Dans la tourmente de juin : Saga des Montazay II
203 pages
Français

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Dans la tourmente de juin : Saga des Montazay II , livre ebook

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Description

Juin 1940 : partout, la guerre s’installe avec son lot d’angoisses et de détresses. Les accords historiques de Concarneau ont donné naissance à l’Union franco-anglaise. Mais les débuts sont chaotiques. Au plus haut sommet de l’état comme au sein des familles, les divisions s’installent et chacun choisit son camp. Comme tant d’autres, Antoine, Franz et Hilde, tentent de survivre dans ce monde imprévisible.
Après « De l’audace et des larmes », retrouvez les Montazay entre l’Ecosse, Londres, l’île de Ré et Berlin et plongez avec eux dans cet été 40, riche en rebondissements.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juillet 2023
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312125435
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dans la tourmente de juin
Blandine Brisset
Dans la tourmente de juin
Saga des Montazay II
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
La Babouchka du 6 ème étage, éd. Le Triomphe , 2018
Le Maître du Phare , éd. Le Triomphe , 2019.
Quatre places pour l’Alsace , éd. du Net , 2021.
De l’audace et des larmes, Montazay I, éd. du Net , 2022.
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-12543-5
Agissez comme s’il était
impossible d’échouer.

Winston Churchill

1
Ramsey, Grande-Bretagne, mardi 18 juin 1940.
En ce mardi de juin, l’Union franco-anglaise était sur toutes les lèvres. De Paris à Londres, de New-York à Moscou, du Cap à Tokyo, les médias du monde entier avaient relayé l’information la plus phénoménale, la plus stupéfiante qui soit. Si stupéfiante que la veille, Marthe Heston avait d’abord cru à une plaisanterie ou à un quiproquo. De son côté, William avait été si confus et si choqué que sur le moment, il avait été incapable de tenir des propos cohérents à son épouse. Pour se persuader qu’elle-même n’avait pas perdu la raison, Marthe avait écouté le bulletin radiophonique à maintes reprises et ce matin, à la première heure, elle avait presque arraché son journal au jeune garçon qui livrait quotidiennement la presse à Bay-Cottage.
En une du Times , Winston Churchill et Paul Reynaud posaient pour la postérité sous un titre accrocheur. Au dos, l’article était signé Arthur Heston ; il détaillait avec précision les termes des accords de Concarneau qui, à compter du 17 juin, unissaient désormais le Royaume-Uni et la France en un seul et même pays, avec un unique Parlement, une défense, une politique extérieure et des affaires économiques communes. Dorénavant, les Anglais jouissaient de la citoyenneté française et vice-versa. Marthe dévora l’article avec fébrilité en compagnie de sa fille, sa nièce et sa belle-fille, toutes trois penchées au-dessus de son épaule.
***
La sonnette tintinnabula et ce fut Emily qui, à contrecœur, se dévoua. Abandonnant sa lecture, elle se précipita dans le vestibule où une brassée champêtre fleurait bon le printemps. Derrière la porte à claire-voie, la jeune fille découvrit Dick , le facteur de Ramsey . Les cheveux ébouriffés, les joues rougies par l’effort, ce dernier affichait comme toujours un air de ravi de la crèche. Il n’était guère dégourdi mais fort aimable et si complaisant que l’on oubliait bien souvent sa maladresse proverbiale.
– Bonjour Miss ! J’ai une lettre adressée à Hilde Kraus, annonça-t-il avec son bon sourire. Est-ce bien ici ?
– Oh mon Dieu, répondit celle-ci après un bref instant d’hésitation. Hilde Kraus était ma cousine mais elle est décédée à Rotterdam…
– Ah… Toutes mes condoléances Miss, dit-il d’un air penaud, en rangeant sur le champ la fameuse lettre au fond de sa sacoche.
– Mais… Que faites-vous ? Pourquoi ne me la remettez-vous pas ?
– Quand le destinataire est mort, nous renvoyons systématiquement le courrier à l’expéditeur, expliqua-t-il. C’est la procédure.
– Je comprends Dick. Mais voyez-vous, il se trouve que l’expéditrice de la lettre est elle-même décédée.
– Comment savez-vous de qui il s’agit ?
– J’ai reconnu l’écriture sur l’enveloppe. Je peux vous affirmer qu’il s’agit bien de celle de ma tante qui a été tuée lors d’un bombardement sur le continent, il y a tout juste quelques semaines.
– Ah bon ? Ecoutez, je suis désolé Miss mais… Du coup, je ne sais pas quoi faire. Je pense qu’il est préférable que j’en réfère à mon chef.
– Dick… C’est la guerre et je suppose que votre supérieur a d’autres affaires autrement plus pressantes à gérer. Comme vous l’avez compris, nous sommes en deuil ici et je devine que ma mère sera heureuse de lire la dernière lettre de sa sœur. Cela lui permettra peut-être de comprendre ce qui lui est arrivé avant ce maudit bombardement.
– Vous avez sans doute raison mais…
– Vous connaissez bien notre famille Dick, souligna encore Emily avec un sourire désemparé, tout en commençant à perdre patience face à tant de tergiversations. Que craignez-vous donc ?
– Oh et puis, vous avez raison Miss ! Je vous la laisse. Mais s’il vous plaît, la pria-t-il en lui remettant l’enveloppe parsemée de tampons et de timbres, ne racontez à personne que je vous ai remis ce courrier sans autorisation. Je n’ai pas envie d’avoir des ennuis et de perdre ma place. Vous comprenez ?
– Bien sûr et vous pouvez nous faire confiance, nous ne dirons rien.
– C’est entendu alors. Merci Miss Heston et bonne journée !
Ayant rajusté sa casquette sur sa tignasse rouquine, Dick remonta en selle avec célérité et s’éloigna vers la route en pédalant vigoureusement, afin de poursuivre sa tournée. Emily ne le quitta des yeux que lorsqu’il eût quitté le chemin et rejoint la grande route. Alors, elle ferma la porte. En se retournant, elle surprit sa cousine, dissimulée derrière la penderie encombrée de pèlerines et de pardessus.
– Tu as reçu une lettre, lui indiqua Emily, sans parvenir à masquer son trouble.
Cette précision était superflue ; Jane avait tout entendu. Le cœur de la jeune femme s’affola. Elle abandonna son refuge et d’une main tremblante, arracha l’enveloppe des mains d’Emily avant de s’esquiver. Ayant gravi les marches quatre à quatre, elle gagna le premier étage et s’empressa de s’enfermer dans sa chambre, située au fond du couloir.
– Qui était-ce ? interrogea Marthe, laquelle une fois de plus, était à la recherche de ses lunettes qu’elle avait le don d’abandonner dans les endroits les plus insolites.
– C’était le facteur.
– Tu en fais une tête ? Aurais-tu reçu de mauvaises nouvelles ? s’inquiéta-t-elle aussitôt.
– Non, mais Jane a reçu une lettre. Une lettre de sa mère…
A ces mots, Marthe blêmit et chancela avant de s’adosser contre le bahut de l’entrée.
– Juste ciel ! s’exclama-t-elle en portant instinctivement une main sur sa bouche. Ce n’est pas vrai… Tu en es certaine ?
– Ça ne fait aucun doute, affirma Emily en enlaçant avec tendresse sa mère bouleversée. J’ai reconnu son écriture et qui plus est, son nom était inscrit au dos de l’enveloppe. Elle a été postée de Bruxelles. Ne trouvez-vous pas cela singulier ?
– De nos jours, qu’est-ce qui n’est pas singulier ?
– Et si nous avions été mal informés ? Si tout compte fait, tante Louise n’était pas décédée à Rotterdam ?
– Pfff … Ne dis pas de sornettes, voyons ! L’homme qui a prévenu Grand - Père a indiqué qu’un de ses amis avait assisté à ses obsèques. Où est Jane ?
– Dans sa chambre. Je suppose qu’elle a besoin d’être seule.
– Cela s’entend. Mais dis-moi ma chérie… Dick ne s’est-il pas étonné de lire le nom de Hilde Kraus sur l’enveloppe ?
– En effet… Et je dois dire que je suis assez fière de moi car j’ai eu la présence d’esprit de lui révéler que Hilde était morte, en conséquence de quoi il voulait renvoyer le courrier à l’expéditrice. Mais il a fini par entendre raison lorsque je lui ai raconté que celle-ci était aussi décédée.
– Parfait, tu as fait preuve de perspicacité ! Ce Dick n’est peut-être pas très subtil mais il ne faudrait pas qu’il parle à tort et à travers au village…
– A ce sujet, vous pouvez être tranquille. Il n’en dira rien car il m’a laissé entendre qu’il n’aurait pas dû me remettre la lettre sans avertir son chef au préalable.
***
Assise en tailleur sur le couvre-lit écossais, Jane fixait sans y croire l’enveloppe marronnasse et froissée qui d’après le cachet, avait été postée de Bruxelles le 25 mai. Elle avait donc mis plus de trois semaines à lui parvenir. Si aucun doute n’était permis – Jane aurait reconnu l’écriture de sa mère entre mille – elle se demandait néanmoins par quel mystère ce courrier avait pu être expédié de Belgique alors que sa mère était décédée sous les bombes de la Luftwaffe le 14 mai, à Rotterdam. Qu’est-ce que cela signifiait ? Qui avait bien pu s’en charger ? Son cœur lui faisait mal et battait trop fort et si vite… Ses doigts tremblaient tant et si bien que l’enveloppe partit en lambeaux. La jeune femme découvrit alors une lettre de sa mère, datée du 13 mai. Et, coincé dans la feuille, un court billet lui glissa entre les doigts.
Chers Anselme , Franz et Hilde ,
Je suis un ami de votre mère. Au cours du voyage qui nous a conduits de Berlin à Rotterdam , elle vous a écrit. Après son décès, j’ai estimé qu’il était de mon devoir de vous faire parvenir cette lettre, rédigée en trois exemplaires – la deuxième est partie pour Loix et la troisième pour Berlin .
J’ai eu la chance de faire la connaissance de votre mère en 1938. Tous deux engagés en faveur de l’association de l’Aide à l’Enfance qui coordonne les Kindertransport , nous sommes devenus amis. Votre mère était une femme extraordinaire, énergique et si généreuse. Elle vous aimait du fond du cœur et était très fière de vous. Le chagrin de sa disparition ne doit pas vous faire oublier quelle femme formidable elle était.
Sachez que votre mère a été dignement inhumée selon le rite catholique romain. Ses obsèques ont eu lieu dans la chapelle d’un monastère bénédictin et elle repose à présent au cimetière municipal de Crooswijk , à Rotterdam . En vain, j’ai entrepris des démarches pour que son corps soit rapatrié en France mais la situation était si chaotique que je n’ai rien pu obtenir. Je vous laisse mon adresse si vous souhaitez me contacter. Par ailleurs, je conserve ses affaires personnelles que j’espère pouvoir vous remettre un jour.
Bien à vous,
Walter Goossens .
Place Fontainas 12, Bruxelles – Belgique
Remuée jusqu’aux entrailles, les joues ruisselantes de larmes, Jane abandonna le billet sur sa table de chevet et s’empara avec appréhension de la lettre de sa mère, ainsi que d’un mouchoir avec lequel elle se tamponna les yeux.
En mer du Nord , lundi 13 mai 1940
Mes très chers enfants,
Sans tout à fait en comprendre la raison, me voilà partie de Berlin , telle une fugitive. Ma douce Hilde , que s’est-il donc passé en cette funeste nuit du 2 au 3 mai, date à laquelle tu es partie en urgence

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