La ferme rose
139 pages
Français

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Description

L’action se déroule durant les 30 glorieuses. María ne supportant plus la vie trépidante de la capitale, vend son appartement parisien et vient s’installer dans la ferme de Victorin, le grand-oncle de son mari. Quelle ne fut pas sa surprise en constatant en arrivant qu’il n’y avait à la ferme, ni eau, ni electricité. Peut-on vivre de nos jours d’amour et d’eau fraîche, même si elle est tirée fraîchement du puits? À peine arrivée à la ferme, Jean constata qu’elle avait besoin d’un bon coup de peinture. Il ajouta du rouge au pot de peinture blanche et la ferme de Victorin devint la ferme rose.

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312035406
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La ferme rose
L’illustration de la page de garde est l’œuvre du peintre espagnol Pedro. Quand il a lu le manuscrit, notre ami s’est proposé de peindre la ferme rose, Maria à la guitare, Jean, barbu comme un chanteur des années 70, Emerson emmenant sa petite troupe au pâturage, épaulé par sa chienne Frisette, et son inséparable chat Tigri, suivis de Bouc et Biquette. Ferment la marche la truie Andouillette et son rejeton, Petit Salé.
Bernard Carbonnel
La ferme rose
Roman
















LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Toute ma vie, trop paresseux pour me conformer aux règles
Joyeux, toujours joyeux suivant librement ma nature,
Dans ma besace trois mesures de riz
Près du foyer, un fagot de bois
Pourquoi se préoccuper de l’éveil ou de l’illusion ?
Pour ce qui est de rechercher les honneurs ou la fortune,
Je n’en parle même pas.
La pluie nocturne tombe sur ma cabane
Au toit de paille
Détendu, j’allonge les deux jambes.

Ray Kan.





















© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03540-6
P ROLOGUE
Les 30 glorieuses
Maria, c’est mon prénom. Je suis née le 3 janvier 1946, d’une mère andalouse et d’un père breton. Déjà, à 16 ans, il fallait voir comment les garçons me tournaient autour. Sans trop me vanter, je suis plutôt mignonne, grande, mince, les yeux en amande couleur noisette, comme l’était ma mère à mon âge. Et de mon père, me diriez-vous, de quoi ais-je hérité ? C’est cette volonté d’aller tous les jours de l’avant, fière et courageuse comme le sont les marins bretons. Mais aussi têtue, parfois. C’est vrai que quand j’ai une idée derrière la tête, il est difficile, voire impossible, de m’en faire démordre.
J’ai vécu dans une période que les générations futures ne connaîtront pas. Plus de guerre, celle d’Algérie a pris fin en 1962 et il n’y a rien à craindre de l’Allemagne, avec qui on est en train de créer une nouvelle Europe, qui nous garantira une paix durable.
En 1968, j’avais 22 ans et je terminais mes études de vétérinaire. Tous les jeunes de mon âge avaient les yeux tournés vers l’avenir, oubliant résolument le passé. Nous étions insouciants, voyageant en auto-stop. À cette époque-là, la France jouissait d’une paix retrouvée, connaissait une expansion économique sans précédent, affichant un taux de croissance moyen du PIB, je dis bien moyen et non exceptionnellement une année, de 5 %, avec un taux de chômage ne dépassant pas les 2 %. Les « choses » à consommer, les voitures, l’électroménager et tout ce qui touche au confort ont façonné un modèle de société jusque là inconnu. Je dois avouer que je suis une privilégiée, car cette existence que j’ai vécue, j’ai bien peur qu’à l’avenir, la majorité des français ne pourront y prétendre. J’ai eu une jeunesse heureuse, choyée par mes parents qui ne savaient rien me refuser et une vie professionnelle et familiale bien remplies, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est avec plaisir que je vais vous raconter les aventures d’une fille des « 30 glorieuses ».
10 Juillet 1960
Ce jour-là, ma mère et moi, sommes arrivées en fin d’après- midi à San Sadurni d’Osormort, petite vallée au pied du Montseny, à quelques kilomètres à peine de Barcelone, où coule une petite rivière où mon père allait souvent pêcher. C’est dans cette rivière qu’il avait demandé que soient dispersées ses cendres, prétextant que c’était un juste retour des choses, que lui, ayant mangé beaucoup de truites, elles puissent se venger en mangeant ses cendres.
Après s’être recueillies, ma mère me proposa d’aller dans une auberge située en contre bas.
– Nous nous y reposerons et demain matin, nous repartirons pour Perpignan.
Après le souper, nous avons regagné notre chambre. Cette petite cérémonie m’avait bouleversée et je n’arrivais pas à trouver le sommeil. Je pensais qu’il en était de même pour ma mère car elle n’arrêtait de se retourner dans son lit.
– Puis-je te poser une question ?
– Vas-y, pose-la, me répondit-elle.
– Le mois dernier, je t’ai demandé le livret de famille pour obtenir une fiche d’état civil afin de pouvoir m’inscrire à l’examen du brevet. Je me suis aperçue qu’il n’y avait que 4 mois entre la date de votre mariage et ma date de naissance…
– En effet, tu as été conçue avant notre mariage. Exactement, le samedi avant Pentecôte. Je ne suis pas prête d’oublier ce jour-là, qui restera à jamais le plus beau jour de ma vie. Comme je te l’ai déjà dit, c’était un samedi, en fin d’après-midi, juste avant la fin des classes. Quelqu’un frappe à la vitre, je me retourne et vois Simon. Il revenait d’un camp de déportation en Allemagne, où il était resté prisonnier pendant 1 an. Comme je n’avais plus eu de ses nouvelles depuis son arrestation en avril 1944, je le croyais mort. Quand je l’ai aperçu, je me trouvais à ce moment-là près du tableau. J’ai eu le réflexe de me rapprocher du bureau et de m’y appuyer pour ne pas tomber. J’avais l’impression que mon corps se vidait de son sang et puis, tout d’un coup, mon cœur s’est mit à battre à tout rompre, comme s’il voulait s’échapper de ma poitrine. Je n’en croyais pas mes yeux, ton père vivant !
– Comment ça se fait que personne n’ait pu te dire où il était ?
– J’ai commencé à me faire du souci quand il n’est pas venu me rejoindre à Llansa pour les vacances de Pâques. Il profitait de ces congés pour faire passer en Espagne des personnes qui étaient recherchées par la Gestapo. Il m’avait bien dit que c’était sans danger et qu’il prenait toutes les précautions, que son passeport portait le tampon des frontières, comme s’il était rentré et sorti légalement. Mais je n’étais qu’en partie rassurée. Sans nouvelles de sa part signifiait qu’il avait été arrêté et certainement fusillé. En Espagne et en France à cette époque-là, les jugements étaient vite expédiés et le condamné se retrouvait très rapidement devant un peloton d’exécution. Les prisons ne restaient pas pleines bien longtemps.
– Et tu n’es pas allé en France pour savoir où il se trouvait ?
– Oui, j’y suis allée mais je ne connaissais personne à Perpignan. Il m’avait bien souvent parlé du capitaine Lenoird, qui avait trouvé un travail et un logement à Aniceto, le maçon, mais je n’avais pas son adresse. J’avais écrit à ses parents à Vannes, qui m’ont répondu qu’ils étaient eux aussi sans nouvelles de sa part. Ils m’ont dit que sa sœur s’était rendue au lycée de Perpignan et le proviseur lui avait confirmé qu’il n’avait pas repris les cours au dernier trimestre. Le proviseur en personne était allé à son domicile pour constater que l’appartement était vide de toutes ses affaires. Il était allé ensuite à la gendarmerie, mais il n’y avait personne pour lui donner le moindre renseignement. Seul le brigadier lui avait dit en la raccompagnant que s’il avait été fusillé, ils en auraient été informés et donc, qu’il y avait de fortes probabilités pour qu’il ait été déporté dans un camp en Allemagne. Tu vois, il était difficile d’en savoir plus. Il valait mieux être la veuve d’un héros que la femme d’un lâche, avait dit la Passionaria. Mais cela ne me consolait pas. J’avais perdu beaucoup de proches dans cette tourmente, notre ami Paco et mon cousin Abelino.
– Papa m’en parlait souvent d’Abelino. Il fallait qu’il soit exceptionnel pour qu’ils s’aiment comme deux frères. Mais tu ne m’as pas encore dit ce qui s´était passé à l’école ?
– Je lui ai fait signe de rentrer dans l’école. Je suis allée à sa rencontre et lui ai demandé de monter m’attendre dans mon appartement, la porte n’étant pas fermée à clef, lui promettant que je le rejoindrais dès que la classe serait terminée, ce qui ne saurait tarder, car je n̵

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