Journalistes en Algérie
242 pages
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Journalistes en Algérie , livre ebook

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Description

Le premier livre connecté sur l’Algérie !
Rien de grand n’a été accompli dans le monde sans passion. Cette sentence de Hegel traverse de bout en bout ce livre qui nous emmène dans un voyage épique au cours duquel une séquence de l’Algérie a été l’œuvre de femmes et d’hommes passionnés, jetés dans le tourbillon de l’histoire. On verra Ahmed Ben Bella au sommet de sa gloire s’en prendre aux médias. Déchu, quasiment oublié, il connaîtra l’amour et se mariera avec une journaliste. On verra Houari Boumediene maladroit, gagner en assurance pour, enfin, devenir l’alpha et l’oméga de l’État et de la société. Chadli Bendjedid désemparé en 1988. L’auteur exhume des noms de journalistes oubliés, inconnus aujourd’hui. Pourtant, ils ont accompagnés avec une plume élégante la voix de l’Algérie révolutionnaire. Bientôt le mur de la réalité, le doute, la révolte, la répression. Voguant sur une mer de sang des hordes terroristes vont, durant une décennie, marquer à jamais la conscience collective algérienne. Ce passé récent, tragique va-t-il influer sur son avenir ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2018
Nombre de lectures 6
EAN13 9782312065564
Langue Français

Extrait

Journalistes en Algérie
Mohamed Koursi
Journalistes en Algérie
Destins individuels, histoire collective

LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-06556-4
À mes deux mamans, Bekhta et Khadidja

J’ai la nostalgie du pain de ma mère, Du café de ma mère, Des caresses de ma mère… Et l’enfance grandit en moi, Jour après jour, Et je chéris ma vie, car Si je mourais, J’aurais honte des larmes de ma mère ! Fais de moi, si je rentre un jour, Une ombrelle pour tes paupières. Recouvre mes os de cette herbe Baptisée sous tes talons innocents. Attache-moi Avec une mèche de tes cheveux, Un fil qui pend à l’ourlet de ta robe… Et je serai, peut-être, un dieu, Peut-être un dieu, Si j’effleurais ton cœur ! Si je rentre, enfouis-moi, Bûche, dans ton âtre. Et suspends-moi, Corde à linge, sur le toit de ta maison. Je ne tiens pas debout Sans ta prière du jour. J’ai vieilli. Ramène les étoiles de l’enfance Et je partagerai avec les petits des oiseaux, Le chemin du retour… Au nid de ton attente ! Mahmoud DARWICH

La Vérité est un miroir tombé de la main de Dieu
Et qui s’est brisé.
Chacun en ramasse un fragment
Et dit Que toute la Vérité s’y trouve.
Jalâl ud Dîn Rûmî
(1207 – 1273)
Note au lecteur
En parcourant cet ouvrage, vous allez remarquer des codes QR , sorte de pictogrammes que j’ai intégrés dans différentes sections de cet essai qui peut se lire d’ailleurs sans nécessairement ouvrir le lien auquel ce code renvoie. J’ai tenté cette expérience d’une passerelle entre la version papier et une extension vers un contenu numérique. Un site a été conçu dans lequel des vidéos d’époque sur les faits que je rapporte peuvent être visionnées {1} . Des films documentaires, des photographies d’anciens journalistes, des documents ainsi que des UNES de journaux constituent cette première bibliothèque virtuelle. J’ai utilisé cette méthode parce que la navigation sur internet est devenue le geste le plus anodin et le plus observé dans l’espace public {2} . Avec presque 50 millions d’abonnements, un nombre nettement supérieur à celui des habitants, le taux de pénétration du mobile en Algérie est le plus important en Afrique. J’ai tenu compte de cette tendance pour offrir cette « nouvelle » façon de lire et de regarder un livre.
Lever de rideau
« … Balayés par un courant d’affaires magnifiquement dédaigneux. Jamais siècle ne fut plus séculier, plus pauvre d’amour et de bonté. Les milieux intellectuels ne sont plus que des phares ou des refuges au milieu de ce tourbillon d’ambitions concrètes. »
NIETZSCHE

Il se réveille, déplie son journal, la mémoire encore nourrie d’un journaliste cheveux au vent, stylo prêt à harponner l’événement et bloc-notes ouvert pour consigner sur les pages de la postérité les chapitres d’une construction nationale dont chaque mot annonce la fin de l’asservissement colonial. Ce journaliste était militant durant la guerre de libération. Il était attendu comme un messie dans les dechras, douars et villages juste après l’indépendance. Ses articles, disait-on, partaient jusqu’à la capitale pour frapper aux portes de la houkouma (gouvernement) et même du Zaïm et du Raïs (président). Témoin et écrivain d’un roman national, il était le produit d’une alchimie épique. Sa plume parlait du peuple en lui formulant des promesses impossibles à renier.
Et voilà qu’aujourd’hui, il est confondu de n’être qu’aux ordres d’un maître de cérémonie qui a joué la partition de la prédation et de la rapine.
Si la mémoire collective algérienne porte toujours les stigmates d’un système inégalitaire qui a été balayé en cet été 1962 ; le citoyen s’est réveillé depuis et, en cette année 2019, il se frotte les yeux :
Est-ce que j’ai rêvé ? Le « nous » a-t-il existé ? Pourquoi ce bâton sur ma tête ? Pourtant, il y a peu, j’étais l’unité dans le nombre. J’étais l’arbre protégé par la forêt. Comment ce manche inquiétant menaçant est né de mes entrailles ? Pourquoi se retourne-t-il contre moi ?
Une chape pessimiste pèse sur les consciences.
Les libérateurs qui ont rompu, hier à même le sol, le pain de la fraternité au maquis se sont éloignés du peuple. Mais, s’ils sont devenus invisibles et inaccessibles c’était pour mieux travailler. Le piège de la pensée rurale pétrie dans la pudeur et la discrétion a fourni la justification qui a endormi les questions.
On a dit au peuple, une fois l’indépendance acquise, le grand jihad (combat) commence 1 . Alors forcément, s’ils n’ont plus le temps de lui rendre visite c’est pour la bonne cause.
Naïveté. L’espace de séparation est devenu, entre-temps, un élément de la distinction.
Le spectacle est choquant. L’Algérie « une et indivisible, solidaire et sociale » s’est retirée telle la marée révélant ce qu’elle charriait loin des regards et que plus de deux générations de populisme n’ont pu cacher indéfiniment. L’indépendance arrachée, le système combattu et battu semble perdurer. Derrière la forteresse, les mêmes privilèges. De ce côté du mur, les mêmes attentes, les mêmes frustrations et les mêmes colères.
« J’ai pris les chemins de la vie, pieds nus et le ventre creux » disait le poète MustaphaToumi ² .
L’amertume est à fleur de peau et offre un inquiétant spectacle de « trop de mémoire » 3 dont chaque lambeau arraché à la vie réelle montre que, quelque part, le serment de novembre a été trahi 4 .
Les cérémonies sacrificielles des années quatre-vingt-dix n’ont pas servi à absoudre une corporation qui revendique son indépendance et jure de son honnêteté, la main posée sur un combiné de téléphone relié à dieu. L’héritage a-t-il été dilapidé par un enfant adultérin né de l’union entre le parjure et la convoitise ?
Ils sont morts, dans les années cinquante au siècle dernier pour un rêve appelé liberté dans un pays porté au cœur qui a pour nom Algérie. Corps disloqués mais esprit rebelle.
La Place de la Résistance face au port d’Alger supporte toujours ce portefaix figé dans une posture intenable comme pour rappeler que l’exploitation n’a pas été définitivement terrassée. 2 mai 1962, l’OAS frappe. 210 morts, 150 blessés. Dans trente ans, leurs petits-fils connaîtront aussi la fureur de la violence portée par une autre horde avec un sigle, également, aux trois lettres : le GIA.
Ils sont morts, dans les années quatre-vingt-dix au cours de ce même siècle sans savoir pourquoi. Corps fauchés à la fleur de l’âge, bouches muettes instrumentalisées par des ventriloques passés maîtres dans l’art de basculer avec une incroyable aisance de la proclamation du 1er novembre 1954 , à la déclaration universelle des droits de l’homme et aux comptes codés de banques dont les noms ne sont connus du public que par les thrillers et autres films policiers dont ils se gavent.
En Algérie, 2019 est l’année de la férocité. Les ambitions personnelles ou de groupes sont déjà parties en safari avant même que le feu d’artifice du 1er janvier n’illumine nos nuits grillant la révérence à la Nouvelle-Zélande. Le côté sombre de la force s’est exprimé en premier. Un remplacement sans aucune explication de milliers de cadres, des « révélations » anonymes prises au sérieux quand, en même temps, des lanceurs d’alerte sont traqués, des blogueurs arrêtés, jugés et incarcérés 5 .
Merzoug Touati, un blogueur a été condamné, en juin 2017, à 7 ans de prison ferme pour « intelligence avec les agents d’une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l’Algérie ». Il avait appelé sur son compte Facebook à protester contre la nouvelle loi de Finances et diffusé sur son blog un entretien vidéo avec un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.
Salim Yezza, militant berbériste originaire des Aurès est arrêté, le 14 juillet 2018, à l’aéroport de Biskra alors qu’il s’apprêtait à rentrer en France, son pays de résidence. I

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