Tromper Martine
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Tromper Martine , livre ebook

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Description

Sur les conseils de son médecin qui s’inquiète de ses dérapages récents, Nicolas part deux mois loin de son travail, de sa femme et de ses enfants. Un vent de liberté souffle dans ses cheveux et lui donne envie de mordre dans la vie comme si c’était un beau gros beigne débordant de crème. Il voyage, fait des rencontres, tente de réconforter de vieux amis aussi mal en point que lui; tout ça ne peut que mal finir. 
« Voilà, c’est elle, j’ai rencontré la femme à qui je serai fidèle, je ne trousserai donc plus jamais la robe d’une autre. Elle a les cheveux noirs, je ne plongerai donc plus jamais mon nez dans les cheveux d’une blonde, d’une rousse ou d’une brune pour respirer le parfum de son cou. Plus jamais je n’aurai la surprise de découvrir une épilation nouvelle dans une culotte où je glisse une main pour la première fois. Ça ne me manquera pas. Ou si peu. Hum. »
Je suis sorti du garage à reculons, dans la vieille Jeep Cherokee, sans me soucier d’éviter les jouets des enfants. J’ai fait éclater un ballon mauve et j’ai écrasé la roue d’un vélo. Martine, qui était sur le porche en robe de chambre et m’envoyait la main, s’est précipitée pour voir les dégâts. Ariane, assise dans les marches, s’est mise à pleurer. Après avoir respiré profondément, comme on le recommande dans tous les articles à propos du stress, j’ai fouillé dans mon portefeuille et j’ai tendu quelques billets à Martine pour qu’elle remplace la roue tordue et le ballon éventré.
– Je leur avais dit de ramasser leurs cochonneries !
Elle a pris l’argent en haussant les épaules. Je lui ai demandé de saluer Zacharie de ma part, probablement cramponné à sa console de jeu au sous-sol, et je suis parti. Ma femme et ma fille ont rapetissé dans le rétroviseur. J’ai gardé une expression neutre, je me suis retenu de pousser un long soupir de soulagement ou de hurler ma joie en donnant de grandes claques sur le volant. J’ai perdu de vue ma famille alors que je quittais la rue du Petit Bonheur et que je tournais sur la Soixante-deuxième Avenue. Le temps d’arriver au boulevard, je respirais déjà mieux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 août 2015
Nombre de lectures 2
EAN13 9782764430095
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
Fâché noir (recueil), Éditions Québec Amérique, 2013.
Corax / L’Orphéon , VLB éditeur, 2012.
Stigmates et BBQ , Éditions Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2011.
Morlante , Éditions Coups de tête, 2009.
Mal élevé , Éditions Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2007.
Un petit pas pour l’homme , Éditions Québec Amérique, coll. Littérature d’Amérique, 2003, coll. QA Compact, 2004, coll. Nomades, 2015.
• GRAND PRIX DE LA RELÈVE LITTÉRAIRE ARCHAMBAULT 2004-2005
Collectifs
Nu, recueil de nouvelles érotiques (sous la direction de Stéphane Dompierre), Éditions Québec Amérique, 2014.
Dictionnaire de la révolte étudiante , Tête première, 2012.
Amour et libertinage (sous la direction d’Elsa Pépin et Claudia Larochelle), Les 400 coups, 2011.
Série Jeunauteur
Jeunauteur, Tome 2 – Gloire et crachats , Éditions Québec Amérique, coll. Code Bar, 2010.
Jeunauteur, Tome 1 – Souffrir pour écrire , Éditions Québec Amérique, coll. Code Bar, 2008.





Projet dirigé par Myriam Caron Belzile, éditrice
Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en pages : Interscript
Révision linguistique : Sophie Sainte-Marie et Élyse-Andrée Héroux
Illustration couverture : Mélanie Baillairgé
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
Québec Amérique 329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Dompierre, Stéphane
Tromper Martine
(Latitudes)
ISBN 978-2-7644-2963-1 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3008-8 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3009-5 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Latitudes (Éditions Québec Amérique).
PS8557.O495T76 2015 C843’.6 C2015-941481-4
PS9557.O495T76 2015
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2015
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2015
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2015.
quebec-amerique.com



À Véronique.
À mes parents.


L’amour reste le meilleur sujet de littérature, peut-être même le seul. Bientôt écrire ne servira plus qu’à cela : donner aux hommes et aux femmes une dernière chance de se parler.
Frédéric Beigbeder, Premier bilan après l’apocalypse


1.
SUR LA ROUTE
Je suis sorti du garage à reculons, dans la vieille Jeep Cherokee, sans me soucier d’éviter les jouets des enfants. J’ai fait éclater un ballon mauve et j’ai écrasé la roue d’un vélo. Martine, qui était sur le porche en robe de chambre et m’envoyait la main, s’est précipitée pour voir les dégâts. Ariane, assise dans les marches, s’est mise à pleurer. Après avoir respiré profondément, comme on le recommande dans tous les articles à propos du stress, j’ai fouillé dans mon portefeuille et j’ai tendu quelques billets à Martine pour qu’elle remplace la roue tordue et le ballon éventré.
 Je leur avais dit de ramasser leurs cochonneries !
Elle a pris l’argent en haussant les épaules. Je lui ai demandé de saluer Zacharie de ma part, probablement cramponné à sa console de jeu au sous-sol, et je suis parti. Ma femme et ma fille ont rapetissé dans le rétroviseur. J’ai gardé une expression neutre, je me suis retenu de pousser un long soupir de soulagement ou de hurler ma joie en donnant de grandes claques sur le volant. J’ai perdu de vue ma famille alors que je quittais la rue du Petit Bonheur et que je tournais sur la Soixante-deuxième Avenue. Le temps d’arriver au boulevard, je respirais déjà mieux.
Ils allaient me manquer, mais, tout de même, j’appréciais ce vent de liberté qui me soufflait dans les cheveux.
J’ai eu envie d’un grand café et d’une douzaine de beignes bourrés de costarde, couverts de glaçage de toutes les couleurs et de petits bonbons qui craquent sous la dent. Je me suis engagé sur l’autoroute toutes fenêtres ouvertes et j’ai hurlé comme un loup.

La jeep a dérivé sur la droite alors que j’étais penché pour chercher mon disque de Hank Williams censé être dans la boîte à gants, perdu quelque part entre les Squirrel Nut Zippers, les Stray Cats et les autres disques de swing et de rockabilly de Martine. Les pneus ont mordu le gravier en laissant un nuage de fine poussière dans mon sillage. J’ai donné un coup de volant pour ramener la jeep sur la route asphaltée, j’ai retiré le CD de son boîtier d’une seule main et je l’ai enfoncé dans le lecteur. J’ai repris mon café et j’ai soufflé dessus avant d’en boire une gorgée. J’entendais mon attirail qui bringuebalait à gauche et à droite dans le coffre chaque fois que je négociais un virage serré. Les bouteilles s’entrechoquaient dans la glacière, les conserves rebondissaient sur la banquette arrière. Au sortir d’une courbe, le soleil droit devant m’a fait plisser les yeux. La liberté est délicieuse, à quatre-vingt-quinze kilomètres à l’heure dans une zone de soixante-dix, avec le vent qui t’ébouriffe les cheveux et les grosses mouches juteuses qui s’éclatent la gueule sur le pare-brise. J’ai sorti mes lunettes fumées d’une poche de chemise et je me les suis installées sur le nez. Un cadeau d’anniversaire de mon fils. Il me les avait offertes la veille, pour mes quarante-deux ans, et je le soupçonne d’avoir volontairement égaré celles que j’avais afin de trouver une idée de cadeau. Des Ray-Ban à deux cents dollars remplacées par un modèle en plastique à l’odeur toxique déniché dans un présentoir à l’entrée d’une pharmacie. L’amour d’un père excuse facilement ces petites maladresses. Quelque chose me chatouillait la joue. L’étiquette avec le prix était encore accrochée à l’une des branches. Quatre dollars quatre vingt-dix-neuf. Je l’ai arrachée avec les dents et l’ai recrachée à mes pieds. J’ai remis les lunettes. Gorgée de café. Grande respiration pour humer l’air frais de la campagne, chose rendue possible grâce à mes pilules contre les allergies saisonnières.
Take these chains from my heart and set me free
You’ve grown cold and no longer care for me
All my faith in you is gone but the hearthaches linger on
Take these chains from my heart and set me free.
J’ai monté le son et j’ai chanté avec Hank, lui juste, moi faux. Il n’y avait personne pour m’entendre, alors je ne me suis pas gêné, j’ai beuglé ma vie. Les Holstein, en petits groupes dans les champs, cessaient de brouter et tournaient la tête pour me regarder filer. J’étais dans un tel état d’excitation que j’aurais eu envie de m’arrêter au bord de la route pour embrasser le sol. Mais la hâte d’arriver était plus forte. J’ai appuyé encore un peu sur l’accélérateur. Quelqu’un me voyant passer aurait pu croire que j’étais poursuivi par Satan.
Je ressentirais peut-être de la culpabilité plus tard, mais, pour l’heure, je n’avais aucun remords à laisser Martine seule avec les deux enfants. Ça faisait des années que je les traînais partout où ils voulaient aller : Martine à la plage, Ariane aux glissades d’eau, Zacharie dans les parcs d’attractions. Nous avons visité des zoos, des aquariums, des musées, des pentes de ski, des centres d’amusement, toutes ces saletés de minigolfs clinquants du Maine et, là, enfin, j’avais deux mois de repos. Des journées complètes où je n’aurai pas à regarder mon agenda surchargé en me demandant comment j’en viendrais &

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