Folco
122 pages
Français

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Description

Petite Camargue 1960. Un enfant observe la vie à travers les adultes et les événements qu’il croise...


Au cours de ce récit, Folco a de huit à douze ans. Enfant sensible, affuté, mélancolique et marrant, il pose un regard poétique sur le monde qui l’entoure. Entre Petite Camargue et Provence, il nous invite dans une déambulation ponctuée de vergers et de mas, de grillons et de cigales, de gelées blanches et de mistral, à apprivoiser les effluves des chevaux et celles des chiens mouillés, à faire corps avec les fortes chaleurs ou les toniques pluies d’hiver. Dans une langue raffinée il nous conte son rapport à l’école, son amour pour la campagne, les églises, la poésie, et les épaules dorées des filles d’été. Il nous offre en partage les affres de l’internat, et nous convie à travers de fines tranches de vie, à découvrir une palette de personnages, éclairés ou stupides, denses ou fades, pittoresques ou ternes. Il nous révèle l’étendue de ses émotions d’enfant avec une troublante subtilité ...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782368327418
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Folco
LaSAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires deproduction participant à la réalisation de cet ouvragene sauraient être tenus pour responsables de quelque manièreque ce soit, du contenu en général, de la portéedu contenu du texte, ni de la teneur de certains propos enparticulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ilsproduisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'unéditeur tiers, qui en endosse la pleine et entièreresponsabilité.
AlexConil folco.folco@gmx.fr


Folco
A mon Père…
Amon Frère…
À la vitesse oùle temps passe
Lemiracle est que rien n'efface l'essentiel
Touts'envole en ombre légère, tout sauf ce goût defièvre et de miel.


FrancisCabrel
Préambule


VoiciFolco,
Sonunivers particulier, ses rencontres, ses aventures…
Enfantd’un paysage, sensible, malicieux, affuté, amusantparfois, mélancolique souvent, il a entre huit et douze ans aucours de ce récit. Nous sommes au tournant des annéescinquante et soixante, entre Petite Camargue et Provence.
Observateurpoétique du monde qui l’entoure, il nous invite danscette déambulation, à flâner entre mas etéglises, vergers et étangs, grillons et cigales,mistral et gelées blanches, vignes et villes, à nousdélecter des arômes de luzerne et de belles de nuit, àapprivoiser les effluves des chevaux et celles des chiens mouillés,à faire corps avec les fortes chaleurs ou les toniques pluiesd’hiver.
Inspirépar le comportement des adultes, il n’a de cesse de les percerà jour. Les objets d’étude ne manquent pas.Membres de sa famille, familiers et autres figures, croisés aufil des jours…
Passionnépar les mots, il nous conte dans une langue singulièrementraffinée pour son âge, son rapport à l’école,son amour pour la campagne, les églises, la poésie, etles épaules dorées des filles d’été.Il nous offre en partage les affres de l’internat et nous amusedes jeux de mots de son père.
Cetteflânerie n’est pas un roman. Pas d’intrigue àdénouer au fil des pages...
Atravers de fines tranches de vie, Folco nous convie àdécouvrir une palette de personnages, éclairésou stupides, denses ou fades, pittoresques ou ternes. Il nous révèleles valeurs et les mœurs d’une époque et nouslivre l’étendue de ses émotions d’enfantavec une troublante subtilité …

Au-delàde l’espace-temps dans lesquels s’inscrivent ces lignes,affleure la question plus universelle, plus intemporelle, du regardd’un enfant sur les êtres et les évènementsqu’il approche…


A.C
Samedi et Dimanche à Buade


Assisderrière le bureau, sérieux comme un pape, mon pèreest concentré. L’œil gauche fermé par lafumée de cigarette, il recompte de ses larges mains, lesbillets du salaire hebdomadaire des dix ouvriers agricoles. Il est lerégisseur du mas, « le bayle ».
Tous les samedis en find’après-midi, c’est l’heure de la paie.
Toutjuste arrivé de l’école, je me poste à sescôtés, les yeux au niveau des liasses de dix milleanciens francs en billets de banque posées sur le bureau de lasalle du téléphone.
Pourrien au monde, pas même un épisode de Rintintin etRusty, je ne raterais ce moment où Papa appelle les «hommes » : Laurent, Paul louroumégaïre (le rouspéteur) – tous lui donnent ce surnom -, Pierre,Raoul et tous les autres. Il leur tend les coupures d’un largesourire comme on tend une poignée de main
—Vous l’avez gagné votre salaire ! Le « patron »à deux pas de là, affiche à ces mots une mineamusée.
Toutela semaine le « bayle » dirige et partage leurs travaux,mais le samedi il les paye, d’où ce respect dans leurregard. Bien sûr il ne fait que distribuer l’argent, maiscette mission me remplit de fierté. J’ai envie de dire àtous :
—C’est mon père ! 
Maisils le savent déjà…

Aprèsavoir touché leur tribut, les hommes se rapprochent de latable sous la fenêtre, où les attendent la bouteille depastis maison et le pot à eau vert dont les gouttelettes debuée dissimulent à peine l’inscription« Distillerie Aubrespy ». Je me rue sur lacoupe d’olives picholine. Mme Sidrot d’une mainsilencieuse sur l’épaule me rappelle aux convenances,j’attendrai un peu avant d’en croquer une poignée.
Paulronchonne même pendant l’apéro, il trouve que letracteur à chenilles est trop lent pour passer les disquesdans le clos des Alicantes. Papa lui promet le Massey Harrys pour lasemaine prochaine, Pierre et Laurent le chahutent :
—Sacré Paul il arrive toujours à ses fins, on va semettre à râler nous aussi, ça a l’airde marcher ! 
Tousdécident d’en rire et la bonne humeur l’emportedans ce familier parfum d’anis, demain c’est Dimanche,tous se sentent légers.
Lesamedi, monsieur Sidrot prend le temps de discuter avec leshommes. Quand il prend la parole tous se taisent, saisis par sonlangage recherché, intimidés par ce polytechnicien venuà la terre par héritage, si intelligent qu’ilpourrait être maire du village. Mais chacun le sait, il achoisi d’accompagner Philippe Lamour, son ami hautfonctionnaire, dans la mise en place d’un projet de mise enirrigation d’une partie de la région depuis les eaux duRhône.
Tousles discours du « patron » comme ilsl’appellent, les laissent sans voix, apaisent leurs visages.Aussitôt détendus et attentifs, un peu comme un momentde vérité, où personne ne joue de rôle…
Monpère et lui se vouvoient dans un respect mutuel qui n’échappeà personne, mais ils s’appellent par le prénom.Et au-delà de l’estime, le sourire franc qui accompagneleurs bonjours, les trois tapes de Fernand sur l’épaulede Papa au moment du serrement de mains, me font penser à del’amitié.
Observerle comportement des adultes, deviner s’ils s’aiment ounon, voilà un de mes passe–temps préférés…

Lesouvriers agricoles partis, mon père ferme le portail en bois.Le mas coupé du monde, devient alors un cocon protecteur. Ildétache les chiens qui attendent ce moment depuis sept heuresce matin et se dispersent bruyamment dans tous les sens, au risque dele faire tomber…Il rejoint ensuite M. Sidrot dans son bureau,pour préparer la semaine à venir, et là je nesuis pas autorisé à les suivre…

Tousles Dimanches matin se ressemblent. Dans la cuisine, l’accordéonde Verchuren s’encanaille sur « ♫♫perlede cristal ♫♫ » ou « ♫♫ledénicheur ♫♫ ». Maman, folle demusette, monte le son de la radio que Papa vient de baisser. Il mecrie d’en bas :
—Dépêche-toi Folco ! le curé va commencer sessimagrées sans toi.
Ilparait tout neuf ce matin, la barbe rasée de frais, le cheveubrillantiné, chemise blanche et pantalon gris. Direction lamesse ! Papa m’y emmène sur la barre de son vélo.Le chemin de terre chaotique rend le voyage périlleux, maisdeux kilomètres sont vite passés. Une fois devantl’église, après un message moqueur pour le curé,il s’exclame : 
—Dire qu’un laïque comme moi vient livrer son fils aux culsbénis ! J’en reviens toujours pas ! Tu merejoins chez Francis, comme d’habitude.

L’odeurde l’encens se fait attendre. C’est ma récompensecet instant où le prêtre secoue l’encensoir,répandant cette fumée douceâtre sur les fidèles.Je m’installe sur le siège le mieux placé pour larespirer, sous la lueur des cierges… Le reste m’intéressemoyennement quoique l’hostie dans la bouche me rappellel’aspire-frais… sans le frais.
Unjour où mon père avait accepté d’entrerpour le baptême de Domy ma petite sœur, il me chuchota àl’oreille au moment de la communion :
—C’est l’heure de la prise de la pastille.
Lamesse c’est aussi le latin et ces phrases magiques etincompréhensibles : «  Dominusvobiscum  ! Et cumspiritu tuo  ! »,je sais lorsque l’Abbé Julien les prononce, le temps àattendre avant le «  Itemissa est  ! »libérateur, et c’est le cœur vaillant que jescanderai «  deogratias  »,ce moment final qui sent déjà la pâtisserie deFrancis et Paulette où m’attendent Papa et les gâteaux…

Avantde les rejoindre, je m’attarde un long moment sur le parvis etregarde s’écouler les paroissiens vers le poulet rôtiet le saint honoré. Les cloches et leurs puissantes envoléess’en donnent à cœur joie, et leur musique tintelongtemps encore… Grisé par les effluves d’eau deCologne, je reçois des bises, des tapes sur la joue, des mainsqui me décoiffent. J’aime le goût du Dimanchematin !
Pauletteet son joyeux sourire, m’accueillent et m’accompagnentdans le laboratoire où Papa et Francis refont le monde. Elle aune information de premier ordre à donner à mon père :
—Aïe qu’il est beau ton petit Folco ! Henri !
Puisà moi :
—Viens te servir dans le magasin ! 
Droitvers les pêches ! Cette spécialité deFrancis, pleine de crème pâtissière, et sa cerisesur le gâteau (marrant !)

Jem’en lèche encore les babines sur le chemin du retour.
Cerituel dominical au village me remplit de bonheur ! Et enrevenant au mas, je revis, sur le trépidant vélo dePapa, l’ambiance de la messe, celle du son des cloches et duparfum d’eau de Cologne, celle encore de la pâtisserie...Je respire la joie de tout mon être !
Assezfort pour chasser très loin l’angoisse redoutéede ce soir… Il y a encore tant à vivre d’ici là !
Saisons.


Encorequelques jours, pour rédiger ce texte autour des saisons, àla demande du maitre.
J’enparle à Monsieur Sidrot.
—Je le sais par avance, trouver le mot précis pour exprimer uneidée est difficile. Amusant, mais difficile.
—C’est vrai, nous sommes toujours à la merci d’unenuance lorsque nous écrivons ! me répond-t-il.

Jesuis conscient des sensations que me procurent chacune des saisons,mais dénicher les termes précis et raffinés pourles dépeindre, n’est pas simple, cela revient àfaire naitre la note juste.
Jepense à mon oncle Antoine et sa trompette.
Larédaction est un peu mon solfège.
Demainc’est Jeudi, je m’y mets après le catéchisme.
Parvenirà décrire l’exacte atmosphère des saisons,gagner l’attention du maitre et de mes camarades. Voilàmon envie.

Leprintemps et l’été sont chez nous, tels que jeles attends, tels que je les aime.
Leprintemps nous offre un pot-pourri de sensations nouvelles liéesà la renaissance de la nature, à l’éclosiondes bourgeons, au parf

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