Le planqué - Nouvelle édition augmentée
132 pages
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Le planqué - Nouvelle édition augmentée , livre ebook

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Description

Dès les premiers combats de mai 1940, François est fait prisonnier et envoyé en captivité en Allemagne, alors que son frère a été mobilisé en usine comme Affecté Spécial (un « planqué » disent certains). Dans cette fratrie divisée, Madeleine, la femme de François, n’a qu’une idée en tête : faire revenir son mari de captivité. En dépit de toutes ses tentatives pour parvenir à ses fins – de la dénonciation à la connivence avec l’Occupant – elle échoue à faire rapatrier son mari. Jusqu’au jour où l’espoir renaît à l’annonce du dispositif de la « Relève » en juin 42. Mais cette dernière opportunité révèle des secrets qui déchirent la famille, et de découvertes en rebondissements le Planqué se retrouvera en première ligne des combats dans la Division Leclerc, jusqu'à une fin inattendue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334184083
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-18406-9

© Edilivre, 2016
Du même auteur
Du même auteur :

L’atoll de Zanga Wi , roman, 2015 (Edilivre)
Citation


« L’homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu’elle est ».
Camus. L’homme révolté.
Prologue L’annonce « affecté spécial »
En cette fin d’après-midi d’un dimanche de l’hiver 2010, Fabrice Deldon – un homme d’une soixantaine d’années – s’extirpa d’une sieste qui avait accompagné un énième « Vivement Dimanche » de l’inoxydable Michel Drucker et se dirigea dans la cuisine pour se faire un Nespresso. En regardant par la fenêtre qui donnait sur le jardin, il remarqua des pas dans l’allée enneigée qui conduisait à la maison qu’il avait faite aménager pour accueillir sa mère. La vieille dame ne sortait plus guère maintenant, et bientôt la neige deviendrait boue et l’empreinte de ses pas s’effacerait. Il devait lui rendre visite avant qu’il ne soit trop tard.
Il savait depuis longtemps qu’elle avait des choses à lui dire ; des réponses aux multiples questions qu’il avait maintes fois posées sur les années de Guerre, et restées sans réponse. Peut-être cette fois-ci se sentait-elle en mal de confidences et chercherait-elle à lui révéler ce qu’elle cachait depuis si longtemps et dont il sentait confusément qu’elles pesaient sur sa conscience.
Fabrice Deldon enfila ses boots à la hâte et endossa sa parka. La neige encore fraîche crissait sous ses pas en descendant l’allée bordée de buis qui conduisait à la petite maison. Il pensa que si sa mère était sortie dans la matinée comme les traces l’attestaient c’est qu’elle devait être résolue à lui faire part de choses importantes. La relation qu’ils entretenaient était emprunte de respect et de reconnaissance mutuelle mais sans débordements affectifs bien qu’elle l’ait élevé seule et qu’il eut ensuite pris grand soin de lui assurer confort et sécurité.
En arrivant sur le perron il fut surpris de constater que la porte vitrée qui donnait sur le salon était entr’ouverte en dépit du froid hivernal. La vieille dame l’y attendait, assise dans un fauteuil de velours sombre qu’on ne pouvait dissocier de sa personne tant il épousait ses formes.
A son entrée elle se leva en prenant appui sur une canne qu’elle tenait toujours à portée de main et l’accueillit en lui versant d’emblée une tasse de thé posée sur le guéridon où était dressé un plateau d’argent ciselé avec le service et quelques gâteaux secs. Son regard bleu délavé traduisait la satisfaction qu’elle éprouvait à recevoir son fils.
– Je ne te vois plus guère ces temps-ci. Mais ce n’est pas un reproche, précise-t-elle.
Fabrice se justifia en invoquant ses affaires qui l’accaparent, les déplacements à l’étranger, et le temps qui passe si vite. Le dialogue a du mal à s’engager. Après avoir avalé quelques gorgées de thé, et pour sortir des propos anodins de circonstance, il lança à la vieille dame qui semblait attendre sa question :
– J’ai l’impression que tu as quelque chose à me dire.
Loin de lui l’idée de faire pression sur sa mère pour l’amener à dévoiler des non-dits qui avaient jusqu’à présent nourri ses incertitudes sur le parcours de sa famille pendant la Guerre. Comme tout un chacun Fabrice Deldon s’était interrogé maintes fois sur les comportements des uns et des autres pendant ces années d’Occupation. Avaient-ils été du côté des martyrs ou du côté des bourreaux ? Avaient-ils été des justes ou des salauds ? Peut-être n’avaient-ils été que des quidams préoccupés par leur survie et la préservation de leur quant-à-soi ?
Tout cela était bien loin désormais, et le temps maintenant était compté. Faute des informations qu’il avait maintes fois sollicitées, Fabrice reprendrait bien vite le cours de sa vie active et le passé resterait à jamais lettre morte.
Il fallait en venir au fait. Il avait appuyé sa phrase « … tu as quelque chose à me dire » d’un sourire complice pour encourager sa mère à enchaîner le propos.
– C’est vrai, confesse-t-elle. Tu m’as souvent interrogée sur les années de Guerre et je sais que ta curiosité n’a pas été satisfaite. Je t’ai très peu dit à propos de ton père, que tu n’as pas connu.
– Je sais seulement qu’il est mort à la fin de la guerre, en 1945, quelques jours avant ma naissance. C’est l’essentiel, non ?
– Bien sûr, mais il faut que tu saches toute l’histoire…
Elle s’arrêta de parler ; elle avait des difficultés à respirer et devait fréquemment reprendre son souffle.
– Il faut que tu saches une chose importante : ton père était Affecté Spécial pendant la guerre.
Elle avait lâché cette phrase et prononcé ces mots comme un aveu que l’on délivre pour se libérer d’un fardeau.
Fabrice Deldon se contenta de manifester sa surprise par un haussement de sourcils interrogatif, ignorant la signification de cette annonce : « Affecté Spécial ! ». Il attendait que sa mère explicite son propos.
Ce qu’elle fit sans qu’il eût à la relancer :
– Un Affecté Spécial était un Appelé qui a été maintenu à son poste civil lors de la Mobilisation Générale. Il n’a donc pas été envoyé sur le front des combats à la déclaration de guerre en septembre 1939.
Elle reprit son souffle rapidement pour ne pas laisser à son fils le temps de l’interrompre. Il fallait qu’elle aille d’un trait au bout de son explication, qu’elle délivra comme une forme de justification.
– C’était nécessaire tu comprends. Il fallait des spécialistes en usine pour produire les armes et les équipements militaires qui faisaient cruellement défaut à l’armée française quand la guerre a été déclarée.
Elle marqua un temps d’hésitation avant d’ajouter d’une voix à peine audible :
– Mais, pour beaucoup, tout homme mobilisé en usine ne pouvait être qu’un… planqué !
Fabrice reçut ce mot comme un coup à l’estomac. Tous les fantasmes qu’il avait entretenus sur la mort de son père allaient-ils s’effondrer dans cet aveu tardif et peu glorieux ?
Il n’eut pas le courage de questionner davantage la vieille dame qui à l’évidence ne dirait rien de plus. Il avait compris qu’elle avait franchi un cap qui lui avait coûté déjà bien des efforts. Elle manifestait des signes de fatigue.
Quelques propos s’échangèrent encore, en dehors du sujet évoqué comme si cette révélation ne le concernait pas, mais aussi pour apaiser la vieille dame et ne pas manifester une curiosité qui sans doute l’eut mise mal à l’aise.
Il l’assura de toute son affection, l’embrassa sur le front et repartit en disant « A bientôt Maman ».
A partir de ce moment, Fabrice Deldon va chercher à comprendre, va remonter le temps et démêler l’écheveau d’une histoire chargée jusqu’alors d’obscurs non-dits.
Première partie Une fratrie divisée
Samedi 18 décembre 1940, à Boulogne-Billancourt, en banlieue parisienne.
Dans la France occupée depuis la débâcle de l’armée française et l’armistice signée en juin 1940, Madeleine revient ce jour-là du marché avec quelques provisions dans son cabas. Elle est enceinte et progresse lentement dans la cour de son immeuble, vêtue d’un long manteau gris, la tête couverte d’un fichu de laine. Il fait particulièrement froid cette année et les rigueurs de l’hiver ajoutent encore aux difficultés que vivent les populations en ces débuts de l’Occupation.
Madeleine est une jeune femme de vingt-cinq ans, brune à cheveux courts, nerveuse et décidée par tempérament. Elle a toujours consacré à son foyer l’essentiel de ses attentions depuis son mariage en 1937, qui était pour elle l’aboutissement d’un parcours laborieux et méritoire.
Fille de petits cultivateurs normands, elle s’est forgée une ligne de conduite depuis qu’elle a quitté le collège, puis suivi et réussi des études de sténodactylographe. Embauchée dans une petite entreprise de négoce de légumes de banlieue parisienne, elle a mené une vie sans histoire, loin des flonflons, des fêtes et distractions. Il aura fallu attendre les évènements de 1936, le Front Populaire et les congés payés pour qu’elle sorte, se mêle et participe aux agapes du moment. C’est d’ailleurs en accompagnant une collègue de bureau dans un mouvement de soutien aux grévistes de Renault, aux heures chaudes du Front Popu qu’elle rencontrera François. Ils se marieront l’année suivante.
La concierge sort de la loge à son approche. Elle lui tend une lettre dont elle a visiblement identifié l’origine au vu de l’affranchissement spécifique aux courriers en provenance des soldats français prisonniers de guerre :
– Ma petite Madeleine, lui dit-elle sur un ton de sincère componction, il y a une lettre pour vous. Elle vient d’Allemagne ; c’est de votre pauvre François j’imagine ! Il a eu quand même plus de chance que mon petit neveu ; lui s’est fait tuer en mai dernier dès les premiers combats sur le front de la Meuse. Heureusement qu’il y a eu l’Armistice… Quel soulagement, on y serait tous passés sinon ! lance-t-elle en poussant un coup de balai rageur.
Elle enchaîne :
– Et pour François comment ça s’est passé ?
Madeleine ne peut se soustraire à cette inquisition de la vieille concierge, curieuse comme il se doit.
– François a été fait prisonnier, lui. Maintenant il est en captivité ; il a été affecté dans une ferme du Bade Wurtemberg. Je sais peu de choses encore. C’est pour ça que je suis pressée de lire enfin une lettre de lui, coupe-t-elle, façon pour Madeleine d’écourter la conversation.
* *       *
Elle regagne un petit appartement sans grâce mais propret où elle vit seule désormais, dans l’attente d’une naissance prévue pour le printemps prochain.
A peine a-t-elle posé son sac qu’elle ouvre la missive avant même d’ôter son manteau. Elle s’assied devant la table de cuisine couverte d’une toile cirée immaculée où trône la photo de Franç

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