L Héritage de Nathan
212 pages
Français

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L'Héritage de Nathan , livre ebook

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Description

Orphelin, marin-pêcheur du village de Wissant dans le Pas-de-Calais, Nathan Boutoille est âgé de vingt-et-un-ans, en mars 1851, lorsqu'il découvre, à la mort de son grand-père, qu'il s'appelle en réalité Nathan de Jade et qu'il est le fils d'un grand planteur de l'île de La Réunion, mystérieusement assassiné en 1830. Nathan va partir à la recherche de ses origines et de son héritage. Il va croiser les personnages les plus influents de son époque et de venir Diplomate aux Affaires Extraordinaires de Louis-Napoléon Bonaparte, à l'aube du Second Empire.
L'Héritage de Nathan est le premier volet d'une belle saga dans le cadre fastueux du Second Empire.

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312042763
Langue Français

Extrait

L’Héritage de Nathan
Jean - François Bell
L’Héritage de Nathan
Tome I – Les aventures de Nathan de Jade
Diplomate aux Affaires Extraordinaires
de Louis-Napoléon Bonaparte
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2016
ISBN : 978-2-312-04276-3
À ma famille
Jours de deuil
WISSANT, Pas -de- Calais
Mardi 15 mars 1851
Il faisait exceptionnellement beau. Le vent modéré de sud-ouest semblait transporter les chauds rayons du soleil jusque sur le banc de la petite place du Courgain. Un jeune homme y était assis. Il regardait, sans les voir, les petites maisons environnantes de ses amis les pêcheurs : la « Louis Marie », la « Marie Ginette », « l’Eyrène dit Batiauw Baron »…, ces maisons si familières de ses voisins les Beaugrand, les Caron, les Honvault, les Ternisien et les Ledet.
De son banc, situé à l’extrémité de la placette, il avait à l’horizon les belles dunes de Tardinghen, s’étalant fièrement jusqu’au Cap Gris Nez. En contre-bas, dans la rue Louis Blanc, une ruelle descendait sur la droite vers la mer. Là encore, bordée de petites maisons de pêcheurs, elle permettait d’atteindre rapidement la plage et de découvrir au détour du chemin la splendeur du paysage, encadré par ses deux caps : le Cap Blanc Nez vers Calais et le Cap Gris Nez vers Boulogne/Mer, avec juste en face, de l’autre côté de la mer, les côtes anglaises de Douvres.
Nathan Boutoille n’avait pas l’habitude de s’asseoir ainsi au milieu de l’après-midi devant la maison de son grand-père, dans le haut de ce petit village qu’il connaissait depuis sa naissance, il y avait maintenant vingt et un ans, et auquel il était si attaché.
Son village d’à peine un millier d’habitants était peuplé en majorité de rudes et fiers pêcheurs qui sortaient, chaque matin que Dieu fait, si le temps le permettait, sur leurs flobarts , ces lourds voiliers à fond plat d’environ cinq à neuf mètres, tirant leur nom de la pêche aux bars.
Ils partaient pour jeter leurs filets entre les caps et tenter de ramener, dans un dur labeur, les soles, maquereaux, cabillauds, harengs, et bars qui leurs permettraient de subvenir aux besoins quotidiens, d’une vie sans luxe.
Combien de matins Nathan était-il parti dans l’obscurité de la nuit finissante, retrouver ses compagnons sur la plage, en ciré et sabots, pour grimper dans le bateau, avec l’agilité de la pratique quotidienne, avec ses sept à huit compagnons. Il admirait le lent et précis travail des femmes, dans la mise à l’eau des flobarts échoués sur la plage, leurs bras bleuis, tendus par l’effort, qui dans un mouvement d’ensemble, les faisait glisser sur les gros rondins de bois, préalablement recouverts de la terre glaise du Cap Blanc Nez. Elles les faisaient avancer mètre par mètre vers la mer, à marée haute.
Il avait chaque fois envie de les applaudir, quand dans un dernier mouvement elles ramassaient les rondins dans les premières vagues pour les remonter au sec en haut de la plage, tandis que les bateaux hissaient alors rapidement leur grande voile rouge, passaient adroitement les rouleaux des premières vagues et prenaient le vent pour aller jeter leurs filets à plusieurs milles de la côte.
Combien de retours en hiver, dans la bourrasque froide du vent du nord et la morsure du sable glacé. Oui, le métier paraissait bien dur quand il fallait se laisser glisser dans l’eau pour tirer le bateau sur le sable et sortir les lourds filets.
Mais combien d’arrivées aussi dans la beauté glorieuse du soleil levant, éclairant d’une lumière magique le Cap Blanc Nez et sa magnifique plage de sable blanc de Wissant, s’étirant en un reflet scintillant sur des centaines de mètres.
Toute la beauté du monde offerte en récompense !
Si chaque saison apportait ses joies et ses peines, même au plus fort de l’hiver, il y avait des journées si belles, que le métier de marin paraissait être le plus beau métier du monde à Wissant !
Nathan ne se lassait pas du spectacle des lourds chevaux de trait attelés aux carrioles qui emmenaient ensuite le poisson pour le remonter vers le village, et partir par le chemin d’Herlen, dit le chemin des Poissonniers, retrouver la voie départementale de Boulogne sur Mer, où le poisson serait vendu à la criée.
Nathan portait en cette fin d’après-midi de mars la tenue habituelle du marin, pantalon court, chemise en flanelle et gros chandail de laine bleu marine, le cou enserré dans un foulard rouge vif. Il avait retiré sa casquette et sa belle crinière blonde ondulait sous la légère brise. Elle encadrait un visage très viril, cependant adouci par des yeux si bleus qu’il semblait que le soleil s’y était établi.
Ses camarades l’avaient surnommé ironiquement Nathan le Magnifique, au regard de sa musculature puissante, de ses hanches étroites, de son regard fier et peut-être aussi d’une allure générale qui le rendait différent, et lui donnait un ascendant sur eux.
Les filles du village tentaient toutes d’attirer son attention et quelques unes y avaient déjà laissé leur cœur, sans pouvoir retenir le sien.
Nathan, orphelin, était élevé seul par son grand-père et leur profonde affection mutuelle semblait lui suffire.
Le vieil homme avait cependant tenu à lui donner une instruction plus complète que celle de ses petits camarades et l’avait confié à la sortie de l’école primaire à Monsieur le Curé de l’église St Nicolas, l’abbé Louis-Joseph Vassal, qui était originaire d’une vieille famille de notables boulonnais, et avait une sagesse et une culture étendues. Il avait su rapidement ouvrir l’esprit de son jeune élève et rêvait maintenant de le conduire vers Dieu, et de le faire entrer au séminaire de Boulogne sur Mer.
Il ne comprenait pourtant pas pourquoi le vieux pêcheur Pierre Boutoille refusait énergiquement de laisser son petit-fils prendre cette voie.
C’était une perpétuelle discussion entre les deux hommes qui, par moments, finissait presque par les dresser l’un contre l’autre.
Nathan sortit de sa rêverie et se leva de son banc pour regagner la maisonnette. Dans le coin droit de la salle basse, il y avait une petite alcôve pour le lit. Son grand-père était couché le teint livide. Il le contempla avec émotion.
– Grand-Père, je vais te préparer ton souper, j’ai fait une soupe au lard qui va te ragaillardir !
– Laisse, mon enfant, je ne peux plus manger, mes dernières heures arrivent, et je dois te parler avant de partir.
– Chut… Grand-Père, il faut que tu manges un peu pour garder tes forces. Demain matin, il va faire beau et je te porterai sur le petit banc pour prendre le bon air.
Le visage de son grand-père l’atterrait et il comprenait que le moment de la séparation, tant redouté, allait venir maintenant plus vite que prévu.
– Nathan , viens près de moi et donne-moi ta main pour me donner encore un peu de force, car, avant de partir, j’ai un terrible secret à te dire et j’espère que tu sauras me pardonner de te bouleverser ainsi.
Sa voix n’était maintenant plus qu’un murmure, mais son regard était rivé sur celui de Nathan.
– Grand-Père, je t’aime trop, tu m’as élevé comme ton fils et jamais je n’aurai besoin d’avoir à te pardonner quoi que ce soit, à toi qui m’as tant donné et m’as recueilli encore tout petit enfant à la mort de mes parents !
– Mon enfant, il faut que je te raconte le secret de ta naissance. Tu n’es pas le fils de mon Baptiste et de la Pauline. Tu leur as été confié dans des conditions dramatiques par tes parents qui ne pouvaient pas t’élever.
Hélas mon Baptiste et la Pauline ont été assassinés juste après t’avoir confié à moi et j’ai préféré garder le silence jusqu’à maintenant pour ta sécurité, car les ennemis de tes parents étaient puissants.
Nathan, la voix vibrante d’émotion, interrogea son grand-père :
– Qui suis-je ? Quel est mon véritable nom ? Que s’est-il passé ?
Il voyait son grand-père décliner de seconde en seconde, et rassembler ses dernières forces pour lui parler.
– Tu ne t’appelles pas Nathan Boutoille mais Nathan-Louis de Jade !
Ton père était le comte Henry-Édouard de Jade, issu d’une très vieille famille française émigrée à l’île de Bourbon, cette lointaine île de l’océan indien, que l’on appelle maintenant l’île de la Réunion. Il y possédait une grande plantation de canne à sucre.
Mon Dieu, je n’ai presque plus la force de parle

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