Trésor bafoué
71 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Trésor bafoué , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
71 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description


Au Togo comme un peu partout en Afrique, il n’est pas si loin le temps où chaque membre de la communauté exerçait son rôle de parent auprès de n’importe quel enfant côtoyé. Alors que font les enfants dans la rue, livrés à eux-mêmes, en bandes, dans les marchés ou des abris de fortune ? Vulnérables, ils sont à la merci de crapules malveillantes qui les utilisent à leur guise. Ils ne sont ni protégés ni éduqués, survivants dans un milieu hostile. Dans ce livre, Grétah Waklatsi témoigne de cette réalité. Un récit émouvant, instructif, réel et très engagé pour une cause des plus nobles. L'enfant est un trésor à ne pas bafouer.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 11
EAN13 9782373162530
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Trésor bafoué Préface I- La scène II- Investigations III- Un centre d’hébergement pour enfants a besoin d’aide IV- Je parraine Abdou V- Première année d’école pour Abdou VI- Ousman VII- Retour en France… un nouveau filleul à annoncer VIII- Le centre d’hébergement dans le rouge IX- À la recherche de la famille idéale X- Un père pris dans ses tourments XI- Une rencontre fortuite et précieuse XII- Enfant de la rue XIII- Abdou XIV- Une fillette en détresse XVII- Prendre la responsabilité d’une vie heureuse XV- Le voisin sorcier ou la tante sorcière XVI- Un cruel manque d’espoir XVIII- Des Togolais à Paris Slam
Préface
Invitation
Quelques jours avant cette préface, j’ai écrit sur un mur : « Pour véritablement connaître quelqu’un, il est bien conseillé d’étudier ses œuvres. En revanche, pour connaître la profondeur des racines de ses convictions, il vaut mieux étudier son mentor ». En bonne réplique, un écrivain togolais-­belge, auteur du célèbre récit Il s’appelait ­Mouammar , Ayi Hillah m’a demandé ce que j’insinuais par mentor et s’il fallait dans la vie en avoir un. Vous vous en doutez, j’ai été affirmatif. Heureusement, ici, Grétah nomme son mentor en la personne de Daisaku Ikeda, qui est également le mien. Je partage et adhère à la merveilleuse philosophie de vie de Grétah. Quelle heureuse coïncidence !
En parcourant le texte qui m’a été soumis pour préface, j’ai pu faire sans difficulté majeure un constat, vu que j’ai déjà, quelques mois auparavant, lu son premier ouvrage L’enfant qui ne vient pas . En effet, le spleen qui a vu naître L’enfant qui ne vient pas a cédé sa place à l’instinct de mère bienveillante, noyant le lecteur dans une compassion totale.
C’est vous dire que Grétah a fait son choix en fonction de ses convictions. À la manière d’un aventurier à la recherche du trésor perdu, elle plonge dans une tranche sociale : le fléau que vivent les enfants en Afrique au moment où dans le même temps, dans son pays d’accueil, la France, tous les samedis ou presque, les gilets jaunes envahissent les villes. Ne me demandez pas pourquoi. Sinon, quelles auraient été les réelles motivations de Boris Vian lorsqu’il écrivit J’irai cracher sur vos tombes  ?
En réalité, qu’est-ce qui fait la grandeur d’une œuvre ? L’esthétique ou la pertinence du sujet abordé ? Au demeurant, si l’on s’accorde que l’esthétique est à la fois formelle et informelle, alors une question banale me vient à l’esprit : quelle est la part de la volonté de l’artiste dans la création ? Le mal que dépeint Grétah est la vie des enfants en Afrique.
Ainsi, l’acte scriptural chez Grétah semble, en définitive, porter une marque : joindre à l’action la parole. En ajoutant le présent récit Trésor bafoué à son association humanitaire 1.2.3.Togo, elle poursuit un objectif. Et c’est sans doute communiquer sur le Mal comme l’a fait avant elle Véronique Tadjo aux heures chaudes d’Ebola en Afrique. Le silence, à en croire cette auteure, serait une nette démission face à la douleur, aux nombreuses lamentations, à la misère des ­enfants de rue, qui sont tout à fait vulnérables. Sans détour, sans un discours grandiloquent, elle déroule les faits jusque, par endroits, dans les moindres détails. ­ Trésor ­bafoué demeure une invitation à l’action et surtout au renforcement de notre capacité à transcender le meurtrier ­silence qui plonge l’humanité tôt ou tard dans un ­engrenage de guerre infernale un peu partout dans le monde. Ne dit-on pas que l’enfant est le père de la nation ? Grétah a tiré son épingle du jeu. À chacun de jouer. Ne serait-ce que dans la petite sphère de son existence.
Agréable lecture en compagnie de Grétah !
À suivre !
Koffi Boko
Secrétaire général des Écrivains du Togo.
I- La scène
Abdou
Le 17 décembre 2016, je rentre de mes courses au volant de Gunter, la voiture de l’association. Pourquoi Gunter ? Parce qu’il parle l’allemand, lol ! C’est un véhicule venu d’Allemagne
Je me gare devant chez moi et, à 50 mètres au loin, au carrefour de la rue, j’aperçois une foule. Je vois ma mère tenir un monsieur par le col, qui tente de se libérer de son emprise, sans que les autres n’interviennent. Mon cœur ne fait qu’un tour. Je bondis hors du véhicule, laissant tout, mes courses, mes affaires et mon sac. Je cours en hurlant.
« Maman, Maman, lâche-le, lâche-le ! » Tous les regards se tournent vers moi. Certains me crient : « Tu ne dois surtout pas t’en mêler. Laisse-la lui régler son compte. »
— Mais merde, c’est ma mère !! S’il arrive quelque chose à ce monsieur, vous irez en prison avec elle ?
— Maman, lâche-le ! Qu’est-ce qui se passe ? J’essaye de dégager sa main du col du monsieur, sans succès. On dirait qu’à travers ses deux bras il y a une foule de personnes.
— Non, me dit-elle.
— S’il te plaît, lâche-le, il a du mal à respirer, regarde ses yeux. Lâche-le, après, on va discuter.
— Qu’il promette de ne plus frapper l’enfant d’abord. Ensuite, je le libère.
L’homme pue l’alcool, il est ivre. Il titube, il ne tient pas debout. Il hoche la tête en guise de oui. Ma mère le libère.
— De quel enfant parles-tu, Maman ?
— Mais de lui, derrière moi, dit-elle en se retournant d’un air agacé. Tu m’énerves, tu ne comprends rien.
— Que veux-tu que je comprenne à ça ? Je rentre chez moi et je vois ma mère en train d’étrangler un homme dans la rue.
Je me retourne. J’aperçois un petit garçon chétif, mal en point, qui tient de toutes ses forces, enfin le peu qui lui reste, la robe de ma mère par-derrière, le visage dégoulinant de sueur, de larmes, mélangées à de la bave.
— C’est qui cet enfant et pourquoi il le frappe ?
— C’est son fils. La mère de l’enfant est décédée, il y a un mois. Il vit ici avec la famille de sa mère, dit-elle en montrant du doigt la maison face à nous, juste à l’angle de la rue. Et cet imbécile vient, complètement ivre, presque tous les deux ou trois jours, agresser la famille et insulter les gens de la maison.
— Et pourquoi il fait ça ?
— Ce débile mental est juste devant toi, pose-lui la question, dit-elle très en colère. Le monsieur commence à retrouver tout son esprit. Il hurle en toisant ma mère du regard.
— C’est mon fils, j’en fais ce que je veux. D’ailleurs, je vais le récupérer et l’emmener chez une amie qui va s’occuper de lui et tu n’auras rien à y faire, dit le monsieur.
Je me positionne bien entre les deux tout en gardant ma mère dans mon champ de vision afin de réagir rapidement si elle revenait à la charge.
— Monsieur, qu’est-ce qui se passe ?
— C’est mon fils, je suis venu le chercher pour l’emmener chez une amie. Il ne voulait pas venir. Et comme il commençait à pleurer, je l’ai juste secoué un peu et toute la maisonnée a commencé à me crier dessus. Je suis sorti avec l’enfant et cette folle m’est tombée dessus.
— D’une, changez de ton, et de deux, la folle dont vous parlez est ma mère. Je peux me retirer et la laisser vous régler votre compte. Apparemment, vous ne semblez pas du tout être apprécié ici puisque personne ne vous vient en aide. Alors changez de ton si vous voulez qu’on règle ce problème à l’amiable.
— Kafui ( ma mère m’appelle toujours par mon prénom togolais ), je n’ai pas de temps à perdre. L’enfant ne partira pas avec lui. Il le maltraite, il est très violent. Il venait frapper la mère de l’enfant ici de son vivant. Quand les voisins s’interposaient, il se bagarrait avec eux. Et finalement, tout le monde a peur de lui. Du coup, personne ne réagit pour venir en aide au gamin. Moi, je vais le tabasser correctement, comme ça il comprendra ce que ça fait de taper sur quelqu’un. Et je te garantis qu’il ne recommencera pas. « Ohhh que ouiiiii !! c’est sûr, il ne recommencera pas, je te connais ma mère, mais il n’en serait pas question !! »
Ma mère s’éloigne, le garçon pendu à ses trousses, toujours en pleurs. Les voyant s’éloigner, le père de l’enfant se lance à leur poursuite. C’est là que je constate que le monsieur est boiteux. Il traîne difficilement ses deux jambes en marchant, probablement les séquelles de la polio.
Mais merde alors !!! Comment un homme dans cet état peut-il entrer dans une maison, agresser et frapper les gens sans qu’ils réagissent ? Ils ont forcément peur d’avoir des problèmes s’ils levaient la main sur lui. Et pourquoi ne préviennent-ils pas les autorités ? Je ne comprends plus rien…
— Maman, tu ne peux pas partir comme ça avec son enfant. Même s’il le violente, tu ne peux pas le lui prendre, du moins pas de cette façon. Tu n’en as pas le droit. S’il va porter plainte, tu vas avoir des problèmes. On va le signaler aux autorités et ils feront le n

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents