Chroniques hu-militaires , livre ebook

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2019

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Artificier dans l'armée canadienne pendant plus de 35 ans, Jean-François Lemoyne livre ses captivantes Chroniques hu-militaires. Royaume-Uni, Ex-Yougoslavie et Irak : nous voici aux premières lignes de grands conflits du 20e siècle dans ces trois récits au ton personnel, où la guerre prend une réalité foudroyante pour le lecteur. Si les personnages marchent toujours sur le fil du rasoir, ce livre montre pourtant que la vie de soldat n'est pas que violence ; elle est aussi humanité, humanitaire et humilité.
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Date de parution

09 octobre 2019

Nombre de lectures

0

EAN13

9782896996582

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Chroniques hu-militaires

Jean-François Lemoyne
 
 
 
 
 
 
 
 
Chroniques hu-militaires
 
Récits d’un officier canadien à l’étranger
 
Roman
 
 
 
 
 
 
 
 
Collection Vertiges
L'Interligne

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
 
Titre: Chroniques hu-militaires : récits d'un officier canadien à l'étranger : roman /
 
Jean-François Lemoyne.
 
Noms: Lemoyne, Jean-François, 1956- auteur.
 
Collections: Collection Vertiges.
 
Description: Mention de collection: Collection Vertiges
 
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20190146982 | Canadiana (livre numérique) 2019014713X |
 
ISBN 9782896996568 (couverture souple) | ISBN 9782896996575 (PDF) | ISBN 9782896996582 (EPUB)
 
Classification: LCC PS8623.E56 C47 2019 | CDD C843/.6—dc23
 
 
 
 
 
 
 
L’Interligne
435, rue Donald, bureau 337
Ottawa (Ontario) K1K 4X5
613 748-0850
communication@interligne.ca
interligne.ca
 
Distribution : Diffusion Prologue inc.
 
ISBN 978-2-89699-658-2
© Jean-François Lemoyne 2019
© Les Éditions L’Interligne 2019 pour la publication
Dépôt légal : 4 e trimestre de 2019
Bibliothèque et Archives Canada
Tous droits réservés pour tous pays

Aux femmes de ma vie et aux miens.
La profession militaire n’est pas que violence.
Elle est aussi humaine, humanitaire et humilité.

Chapitre 1
 
La mission
 
 
 
 
 
 
 
Royaume-Uni, avril 1986
— Dites-moi ce que vous savez depuis le début !
Planté devant un costaud de six pieds quatre pouces en uniforme, j’essaie de reconstituer la scène.
— On a eu l’appel de l’hôtelier vers 7 heures en soirée et on a rappliqué en moins de 15 minutes. On a évacué l’immeuble et vous êtes arrivés peu de temps après.
L’homme n’ajoute rien. Peu bavard, le gorille. Déjà mes méninges fonctionnent en mode turbo. Il me faut obtenir toute l’info disponible dans les plus brefs délais, me faire une juste idée en m’en tenant aux 5 W ( Who, What, When, Where et Why ? ) que les principaux témoins devraient me procurer.
— Et le cordon ?
Le Bobby  1 me regarde, perplexe à l’écoute de la question. Je poursuis, empressé :
— Oui ! Combien de verges de distance ?
Étirant son bras droit dans la direction opposée à l’hôtel, il indique la position des badauds aux quatre coins de rues désignés par un simple ruban jaune attaché aux poteaux de signalisation et aux lampadaires.
— Et à l’arrière de l’immeuble, c’est aussi bloqué ?
Essuyant son front de Néandertalien avec un mouchoir blanc, il hoche la tête de manière affirmative.
— Donc le quartier est bouclé à 150 yards , c’est ça ?
— Oui Capitaine ! me rétorque-t-il sèchement, visiblement embêté par mon insistance.
À ce moment précis, Ben, mon adjoint, accourt pour me donner des nouvelles fraîches de la radio du poste de commandement en communication permanente avec le QG.
— On se reparle dans deux minutes, constable Atkins… Qu’est-ce qu’il y a, Ben ?
Il reprend son souffle et écarquille ses grands yeux de pantin larmoyant :
— Ça se complique, la presse est au courant et ils vont rappliquer ! me lance-t-il, énervé.
Ma réponse est sans équivoque :
— Ça c’est ton boulot, mon vieux. Tu les gardes loin de moi, mon assiette est pleine !
Débouté, il me regarde, penaud. Il me fait un peu pitié avec son visage blafard, ses pommettes saillantes rosacées, sa tête parfaitement ronde au large front surmonté de quelques mèches de cheveux blonds boudinés et ses grands yeux bleus ; le vrai Bonhomme Pillsbury sans sourire.
Le lieutenant Ben Ashley est tout un numéro. Fils de fermier du district de Cotswold au sud-ouest de l’Angleterre, il a rejoint l’armée dès qu’il a eu l’âge d’échapper à sa destinée familiale. Ben était peu enclin au travail manuel de la ferme. Son père, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, avait finalement, après maintes tergiversations, accepté son choix de carrière. Il y aurait au moins un officier de Sa Majesté dans la famille… Peu banal pour un fils de fermier ! Mais sa corpulence antisportive et son manque de « cran anglais » avaient tôt fait de le reléguer de l’infanterie régimentaire au Service de la logistique, moins taxant physiquement. Toutefois, là où Ben manquait en stature, il compensait par une acuité intellectuelle hors du commun.
La vie fait bien les choses finalement : l’équilibre imparfait. Né une génération trop tôt pour devenir un Bill Gates, tout de la technologie le fascinait. Nerd dans le plein sens du terme, il évitait les contacts humains d’instinct et restait loin des jobs exigeant un leadership de troupe. Attitude paradoxale pour un officier de Sa Majesté censé rechercher l’ivresse du commandement ! Et pourtant, l’armée lui avait reconnu un certain potentiel et lui cherchait une niche appropriée. Le domaine technique des explosifs était finalement devenu son créneau de prédilection ! Côté vie sociale… le trou noir ! Évidemment ostracisé par ses pairs, il ne faisait partie d’aucune clique mais ne s’en faisait guère, heureux de vivre dans sa bulle technologique. Il n’avait rien d’un don Juan et il en était parfaitement conscient. La gent féminine était basse sur sa liste de priorités. Aussi, son éternel plan de match les week-ends était de courtiser une bouteille de scotch jusqu’à se perdre dans le coin d’un pub, hors de combat.
Ben était mon adjoint pour cette mission, mon « numéro 2 » comme on les nomme, et je devais faire avec. Nul doute que les officiers du QG avaient tenu compte de ma sympathie pour Ben lors de l’attribution des coéquipiers. Ils avaient pris ma pitié pour le pauvre Ben, que je ramenais du pub sous le bras, pour de l’amitié. Enfin, je suis sûr que je leur tirais une épine du pied, car mes collègues de l’unité le fuyaient comme la peste. Ils l’avaient pris respectueusement en aversion comme seuls les Brits peuvent le faire. Au final, il n’était pas si mauvais partenaire, mon Ben. Je m’efforçais lors des missions de canaliser ses énergies vers ce qu’il faisait de mieux en toute complémentarité. D’un ton moins sec, je le rassure :
— Allez, Ben, retourne au camion et revérifie l’équipement. Quand ils se pointeront, tu diras aux policiers du cordon qu’on parlera aux médias après notre intervention.
Immédiatement je décode un rictus sur son visage à la lumière tamisée des lampadaires. Le fameux « ON parlera aux médias » avait eu l’effet escompté : la porte de secours pour ce pauvre reclus non entiché de société. Mais si les médias se montraient persistants, il aurait à faire face fin seul à ses démons, car le temps me manque !
Je reprends la direction du constable, calepin et torche lumineuse en main. Il se tient près du cordon et discute avec un individu trapu à l’air patibulaire. Se retournant prestement à mon arrivée, il pointe son menton vers l’homme :
— C’est monsieur Fitzgibons, le proprio du pub, me lance-t-il avant de faire demi-tour pour aller rejoindre ses collègues affairés à installer des barrières aux intersections.
Le tavernier me tend sa main aux doigts boudinés. Sa chemise blanche roulée jusqu’aux coudes est tachée de la dernière ronde de bières. Son visage boursouflé et rougi par la fraîcheur du soir montre des toiles d’araignées rougeâtres sur les pommettes et le bout du nez. Son nœud papillon noir mal ajusté et effiloché en ses coins semble l’étouffer au point de faire sauter son bouchon.
— Jack, mon nom est Jack ! lance-t-il en m’agrippant de ses deux pattes et me secouant vivement la main.
— Dites-moi ce que vous savez, Jack, et essayez d’être le plus clair possible.
Plutôt que de le questionner, j’opte pour le flot continu d’informations, quitte à l’interrompre au besoin. Je me doute bien que l’info me parviendra décousue, mais le temps presse.
— Bien… C’est Ilda, ma femme, qui l’a trouvé en faisant le ménage du troisième.
— Au troisième étage, vous dites ? Où précisément ?
Pendant qu’il me répond, j’attrape la radio portative à ma ceinture, la porte à mes lèvres et presse le bouton :
— Ben ! Prépare la combinaison. L’eng

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