SACRIFICES  OUBLIES
218 pages
Français

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SACRIFICES OUBLIES , livre ebook

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Description

 Bidjoum, un village fondé par Taoré avec l'aide des Sept Esprits protecteurs de La Savane. Taoré et sa descendance étaient liés par un vœu d'obéissance perpétuelle à ces Esprits contre protection et richesses fournies par ces derniers.L'obéissance consistait à leur offrir des sacrifices. Des siècles durant, tout marchait à merveille entre les deux parties jusqu'au jour où une nouvelle religion s'installa dans le village et les descendants de Taoré commencèrent à négliger les sacrifices dûs aux Protecteurs du village. Les Esprits irrités, relâchèrent une série de malheurs qui s'abattirent sur le village. Bidjoum fatigué d'endurer des souffrances inexpliquées, fut obligé de retourner vers les Esprits.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2023
Nombre de lectures 73
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait




















1 ALADJI DJAKISSAM



SACRIFICES
OUBLIES







Roman

2



SACRIFICES
OUBLIES











Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous
les pays.
No part of this book may be reproduced in any form by print, photo-print, microfilm
or any other
means without written permission from the publisher.
apeledition@gmail.com/693779364
Copyright © APEL Editions, Yaoundé 2023
3









On retourne aux sources pour retrouver ses valeurs








4 Remerciements
A toutes ces personnes qui, de par leurs conseils,
leurs encouragements ou tout simplement leur
présence m’ont permis de réaliser ce projet
artistique. Il s’agit de :
- Yanga Giscard ;
- Wangbi Kalandi Augustin ;
- Lingwé Alexis ;
Ceux qui ont corrigé mon manuscrit.
Je remercie mon éditeur Thierry Ayissi, sans qui ce
projet n’aurait pu aboutir.





5
Préface
« C’est la culture qui nous reste lorsqu’on a
tout perdu ». C’est avec ces propos de Nelson
Mandela que nous pouvons déceler le fil d’ariane de
ce texte à nous proposer. Mais c’est quoi exactement
la culture ? Est-ce les croyances en ces forces
ancestrales ? Est-ce notre allégeance à la religion
occidentale ? Ou alors les deux ? Quoiqu’il en soit,
la culture est un véritable défi pour notre Afrique
actuelle dans un monde en pleines mutations. De nos
pratiques d’antan, il ne reste que les « oublis ».
L’auteur ici, par son approche traditionnaliste, nous
plonge dans le fantastique de ses craintes : quel
avenir pour sa culture ? Moult interrogations dont il
vient répondre à sa manière. Un voyage au cœur de
la nature où nos pas nous mènent dans le village de
Bidjoum avec des habitants aux mœurs singulières.
L’auteur, Aladji Djakissam fait la peinture d’un
village où les rites des ancêtres ont été tronqués par
6 l’arrivée de la religion. Mal leur en prends juste
parce que les Esprits se sont sentis délaissés et ont
déchaîné leur fureur sur les villageois. C’est pour
tirer la sonnette d’alarme que notre héros va mettre
en exergue une stratégie pour un retour aux sources
sans omettre le divin, l’Absolu. Il devient intéressant
de mettre en lumière les thématiques d’Aladji car il
montre l’importance de nos cultures et rites et au
delà de la dimension spirituelle de ce livre, voyons une
envie de nous interpeller sur notre but dans la vie et
notre identité culturelle. Passez une excellente
lecture djakissamienne !

S. A.





7
I : Les Sept Esprits

« Peuple de Bidjoum ! Rebelles, écoutez bien
ceci ! Qui connaît la vraie signification de
« Bidjoum » ? Cherchez et interrogez les anciens
pourquoi ce village porte ce nom et vous
comprendrez sa sagesse. Qui était là quand Taoré
construisit la première case dans ce village, qui fut
autrefois la demeure des chacals, des lions, des
girafes, des porcs-épics, des phacochères, des
hyènes et des animaux féroces ?
Qui était là quand vos aïeux étaient délivrés de la
gueule de tous ces animaux ? Quand la disette faisait
rage partout dans les villages environnants, qui les
sauvaient ? Quand les génies jaloux des savanes
voisines les oppressaient, qui les délivraient ? Quand
la peste, le choléra, la méningite et les ulcères
dévastaient les villages voisins, qui les épargnaient ?
8 Quand la rougeole, la coqueluche, la variole, le
rhum menaçaient vos enfants aux temps jadis, qui
les guérissaient ? Quand les éléphants de la savane
arborée de Poua venaient ravager leurs champs, qui
les chassaient et tuaient même quelques-uns pour
que le village mangeât de la viande à satiété ? Qui
ont délivré vos grands-parents et vous des attaques
régulières des villages voisins ?
Vos aïeux ont vécu depuis des siècles parmi
des animaux féroces, par qui ont-ils été protégés afin
qu’ils ne soient pas dévorés ?
Pourquoi vos terres sont fertiles ? Pourquoi
vous avez de bonnes récoltes ? Pourquoi avez-vous
plus de bœufs, de chèvres, de moutons et de poulets
que tous les autres villages ?
Pourquoi vous creusez dix mètres dans le sol
et vous avez de l’eau fraîche alors que dans certains
villages, il faut creuser au moins trente mètres ?
Peuple dépourvu de bon sens ! Regarde
Cha’a, Bluda, Ma’ada, Dulgna et Tuman. Tous ces
9 villages ont été assujettis par les Peuls, ils ont été
islamisés de force, ils cognent leurs fronts contre le
sol tous les jours, ils pratiquent déjà l’abominable
circoncision et payent bien la zakat au Lawane
chaque année. Tu ne te demandes même pas
pourquoi tu as été épargné ? Les voilà qui cognent
leurs fronts au sol contre leur volonté et toi tu ne le
fais pas. Les voilà qui donnent chaque année cent
kilos de mil au Lawane et toi tu ne le fais pas. Les
voilà qui sont forcés de ne pas parler leur langue
maternelle, sauf le fulfulde, alors que toi tu ne
souffres d’aucune pression.
Nous les Sept Esprits Protecteurs de Bidjoum,
avons protégé vos aïeux des siècles durant et vous
aussi. En échange de notre protection, des bonnes
récoltes, des pluies abondantes et des richesses.
Taoré, le fondateur de ce village nous a juré
allégeance en nous sacrifiant des animaux, lui et sa
génération à perpétuité. Bidjoum, descendance de
Taoré et serviteur des Sept Esprits, tu as rompu ton
10 pacte avec nous en acceptant un autre protecteur
dans ce village. Vos frères rebelles qui se sont
associés à lui nous cassent les tympans chaque fois
quand ils louent leur Dieu et quand ils le prient. Les
sacrifices après les récoltes et les retours des pluies
ne sont plus honorés par la moitié du village. Les
sacrifices aux Esprits par les jeunes mariés et le
culte aux jumeaux ne sont plus honorés. Tu ne
marches plus sur les voies de Taoré. Nous les Sept
Esprits, anciens protecteurs du village, sommes
fâchés, très fâchés et trop fâchés contre toi. Nous
laissons parler notre clémence parce que ton aïeul,
Taoré, le fondateur de Bidjoum, celui qui a juré que
sa descendance respecterait nos conditions et celui
qui a accompli nos volontés, est avec nous ; il
intercède pour toi pour que tu ne sois pas détruit
sans être averti. Renoue donc avec le culte des Sept
Esprits sans délai sinon nous te retirerons tous nos
privilèges et une série de malheurs s’abattront sur toi
jusqu’à ce que tu regrettes d’être né.
11 Ne connais-tu pas notre châtiment, Bidjoum ?
Demande tes sages et interroge l’histoire. Qu’en
estil advenu de Dourandi, le fou qui a osé nous défier ?
Il refusa de nous faire des sacrifices, il y a de cela
trois cent soixante-treize ans. Nous l’avons châtié de
la plus belle des manières. Lui, toute sa famille et
ses biens ont été foudroyés et consumés jusqu’aux
cendres. Dans notre colère nous avons juré que plus
personne n’habitera sur l’emplacement de sa maison
et même les herbes ont été interdites d’y pousser. Le
lieu nu et ingrat qui se trouve au sud du village fut
son domicile. Sois intelligent, Bidjoum, qu’aucun
malheureux ne tombe sous notre courroux. Nous
sommes comme un arbre et Bidjoum comme un
lézard et vous savez que celui-ci reviendra toujours
grimper sur l’arbre. Comme nous te connaissons, tu
feras fi de cette menace et une série de malheurs
s’abattront sur toi, rebelle ».
Tels sont les avertissements du voyant du
village, bien sûr inspiré par les Sept Esprits
12 Protecteurs, fondateurs et propriétaires du village,
lors de la fête du retour des pluies. Les villageois
l’ont taxé de menteur car il y avait assez de villages
autour de Bidjoum qui étaient aussi bénis. Que ce
n’était pas des bénédictions des Esprits qui leur
procuraient des bonnes choses et que quand le
grenier du voyant était vide, il inventait des histoires
superstitieuses pour pousser les gens à renouer avec
les sacrifices. Les villageois, au lieu de prendre au
sérieux ce que disait leur voyant, continuaient de se
délecter de leur bil-bil tout en riant aux éclats.
Il y avait bien sûr une légende qui racontait la
fondation de Bidjoum. Mais personne ne savait si
elle était vraie ou fausse parce que, dit-on, elle datait
d’au moins de six cents ans. Les vieux racontaient
que Taoré, le fondateur du village vient d’un village
lointain et prospère. Il était le trente-troisième d’une
famille de quarante enfants et leur père était le chef
de ce village-là. Il était riche et était respecté dans
son village comme aux alentours. Quand Taoré eut
13 treize ans, son père le choisit comme son successeur
à la chefferie. L’aîné de la famille, Srogsé, rongé par
la jalousie, voulait l’éliminer pour prendre sa place.
Il paya des mercenaires qui capturèrent le jeune
prince et après dix-sept jours de marche dans la
forêt, ils le laissèrent attaché contre un tronc d’arbre
sans eau ni nourriture. Il ne savait où il se trouvait et
il pleura des heures durant. Il réussit tout de même à
se débarrasser de ses liens mais ne savait où aller.
Comme le soleil se couchait, il monta sur un grand
arbre pour y passer la nuit. Des animaux de toute
sorte vinrent au pied de l’arbre pour dévorer cette
proie facile. Il y avait des hyènes, des chacals, des
lions et des lycaons mais ils ne pouvaient le manger
car l’enfant s’était réfugié au sommet de l’arbre.
Les fauves restèrent là durant trois jours et
trois nuits mais l’enfant resta là aussi accroché aux
branches, décidé à ne pas être une proie facile. Les
animaux, à bout de patience, partirent mais l’enfant
ne pouvait descendre car il avait très faim, soif et
14 surtout peur de ces animaux qui l’attendaient
peutêtre en bas. C’est pourquoi, il supplia les esprits de
ce lieu de lui venir en aide. Soudain, l’endroit où il
était se couvrit de quelque chose comme la fumée et
il fut étonné d’entendre quelqu’un l’appeler par son
nom. La voix lui dit : « Nous sommes les Sept
Esprits protecteurs de cette savane riche. Si tu jures
d

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