Errance sur le Mékong
110 pages
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Errance sur le Mékong , livre ebook

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Description

Cet ouvrage raconte la fuite d'une famille vietnamienne à l'époque de la guerre d'indépendance du Vietnam. Ce récit est vu à travers le regard d'une petite fille de dix ans.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334210706
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-21068-3

© Edilivre, 2016
Introduction
En 1940, les Japonais occupèrent l’Indochine, mais sans toucher aux Français qui continuèrent à mener leur tâche administrative coloniale. Ils se contentèrent de tirer les ficelles en coulisse.
Le Japon avait brisé la renommée de l’invincible Europe et Hô Chi Minh, pressentant des changements profonds, constitua en 1941 le « Viêt Nam Dôc Lap Dong Minh Hôi » ou Viêt Minh (Ligue pour l’indépendance du Viêt Nam) avec Lê Van Döng, Vo Nguyên Giap, Truong Chin, Lê Duc Tho, Vo tien Dung : les premiers communistes du Viêt Nam. Le mouvement, dont l’idéologie communiste fut dissimulée, mit l’accent sur le patriotisme et attira ainsi les nationalistes. Ainsi, à la fin de 1944, le Viêt Minh comptait un demi-million d’adhérents.
Au début de 1945, le général Mac Arthur était prêt à lancer ses troupes à la reconquête des Philippines et selon certaines rumeurs, les forces américaines débarqueraient en Indochine qui servirait de point de départ pour la première attaque sur le continent asiatique. Le général De Gaulle, voulant garder l’empire colonial intact, fit parachuter des hommes et des armes dans les régions proches de la frontière de la Chine avec pour instruction d’attaquer les Japonais dès que les Américains débarqueraient, craignant que ceux-ci ne favorisent les nationalistes vietnamiens. La réaction des Japonais fut immédiate : le 9 mars 1945 les forces japonaises investirent les garnisons françaises, arrêtèrent tous les Français militaires ou civils. Et en un seul jour l’image de la puissance coloniale française vola en éclats. Les Japonais étaient cependant sur la pente de la défaite, et l’Indochine devint un vide politique potentiel. Hô Chi Minh se hâta de consolider son mouvement afin d’accueillir les Alliés, et le jour même où l’empereur Hirohito annonça la capitulation de ses armées, Hô Chi Minh créa un « Comité national de libération du Viêt Nam » dont il devint le Président. Il lança un appel à l’insurrection générale : « En avant sous le drapeau du Viêt Minh ». Le 2 septembre 1945, pendant que la reddition japonaise était signée sur le cuirassé Missouri, Hô Chi Minh proclama l’indépendance du Viêt Nam. Ce furent le délire, l’explosion, le bonheur total. Tous les Vietnamiens dansèrent d’allégresse, hurlèrent de joie, pleurèrent d’émotion. Mais l’euphorie fut de courte durée, les forces du général Leclerc, ayant investi Saigon fin octobre 1945, commencèrent le nettoyage du Delta du Mekong. La radio du Viêt Nam libre lança une harangue vibrante : « Vietnamiens ! Levons-nous ! Battons-nous pour garder notre indépendance, pour défendre notre patrie, notre Viêt Nam bien aimé ! ».
Texte extrait du livre de Viet-Nam de Stanley-Kamow
Kompong-Cham
C’est une toute petite ville du Cambodge, où les habitations en majorité étaient des paillotes plus ou moins longues, bâties sur pilotis. C’est là où je suis née et où j’ai passé les 10 premières années de ma vie.
Jusqu’à cette date je n’étais qu’une petite fille gaie et insouciante, semblable à mes amies cambodgiennes et françaises. Ce jour-là, écoutant le même appel vibrant qui se répétait toutes les heures, du matin jusqu’au soir, je me sentais vietnamienne à part entière. Je faisais partie de ce peuple qui, depuis des siècles et des siècles, subissait l’occupation Han, Mongole, Mandchoue, mais qui à force de détermination est toujours arrivé à repousser les envahisseurs. A Kompong Cham, Monsieur Nguyên Dong Hoî, qui devait appartenir au Parti communiste, organisait méthodiquement le recrutement des volontaires, seuls les célibataires avaient été contactés, et les acheminait vers le Sud Viêt Nam. Mon grand-grand frère adoptif Cat partit avec le premier contingent de recrues. Monsieur Kim Chum, Gouverneur de Kompong Cham, ayant reçu les armes remises par les troupes japonaises « vaincues » et ne voyant aucun mouvement de résistance au Cambodge, les offrit à Nguyên Dong Hoï.
Nguyên Dong Hoï appartenait à une famille de patriotes révolutionnaires ; le père de Madame Nguyên Dong Hoï était l’illustre nationaliste Phan Chu Trinh, qui toute sa vie avait lutté pour une « autonomie de la Colonie » avec pour arrière-pensée la libération du pays. Il était respecté par tous les vietnamiens de son époque et à ses obsèques, en 1926, 50000 personnes suivirent son cercueil ; obsèques qui furent perturbées par des arrestations, par des interventions brutales du service de sécurité. La famille Nguyên Dong Hoï et la nôtre étaient très liées. Non seulement les parents étaient amis, mais Hai, leur garçon de mon âge, était aussi mon « grand copain ». Châu-Sa, leur fille, âgée de 19 ans, élève en classe de philo, aimait énormément ma sœur Nhan, âgée seulement de 14 ans, et aidait celle-ci à faire toutes ses versions latines. Châu-Sa qui, comme son grand-père, luttera toute sa vie pour l’indépendance et pour l’unification du Viêt Nam, sera connue sous le nom de Madame Nguyên ThiBinh.
La famille de Nguyên Dong Hoï, sans prévenir personne, quitta discrètement le Cambodge, gagna le maquis du Sud Viêt Nam avec tous les volontaires. Les familles vietnamiennes de Kompong Cham s’agitèrent comme des abeilles à la recherche d’une ruche. Ils organisèrent des rencontres, des réunions. Ils discutèrent, ils argumentèrent.
Tous les cadres vietnamiens décidèrent de se ranger sous la bannière étoilée du Viêt Minh. Exaltés par des accents patriotiques, ils furent surtout convaincus par les arguments de Hô Chi Minh :
– Les Alliés respecteront l’engagement qu’ils avaient pris, dans la charte Atlantique, de libérer les territoires coloniaux.
– Notre lutte pour l’indépendance sera soutenue par la plus grande puissance du monde : les Etats-Unis d’Amérique.
– Le président Roosevelt en 1942 avait dit devant témoins, dont son fils Elliott, qu’il ferait tout pour combattre les « ambitions impérialistes de la France ».
– Le président Truman suivra la même politique de décolonisation d’après sa déclaration du 27 octobre 1945.
Au début de 1945, l’Office of Stratégie Services a fourni aux Viêt Minh des fusils, des mortiers, des grenades, et les spécialistes de l’OSS ont même entraîné les Viêt Minh, afin que ceux-ci puissent eux-mêmes entraîner d’autres combattants.
Pour confirmer ses dires, Hô Chi Minh montra à la presse une photo dédicacée du général Chennault, fondateur des Flying Tigers (2). Lorsque le général américain rencontra HÔ Chi Minh à Kunming en Chine en 1944, il était à la tête de la même U.S Air Force. Il ignorait que la photo qu’il avait dédicacée à un chef de guérilla vietnamien, dont il ne se souvenait même pas le nom aurait un tel impact. Ce fut le poids qui fit pencher la balance ; les hésitants s’affirmèrent, les indécis franchirent le pas.
Les habitants de Kompong Cham partirent joyeusement « à la guerre » avec femme, enfants, très nombreux enfants, domestiques, chiens et chats. Nous donnâmes tout ce qui était superflu et distribuâmes les meubles à nos amis cambodgiens, mais personne ne voulut de notre énorme coffre-fort. Malicieusement ma mère y mit nos trois « poupées blondes qui savent fermer les yeux » avec lesquelles nous n’avions jamais joué, préférant nager ou grimper aux arbres. Elle ferma le coffre-fort à triple ou quadruple tour : « Au moins celui qui arrivera à l’ouvrir aura quelque chose pour sa peine ! ».
Le car loué par mes parents arriva. Les domestiques y entassèrent les valises, les malles, les baluchons et « Tout le monde en voiture ! ».
Assise sur le siège du premier rang, je regardais par la fenêtre du car notre longue maison sur pilotis à travers les palmes des cocotiers, les feuilles des kapokiers ; la maison aux portes et fenêtres fermées avait l’air désolé, abandonné.
– Ne sois pas triste, ma jolie maison, nous reviendrons !
Je crus que ma maison avait du chagrin de nous voir partir, moi dont les yeux se remplirent de larmes, mon cœur était lourd de peine.
A la frontière, notre car fut arrêté par un groupe de Tonkinois (Vietnamiens du Nord) habillés de vêtements marron :
– Votre laissez-passer !
– Quel laissez-passer ? S’étonna mon père, car tout le monde circulait librement dans toute l’Indochine.
– Sans papier, vous ne passerez pas.
Ma mère fouilla dans son sac et tendit à un de ces Tonkinois… une vieille facture. L’homme tint la facture à l’envers et fit semblant de déchiffrer cet… acte officiel. Nous pouffâmes de rire. Un homme tout de blanc vêtu s’approcha :
– Montrez-moi ce laissez-passer. Oh là là ! Cela se gâte !!
– Hà ! Que faîtes-vous ici ? s’exclama mon père.
Monsieur Hà était cadre dans la Plantation d’Hévéas à Chup. Pour contribuer à la lutte pour l’indépendance, Hà se nomma commandant en chef des Gardes-Frontières. La brigade des Gardes-Frontières était constituée de collecteurs de latex, livrés à eux-mêmes depuis l’arrestation des dirigeants français de la Plantation. Mes parents n’osèrent pas demander à Hà comment il arrivait à faire vivre ces Tonkinois et leurs familles. Nous nous rendîmes compte que n’importe qui faisait n’importe quoi au nom de la Patrie. La barrière en bambou fut levée. Le car franchit la frontière. De l’autre côté : le Viêt Nam.
Nous étions en Novembre 1945.
Tay-Ninh
Quelques heures plus tard nous arrivâmes à Tây Ninh, la ville vietnamienne la plus proche de la frontière du Cambodge. Un comité d’accueil de deux hommes nous attendait à l’entrée de la ville. Les deux hommes grimpèrent dans le car et indiquèrent le chemin au chauffeur. Ils firent arrêter le car devant une villa blanche, ils nous donnèrent les clefs et nous quittèrent sans autre forme de cérémonie. La « villa » était une maison absolument banale,

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