Frontieres de la citoyennete et violence politique en Cote d Ivoire
225 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Frontieres de la citoyennete et violence politique en Cote d'Ivoire , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
225 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

This book seeks to explain the events that have been taking place in C?te d'Ivoire since 1999 and which are commonly referred to as 'la crise ivoirienne' (the Ivorian crisis). It seems that the day to day interpretation of the events did not provide a satisfactory explanation of the deep fracture and that it was necessary to reconsider the essentialist theoretical categories that are striving to impose on us a false view, made cumbersome by ethnocentric prejudices. To avoid falling into the trap of the day to day interpretation of events will require an in-depth questioning of the causes of the foreseen collapse of the Ivorian model. Having a grasp on the historical meaning of facts is required in examining the sequence and interconnection of events which we always need to rule on the historical weight in order to gauge the tragic trend of the social dynamics. While looking for the causes of the social and political rift, the authors of this volume started by asking a central question: How does the weight of the modern Ivorian society formation intervene in the modalities of the actions of individuals and current collectivities? The brutal and violent fracture which the Ivorian social formation underwent brings forth, once again, the issue of collective identities and unveils, at the same time, the challenges related to the incomplete nature of the construction of 'Nation States' in Africa. In fact, it is a mistake to think that the crisis spontaneously started among partisan higher authorities and to ignore that behind the ostentatious declarations on National Unity, pre-colonial groups have not completely melted into the modern 'Nation'. Furthermore, in the process of 'national' social space formation, new social combinations emerge by continuously re-inventing themselves. It seems that the roots of current crises reside in the unprecedented transformation which contemporary African societies have been undergoing.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2008
Nombre de lectures 29
EAN13 9782869783997
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Frontières de la citoyenneté et violence politique en Côte d’Ivoire
Frontières de la citoyenneté et violence politique en Côte d’Ivoire
Sous la direction de  JeanBernard Ouédraogo & Ebrima Sall
Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique
© Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique, 2008 Avenue Cheikh Anta Diop Angle Canal IV, BP 3304, Dakar, 18524 Sénégal. Site web: www.codesria.org
Tous droits réservés
ISBN 2869782179 ISBN 13 : 9782869782174
Mise en page : Sériane Ajavon Couverture : Ibrahima Fofana Impression : Imprimerie Graphiplus, Dakar, Sénégal Distribué en Afrique par le CODESRIA
Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) est une organisation indépendante dont le principal objectif est de faciliter la recherche, de promouvoir une forme de publication basée sur la recherche, et de créer des forums permettant aux chercheurs africains d’échanger des opinions et des informations. Le Conseil cherche à lutter contre la fragmentation de la recherche à travers la mise en place de réseaux de recherche thématiques qui transcendent les barrières linguistiques et régionales.
Le CODESRIA publie une revue trimestrielle, intituléeAfrique et Développement, qui est la plus ancienne revue de sciences sociales basée sur l’Afrique. Le Conseil publie égalementAfrika Zamani,qui est une revue d’histoire, de même que laRevue Africaine de Sociologie, laRevue Africaine des Relations Internationales (AJIA), et laRevue de l’Enseignement Supérieur en Afrique. Le CODESRIA copublie également la revueIdentité, Culture et Politique : un Dialogue Afro Asiatique,ainsi que laRevue Africaine des Médias.Les résultats de recherche, ainsi que les autres activités de l’institution sont diffusés par l’intermédiaire des «Documents de travail», la «Série de Monographies», la «Série de Livres du CODESRIA», et leBulletin du CODESRIA.
Le CODESRIA exprime sa gratitude à l’Agence suédoise de coopération pour le développement International (SIDA/SAREC), au Centre de recherche pour le développement international (CRDI), à la Fondation Ford, à la fondation MacArthur, Carnegie Corporation, au NORAD, à l’Agence danoise pour le développement international (DANIDA), au ministère français de la Coopération, au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), au ministère des Affaires étrangères des Paysbas, à la Fondation Rockefeller, FINIDA, CIDA, IIEP/ADEA, OCDE, OXFAM America, UNICEF, et le gouvernement du Sénégal pour leur soutien généreux à ses programmes de recherche, de formation et de publication.
Table des matières
Contributeurs ............................................................................................................... vi Introduction: Citoyenneté, violence et crise des paradigmes dominants ........... 1 Jean-Bernard Ouédraogo et Ebrima Sall 1. Racines des crises socio-politiques en Côte d'Ivoire et sens de l'histoire ... 25 Francis Akindès 2. Réflexions d'un Burkinabè sur la crise en Côte d'Ivoire ............................... 63 Basile Laetare Guissou 3. « Je suis un Sidibé de Tiémélékro ». L'acquisition de la nationalité ivoirienne à titre originaire: critère juridique ou critère anthropologique ?...79 Epiphane Zoro
4. Enjeux de développement économique et social et nouveaux compromis sociaux: pré-conditions à la stabilisation des conflits en Afrique. Réflexions sur la crise en Côte d'Ivoire ........................................................... 89 Bonnie Campbell
5. La crise de la ruralité en Côte d'Ivoire forestière. Ethnicisation des tensions foncières, conflits entre générations et politique de libéralisation ................................................................................................... 105 Jean-Pierre Chauveau avec la collaboration de Koffi Samuel Bobo 6. Stratégies identitaires et migratoires des ressortissants africains résidant à Abidjan: quelle évolution possible ? .............................................. 125 Sylvie Bredeloup 7. L'armée dans la construction de la nation ivoirienne ................................... 149 Azoumana Ouattara 8. La brutalisation du champ politique ivoirien 1990–2003 ........................... 169 Claudine Vidal 9. Un Africain à Paris: Retour sur l'exil politique de Laurent Gbagbo dans les années 80 .............................................................................................. 183 Pascal Bianchini 10. À propos du rôle des médias dans le conflit ivoirien... .............................. 199 Lori-Anne Théroux-Bénoni et Aghi Auguste Bahi
Les contributeurs
Francis Akindès,Département de sociologie, Université de Bouaké, Côte d’Ivoire.
Aghi Auguste Bahi,CERCOM, Université d’Abidjan-Cocody, Côte d’Ivoire.
Koffi Samuel Bobo,Étudiant de maîtrise en sociologie, Université de Bouaké, associé au programme de l’unité de recherche IRD « Régulations foncières ».
Pascal Bianchini,Chercheur indépendant, agrégé de sciences sociales, Bordeaux, France.
Sylvie Bredeloup,Socio-anthropologue, directrice de recherche à L'IRD (UMR LPED), Université de Provence, France.
Bonnie Campbell,Département de science politique, Université du Québec à Montréal, Canada.
Jean-Pierre Chauveau,Anthropologue, directeur de recherche à l’IRD, Unité de recherche RÉFO, Régulations foncières et politiques publiques, associée à l’UMR MOISA (Marchés, organisations, institutions et stratégies d’acteurs).
Basile Guissou,Directeur Général du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST), Ouagadougou, Burkina Faso.
Azoumana Ouattara,Département de philosophie, Université de Bouaké, Côte d’Ivoire.
Jean-Bernard Ouedraogo,adjoint du CODESRIA, Dakar,Secrétaire Exécutif Sénégal.
Ebrima Sall,Directeur du département de la Recherche au CODESRIA, Dakar, Sénégal.
Lori-Anne Théroux-Bénoni,Centre d’études et de recherches internationales, Université de Montréal, Canada.
Claudine Vidal,Directrice de recherche émérite au CNRS, Centre d’études africaines, EHESS, Paris, France.
Epiphane Zoro-Bi,Magistrat, Mouvement ivoirien des Droits de l’Homme et Centre pour la promotion de la non-violence et de la culture démocratique, Abidjan, Côte d’Ivoire.
Introduction
Citoyenneté, violence et crise des paradigmes dominants
Jean-Bernard Ouédraogo et Ebrima Sall
Collective identities are made, not found. But they can only unify the heterogeneous. Citizens who share a common political life also are others to one another, and each is entitled to remain an Other. Jurgen Habermas
Le principal objectif de ce volume, après avoir justifié la tenue de la conférence 1 dont il est issu, est de rechercher un début d’explication à la série d’événements survenus depuis 1999 et qu’il est convenu d’appeler la « crise ivoirienne ». Il nous a semblé que l’interprétation évènementielle des faits apportait des explications insatisfaisantes à cette fracture profonde et que la bonne perspective conduisait obligatoirement à revisiter les catégories théoriques essentialistes que s’obstine à nous imposer un regard faussé, alourdi par des préjugés ethnocentriques, sur les faits constatés. Suivant l’esprit des « Séries de dialogues politiques » initiées par le CODESRIA, les participants à cette rencontre ont appliqué un certain nombre de règles indispensables au succès d’une telle entreprise. Une distanciation avec l’événe-mentiel qui passe par un questionnement approfondi sur les causes de l’effondre-ment annoncé du modèle ivoirien; le sens historique des choses est appelé pour examiner l’enchaînement et l’interaction des faits dont il faut, à chaque fois, statuer sur le poids historique dans la direction tragique de la dynamique sociale. En com-plément à cette double orientation, les participants, des chercheurs familiers du « terrain ivoirien » et des personnalités politiques, syndicales et de la société civile, ont permis des discussions pertinentes et passionnées parce que souvent nourries par l’expérience. Était également présente une volonté de sortir de cette crise grâce à des actions éclairées par une compréhension de ce bouleversement social drama-tique. Se sont confrontés autant de points de vue sur l’interprétation de l’histoire
2
Frontières de la citoyenneté et violence politique en Côte d'Ivoire
locale, que sur le sens et les contours structurels de la communauté sociale ivoi-rienne que l’actualité n’a fait que révéler. Bien qu’il ne soit pas possible de retrans-crire de manière exhaustive la richesse de ces débats, cette richesse apparaît cepen-dant dans les approfondissements réalisés par les contributeurs et que reflètent fidèlement les textes présentés dans ce volume. En cherchant les origines sociales de l’irruption de cette déchirure sociale et politique, les auteurs du volume partent tous d’une question centrale: de quelle manière le poids du mode de formation de la société ivoirienne moderne intervient-il sur les modalités des actions individuelles et des regroupements collectifs actuels? Cette rencontre a été aussi l’occasion d’une réflexion collective sur le rôle des sciences sociales dans la lecture de l’évolution des sociétés africaines contemporaines et dans l’identification des possibilités d’interven-tions correctrices La fracture brutale et violente qu’a connue la formation sociale ivoirienne pose de nouveau, de manière cruciale, la question générale des identités collectives et dévoile les enjeux liés au caractère inachevé de l’entreprise de construction des « États-nations » en Afrique. Les processus de formation des identités collectives ont été profondément marqués par le partage colonial du continent et par sa mise sous contrôle par les puissances extérieures qui s’en est suivie. Depuis cette confron-tation historique, la référence sociale principale est désormais un cadre territorial, dit « national » depuis les indépendances acquises dans les années soixante, qui cor-respondrait plus ou moins à l’espace au sein duquel se fabrique l’État moderne 2 africain. Malgré la force de cet encadrement politique, la nouvelle communauté, « le pays », reste de toute évidence hétérogène sur le triple plan politique, social et culturel. L’action politique et administrative de l’État servant à cimenter cette « na-tion », à constituer le cadre légal où se déploient des regroupements politiques, à imposer à tous la langue de l’ancienne puissance coloniale et enfin à promouvoir le discours « patriotique » qui légitime la nouvelle instance centrale et des élites qui l’animent. Sur la marge de l’idéologie consensuelle, adoptée par le régime du prési-dent Houphouët-Boigny, émergent des discours revendicateurs essentiellement cen-trés sur l’exigence d’un équilibrage des conditions sociales de vie gravement dégra-dées par l’accaparement des ressources par des élites locales gourmandes. Les remèdes que proposèrent les reformes économiques ont été incapables de corriger les effets néfastes d’une mauvaise redistribution des ressources. Il faudrait souligner que dans les années de l’immédiat après-indépendance, la construction nationale et le « déve-loppement » tendent d’ailleurs à se confondre, l’un appelant, au moins dans la rhéto-rique, l’autre. De ce point de vue, on comprend que, malgré ses contradictions, le « développement est devenu un ‘raccourci historique’ vers le devenir en tant que nation» (Deshpande 2003). Ce rôle central dévolu à l’État en tant qu’institution principale de socialisation ou de régulation collective fait que, lorsqu’il entre en crise, les conséquences se font sentir sur la collectivité nationale toute entière. C’est précisément ce qui semble s’être passé dans la plupart des pays aujourd’hui traversés par des crises sociales et politiques aiguës. Naturellement cette perspective reste valable pour l’histoire de la nation ivoirienne. C’est une erreur de continuer à penser que cette crise s’est spon-
Ouédraogo et Sall: Citoyenneté, violence et crise des paradigmes dominants
3
tanément déclarée dans les instances supérieures et ainsi négliger le fait que derrière les déclarations et les manifestations ostentatoires à propos de l’unité nationale, les regroupements précoloniaux ne se sont pas complètement dissous dans la Nation que chacun appelle de ses vœux. Dans le processus de fabrication de l’espace social « national », de nouvelles combinaisons configurationnelles s’y engagent en se réinventant continûment. Les racines des crises actuelles sont, nous semble-t-il, à chercher dans la transformation inédite que connaissent les sociétés africaines con-temporaines. On comprend alors que cette question de la production des identités collectives « nationales » soit perçue comme une entreprise volontariste prise en charge par divers appareils institutionnels des nouveaux États et par d’autres acteurs sociaux intéressés dans le succès de cette entreprise politique. La transformation des paysans et des groupes ethniques en « citoyens », si bien analysée par Eugen Weber (Weber 1984) dans le cas de la modernisation de la France rurale, devait être facilitée ici comme ailleurs par l’école, l’armée, les syndicats et d’autres institutions de socialisation. Norbert Elias (Elias 1975:26) note lui aussi, analysant la sociogenèse de l’État moderne, que « c’est à la suite de la formation progressive de ce monopole permanent du pouvoir central et d’un appareil de domination spécialisé que les unités de domination prennent le caractère d’États ». Car même en l’absence de référents textuels fondamentaux, contraignants et communément acceptés, « l’imagination » de la nation se poursuit et se construit en se nourrissant de fragments symboliques issus des sociétés anciennes étroitement combinés aux pratiques sociales héritées de la modernité occidentale et de bien d’autres héritées des traditions musulmane, africaine ou autre. Ce processus irréversible d’hybridation et de re-socialisation des individus et des communautés dans des formations sociales contemporaines est aujourd’hui bien engagé. Les textes présentés dans ce volume sont autant de jalons pour une compréhension de ce processus laborieux d’unification d’une entité « nationale » hybride aux composantes toujours rétives à toutes injonctions extérieures de dilution. L’État-nation est devenue la référence principale, le repère identitaire par rapport auquel les luttes identitaires et la « guerre de position » (Gramsci) que mènent les élites engendrées par cette « production de la société » est engagée. Il est évident qu’une suspension de ce trajet historique, un retour vers des groupements politiques précoloniaux, ne semble plus être, comme poussent à l’affirmer certaines doctrines passéistes, une option à envisager sérieusement. Le problème réside par conséquent dans la définition des modalités de l’articulation des dynamiques intégratives horizontales et verticales comme des postures de rejet de toutes formes d’élargissement et donc de dissolution possible des identités anciennes. Le texte de Epiphane Zoro dans ce volume, par exemple, discutant des modalités de l’acquisition de la nationalité ivoirienne pointe les sources et les contradictions sociales et historiques de ce dispositif juridique, le code de la nationalité en tant que référent légal à l’appartenance à la « Nation », à l’origine de la crise actuelle. Pour l’auteur, celle-ci résulterait du « vide juridique » immanent au code de la nationalité de 1961. Ce code de la nationalité, en restant silencieux sur la question de la nationalité des personnes
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents