L’Échappée cathare
172 pages
Français

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L’Échappée cathare , livre ebook

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Description

Début XIIIème, Comté de Barcelone : Ana a quatorze ans, âge qui lui ouvre les portes du monde des adultes.

Emportée par l’enthousiasme de sa marraine, doña Sofía, la jeune fille va appréhender les mystères venus d’Orient et entreprendre un voyage initiatique vers le Comté de Toulouse. Entre rencontres prévues ou fortuites, Ana découvrira que le chemin vers la connaissance de soi, des autres et des secrets des savoirs, est parsemé de complots et d’embûches.

Réussira-t-elle à être à la hauteur des attentes de ceux qui comptent sur elle sans entraîner le chaos dans sa famille ? Et surtout, en sortira-t-elle psychologiquement et physiquement indemne ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334198660
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-19864-6

© Edilivre, 2017
1130
1137
Le roi d’Aragon, Alfonso I° n’a pas d’héritier. Sa petite nièce, Pétronille d’Aragon, alors âgée de deux ans, est promise en mariage au comte de Barcelone, Raimond Bérenger IV. La jeune héritière amènera en dot l’Aragon, le Languedoc et la Provence. Ainsi, le comté de Barcelone s’agrandira considérablement et Raimond Bérenger IV cumule les titres de Comte de Barcelone et de Roi d’Aragon.
Mais Raimond Bérenger IV est ambitieux. Il désire sans attendre étendre davantage son territoire, au-delà de l’Aragon, du Languedoc et de la Provence, de l’autre côté des Pyrénées, jusqu’au comté de Toulouse qui subit déjà les assauts du duc d’Aquitaine.
En outre, il sait de source sûre que le comte de Toulouse, Raimond VI, déplaît au Pape : il s’est laissé séduire par une nouvelle croyance, dite Albigeoise 1 . Ses adeptes et ses fidèles, les Parfaits, appartiennent indifféremment au monde de la noblesse ou à celui des artisans. Leur influence s’étend tout autour du Lauragais, entre montagne Noire et Pyrénées où ils bâtissent des castra 2 réputées imprenables.
Beaucoup plus au sud du continent, la partie méridionale de la péninsule ibérique est occupée par un calife dont le royaume brille par sa culture et sa science.
En 1204, les comtes de Toulouse et de Barcelone signent une trêve…
1 . Albigeoise : Cathare
2 . Castra : Cité.
1205
C’était la seule cache possible…
Recroquevillée derrière un imposant bahut en bois massif qu’ils ont peiné à déplacer juste assez pour qu’elle puisse se glisser entre le mur et le fond du meuble, Ana presse ses tempes de ses deux paumes dont elle ne sent même pas la moiteur. Elle espère que, grâce à l’ombre qui a envahi la grande salle, personne ne sera étonné de ne pas voir le bahut adossé à la paroi.
Il est parti… Elle avait perçu les pulsations de son cœur dans ses oreilles tandis qu’elle discernait les pas assourdis se glisser furtivement hors du réfectoire. Des grincements du vieux plancher… Elle avait à peine entendu le couinement de la porte tant son pouls battait fort…
Il a franchi la porte et, depuis, le temps s’écoule avec lenteur… Tous ses sens en éveil, elle se concentre pour réprimer sa respiration qui pourrait trahir sa présence.
Comment a-t-elle pu lui laisser prendre de tels risques ? Ana s’en veut de l’avoir écouté, même si, quand il a pris les choses en main en lui recommandant de se cacher, elle a pensé que c’était la seule solution raisonnable tant elle se sentait en pleine confusion.
Malgré elle, ses pensées s’égarent… Ana songe qu’elle ne sera plus jamais la même… Ce qu’elle a vécu ces derniers temps ne pourra pas la laisser indemne… Elle sent confusément qu’elle a perdu une part d’elle-même, peut-être la meilleure, à cause de lui… Elle a l’impression qu’il n’a jamais été tel qu’elle l’attendait, ou tel qu’elle se l’imaginait… Comment a-t-elle pu se fourvoyer à ce point ?
Les bras resserrés autour de ses genoux, Ana se dit que lui accorder de nouveau sa confiance sera au-dessus de ses forces… Après un soupir vite réprimé, elle se demande alors pourquoi elle n’a pas tiré une leçon de ce qui lui est arrivé : pourquoi a-t-elle si facilement donné foi aux dires des Parfaits ? Avoir confiance en un être proche qui vous trahi est une erreur certes regrettable, mais il s’agit surtout d’un défaut d’appréciation, d’un manque de discernement ou d’une incapacité à cerner le caractère des personnes qui nous côtoient. Mais les Parfaits sont des gens qui ne les connaissent que depuis peu et il leur serait peut-être bien commode de livrer des étrangers catalans ! Elle se mordille la lèvre inférieure et, d’un hochement de tête, se refuse à creuser cette éventualité plus avant…
De nouveau aux aguets, elle tente de saisir un murmure, un souffle, un bruissement, révélateurs d’une présence… Rassurée par le silence pesant qui l’entoure, elle laisse de nouveau ses pensées courir vers des regrets immenses : elle est si loin de la protection bienveillante de son père ! Si loin du comté de Barcelone où rien ne pouvait lui arriver ! Son esprit en déroute prend le contrôle de ses nerfs et elle doit alors se redresser pour réprimer un sanglot. Ses bras se détachent de ses genoux et elle porte de nouveau les mains à ses tempes… « Essaye de te calmer, Ana… » Elle fait appel à la raison, prend une grande inspiration et se souvient… C’était juste une belle aventure, un jeu… Comment tout a pu tourner aussi mal ? Ce qui lui semblait amusant est devenu terrifiant, incontrôlable…
Prologue
Quartier El Call, Barcelone, printemps 1205
Le jeune Mateo se hâte de suivre les ruelles bordées de hautes maisons. Le quartier d’El Call semble s’apaiser à cette heure, vêpres 3 ayant sonné depuis longtemps aux clochers des églises. Le rythme rapproché des pas de l’homme résonnent sur les pavés inégaux et se répercutent sur le mur des demeures étroitement serrées les unes contre les autres, parfois mêlés à ceux de promeneurs que Mateo aperçoit à peine : vêtu d’un long manteau sombre bordé d’un liseré de soie pourpre, il porte en outre un couvre-chef taillé dans le même tissu et dont les pans retombent autour de son cou, comme s’il voulait se prémunir de la fraîcheur de cette nuit de printemps. Or, l’air est particulièrement doux, et ce soir-là souffle une brise agréable. Les arbres et les plantes aux fleurs à peine écloses qui ornent çà et là les jardins des maisons, les placettes, dégagent un parfum parfois léger, parfois entêtant.
La silhouette, au dos bien droit, hâte le pas. Son regard pourrait, en s’élevant, entrevoir les colombages des maisons qui sont sur le point de s’endormir, tranquilles et apaisées : la cité ne bouillonne plus d’activités diverses, chacun s’apprête à se pelotonner confortablement chez soi. Mais Mateo ne voit pas la clarté de la lune qui s’infiltre et éclaire les façades jusque-là restées dans l’ombre. Pas plus qu’il n’entend les cris de joie des enfants qui, échappés à la vigilance de leurs parents, continuent à se poursuivre dans l’ombre. Rien, parmi les odeurs de légumes ou de fricots mijotant à petit feu, les interpellations entre voisins qui s’enquièrent de leur journée de travail ou se souhaitent une bonne soirée, la vision des derniers passants pressés de rentrer chez eux, ne peut perturber la concentration du jeune homme vers le but qu’il s’est fixé.
Enfin, l’horizon de Mateo s’élargit : la ruelle étroite s’ouvre sur une petite place que le jeune homme traverse sans aucune hésitation. Peu enclin à en admirer la jolie fontaine dont le bruit de l’eau, apaise les esprits les plus préoccupés à cette heure calme et sereine, il se dirige droit sur une demeure un peu en retrait dont la porte est tapie dans l’ombre, protégée des regards par un auvent de chêne qui retient les rayons de la lune. D’un geste vif, Mateo dégage le bras droit du tissu de son manteau et frappe selon un code bref et précis.
« Pourvu qu’il soit là ! » murmure-t-il entre ses dents.
Presque aussitôt, comme si l’on n’attendait que ce signal, le huis s’entrouvre et Mateo se faufile prestement à l’intérieur du logis.
L’homme qui l’accueille est plus âgé que lui. Il porte une chemise en lin couleur or et des chausses mordorées lui seyant à merveille. Il a aussi, glissé dans un ceinturon de cuir, une lame au manche orné d’or et de rubis. Son regard est clair et franc mais il tend une main avide pour saisir le parchemin que Mateo a brandi de façon presque triomphale, après l’avoir sorti de son pourpoint.
– Enfin… Le traité de chimie de Jabir b. Haiyan.
– J’ai eu du mal à l’obtenir, souligne Mateo.
– Je sais, je sais… Mais les templiers à Jérusalem font des merveilles et arrivent à obtenir des sultans bien des révélations qui valent de l’or !
– Attention, don Gonzalo, n’oubliez jamais que personne ne doit le voir !
– Tranquillise-toi, je connais l’importance du secret dans une telle affaire !
– Je n’en ai jamais douté, rétorque le jeune homme. Mais “abre el ojo y te ahorrarás enojos” 4 , ajoute-t-il, espiègle, en castillan, car il sait bien que c’est là l’une des maximes favorites de son ami.
– J’ouvrirai l’œil, et le bon, sourit don Gonzalo. Mais brisons là et viens donc voir ! s’exclame-t-il en repliant avec précaution la soie qui protège le précieux document.
– Vous savez bien que je l’ai déjà vu, sourit Mateo devant tant d’enthousiasme.
D’un geste large, don Gonzalo invite alors le jeune homme à le suivre. Il entame la descente d’un petit escalier situé au fond de la pièce. Les marches sont étroites et grincent un peu mais, avec assurance, Mateo lui emboîte le pas. Une lueur rougeoyante jette des ombres sur les murs, tandis que le crépitement des bûches de bois sec accompagne la progression des deux hommes. Mateo songe alors qu’il ne s’agit point-là de ténèbres effrayantes mais plutôt de lueurs prometteuses pour qui sait les apprivoiser : le feu est une lumière qui éclaire les esprits les plus obscurs. Et Dieu sait s’il y en a en ces temps difficiles !
– Je sais bien, mon jeune ami, reprend don Gonzalo avec un soupir. Et tu sais combien je t’envie : être polyglotte. Mon rêve !
– Le mérite ne m’en revient pas, murmure Mateo, songeur, car c’est Don Del Monte qui m’a tout appris !
– Certes, mais tu as eu comme mentor un chevalier émérite qui a eu l’heur d’aller jusqu’à Al Andalus 5 ! Et, ajoute-t-il, il faut des dispositions particulières pour parler, lire et écrire le catalan, l’occitan, l’aragonais, le castillan et l’arabe !
Mateo se saisit d’un tison et relance le feu sans répondre.
Dehors, juste en face de la maison où est entré Mateo, une ombre se dissimule prestement alors que résonnent les

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