Le Minoen
108 pages
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Le Minoen , livre ebook

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Description

Le cheminement du Minoen se poursuit. Les souvenirs reviennent, plus clairement. Si le présent est confronté au passé, est-ce une nouvelle épreuve à surmonter, ou un passage obligé qui rendra l’homme plus fort ?



Des choix, des doutes, des certitudes, des jalousies, des chagrins, des déceptions, des amitiés : la vie continue en offrant des voies nouvelles pour celui qui voudra les emprunter.



Le potier Minoen Kalikaros s’implique, il met tout en œuvre pour saisir les opportunités, et reprendre le cours d’une existence qui a bien failli lui échapper. Plus de 3000 ans plus tard, l’homme du XXIe siècle doit toujours livrer ce même combat.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mars 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414519422
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
Immeuble Le Cargo 157, boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous nos livres sont imprimés dans les règles environnementales les plus strictes. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-51943-9

© Edilivre, 2021
Exergue






« Il n’y a rien de plus terrible que la mer pour dompter un homme »
Homère – L’Odyssée (VIII, 138)
I
Cela faisait plusieurs heures que Kalikaros avait quitté l’île, et qu’il naviguait à bord de son bateau pour rejoindre Potamos. Si maintes pensées s’agitaient dans sa tête, plusieurs questions le taraudaient : Qu’allait-il encore découvrir au sujet de sa famille ? Allait-il enfin retrouver le fil de sa propre histoire entre le douloureux passé, l’agréable présent, et l’incertitude de l’avenir ? Plus curieux qu’inquiet, si le potier s’interrogeait ainsi, il n’en perdait pas pour autant l’attention à la manœuvre. Certes Eole était bienveillant en cette belle matinée, mais les souvenirs de son arrivée sur la plage, à demi inanimé, échoué, et jeté par les flots, plutôt que parvenu à la nage de son plein gré, lui laissait à jamais l’empreinte de la prudence lorsqu’il devait prendre la mer.
Il sourit malgré lui en apercevant la ligne bleu sombre, qui se détachait sur celle, turquoise, de la mer. La terre n’était pas loin. Habilement, il mania les cordages pour caler la voile sous le meilleur angle, et l’offrir au souffle du vent, qui continuait ainsi à le pousser vers cette côte aperçue. Il se surprit à prendre du plaisir à ce genre de travail. Serait-il sur le point de se réconcilier avec Thalassa, en dépit de son appréhension restante ? Autour du bateau, des dauphins sautaient, en jetant de petits cris stridents. Les mouettes tournaient près du mât. Kalikaros se demanda soudain si pendant sa dérive, avant d’atteindre l’île salvatrice, ces animaux tellement familiers, et attentifs à la présence des marins, ne l’auraient pas accompagné, et pourquoi pas guidé, alors, qu’accroché à son morceau de bois flottant, il était presqu’inconscient.
— Possible ! Se dit-il.
Il huma avec délectation la brise chargée d’embruns qui caressait son visage, plus qu’elle ne le fouettait. Le moment était appréciable, sans tracasserie parasite. L’homme put, ainsi, se laisser à la joie simple du spectacle de l’étendue bleue, scintillante, relativement calme, juste assez en mouvement pour les porter, lui et son embarcation jusqu’à destination, sous un soleil éclatant.
Plissant les yeux, il ne perdait pas de vue l’entrée du port. Les quais se dessinaient nettement, ainsi que les diverses barques déjà amarrées. Toujours cinglant vers sa destination, à mesure qu’il s’en approchait, il distinguait à présent le mouvement des gens, qui allaient et venaient, au gré de leurs activités.
Kaïros , c’est le moment présent. Le potier connaissait bien ce mot, lorsqu’il vivait du côté de Santorin. Et, si son amnésie passagère le lui avait fait oublier, il avait, à présent, retrouvé une partie de sa mémoire. Alors, tel un flash, ce mot revenait à point nommé dans son quotidien. Cela correspondait parfaitement à son état d’esprit : l’importance de vivre l’instant présent, à le saisir, pour éviter qu’il ne s’évade, et ne se perde à tout jamais.
Dans l’esprit du potier s’implantait lentement le jeu du sort (ou plutôt : Tyché ) qui l’avait conduit en ce lieu. Combien de rencontres, de hasards, de volonté personnelle avait-il fallu pour être encore en vie ?
La proximité du quai et la délicate manœuvre d’accostage firent reprendre ses esprits à Kalikaros, en le ramenant de façon bien concrète à ces instants aussi précis que précieux. Après l’avoir hélé, il fit un signe à un marin qui déambulait, et lui jeta le cordage d’amarrage. L’homme s’en saisit, et l’enroula solidement en attendant que Kalikaros, sautant lestement près de lui et le remerciant de son aide, ne prenne en main la suite de l’opération. La barque étant solidement maintenue le long du quai, le potier poussa un grand soupir de satisfaction en la regardant avec autant d’attention que de fierté. Elle était à lui, il en était propriétaire grâce à la générosité de ses nouveaux amis, à sa propre ténacité, et à sa conviction envers ses projets professionnels. Même si cette modeste embarcation n’était pas toute neuve, il en prenait, et en prendrait, grand soin. Il en relisait également, avec un plaisir non dissimulé, le nom peint sur le flanc « Μίνως » ( Minos) .
Ajustant son vêtement, il lançait un coup d’œil circulaire autour de lui. Il repéra ainsi facilement un emplacement libre pour y installer sa marchandise, car il était venu jusque-là pour retrouver ses anciennes connaissances, mais aussi pour vendre ses productions. Il se livra donc aux manipulations de déchargement qui lui étaient, à présent, redevenues familières.
Fabriquer, produire, il en convenait : c’est un travail particulier. Mais installer un étalage, vanter, et vendre la marchandise : ça c’était une autre affaire ! Ces gestes lui avaient coûté beaucoup d’efforts, car il avait, au fond de lui, l’impression de ne pas les avoir pratiqués souvent auparavant. Il se dit qu’il devait avoir, jadis, des apprentis, des vendeurs, des ouvriers ou des associés… Mais, il avait beau chercher dans sa mémoire, aucun souvenir précis ne vint s’imposer à lui de façon claire et précise.
Laissant là ses réflexions sur un passé qui comportait encore des pans bien mystérieux, il se hâta à sa tâche de l’instant. Toute la matinée il vit défiler une galerie de personnages : clients et clientes issus de milieux sociaux très différents. Cela amusait Kalikaros d’imaginer le sort de ses céramiques dans diverses demeures habitées par tous ces gens. Parmi le flot des acheteurs, une cliente attira son attention. Elle était d’une élégance sobre, mais arborait quelques bijoux peu communs. Le potier s’enhardit :
— Pardonne mon audace et ma curiosité, mais peux-tu me dire où tu as acheté cette superbe parure qui te va si bien ?
La cliente, surprise, posa devant elle le vase au décor Kamares , qu’elle avait l’intention d’acquérir. Elle releva la tête, puis prit le temps de dévisager son interlocuteur, avant de répondre :
— C’est un cadeau de mon époux. Je crois savoir qu’il l’a acheté ici, chez un orfèvre assez célèbre, mais donc je ne me souviens plus du nom…
— Merci, je trouverai bien. On me renseignera, je connais un peu de monde dans ce port.
Après avoir servi la cliente, qui avait finalisé son achat, le potier leva les yeux vers le ciel, et estima, d’après la position du soleil descendant vers l’horizon, qu’il serait bientôt temps de ranger les poteries invendues. D’ailleurs, le mouvement était amorcé sur tous les étals dans un joyeux concert d’éclats de voix, de bruits divers d’objets qui s’entrechoquaient, manipulés avec plus ou moins de délicatesse par des mains lasses, mais impatientes.
Sur le quai, près des bateaux, on s’affairait également. Un marin, au visage connu, esquissa un sourire à l’encontre du Minoen, la voix suivit avec une amicale interjection :
— Ho, Kalikaros, tu es tout seul aujourd’hui ? Matsokis n’est pas avec toi ?
Le potier fit quelques pas vers le marin :
— Oui je suis venu seul.
Un peu dubitatif le marin demanda :
— Il t’a prêté son bateau ?
— Non, non, j’ai pris le mien.
— Aussi je m’étonnais, ricana l’homme, il est correct Matsokis, mais ce n’est pas un grand causeur, ni un généreux.
— Il gagne à être connu, je t’assure. Même s’il n’est pas bavard, il sait rendre service, crois-moi ! répondit Kalikaros en mettant la main sur l’épaule du marin. Il poursuivit en pointa le doigt vers les barques à l’amarre :
— Regarde, mon bateau c’est celui-là : le Minos.
— Hé bien ! Bravo ! En peu de temps tu as réussi à être ton propre patron.
— Pas tout à fait, l’ami, mais ça viendra en son heure. Pardonne-moi de te quitter, mais j’ai un rendez-vous, je dois partir. La prochaine fois que l’on se verra, on boira un coup ensemble et je t’en dirai plus.
— Adieu, Kalikaros ! Et que les Dieux continuent à veiller sur toi !
— Sur toi aussi, l’ami !
Les deux hommes se séparèrent avec un signe de la main. Il commençait à faire sombre et l’on allumait, ici et là des torches, des lampes à huile afin de se déplacer plus aisément et sans danger.
II
En passant par les ruelles qui montaient vers la cité, le potier repéra une échoppe de bijoutier. Il décida de s’avancer pour savoir ci c’était bien celle de celui qu’il recherchait. C’est dans la lumière tremblotante d’une série de petites lampes, disséminées dans l’atelier de l’artisan, que Kalikaros distingua un homme qui ne semblait ne plus avoir d’âge, mais dont les gestes étaient encore assez précis pour ranger les divers objets épars sur son établi. Il se risqua :
— Bonsoir, pardon de vous interrompre, il est tard, je le sais, mais je voudrais savoir si je peux vous acheter un bijou.
Le vieillard eut un sursaut :
— Bonsoir, qui es-tu ? Je ne t’ai jamais vu par ici.
— Non, je ne suis pas de Potamos. Je suis un potier. Je viens vendre mes céramiques au marché, sur le port. J’ai aussi quelques amis à qui je viens rendre visite.
Méfiant, le vieil orfèvre se fit plus curieux :
— Quels amis ? Dis-moi un peu leur nom, je les connais peut-être…
En dépit d’un mouvement d’agacement, Kalikaros répondit :
— Il y a Rhénotis, Lykos, et puis des marins, des marchands, qui fréquentent le port, mais je n’en sais pas tous les noms…
— Oui, oui, Lykos, Rhénotis je connais. Mais pourquoi veux-tu un bijou ?
Le Minoen était un peu embarrassé :
— C’est pour faire un cadeau. Enfin, je l’ai promis à une amie.
L’orfèvre hocha la tête avec un sourire amusé :
...

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