Un pays naissant piégé
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Un pays naissant piégé , livre ebook

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Description

À dix-huit ans révolus, se posait à Nérabé, la question de savoir s’il devait être embauchéà la place de son père ou non, à l’industrie d’égrenage de coton, implanté il y a peu, auvillage Dogan. Son grand-père, Dionro qui perdit toute joie de vivre depuis la mort atrocede son fils aîné, Peuryo, était indécis. Il gardait encore vivace en lui, le souvenir de cefils, avalé par une égreneuse. Le corps déchiqueté, se trouva mêlé aux fibres de coton,de manière que nul ne put lui donner une sépulture digne de lui.Lorsque Monsieur Richard, le promoteur de cette entreprise, posa ses affaires en cettecontrée, au même mois que le Pasteur Godson, réduit au silence par les administrateurscoloniaux, déjà, M. Pierre, le gouverneur de la région du Logone, y gérait uneadministration dont des chefs de district, comme, M. Delon, semaient un indescriptibledésordre. Avec des chefs de canton dévolus à leur cause, comme Mbimoel de Benoye,s’installa un climat délétère. Après le départ très apprécié de M. Pierre, adulé de lapopulation autochtone qui l’affubla du sobriquet de « Baouguel », M. Fréchet, sonremplaçant, inaugura l’ère du complotisme, de la délation, de la corruption, de laviolence, particulièrement contre les rares alphabétisés par l’église et de façon pointue,contre les responsables du PPT-RDA dont Étienne, le secrétaire cantonal de Bébalem,tué sur la place publique ou encore Jacques Doumbé. Le summum de cette sauvageriefut atteint avec le complot raté de Benoye et le massacre de Bébalem, à l’instigation deM. Thalès Benoît.Les activistes du PPT-RDA prônèrent des campagnes de boycott de la culture de coton,le refus de payer l’impôt et le refus d’adhérer aux divers actes posés par les colons. Ilsinfluencèrent les populations au point de déclencher une véritable guerre dont ils furentouvertement indexés comme cibles, lors de la commémoration de la journée de 14 juillet,à Moundou.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782376701040
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un pays naissant piégé
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MBAIOSSOUM REOUKAOUDE
Un pays naissant piégé
Roman
Éditions ToumaïL’Éditeur de nouveaux talents3
« Que le salut du peuple soit la suprême loi » Maxime du droit public
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Ce texte publié aux Éditions Toumaï est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code de la Propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur.
Éditions Toumaï Avenue Taïwan B.P : 5451 N’Djaména-Tchad Tél : +235 63 05 65 02 e-mail:editionstoumai30@yahoo.com
 ISBN :978-2-37670-104-0
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Note de l’auteurIl était arrivé à notre pays occupé,une histoire passionnante d’une époque inédite. Celle des hommes sans forte culture, qui n’avaient ni coutelas de boucher ni arme à feu,n’étant façonné quecomme du roc. Ils combattirentles mains nues, n’ayant que leur foi patriotique qui les éleva en hauteur pour faire triompher leur idéal: l’indépendance du pays.
Ce roman est destiné, comme une épître dédicatoire, à Lisette Gabriel, un homme épris de paix et de justice qui voulut rendre la liberté et l’indépendance au peuple tchadien. Pour ce faire, il créa le PPT-RDA pendant que les autres partis politiques nationaux faisaient bande à part, avec les administrateurs coloniaux,opposés à l’indépendance du pays en pratiquant l’injustice etprivilégiaient les abus de tout genre. Cet administrateur colonial,d’origine antillaise que l’injusticerebutait, en arriva auchoix d’établirle siège de son parti à Moundou, Chef-lieu du Logone où il fut élu député.
Les partis politiques, soutenus par les Français qui leur apportaient un soutien sans faille,n’étaient pas d’accord avec la ligne politique d’une frange revendicatrice de la liberté et del’indépendance du pays. Les militants du PPT-RDA firent cavaliers seuls, marchèrent, enseignes déployées au vent comme s’ils volaient haut dans le ciel, bienqu’ils se tinssent sur la brèche. Ils se conduisirent en braves militants de la liberté, affrontant quotidiennement, sans crainte, les privations et la mort, devant une arméede l’administrationcoloniale, hostile et dogmatiquement raciste. Confrontés à de nombreux obstacles érigés par l’administration coloniale qui s’opposait à leurcombat non violent dont le contenu était leur refus de produire le coton, leur refus de payer les impôts et de se soustraire aux travaux forcés, ces braves combattants méritent bienqu’un ouvrage leur rende un vibrant hommage, pour leurs actions vertueuses, à l’occasion de la fête commémorative des soixante ansd’indépendance de notre pays.
Si les résultats obtenus de leur lutte n’étaient pas à la hauteur des attentes, ils tenaient à plusieurs raisons,d’origine à la fois interne et externe.
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D’abord interne, lorsque les Tchadiens,à l’époque n’étaient pas unanimes autour decette question d’indépendancedu moment où ils n’avaient pas les mêmes attentes, il était illusoire d’espérer le succès total de l’autonomiedu pays, obtenue pourtant de haute lutte, sous la bannière du PPT-RDA. Quand bien même que ces dirigeants du PPT-RDA s’y furent investis, dans un tourment de courage et de volontarisme dévoués à la conquête de la liberté et del’indépendance, ils ne perdirent à aucun moment,l’espoirsuscité, en cette période sombre de combat homérique, si âpre le fût-il, qui révéla leur hardiesse de dompteurs. Malgré les formations politiques du pays,réfractaires à l’idée de l’indépendance, et soutenues à fond par l’occupant français contre les militants de la liberté, les pionniers, eux, demeurèrent fermes sur leur conduite de départ, avec leur inextinguible soif de liberté et celle du pays, au point que leur combat promettait à la fin, de leur rendre justice et de leur transférer la prochaine responsabilité décisionnelle de leur pays.
Ensuite en externe, le colonisateur restant maître du jeu, arbitrait les conflits entre les Tchadiens en même tempsqu’il brouillaitcarte des la tractations, susceptible de déboucher sur un compromis bâtard d’indépendance, laissant en suspens bien de sujets à controverses. Passés sous silence, ils resurgirent des années plus tard, après cette indépendance mise entre guillemets.Quand bien même qu’on eut convoqué une Conférence Nationale Souveraine en 1993, ils ne purent être exorcisés, quoique fondés sur les bases sociales de la démocratie qui gouvernent les principes de la souveraineté du pays, encore que les acteurs les plus avisés de ces périodes torrides, furent du conclave. Le paradoxe avoulu qu’en ces jours,tous conscients des contradictions socio-économiques et politiques de l’heurequi prévalent encore de nos jours, déjàexploités à fond par l’administration coloniale pour leur barrer le cheminde l’essor national, ils ne pussent qu’exceller en leur incapacité à surmonter les pesanteurs pour trouver des solutions idoines aux problèmes de post-indépendance.
Le pays d’un peupleaffranchi dont ils rêvaient, ne devrait-il pas être celui d’un peuple libre, exerçant lui-même sa souveraineté ? Or, ce pays, accédant à l’indépendance, reste toujours tributaire de ses relations paternalistes avec la puissance colonisatrice. À ce point, linterférence des faits sociaux, économiques, culturels et politiques, parue au grand jour,à l’intérieur du pays, après le supposé départ de la puissance
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colonisatrice, se trouva toujours en contradiction avec les aspirations légitimes du peuplepuisqu’elle estextraordinaire conjugaison avec en celle qui émanaitde l’extérieur, en cette période de postindépendance. Un assemblage de contradictions, d’incertitudes etd’incohérences, consacréesen goulot d’étranglement de cetteindépendance rêvée. Il en est ainsi du poids cumulé dincongruités, réelles, déjà emmagasinées depuis ces années-là, quise manifesta comme le manque d’uneplénitude du pouvoir à assumer après une lutte hautement démocratique. Ce fut un pouvoir piégé, un traquenard majeur à la paix et au développement du pays, concédé à cette troupe de pionniers, tout de même inscrit dans les annales d’une histoire manquée d’une indépendance et d’unedémocratie, aujourd’hui, perçue explicitement comme une somme de contradictions, de plus en plus profondes et de plus en prouvées.
En fait, l’indépendance et la démocratie manquées du pays, sont étroitementliées à l’inexistenceeffective d’un pouvoir et d’uneréelle souveraineté du pays. On ne devrait doncpas s’étonner qu’une imposture démocratique s’installe. Les unes et les autres sont concomitamment incidentes.Il n’existe pas de solution miracle ni de remède très efficace qui viendrait d’ailleurs, en dehors d’une combinaison savante des efforts, sincères et honnêtes, des fils de ce pays, qui lui donneront la quiétude qu’il mérite.
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Les souvenirs indélébiles de Dionro
Le temps était incertain. Lagrisaille d’unedes journées de saison, tantôt sèche, tantôt pluvieuse, quand le ciel se noircissait plus, comme la fumée qui noircit le fond des cases, en ce coin de la terre oùl’administration noyautait les villageois, ainsi que le fait une araignéelorsqu’elle enveloppe sa victime de sa toile tissée. Quandbien même qu’il faisait jour, on marchait dans les ténèbres. L’obscurité subjuguait les espritsnouveaux. Elles’acharnait sur l’ensemble de la région, vaseuse. Elle favorisait toutes sortes de manipulations, au point que les villageois ne pouvaient que péniblement porter leurs petites affaires, devenus de véritables fardeaux. Le climat social, lui, était aussi délétère. Dans l’effort d’un impossible renoncement collectif,depuis les péripéties du négrier Rabah et de sa troupe, taillée en pièces, les villageois y entrevirent de dures épreuves, en ces temps déplorablesd’une souveraineté nationale factice où ilsdevaient s’accommoder d’unemisère noire, sans fin. Soixante ansde vie dans l’empire colonial, source d’échec de soixante ans de vie, dans une sordide indépendance, productriced’une imposture démocratique, que la postérité retiendra comme une histoire triste, pathétiquede ce pays, à l’heure du bilan fait d’un chapelet d’échecs et d’une litanie de lamentations, plus d’un siècle durant. Le coût humain qui en résulta est simplement terrifiant.
Comme d’habitude, sur son siège en bois,sculpté par l’un des meilleurs artisans de son village, Dionro était sous le patio de sa maison, le regard perdu au loin. Il semblait sonder les signes et percevoir un mystère.C’est vrai que son terroir traversa une période mouvementée de son histoire. Une histoire dont le point de départ futl’arrivée des hommes nouveaux. Avec eux, un malaise social envahit le milieu de sorte que, lorsque seul, il soliloquait, c’étaitcommes’il se renfermait dans le silence. Devenu rétif au bruit, au fil des jours, il devint acariâtre.Personne n’osait le déranger. Même pas sa vieille épouse, au cœur sensible,toujours à ses côtés. Elle était très attentive mais lui, évitait les conversationsqu’il trouvait ennuyeuses.
Nérabé, lui,n’éprouva aucune difficulté de le voir. Ce matin-là, lorsqu’il s’avisa de la présence de son petit-fils, Nérabé, qui vivait dans ses intimités, ilréalisa enfin la présence d’unepersonne amie à ses côtés.
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