Le Cimetière des oubliés
426 pages
Français

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Le Cimetière des oubliés , livre ebook

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Description

« Daniel avait la vision de plus en plus trouble. Heureusement qu'il s'était souvenu des histoires de son père, la Résistance, l'ancien bras droit de Mémé Battisti, la fuite à Londres via le Portugal... Maurice Saban, une légende selon son père... Il n'osait plus regarder sa blessure depuis une demi-heure. Il avait d'abord senti le liquide visqueux s'écouler en premier dans son entrejambe pour ensuite glisser le long de ses cuisses. Depuis quelques kilomètres, il ne sentait plus rien, même plus son pied sur l'accélérateur. Curieusement, il n'avait jamais eu mal, même au moment de l'impact. Tout s'était bien passé jusque-là : la petite secrétaire de l'ambassade à Paris qu'il lève dans un bar. La fille qui boit trop et qui raconte sa vie pour se faire mousser. Elle est témoin d'un trafic régulier de diamants. Le sentiment qu'il pouvait faire seul le coup de sa vie ! La possibilité de recouper les informations avec Michel, son frère aîné, installé sur place en Afrique du Sud depuis quelques années. » Un trésor de guerre de 1870, la Résistance, un braquage de diamants en 1968, les arcanes de l'aéronautique... Autant de pièces qui viennent dessiner le puzzle aussi riche que complexe d'une fresque familiale pas comme les autres. D'hier à aujourd'hui, entre la France, la Nouvelle-Calédonie et la Chine, Jean-Luc Monceaux joue avec les genres et les destins d'une galerie de personnages finement croqués pour donner naissance à un roman hybride, à mi-chemin entre l'épopée historique, la chronique et le thriller : un cocktail surprenant et accrocheur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 octobre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342057249
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Cimetière des oubliés
Jean-Luc Monceaux
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Cimetière des oubliés
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Tout a existé, rien n’est vrai.
 
Tome premier Le cimetière des oubliés – 1870 Augustin et Pauline : les origines
Sud-Ouest de la France, de nos jours
Plus rien ne serait jamais comme avant.
La soirée avait été longue et animée, gaie parfois, triste souvent, heureuse toujours. Le feu avait crépité pendant des heures, symbole d’un foyer uni et réuni. L’irrationnel s’opposait au rationnel, l’émotion au cartésien, le déraisonnable au raisonnable.
Toute la revue des anciens avait été effectuée, les sempiternelles histoires de nouveau racontées, les anecdotes familiales respirées, et respirées encore. Les rires avaient rapidement remplacé les larmes, les explications avaient fait leur effet, l’autorité des origines avait repris le dessus. La famille était là, grâce à son passé, elle évoluerait grâce à son histoire.
Othello, le Franc-Comtois, arrivait au grand galop, de son pied lourd et puissant. Derrière, la jument Dynamo, Pépette pour les intimes, semblait toute fluette malgré sa légère surcharge pondérale comme aimait dire Olivier, son gros bidou, pour Léa qui avait toujours affiché sa préférence pour la pouliche. Le fond du pré était encore noyé dans la brume matinale qui empêchait de discerner les limites du domaine. Le galop du cheval de trait, lourd, tel que la prairie entière semblait trembler, réveillée au son de la charge. Au loin, le selle français Don Diego, de la Vega dans la famille, ancienne star internationale des concours complets internationaux, Juan pour la famille, rattrapait tranquillement le duo d’un petit galop groupé toujours aussi élégant.
Olivier et Léa regardaient leur tribu : les trois filles regroupées devant eux, qui se tenaient par la main. Unies dans l’adversité, unies dans la vie, unies pour regarder devant. Damien, le petit dernier, au sortir de l’enfance, était devant. Il arborait fièrement son tout nouveau couteau à la ceinture et voulait faire barrière et détourner Othello en cas d’arrivée incontrôlée. Avec son chat calé sur l’épaule, mission aussi irréaliste qu’impossible, mais il prenait son rôle de petit homme de la famille très au sérieux. Les jumelles avaient pensé à prendre du pain, ce que les chevaux avaient deviné. Jade, l’aînée, se retourna pour regarder ses parents. Ses yeux étaient embués, certainement pas à cause de la fraîcheur de la température. Elle leur fit signe de sa main libre pour qu’ils se rapprochent. Elle fit allusion aux discussions de la veille.
— Alors ça y est, c’est définitif ?
Léa regarda Olivier, qui lui confirma d’un regard que leur décision était prise. De toute façon, il n’y avait pas d’alternative, alors cela ne servait à rien : ni de tergiverser encore et encore, ni de s’inquiéter inutilement sur les conséquences et sur les lendemains qui chantent ou qui déchantent, ni de continuer à en débattre. Il n’y avait plus de cimetière des oubliés depuis quelques jours. La page aurait pu être définitivement tournée. Pour une fois, c’était Olivier le taiseux, pas elle. Elle connaissait son homme, regarder devant, pas derrière.
Les jumelles se tournèrent à leur tour vers leurs parents qu’avait rejoints Baptiste.
— Est-ce bien raisonnable ? demandèrent-elles en chœur, sans s’être concertées.
L’utilisation de cette expression était si symbolique, si forte pour la famille ! Les six partirent d’un rire communicatif complice, signe évident de l’appréhension commune de la situation. Il n’y avait plus de crainte à avoir, tout le monde était d’accord. Le soleil brillerait à nouveau, les rires continueraient d’inonder la famille. Les anciens pouvaient dormir tranquille, au cimetière des oubliés ou ailleurs, ils ne se retourneraient pas dans leur tombe. La famille retournait aux sources.
La guerre de 1870
- Colonel Frederik Von Güdorf, Prussien
- Armand de Teyssandier, pilote d’aérostat
- Eugène et Émilie Charasse,
- Madeleine Charasse, fille aînée, née en 1848, mariée en 1871 à Lucien Leforestier, né en 1849,
- Valentine Leforestier, née en 1871,
- Martin Leforestier, 1877-1938
- Eugène – 1894-1914
- Marcel – 1896-1915
- Robert – 1904-1940
- Renée Charasse, née en 1851, mariée à Fromentin Pilet en 1871, décédée en 1939.
- Jules Pilet, né en 1871-1935
- Maurice : 1896-1917
- Jean – 1902
- Augustin Charasse, né en 1850, juin 1940,
- Clément Aumonier, 1850-1870
- Pauline Aumonier, 1847-1918
- Alfred Pilet, dit le Père Crache
- Kléber
- Marceau
- Fromentin, marié à Renée Charasse, un fils, Jules, né en 1871
Département du Loiret – Pithiviers – 29 novembre 1870
Le Prince Frédéric Charles fit son entrée dans la grande salle de la mairie avec son arrogance coutumière, accompagné de son père, le Prince Albrecht Père, propre frère du Roi Guillaume de Prusse, commandant la quatrième division de la cavalerie allemande. Depuis la déclaration de guerre du 17 juillet 1870 adressée par l’Empereur Napoléon III à la Prusse, le Prince Frédéric Charles n’avait connu que des succès militaires. Les nombreux exploits individuels ne pouvaient masquer la faillite collective aux frontières nord est d’une armée française mal équipée et inorganisée. Après la reddition de l’Empereur à Sedan le 4 septembre, rien ne semblait pouvoir arrêter l’élan des troupes prussiennes qui, après avoir contourné Paris, avaient occupé très facilement la Brie et la Beauce pour subvenir aux besoins en nourriture de milliers d’hommes. La capitulation de Bazaine à Metz fin octobre constituait un succès retentissant sur les troupes de la toute jeune République française et avait encore renforcé le prestige du Prince.
Le Prince, rejoint par son Père, avait roulé avec son escorte pendant deux jours, empruntant des chemins rendus de moins en moins carrossables par les pluies incessantes. Il était impératif d’empêcher l’armée française de s’organiser. Tout indiquait que de très importants mouvements de troupes étaient en train de s’organiser pour mener une contre-attaque aux fins de libérer Paris assiégée. Les ordres de l’État-Major Prussien étaient de garder le contrôle de la ville d’Orléans, à cent vingt kilomètres au sud de Paris, pour priver les Français de base arrière. Le Prince Frédéric Charles était arrivé à Pithiviers, en début de journée escorté par une colonne d’environ mille cavaliers, confortablement installé dans une magnifique berline tirée par six chevaux. La bourgade de Pithiviers, à une quarantaine de kilomètres au Nord Est de la préfecture du Loiret, constituait une parfaite tête de pont pour finaliser la victoire prussienne avant Noël. Sa berline était elle-même précédée de deux voitures destinées aux officiers généraux. Le faste de la délégation impressionnait terriblement les villes et villages traversés. Cela ajoutait au sentiment général de désastre ressenti par la population, définitivement qualifiée de bouseuse par les envahisseurs dont l’arrogance n’avait d’équivalent que l’amplitude de la défaite.
Entouré de son État-Major, le Prince Frédéric Charles venait de faire une déclaration à ses troupes rentrées dans la ville de Pithiviers quelques heures plus tôt. Parlant couramment le français, il se tourna vers les quelques notables français et toute la population rencontrée sur la place dont il avait exigé la présence.
— Messieurs, j’exige de vous et de la population une collaboration totale.
Ne voulant s’abaisser à communiquer plus avant avec les Français, il tendit le texte de son allocution au Colonel uhlan Frederik Von Güdorf, aux fins de traduire ce qu’il avait ordonné aux soldats occupants et ce qu’il attendait de la population. Le Colonel rejeta sa cape en arrière. L’œil dur et fixe, il entama sa lecture d’une voix de stentor, articulant avec précaution afin d’ajouter à l’emphase :
— Soldats, déployez toute votre activité, marchons pour partager cette terre impie. Il faut exterminer cette bande de brigands qu’on appelle armée française. Le monde ne peut rester au repos tant qu’il existera un peuple français. Qu’on le divise en petites parties, ils se déchireront entre eux, mais l’Europe sera tranquille pour des siècles ; soldats ! Vous avez du cœur, le moment est venu de vaincre ou mourir.
Satisfait de l’air consterné de l’assistance, le Prince Frédéric Charles tourna le dos à l’assemblée et partit, suivi de son père et de l’ensemble de son État-Major. Seul le Colonel Von Güdorf resta.
Celui s’adressa alors directement au maire de Pithiviers :
— Ne prenez pas les propos du Prince à la légère. Gardez en mémoire ce qui s’est produit dans la ville de Châteaudun en octobre dernier. Cette ville a voulu résister, nous l’avons incendiée et détruite. Votre empereur Napoléon 1 er était un homme de génie. Napoléon III n’était que l’homme d’Eugénie. C’est toute la différence. Vous n’avez pas fini d’en supporter les conséquences.
Heureux de son bon mot, il quitta la salle à son tour. Très grand, svelte, une fiche moustache durcissant son visage, avec un maintien si représentatif de la rigueur germanique, le colonel n’avait pas été surpris par l’attitude du Prince. Il avait rejoint son État-Major depuis le siège de Metz. En plus de sa haute lignée, s

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