Avec le temps
212 pages
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Avec le temps , livre ebook

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Description

Dans un petit village provençal, à l'aube de la première guerre mondiale, tout le monde connaît les Duroc. Une famille paisible en apparence qui est en proie aux maux de ce début de siècle. Quelques années où les événements politiques sont aussi dramatiques que ceux qu'ils vivront. Rivalité fraternelle et peur du qu'en dira-t-on sont les moteurs de ce drame familial. Le son des cigales n'empêche pas les tragédies de s'accomplir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 décembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332619143
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-61912-9

© Edilivre, 2014
Prologue
Quel genre d’auteur serais-je, cher lecteur, si je ne vous avertissais du danger que comporte un tel récit. En lisant le présent ouvrage, vous allez pénétrer l’intimité d’une famille, les Duroc. Vous serez témoins de leurs moments de joies comme de ceux les plus sinistres. Parfois, les événements qui vous seront décrits seront très durs. Mon récit ne serait pas cohérent si je ne vous parlais que des instants de félicité de cette tribu. Quelle famille n’a pas son lot de psychodrames ? Même si cela ne se résume qu’à des querelles autour de la dinde de Noël, je parierais qu’aucune n’en est exempte. Les Duroc ne sont pas très riches. Ils ne sont pas dotés de qualités qui feraient d’eux des héros. Ce sont juste des gens vivants dans une paisible campagne provençale. La Grande Guerre n’a pas encore éclaté, tout comme les événements qui changeront le cours de leurs existences. A l’instant où vous lisez ces lignes, les protagonistes ne savent encore rien de ce qui les attend. Donc, très cher lecteur, si vous craigniez d’être bouleversé en continuant cet ouvrage, reposez-le où vous l’avez trouvé. Préférez plutôt un roman à l’eau de rose à celui-ci. Cela vaut mieux pour vous…
Première partie
Chapitre 1
Valerne était sans doute le village qui représentait le mieux la Provence en cet été 1912. Il aurait pu figurer sur une de ces cartes postales que les touristes de passage envoient à leurs proches. Situé à une heure de Marseille, il fallait en traverser des dizaines avant de voir se dressait l’immense clocher que le Père Dandieu faisait sonner tous les jours. Et, de tous, il était sans doute le plus typique. Une véritable crèche grandeur nature.
Tout le monde connaissait tout le monde à Valerne. Cela pouvait se révéler convivial si vous y étiez né. Cette solidarité apparente donnait l’illusion aux habitants de faire partie d’une même et grande famille. En revanche, si vous veniez de la ville, vous n’aviez aucun risque de bénéficier de ce privilège. Les vieillards, assis en cercle autour de l’unique fontaine, vous appellerez au premier regard l’étranger. Alors, en détaillant vos manières et vos habits, ils riraient de bon cœur jusqu’à la tombée de la nuit.
– Regardez ce fada, s’esclafferait Aristide en agitant sa canne, il se prend pour un seigneur avec ses habits du dimanche !
Il était si facile de savoir ce qu’Aristide Pianni dirait. Voilà des années qu’on l’entendait répéter les mêmes paroles. Les visages avaient beau changer, les remarques demeuraient identiques. Voilà une chose qui ne change pas avec les sots : ils ne prennent jamais conscience de leur ridicule.
Ce matin-là, le Père Dandieu s’impatientait depuis le lever du jour devant la porte de son église. Ce jour était celui du mariage de Marcelle Giudi avec le fils Pianni. Un événement au village. Les familles Giudi et Pianni avaient décidé de ce mariage avant même que les époux ne sachent marcher.
Aristide Pianni avait eu cette idée en voyant l’immense verger des Giudi un soir d’été.
« Son verger est mitoyen au mien. Si l’on abat la clôture, le petit pourrait avoir le plus grand terrain de Valerne. Il pourrait planter des centaines de pommiers et devenir le plus riche du coin. Les villages alentours connaitront enfin notre nom. Ils diront Pianni ceux qui ont le plus grand champ de la région ! »
Or, le pauvre homme dans son ignorance, ne savait pas que la région était remplie de champs plus importants que le sien. Ses connaissances ne dépassaient Valerne. Il ne savait rien de ce qu’il pouvait bien se passer hors de son village natal. Il n’imaginait même pas que la vie puisse continuer une fois les limites du village franchies. Beaucoup de paysans d’Aubagne ou de Draguignan auraient ri en entendant les divagations de cet homme. Bien qu’imposant par sa stature, Aristide Pianni n’en était pas moins l’incarnation de la petitesse. C’est avec cette idée qu’il frappa chez Olivier Giudi il y a de cela vingt ans. Il avait fait part de sa remarquable idée à son voisin. Le menuisier ne s’était jamais intéressé à ses histoires de terrains. Naïf et fort malade (le pauvre homme avait fait une mauvaise chute une semaine auparavant), il n’avait pas mis longtemps à céder.
Sa femme Berthe lui avait pourtant dit combien elle n’approuvait pas cette alliance. Elle imaginait déjà sa fille partir pour la capitale pour faire de brillantes études. Elle espérait pour elle une vie pleine de salons et de romances comme celle qu’elle aurait tant aimée vivre étant jeune. Hélas, elle avait dû épouser ce menuisier analphabète davantage préoccupé par l’alcool que par le bien-être de sa famille. Si d’ailleurs il n’était pas allé au bar il y a huit jours, il ne serait pas tombé sur la tête. S’il était resté auprès d’elles, il ne serait pas mort la semaine suivant la visite de son voisin.
Mais, en ce temps-là, les opinions d’une femme n’avaient pas encore les considérations qu’elles ont désormais. Peu importe ce qu’elles pouvaient bien penser parce que l’homme était le seul à prendre les décisions. C’est ainsi que la petite Marcelle, âgée de quelques mois seulement, s’est vue promise à Gaston Pianni. Elle ne le savait pas encore mais son mariage ne durerait pas une année. La jeune fille aspirant à la même existence parisienne que sa mère. Quand cette dernière, veuve depuis deux décennies, apprit le dessein de sa fille, elle lui fit la morale. Cependant, une fois Marcelle partie, un sourire éclatant illumina son visage. Elle ne fût jamais aussi fière de sa fille qu’à l’annonce de cette nouvelle.
* *       *
Aimée aurait été ravie d’assister à la cérémonie du mariage de la fille de son amie Berthe. Mais, elle ne le put pas. Un voyageur ayant pris une chambre, elle se voyait contrainte de rester sur place. Aimée tenait avec son mari et ses fils une maison d’hôtes à l’entrée du village. Il était rare que quelqu’un s’y arrête. Le village n’étant pas réputé pour la chaleur de son accueil. Ceux qui, malgré tout, s’y hasardaient, ne passaient généralement qu’une nuit ou deux au sein de l’auberge. L’animosité que témoignaient les villageois les faisant fuir à toutes jambes. Qui aurait envie de séjourner dans en lieu où l’on vous regarde comme une bête à abattre ?
Un marchand fort chargé était arrivé la veille, à la nuit tombée. Aimée dut cuisiner à la hâte. N’ayant pas prévu d’avoir de la visite, elle n’avait rien préparé. Elle fit la recette qu’elle connaissait le mieux, un pot au feu. Sa mère la lui ayant apprise, elle ne courait pas le risque de la rater. Elle n’en aurait pas dit autant de sa polenta ou de sa soupe de poireaux. L’homme engloutit le diner. Une partie du vin qu’il avait réclamé finit sur sa chemise et des morceaux de pot au feu coloraient son pantalon. A peine eut-il avalé sa dernière bouchée qu’il demanda une chambre. Aimée se dit que le bon repas qu’elle lui avait préparé n’était pas étranger à cette requête. Il est vrai que le marchand était si repu qu’il n’eut pas le courage de reprendre la route.
Durant le repas, le dénommé Hutteau n’avait pas quitté son hôtesse des yeux. Quelle femme charmante, songea-il, en l’observant du coin de l’œil quand il monta à l’étage. Bien qu’elle ne soit pas de première jeunesse, sa beauté est supérieure à beaucoup de jeunettes. Peut-être devrais-je lui demander de venir me border cette nuit. Vu le haillon qui lui sert de robe, je crois qu’elle accepterait volontiers de venir me tenir compagnie moyennant dix francs.
Hutteau entendit quelqu’un prendre les escaliers au moment où Aimée s’apprêtait à le laisser seul. Un homme de quarante-cinq ans environ écrasa une à une les marches. Le parquet gémissait sous ses pas. Sa lourde main semblait vouloir tuer ce qui restait de la pauvre rampe. Sous le poids, elle ne tarderait pas à s’effondrer. Il ne daigna pas accorder un regard au voyageur quand il se trouva face à lui et entra directement dans la pièce voisine.
– Je présume que toutes les chambres sont occupées, feignit d’observer le marchand en brandissant un cigare.
– Non pas du tout, le rassura Aimée, ce monsieur est mon mari. Nous n’avons aucun client ce soir. D’ailleurs, si vous désirez une autre chambre, je peux même vous laissez la liberté de la choisir…
– Peu importe, lui répondit le marchand entre deux bouffées. Je ne dormirais ici qu’une seule nuit. Je dois être à Sisteron demain avant midi.
Aimée ne mit pas longtemps à lui montrer la chambre. Un lit monopolisait tout l’espace. Si l’on avait voulu placer une table de chevet, il aurait fallu pousser les murs. Le marchand plissa les yeux pour distinguer les rideaux de la tapisserie. Les mêmes lignes verticales les recouvraient donnant ainsi l’impression de dormir dans une cage grandeur nature. Aimée alluma une lampe. Faute d’avoir une table pour la poser, elle la tendit au voyageur qui put aussitôt distinguer la couleur du couvre lit. Elle doit aimer le jaune, pensa-t-il, en regardant le mur et la couverture.
– Je vous souhaite une bonne nuit, dit Aimée en prenant congé.
– Vous aussi, se contenta de répondre Hutteau avant de refermer la porte.
* *       *
À onze heures le lendemain, le marchand n’était toujours pas parti. Aimée commençait à s’impatienter. La cérémonie du mariage de la fille de son amie avait commencé depuis une demi-heure. Qu’allait penser Berthe en constatant son absence ?
Aimée avait revêtu depuis l’aube ses plus beaux vêtements. Il était rare qu’elle puisse les porter. Les occasions d’être élégante n’étaient pas nombreuses et elle avait l’intention d’en profiter. Elle avait commandé une robe en soie et ressorti de son armoire ses souliers de mariage. Quan

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