La chasse au roi
281 pages
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La chasse au roi , livre ebook

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Description

Paul Féval (1816-1887)



"Sous le gouvernement du régent Philippe d’Orléans, la Lorraine était encore un État séparé de la France. Le duc Léopold régnait. Ce fut seulement vers le milieu du même siècle que Stanislas de Pologne, dépossédé, acquérant la souveraineté du pays lorrain au moyen d’un échange, endormit, à son insu peut-être, la question politique, et prépara l’annexion définitive de ce beau pays à la monarchie française.


Du reste, on peut le dire, les rives de la Meuse étaient alors comme aujourd’hui un pays tout français par la langue et par les habitudes. La frontière qui séparait les forêts montagneuses du Barrois des vignobles de la Champagne pouvait passer pour nominale, et les grandes armées de Louis XIV avaient toujours eu un contingent nombreux de Lorrains mercenaires, quelle que fût l’attitude de la cour de Nancy.


En 1718, il y avait à la lisière de la forêt de Béhonne, à une lieue de Bar-le-Duc, sur la route de Verdun, une grande vieille maison, qui avait physionomie de manoir, mais dont maître Jérôme Olivat, son possesseur actuel, avait fait une auberge.


Maître Jérôme Olivat était un homme de soixante ans, ancien soldat des guerres d’Allemagne, d’où il avait rapporté une douzaine de blessures et des écus. Les blessures le tenaient cloué sur son lit depuis bien longtemps ; les écus ne lui avaient point porté bonheur."



Le régent Philippe d'Orléans gouverne la France. Jacques Stuart, petit-fils du roi d'Angleterre et d'Ecosse Charles Ier qui fut destitué et décapité, vit tranquillement son exil, sous le nom de chevalier de Saint-Georges, en Lorraine. Les partisans de la dynastie Stuart voient les choses autrement : Le chevalier de Saint-Georges doit retourner en Ecosse et combattre pour récupérer son trône. Mais fuir la France n'est pas une simple affaire...


A suivre : "La Cavalière"

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374639574
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La chasse au roi


Paul Féval


Septembre 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-957-4
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 955
Envoi à monsieur l’abbé Moigno, chanoine de Saint-Denis

Savant compatriote et ami,
Vous vous êtes plaint parfois de mon prétendu abandon ; je vous adresse ce livre, complètement expurgé au point de vue de la conscience chrétienne, comme un témoignage de reconnaissant souvenir et de respectueuse affection. Vous y trouverez des noms de notre pays de Bretagne.
Le roi proscrit dont il s’agit dans ce récit d’un fait historique bien connu, entouré de détails vrais, ne ressemble point à l’illustre exilé que nous aimons et que nous admirons. Ce fils obscur des Stuarts ne peut être comparé en rien au grand héritier des Bourbon, mais il y a un triste enseignement dans la conduite du cadet de Bourbon (Philippe d’Orléans) qui gouvernait la France au temps de mon drame, en dépit du testament de Louis XIV et qui commença virtuellement la Révolution. Ce Bourbon franc-maçon et anglais abandonna, entre deux vins, Stuart persécuté par la Révolution. Dieu le vit.
Savant ami, du haut de votre admirable livre , Les splendeurs de la foi, soyez indulgent pour cette humble historiette et croyez qu’après tant d’années votre ancien protégé vous aime toujours .

P AUL F ÉVAL .
I
Du bonhomme Olivat, de la grande Hélène, du bandit Piètre Gadoche, élève de Cartouche, de la Poupette, du fatout, et où il est parlé de la Cavalière

Sous le gouvernement du régent Philippe d’Orléans, la Lorraine était encore un État séparé de la France. Le duc Léopold régnait. Ce fut seulement vers le milieu du même siècle que Stanislas de Pologne, dépossédé, acquérant la souveraineté du pays lorrain au moyen d’un échange, endormit, à son insu peut-être, la question politique, et prépara l’annexion définitive de ce beau pays à la monarchie française.
Du reste, on peut le dire, les rives de la Meuse étaient alors comme aujourd’hui un pays tout français par la langue et par les habitudes. La frontière qui séparait les forêts montagneuses du Barrois des vignobles de la Champagne pouvait passer pour nominale, et les grandes armées de Louis XIV avaient toujours eu un contingent nombreux de Lorrains mercenaires, quelle que fût l’attitude de la cour de Nancy.
En 1718, il y avait à la lisière de la forêt de Béhonne, à une lieue de Bar-le-Duc, sur la route de Verdun, une grande vieille maison, qui avait physionomie de manoir, mais dont maître Jérôme Olivat, son possesseur actuel, avait fait une auberge.
Maître Jérôme Olivat était un homme de soixante ans, ancien soldat des guerres d’Allemagne, d’où il avait rapporté une douzaine de blessures et des écus. Les blessures le tenaient cloué sur son lit depuis bien longtemps ; les écus ne lui avaient point porté bonheur.
On racontait, en effet, par rapport aux écus du bonhomme Olivat, une singulière et terrible histoire, à laquelle se trouvait mêlé le fameux bandit Piètre Gadoche ou Gadocci, dont les exploits inquiétèrent, au commencement du XVIII e siècle, toutes les polices européennes. C’était un coquin voyageur qui changeait de tournure comme de visage avec une merveilleuse facilité, et qui avait l’habitude de se marier dans toutes les villes où il exerçait ses redoutables talents. Dans le cours de sa carrière assez courte, on lui connut jusqu’à douze femmes, légitimement épousées. C’était un précurseur des moralistes qui prêchent l’établissement du divorce et il gagnait de grosses sommes à ce philosophique métier.
Il était, disait-on, Italien de naissance, mais il parlait toutes les langues couramment et sans accent. Ses états de service dans l’armée du brigandage peuvent passer pour uniques. Il fut le bras droit de Hans Schiller dans le Hartz, le lieutenant de Cartouche à Paris, l’émule de Thomas Paddock dans la Grande Famille des voleurs de Londres. C’est au point que les badauds de la Cité ne savaient plus au juste lequel de lui ou du vieux Tom était le vrai Jean-Diable des enfers du Drury Lane.
Quand il se sentait pourchassé de trop près dans la capitale, il quittait son ménage et allait un peu se marier en province où le bon air des champs et les mœurs tranquilles lui rafraîchissaient le sang pendant qu’il mangeait la dot. Celui-là n’avait pas attendu pour émanciper sa conscience le triomphe de la libre pensée.
Quelques années avant l’époque où commence notre récit, Piètre Gadoche avait choisi la bonne ville de Bar-le-Duc pour y prendre le vert. Il pouvait avoir alors vingt ans tout au plus ; il était fort beau cavalier, spirituel et plaisait aux dames ; mais, dans cette circonstance, sa fantaisie fut d’épouser une veuve d’un certain âge dont il mangea le douaire avec appétit.
Il fut douze mois tout entier à parfaire cette besogne ; mais le douaire, une fois dévoré, il dut aviser.
Le bonhomme Olivat vivait alors à Bar-le-Duc, en bon bourgeois, dans une maison à lui, qui avait un beau jardin fruitier, au bord de l’Ornain, derrière le pont Notre-Dame. Il avait sa femme, une grande fille de seize ans, et son fils plus âgé qui était déjà marié. Tous les douze mois, ce jeune ménage mettait un enfant de plus dans la maison. Le bonhomme Olivat ne se plaignait point de l’agrandissement de sa famille, quoique son plaisir fût de grossir son boursicot. « Il y a de quoi pour tous, » disait-il. Aussi l’appelait-on le richard , dans le pays, et sa prospérité faisait envie.
Il avait chez lui un vieux compagnon d’armes, recueilli par charité, car les gens très économes peuvent être parfois secourables. Nous n’avons pas besoin de dire que Piètre Gadoche avait pris un nom d’emprunt à Bar-le-Duc. Il s’appelait M. Philipart. Le compagnon d’armes du bonhomme Olivat se lia tout à coup d’une amitié très étroite avec M. Philipart.
Une nuit d’hiver, en 1713, des malfaiteurs qui n’y allaient pas par quatre chemins, incendièrent tout uniment la maison du bonhomme Olivat pour s’emparer de son trésor que la jalousie publique enflait à plaisir. Le vieux soldat, cette nuit-là, perdit non seulement son argent et son abri, mais encore sa foi dans la bonté des hommes, car le compagnon d’armes ne reparut jamais.
M. Philipart s’éclipsa aussi, laissant inconsolable son Ariane entre deux âges dont il avait vidé les armoires.
Quelques jours après, des gens de police vinrent de Nancy pour arrêter M. Philipart à qui ils donnaient le nom de Piètre Gadoche. Ce fut ainsi que la ville de Bar-le-Duc et Mme Philipart apprirent qu’ils avaient eu l’honneur de nourrir ce célèbre bandit pendant une année. Cela fit grand bruit, et chacun se promit bien de le reconnaître à l’occasion.
Cependant, un malheur ne vient jamais seul. Avant l’arrivée du printemps, l’infortune visita deux fois la famille ruinée du bonhomme Olivat : son fils et sa bru s’en allèrent au cimetière à quelques semaines l’un de l’autre, laissant derrière eux quatre pauvres petits enfants.
Jérôme Olivat était un homme industrieux. Il aimait beaucoup l’argent et savait comme on le gagne. Malgré son âge et son état de maladie, il ne perdit point courage, et, ne pouvant plus travailler lui-même, il employa tous ses soins à forger l’instrument humain qui devait refaire sa fortune.
À dix-sept ans, Hélène Olivat était une grande jeune fille qui aurait pu servir de modèle à un peintre pour représenter Minerve. Le sang est riche en Lorraine. Hélène était un peu trop masculine peut-être, et une vigueur surabondante se trahissait parfois dans la brusquerie de ses mouvements, mais sa haute taille avait des proportions si heureuses que la grâce y naissait dans la perfection. Il ne fallait pas chercher dans sa figure aux traits réguliers et fermes la délicatesse, qui est le principal charme de la femme ; mais ses grands yeux bleus avaient une franchise robuste, une vaillance communicative, et quand elle voulait, une admirable douceur.
Il faut bien dire : quand elle voulait , car tel n’était pas toujours son caprice ; son père l’avait forgée, nous répétons le mot à dessein, et trempée aussi. Les outils à gagner de l’argent doivent être durs. Il n’y avait pas beaucoup d’hommes, aux environs de Bar-le-Duc, capables de soutenir le regard d’Hélène en colère.
Seulement, quand elle regardait, le matin, le souriant sommeil de Mariole, sa poupette, vous eussiez bien

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