Une vieille dame indigne
62 pages
Français

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Une vieille dame indigne , livre ebook

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Description

Qui sommes-nous vraiment ?
Nos erreurs et ce que l’on fait pour les corriger font de nous les êtres que nous sommes aujourd’hui.
Elle, une vieille dame très digne, lui, un voyou au cœur tendre. La rencontre fortuite de ces deux êtres va transformer leurs vies.
Cette amitié les conduira à des gestes extrêmes, mais toujours pour le bonheur de l’autre. Leur route ne les conduira pas en enfer.
Iphigénie va déraper, mais la nature va reprendre le dessus et réhabiliter la vieille dame.
Momo sera perdu, mais retrouvera le chemin et se rachètera une conduite.
Leur avenir s’annonce des plus accidentés.
Pour une vieille dame, même indigne, les jours sont sensés se suivre et se ressembler. Mais pas pour Mamy-phie.
Pour un voyou de la cité, le quotidien ne change guère. Mais pas pour Momo.
Tous deux connaîtront des jours surprenants. A partir de leur rencontre, ces personnages, si attachants, ne seront plus jamais les mêmes.

Informations

Publié par
Date de parution 04 mai 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312043562
Langue Français

Extrait

Une vieille dame indigne
Pierrette Kuhn
Une vieille dame indigne















LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2016
ISBN : 978-2-312-04356-2
Iphigénie
Peut-on imaginer, un seul instant, une digne vieille dame « sniffer » une ligne de coke sur le coin de sa table de cuisine ?
Non, évidemment ! Ce serait tellement surprenant. Si cette situation s’avérait possible, elle ne pourrait être qu’éphémère.
Et pourtant, au quatrième étage de cet immeuble à loyer modéré, tellement dégradé intérieurement comme extérieurement, vit Iphigénie, une dame âgée que l’on surnomme avec affection, « Mamy-phie ».
Mamy-phie avait du mal à finir ses fins de mois. Sa faible retraite ne lui permettait aucun extra. Seul, l’essentiel à vivre lui était possible. Elle trouvait cela bien insuffisant et très injuste. Elle aurait voulu faire de petits voyages en autocar en compagnie d’autres retraités.
Mamy-phie aurait aimé faire des achats inconsidérés dans les magasins chics où l’on choisit les articles sans regarder les étiquettes. Ou alors, tout simplement, s’offrir, le dimanche, un gâteau et un bouquet de fleurs.
Dans sa jeunesse, Iphigénie était une belle jeune fille. Elancée et coquette, sa beauté avait séduit un jeune homme de son village, agriculteur de son métier. Cette superbe adolescente aurait voulu « monter » à Paris pour s’essayer dans le mannequinat. Doux rêve inachevé !
Son vigoureux paysan la cloua dans la campagne dans un bonheur tout à fait relatif. Cette beauté s’étiola au fil des ans dans la plus parfaite indifférence. Elle avait pour tout bagage un CAP de couture et aimait lire. Ce plaisir ne lui était jamais accordé compte tenu de son emploi du temps si chargé. Et la couture se limitait aux reprises et raccommodages et occupait tout le temps libre les jours pluvieux.
Sa vie s’était écoulée rapidement, sans intérêt particulier et surtout chargée d’un travail conséquent et pénible.
Même la naissance de son fils ne lui a pas procuré un plaisir inextinguible. La maternité ne l’avait pas épanouie. Ce bébé à traîner dans l’étable lorsqu’il faut traire les vaches, ne faisait que l’encombrer. Elle ne goûtait pas les joies de la maternité.
Heureusement, cet enfant était de tempérament calme. Il ne pleurait que lorsqu’il avait faim. Cette tâche, acquittée toujours seule, le petit dormait la plupart du temps. Jamais son mari ne donna un biberon et encore moins, ne changeait une couche.
N’ayant connu aucun autre homme, Iphigénie ne put comparer. L’amour physique lui était pénible. Son homme était rustre, malhabile et égoïste. Il ne pensait qu’à lui. Elle était incapable de se représenter l’amour physique autrement que comme une corvée supplémentaire à accomplir.
La paysanne ne trouva aucun plaisir à cette vie de labeur. Elle avait pourtant échappé au célibat avec un grand coup de cœur.
Ce jour-là, chapeautée d’une grande capeline et vêtue d’une magnifique robe blanche en « organdi », son époux l’avait prise dans ses bras pour franchir le seuil de leur toute nouvelle demeure.
Le jour de ses noces, elle lui avait même préparé un petit discours de très haute tenue.
Elle s’en souvenait avec délectation : « si un jour, tu dois voler, mentir ou me tromper, puisses-tu alors, voler mes chagrins, mentir pour une cuisine ratée et tromper la mort, car je ne pourrai vivre un seul jour sans toi ». L’assistance était restée coite et les applaudissements retentirent loin dans la campagne. Ce moment de mémoire la laissa béate et lui fit un grand bien.
Mais le résultat ne fut pas à la hauteur de ce qu’elle espérait. Rapidement, elle ne se posait plus la question du bonheur. Comme Oscar Wilde disait : « quand les dieux veulent vous punir, ils exaucent nos prières ». Elle voulait se marier et avoir des enfants. Mais surtout, elle voulait être heureuse.
Alors , l’enfant grandit, se maria à son tour et quitta le nid familial. Iphigénie se retrouva seule avec ce mari brutal et le travail ne diminua point. La vie avait repris son cours, triste et monotone.
Aujourd’hui, Iphigénie est veuve. Curieusement, la disparition de son mari ne l’avait pas émue outre mesure. Elle se demandait même si sa triste vie ne l’avait pas rendue trop passive et incapable de réels sentiments d’affection. On aurait dit que tout lui était égal, rien n’avait suffisamment d’importance pour éveiller son intérêt, une réaction quelconque.
Iphigénie retrouva son mari mort en revenant de s’occuper des veaux. Cette tâche lui était dévolue depuis toujours. Elle aidait aussi à la traite et nourrissait la basse-cour.
Il était assis sur un tabouret à l’autre bout de la salle de traite et ne bougeait plus. Intriguée, elle l’appela à plusieurs reprises et n’ayant pas de réponse, elle se décida à le rejoindre, pour le trouver inanimé. Son cœur avait lâché. Dans un ultime mouvement du bras, le seau de lait s’était renversé à ses pieds. Il s’était figé dans la position, une main sur la poitrine.
Elle n’éprouvait pas de peine. Cet homme méchant et violent venait de sortir de sa vie. C’était une suite logique des choses.
À son âge, il était impossible, pour elle, de tenir, seule, la ferme. Son fils, maintenant parisien, lui fit vendre la propriété en lui promettant de s’occuper d’elle en la rapprochant de la capitale.
Le jeune couple la délesta rapidement du magot ainsi hérité, arguant des ennuis financiers. Un petit-fils était annoncé. Iphigénie était tout de même émue. Trop bonne, se contentant de peu de chose pour vivre, la vieille dame leur céda les fonds.
Et c’est ainsi que cette future grand-mère se retrouva dans une tour de vingt-cinq étages de la banlieue parisienne.
Se rapprocher du jeune couple, semblait une bonne idée. Iphigénie quitta sa campagne, avec un sentiment mêlé joie et de nostalgie, mais aussi de soulagement.
Elle pensait à sa voisine qui ne cessait de marteler que nous sommes tous artisans de notre destin. Nous construisons notre avenir et sommes donc responsables de nos échecs ou de notre bonne fortune. Dubitative, elle se contentait de hocher la tête.
Aujourd’hui, la belle jeune fille était une dame âgée qui, dans sa tête, avait gardé toute la vigilance et l’énergie de sa jeunesse. Seul, son corps lui rappelait son âge. Mais sans les lourdes charges de la campagne, Iphigénie s’estimant heureuse d’en être délestée, occupait son temps en promenades et le marché une fois par semaine sur la place en bas de son immeuble.
À la lumière de sa lampe de chevet, tous les soirs avant de dormir, Mamy-phie croisait les mots avec bonheur. Elle adorait les jeux de « griffonnages » comme elle les appelait. Elle se réservait ces précieuses minutes pour se livrer à son occupation préférée, le « sudoku ».
Par moments, il lui prenait une furieuse envie de vivre. Des pensées aussi diverses que saugrenues lui traversaient l’esprit. Si elle avait été plus jeune, elle aurait croqué la vie à pleines dents !
Le confort de son petit appartement la ravissait. Elle ne connaissait pas le plaisir de la douche et se surprenait souvent à chantonner. À la campagne, l’eau, autant pour se laver que pour cuisiner, se prenait à l’abreuvoir. Il fallait pomper un long moment avant que l’eau, très froide, arrive enfin.
Alors dans ce luxe apparent, Mamy -phie profitait de ce repos bien mérité en attendant d’entrevoir l’aube d’une nouvelle vie. Bien que très réaliste, elle espérait toujours et rêvait même en plein jour.
Pourtant, au fur et à mesure que le temps passait, cette retraite, trop paisible, commençait à lui peser.
Toute sa vie, son rythme de travail, intense et soutenu, l’avait rendue active et mobile. Iphigénie s’ennuyait. Le train-train quotidien ne lui suffisait plus. Même ses douleurs s’étaient atténuées… pour un temps. Elle se sentait même quelque peu revivre. Elle avait retrouvé une surprenante jeunesse dont elle ne pouvait guère profiter. Ses contraintes étaient financières. Dépenser sans compter restera un doux rêve.
Iphigénie avait fait le tri dans les affaires en vidant sa maison. Les effets du défunt époux avaient fait le bonheur du curé de la paroisse du village.
Ses quelques misérables v

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