE DE SHERBROOKE)
Les derniers jours de Noah Eisenbaum , L’instant même, 1998.
Alias Charlie , Leméac, 1994.
Portraits d’après modèles , Leméac, 1991.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Michaud, Andrée A.
Rivière Tremblante
(Littérature d’Amérique)
ISBN 978-2-7644-0952-7 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-1280-0 (PDF)
ISBN 978-2-7644-1281-7 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Collection Littérature d’Amérique.
PS8576.I217R58 2011 C843’.54 C2010-942337-2
PS9576.I217R58 2011
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.
L’auteure remercie le Conseil des Arts du Canada pour son soutien financier.
Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Dépôt légal : 1 er trimestre 2011
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Projet dirigé par Isabelle Longpré
Mise en pages : Karine Raymond
Révision linguistique : Claude Frappier et Diane-Monique Daviau
Conception graphique originale : Isabelle Lépine
Adaptation de la grille graphique : Célia Provencher-Galarneau
Illustration en couverture : Lyse Marion
Conversion au format ePub : Marylène Plante-Germain
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© 2011 Éditions Québec Amérique inc. et Andrée A. Michaud
www.quebec-amerique.com
L es noms des personnages apparaissant dans ce roman, bien qu’ils soient courants au Québec, désignent des personnages purement fictifs, inventés aux seules fins de l’histoire, à moins qu’il ne s’agisse de figures publiques ou ayant défrayé l’actualité. Quant aux lieux où se déroule principalement le récit, ils ont été construits à partir de divers lieux assemblés par l’auteure.
Quiconque reconnaîtrait Rivière-aux-Trembles ou l’un des personnages de ce roman devrait donc mettre cette parenté sur le compte des hasards de l’invention ou la lier au fait qu’un homme ne peut ressembler qu’à un autre homme et que les paysages, les villages et les forêts d’un même pays ont en commun des couleurs qui nous amènent à les confondre.
À tous les enfants qui ne sont pas rentrés pour le souper
PREMIÈRE PARTIE
L a nuit tombait sur Rivière-aux-Trembles. Dans le cimetière planté d’érables, mon père dormait dans le brouillard soulevé par le redoux des derniers jours, au terme duquel février couvrirait de nouveau le sol d’une couche de glace où se figeraient les cailloux et les bouts de branches sectionnés par le gel. Derrière le cimetière, sur la colline des Loups, stagnait un nuage dont la densité laissait croire qu’il pleuvait sur la colline, seulement là, au milieu des sapins noirs. Les derniers oiseaux du jour finissant lançaient des notes solitaires dans l’air saturé de silence, et moi, je demeurais immobile, à me demander que faire de cette sombre beauté coincée entre la mort et la proche obscurité.
Toute la journée, j’avais marché sur les petites routes boueuses qui menaient au village ou nous en éloignaient, selon qu’on avait envie de rentrer à la maison ou de fuir la tristesse des endroits délaissés. Après des heures d’épuisement, les mains et les pieds gelés, je m’interrogeais toujours, incapable de déterminer quelle direction je désirais prendre. Je n’étais revenue à Rivière-aux-Trembles que pour rendre un dernier hommage à mon père et déposer sur son cercueil, dans la chapelle où il serait enfermé jusqu’au printemps, quelques Mary-Jean, ses roses préférées, dont le rapide étiolement me permettrait d’envisager la mort pour ce qu’elle était, un nouvel état de la matière. Car la mort n’était que cela, une transformation de la chair et du sang, voilà ce que je me répétais pour ne pas penser à la fin de toute chose et de tout homme. Le corps de mon père s’était vidé de sa pensée pour atteindre une nouvelle forme de communion avec le monde, un état où la perception de la lumière, de la chaleur et du froid ne serait entravée ni par la douleur ni par la conscience.
Mais que savais-je de la douleur de la matière et des états d’âme de la pourriture ? J’imaginais de possibles résurrections, des réincarnations excluant la souffrance parce que je refusais d’envisager la mort comme un état définitif et immuable. La disparition de mon père m’obligeait à penser que j’allais disparaître aussi et à me demander ce que je faisais là, arrêtée au milieu d’une vie dont la conclusion, comme celle de toute autre vie, serait sans appel. Je m’étais promis de repartir sitôt la cérémonie funèbre terminée et de ne jamais remettre les pieds à Rivière-aux-Trembles, mais le sentiment de n’en avoir plus pour si longtemps bouleversait tous mes plans. Contre toute attente, je ne me sentais pas la force de m’arracher au décor de ce village où s’était brutalement achevée mon enfance.
Accroupie près de la pierre tombale d’une inconnue faisant face au couchant pour l’éternité, j’ai demandé à mon père de me venir en aide, j’ai prié la mère que je n’avais pas connue, morte trop jeune, broyée en plein soleil, j’ai imploré le ciel de m’envoyer un signe, et c’est à ce moment que le cri a retenti, un cri d’effroi pouvant aussi bien venir du creux de la terre que des profondeurs de ma mémoire. Michael, ai-je murmuré d’une voix enrouée par la pluie et le froid, c’est toi Michael ? Mais le silence était retombé sur la campagne, plus compact encore que celui ayant précédé le cri. Alors j’ai couru, j’ai pris un des quatre chemins divisant mon village à la manière d’une croix et me suis enfoncée dans la brunante. Après quelques minutes, je me suis arrêtée, à bout de souffle. J’ai posé mes mains sur mes genoux et, en levant la tête, j’ai aperçu un chevreuil qui broutait près d’un maigre bras de forêt progressant dans les champs, perdu dans le brouillard descendant de la colline des Loups, pareil à ces visions salvatrices éloignant du gouffre les hommes sur le point d’y basculer.
J’ai avancé de quelques pas dans le champ gorgé de neige fondante et, pendant que le chevreuil disparaissait dans la forêt, j’ai laissé couler sur le gouffre refermé les larmes que je retenais depuis le matin. Il était temps, pour moi, d’enfin rentrer à la maison.
I
Les histoires
MARNIE
I l avait douze ans, j’en avais onze, et, comme dans les récits chevaleresques, nous avi