Un peu de l imparfait
33 pages
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Un peu de l'imparfait , livre ebook

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Description

Un récit autobiographique qui relate des événements glanés du champ de ma vie.

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312045122
Langue Français

Extrait

Un peu de l’imparfait
Jilali Lemnini
Un peu de l’imparfait











LES ÉDITIONS DU NET 126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2016 ISBN : 978-2-312-04512-2
Chapitre I Un défi au féminin
En général, pendant les années cinquante, dans certaines campagnes, les habitations étaient rudimentaires telles que les chaumières, les huttes et les masures dont l’aspect extérieur reflétait la misère qui éreintait les ruraux. Sauf quelques maisons dont la toiture en tuile rouge brique reflétait une vie rustique mécanisée. Mais certains campagnards autochtones osaient autrefois construire quelques rares logis en imitant presque ce style occidental. Quand j’étais enfant, presque à l’âge de sept ans, j’accompagnais mon père à la campagne dans sa voiture jaune 4 chevaux. La maison où mon père habitait avec sa femme et mes demi frères et mes demi sœurs se caractérisait par son vaste salon qui, différent d’autres qui étaient oblongs comme des cercueils, était doté d’une cheminée et d’une terrasse qui avait un plancher de céramique blanc et noir et des arcades qui donnaient sur une cour plantée de grenadiers. Celle -ci était ceinte par un mur qui était badigeonné de blanc. Il était hérissé de tessons et de culs de bouteilles. Quand j’avais dix ans, je posais souvent la question à ma mère comment mon père se faisait bâtir une maison actuelle. Elle me répondait toujours éloquemment : « Ton père était scolarisé. Adulte , il négociait bien dans diverses affaires. Il s’associait des Français pour des cheptels bovins, calcination du calcaire dans des fours à chaux et camionner divers matériaux pour le bâtiment des édifices. Au début de sa carrière, ton père amassait de l’argent. Mais , à un certain moment donné de sa vie, il n’est pas comme ceux qui s’évertuent à améliorer leur situation pécuniaire, ton père se laissait dériver vers ses passions. Ton père n’était pas un vrai partisan du système mercantile. Il vivait au jour le jour. » Dans une situation pareille, ma mère n’arrivait point, après maintes vaines tentatives, à tenir en bride, comme certaines femmes disent, un mari effréné. Comme elle contrariait ses désirs, ma mère devint un obstacle agaçant. Leur vie conjugale se transforma en un heurt continuel. Alors leur cohabitation encourait un risque éventuel. Ma mère se plaignait à ma grand-mère paternelle les déboires conjugaux qu’elle subissait. Comme elle était vieille et incapable d’agir sur mon père pour endiguer ses désirs, elle lui conseilla un remède très efficace est d’être armée de patience. Répudiée , Almiloudia , ma mère se trouva contrainte d’aller s’établir à la ville avec comme compagnon son fils âgé de deux ans. C’était moi. Elle me considérait tel un don divin. En effet, j’étais fils unique. Autrefois d’horribles épidémies décimaient impitoyablement un bon nombre de corps frêles. Cette paysanne croyait à une seule idée, c’est me protéger de tout malheur. Par ailleurs, elle voulait gagner sa vie et être indépendante des hommes. Pour justifier ce choix et chasser tout reproche persécutant, elle ne cessait de réitérer fermement un slogan réconfortant :
« Je n’ai rien à regretter là-bas. Moi, je n’ai que mon chaton facile à saisir par la nuque. »
Parfois je l’interrompis comme pour m’assurer de son choix :
– Mais maman, certaines femmes confirment que tu étais belle !
Elle répondit, ses joues devenant rouges, avec une voix attendrie.
– J’ai décidé de ne pas me remarier pour ne pas être dispensée de la tutelle.
Ce fut un matin. Elle monta sur un âne qu’on lui emprunta pour fuir définitivement ce bled. Elle me plaça devant elle en me serrant fortement contre sa poitrine. Dans un bât, une malle contenait des vêtements et des babouches. Dans l’autre partie du bât, se trouvaient des couvertures de laine qu’elle avait tissées et choisies leur couleur fauve. La bête prit le sentier qui menait à la ville. Ma mère jeta un dernier regard d’adieu sur des figuiers dépouillés, sur des cactus formant un mur qui entourait maison et des chaumières avoisinantes. Ce malsain closeau, dépourvu d’un minimum d’humain, avait en soi toutes les caractéristiques inhospitalières. Pour assister à ce départ émouvant, non seulement un acte consolatoire prenant part aux souffrances de la congédiée, mais aussi pour conjurer la récidivité de ce sort, des femmes et des enfants surgirent de nulle part. Ils formèrent un groupe de corps figés. Ils demeuraient silencieusement plantés. Leurs visages entièrement terreux semblaient dire un éternel hommage. Abruptement, son beau-fils qui l’aimait tant, interceptant le cours de cette léthargie, se détacha lestement de cette foule. Il se jeta sur le cou de l’âne, qui chauvit ses oreilles, et commença à sangloter. C’était un acte candide. De plus son ex-belle-mère le chérissait davantage. Cependant, sa sœur, consciente de cette intervention inutile, l’étreignit sur sa poitrine pour l’empêcher. Quant à lui, il hurlait des avertissements : il les menace de tomber dans un puits. Toutefois, l’âne suivait son cheminement en trottinant.
Sa belle-fille l’accompagnait très volontiers pour ramener l’âne une fois qu’il compléterait sa tâche. Certaines femmes saisirent l’occasion aux cheveux. Elles demandèrent à la jeune fille de leur faire des achats à la ville. Car le marchand ambulant en troc fréquentait rarement la compagne. Mais pendant la saison de la récolte, en été, il sillonnait tous les lieux champêtres. Chacune d’elles lui dicta un ensemble d’objets : fard à joues, henné, bonbons, gommes à mâcher. Les campagnardes devaient vendre des poulets, des œufs, du blé ou des toisons à l’insu de leurs époux dans le but d’acquérir tout cela.
Une paysanne fraîchement installée dans la ville, et surtout comme hôtesse chez des proches, sans logis, la conjoncture lui impose souvent la tâche d’une bonne. Pratiquer une telle besogne, il faut subir les diverses preuves inhumaines. Elle ne redoutait point des aventures pareilles. Elle s’y accoutumait. Certains époux traitent farouchement leurs femmes : désinvolture, irrespect excessif. Ils les considèrent comme des domestiques, en particulier les illettrées.
Il vint le moment où elle allait chercher un boulot. Comme elle était jeune et belle, on lui conseilla de ne pas contacter les riches familles indigènes. Du fait qu’il est des épouses jalouses et trop méfiantes qui n’acceptent que des bonnes laides et soumises. Subséquemment, elle choisit les quartiers des colons. Elle y passait toute la journée à crier le travail : « Femme de ménage ! » Du moment où elle fut débutante, on hésitait de l’aborder. Même si on cherche la corvée, il faut être appuyé par quelqu’un. Voilà pourquoi elle eut recours à une bonne chevronnée. Celle-ci, appelée Zahra ou mère bent Alhaj, l’engagea comme son apprentie chez une famille française en vue de l’initier aux secrets du métier. Même si ma mère était campagnarde, elle s’ingéniait à s’intégrer facilement dans un entourage citadin. Quelques mois passèrent, ma mère se libera de cette tutelle. Elle maîtrisait bien son job. Elle apprenait passablement le jargon français qui lui permettait de communiquer. D’où certaines familles françaises lui proposèrent de les accompagner en France. Cependant, elle s’attachait énormément à son pays.
Puisque cette collectivité française quitta la ville pour aller rejoindre sa patrie mère, elle essayait de frapper à d’autres portes pour gagner son pain. Vainement. Elle cardait la laine et la vendait. Elle était marchande de soupe. Elle était vendeuse de poulaille. Maintes tentatives échouèrent. Autres ne convenaient pas à son option. Elle ne voulait surtout pas qu’on se serve d’elle comme une femme de ménage. C’était dédaigneux ! Ce n’est pas le métier en soi.
J’avais sept ans. Nous nous étions établis d’une façon permanente chez mon cousin marié qui était mineur de fond. Ma mère était hantée par l’idée d’avoir un logis qui pourrait nous garantir une certaine indépendance. Durant des années de travail dur, ma mère parvint à louer une chambre indépendante qui avait été auparavant une boutique d’un menuisi

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