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Description
Informations
Publié par | Québec Amérique |
Date de parution | 14 août 2012 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9782764419038 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Collection dirigée par Anne-Marie Villeneuve
De la même auteure
Petit guide pour orgueilleuse (légèrement) repentante, Montréal, Québec Amérique, coll. Tous Continents, édition originale 2008, coll. Compact 2008.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
L’Italien, Annie
Toujours orgueilleuse, mais à peine plus repentante
(Tous continents)
ISBN 978-2-7644-0711-0 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-1532-0 (PDF)
ISBN 978-2-7644-1903-8 (EPUB)
I. Titre. II. Collection : Tous continents.
PS8623.I89T68 2009 C843’.6 C2009-940626-8
PS9623.I89T68 2009
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
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Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Dépôt légal : 2 e trimestre 2009
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Mise en pages : André Vallée — Atelier typo Jane
Révision linguistique : Stéphane Batigne et Diane-Monique Daviau
Conception graphique : Isabelle Lépine
Illustration en couverture : Roselyne Cazazian
Conversion au format ePub : Studio C1C4 Pour toute question technique au sujet de ce ePub : service@studioc1c4.com
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
©2009 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
ANNIE L’ITALIEN
J’ai l’impression d’être au beau milieu d’un film. Ma voisine de siège ronfle comme une locomotive, l’homme édenté assis de l’autre côté de l’allée me sourit de toutes ses gencives et le petit ange (hum) qui se trouve derrière moi pousse dans mon dossier à grands coups de pieds. Il devrait plutôt utiliser son énergie pour attraper la poule de sa mère qui court dans l’allée en poussant de grands cris (la poule, pas la mère). J’espère seulement que je suis dans le bon autobus.
Vous vous demandez sans doute ce que je fais dans ledit autobus. Moi aussi je me le demande, bien que je détienne tout de même certaines informations que vous n’avez pas. Alors nous reviendrons à l’autobus, mais commençons tout d’abord par vous mettre au parfum.
Il y a quatre mois, ma vie était plutôt normale
Il vient tout juste d’arriver. Je l’ai aperçu du coin de l’œil. J’ai failli m’enfuir dans la cuisine, mais je n’ai pas eu le temps : nos regards se sont croisés, il a souri, et je suis restée figée sur place. Il a pris tout son temps pour venir vers moi, s’arrêtant au passage pour saluer les copines. Puis il s’est planté devant moi.
— Salut, moi c’est Jean-Philippe.
— Anne.
— Enchanté.
— Moi aussi.
— Tu viens souvent ici ?
— Nono.
— T’as dit qu’il fallait faire comme si on ne se connaissait pas !
— J’ai pas dit ça. J’ai dit que je voulais qu’on se revoie et qu’on reparte à +2.
— Ah oui c’est vrai, pas à zéro, à +2.
Si vous avez oublié le contexte, je vous rafraîchis la mémoire. J’ai connu Jean-Philippe lorsque quatre de mes copines, Bianca, Christine, Dominique et Esther, ont organisé une chasse au trésor pour mon anniversaire, en profitant au passage pour me faire la leçon sur l’importance de piler sur son orgueil dans la vie. Voulant s’assurer que la chasse se déroulerait sans encombre, même lorsqu’elle s’est poursuivie aux Bahamas, elles ont demandé à Jean-Philippe de jouer à l’accompagnateur, ce que j’ignorais. Croyant que ce bel étranger avait été mis sur mon chemin par le plus grand des hasards hasardeux, j’en suis tombée (légèrement) amoureuse. Lorsqu’il m’a avoué la vérité, je l’ai plaqué. Mais, que voulez-vous madame la marquise, les choses étant ce qu’elles sont et les mecs célibataires-intelligents-gentils-drôles-séduisants ne courant pas les rues, j’ai accepté de revoir Jean-Philippe. Je lui ai proposé que nous nous voyions lors d’un party chez Esther et que nous laissions les choses suivre leur cours naturellement.
Désolée pour ceux qui se sont tapé près de deux cents pages alors qu’un seul paragraphe aurait suffi. Mais vous voilà tout de même mis en contexte, je poursuis donc mon récit.
L’appartement d’Esther est parfait pour organiser des partys : plein d’espace, peu de meubles, et aucun bibelot fragile. Événements assez courus par notre éclectique entourage, les partys d’Esther se suivent et se ressemblent : invités passablement éméchés, jeux débiles, musique kétaine à souhait, et Esther qui déprime un peu parce qu’elle est convaincue qu’il y a moins de monde qu’à son dernier party (ce qui est généralement faux). Cette fois-ci, elle réussit à conserver le sourire, malgré le fait que nous célébrions aujourd’hui son trente-dixième anniversaire (ne surtout pas dire quarante).
— Alors, demande Jean-Philippe, du neuf depuis trois jours ?
— Oh, rien de majeur… à part que j’ai démissionné.
— Hein ? T’appelles ça mineur comme nouvelle ?
Bye bye boss
Je dis « démission », mais en fait il s’agit d’un autoflushage. Ayant appris à travers les branches qu’il allait y avoir des mises à pied dans mon département, je me suis portée volontaire. Je trouvais indécent de laisser des collègues motivés se faire licencier alors que je n’aspirais qu’à partir de toute façon. En plus de me rendre malheureuse, mon emploi prenait nettement trop de place dans ma vie et il était temps de remédier à la situation. Coup de chance, mon grand patron m’aimait bien, alors il m’a négocié une prime de départ plus qu’acceptable. Me voici donc avec six jolis mois de vacances payées et un soulagement psychologique et émotif indescriptible.
La suite ? Je n’en ai aucune idée ! À part qu’il est hors de question que mon prochain emploi gruge toute mon énergie. Ce qui brouille les cartes, c’est que j’ai l’impression d’avoir accompli tout ce que j’avais à accomplir dans cette carrière en communications interactives. Dit autrement, je souffre d’indigestion professionnelle. Dit encore autrement, j’en ai ma claque. Il est donc temps pour moi d’aller voir ailleurs si j’y suis. Alors, avec l’espoir d’un éclair de génie spontané, je m’efforce d’ouvrir mon esprit à des idées de carrières s’éloignant le plus possible du monde des communications. Arroseuse de fleurs pour la Ville de Montréal ? J’aimerais bien travailler à l’extérieur, sauf que toutes les plantes que j’ai assassinées depuis des années vous diront que je n’ai ni le pouce, ni les autres doigts verts. Barmaid ? Avec les heures d’observation intense accumulées dans les bars montréalais, je devrais pouvoir m’en tirer. Bénévole dans un centre de réhabilitation pour lions orphelins ? Hum, peut-être pas. Si vous avez d’autres idées, vous me le dites.
De retour au party
Voir Jean-Philippe ici dans ma (notre) ville me semble très étrange : c’est comme s’il existait maintenant pour vrai.
Nerveuse, fatiguée, incapable de manger, je suis pompette après à peine deux bières, hystérique après trois, je perds le contrôle de mes jambes après quatre, et la cinquième m’achève complètement.
Pendant la majeure partie de ma vie adulte, je suis demeurée sage et sobre. Rarement plus d’un verre par soirée, et seulement une fois de temps en temps. Je détestais la perte de contrôle qui accompagne l’alcool et passais à l’eau gazéifiée dès que je commençais à avoir la tête légère. Vous ne l’auriez sans doute pas cru en me voyant m’enfarger dans la & ? # % de marche qui mène à la cuisine d’Esther.
— Ça va ? me demande Jean-Philippe à travers les r