Les Fables de Cambyse
316 pages
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Les Fables de Cambyse , livre ebook

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Description

Les ennuis commencent pour Argyles, jeune médecin égyptien du VIe siècle avant J.C., quand le pharaon Amasis l’envoie à Pasargades soigner l’ophtalmie du roi Cambyse. Il ne se doute pas qu’il sera bientôt de retour avec une armée d’occupation, et que débutera alors le règne des pharaons perses. Menacé de mort, il devra quitter ses amis Ésope, Crésus et Nitétis, pour mener une vie d’errance qui le conduira en Grèce, où il assistera à la naissance de la tragédie. Fuyant les guerres médiques, il suivra la trace de Pythagore jusqu’à Crotone, au sud de l’Italie, où il finira ses jours sans avoir pu mener à bien la rédaction de son œuvre maîtresse, ce fameux serment auquel Hippocrate donnera sa forme définitive.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414032914
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-03289-1

© Edilivre, 2017
Les origines
J e ne suis pas responsable de la mort de Cambyse. J’étais en Égypte quand j’ai appris la nouvelle. Cela faisait plusieurs mois qu’il se passait de mes services. Il avait tenté de me faire assassiner, comme beaucoup d’autres, mais peu importe. Qui s’en soucie à présent ? Darius lui a succédé, et il est mort lui aussi. La plupart de mes amis ont également disparu. Certains étaient célèbres, comme Ésope ou Crésus, d’autres beaucoup moins. C’est leur histoire, autant que la mienne, que j’ai tâché de faire revivre ici, sans tricher. Mon récit n’est pourtant pas exempt de lacunes, d’imprécisions, et de petits arrangements avec la vérité. Je ne prétends pas avoir la mémoire de Simonide ni la rigueur de Solon !
Je m’appelle Argyles. Je suis né en Égypte en l’an dix du Règne du pharaon Amasis 1 de parents étrangers. Mon père accompagnait une délégation athénienne de philosophes et d’artistes, ma mère était traductrice pour l’ambassadeur de Perse. Ils passaient leur temps libre ensemble, apprenant à mieux se connaitre, de telle sorte que ma venue au monde ne fut une surprise pour personne. Après cet événement mémorable mes parents partirent vivre à Memphis où ma mère enseigna dans l’école d’interprètes fondée par Psammétique Premier. Mon père était peintre et sculpteur, mais il dut longtemps travailler dans un atelier de poterie pour gagner sa vie.
J’ai appris très jeune les langues maternelles de mes parents ainsi que celle de mon pays de naissance. A l’adolescence j’ai suivi les leçons d’Anemhep, le médecin personnel d’Amasis, qui devait sa maitrise de l’anatomie à la fréquentation assidue des embaumeurs. J’ai complété mon éducation en recopiant les papyrus à la maison de vie, puis en parcourant l’Égypte pour recueillir les recettes oubliées des anciens. Sur le tard je me suis spécialisé en ophtalmologie, une discipline que je suis encore loin de maitriser. L’œil d’Horus, que je porte en pendentif, m’a aidé à me tirer d’affaire dans des situations où mes lacunes pouvaient devenir embarrassantes. J’ai également emprunté quelques incantations aux médecins du temple, que j’utilise occasionnellement.
Anemhep, ayant atteint un âge vénérable, a été contraint de céder sa place. Je lui ai succédé, mais je ne suis pas resté seul bien longtemps. Au bout d’un an nous étions une demi-douzaine, tous de spécialités différentes. Mes fonctions officielles me laissant des loisirs, j’ai alors eu l’occasion de faire des rencontres qui ont compté pour moi. Je pense tout particulièrement à Pythagore, qui s’était fait initier aux mystères de la résurrection d’Osiris par les prêtres de Thèbes. Ma position privilégiée ne m’est pas pour autant montée à la tête. J’avais aussi peu d’ambition qu’un obscur médecin de province, et je me figurais que ce serait mon avenir, quand le pharaon m’aurait renvoyé dans mes foyers.
J’ai vécu six longues années à la cour d’Amasis. Je me suis marié avec Abina, une jeune interprète rencontrée à l’école où enseignait ma mère. Nous avons eu un fils que nous avons appelé Manéthéo, et nous avons fait bâtir dans le centre de Saïs 2 . Nous pensions y vivre sereinement jusqu’à la fin de nos jours, mais les dieux, ou le destin, en décidèrent autrement.
1 . Vers 560 avant JC.
2 . Capitale de la XXVI° dynastie, située dans le delta du Nil.
À la cour du roi de Perse
A masis avait éliminé Apriès pour s’emparer du trône et du titre de pharaon, mais c’était un tendre comparé à Cambyse. Le roi de Perse, héritier légitime du grand Cyrus, avait une réputation de folie et de cruauté qui n’était pas usurpée. Vous allez me dire qu’il n’y a pas de gentils tyrans, certes, mais certains d’entre eux se distinguent par leur esprit inventif. Je n’avais aucune envie de fréquenter ce genre d’individu. Ma seule ambition a toujours été de rester en vie et de protéger les miens. Cela peut sembler modeste, mais cela relevait de l’exploit en ces temps troublés.
Le roi Cambyse avait l’œil gauche clos par des sécrétions évoquant de la vieille colle de poisson séchée. Le traitement prescrit par son médecin personnel n’avait fait qu’empirer les choses. L’onguent employé contenait notamment des chiures de mouche et de l’urine d’âne. Une nouvelle formule à base d’excréments de chauve-souris mélangés à du miel lui avait redonné espoir, mais l’œil droit avait été atteint à son tour. Le roi étant devenu très irritable, il y eut beaucoup d’exécutions sous des motifs divers, et c’est ainsi que le poste de médecin personnel du souverain se trouva vacant.
Le pharaon Amasis, au courant de la situation par son ambassadeur qui revenait d’Égypte, voulut faire un geste. Il proposa mes services à Cambyse, qui les accepta avec empressement. Quant à moi, mis devant le fait accompli, je n’eus d’autre choix qu’obéir et remercier pour l’honneur qui m’était fait. Les formalités furent vite expédiées, et une dizaine de jours plus tard j’étais au chevet de mon puissant malade.
Le remède en vogue en Égypte en ce temps là consistait en l’instillation dans l’œil atteint du premier lait d’une femme ayant mis au monde un enfant mâle, à l’aide d’une plume de vautour. À défaut, une plume d’oie pouvait également faire l’affaire. N’ayant aucun de ces ingrédients sous la main, je conseillai des lavages d’eau claire répétés plusieurs fois par jour, et fis appliquer matin et soir sur les paupières du souverain des linges imbibés d’une eau tiédie dans laquelle j’avais laissé macérer des fleurs de camomille, une plante originaire d’Égypte dont l’usage s’était répandu jusqu’en Perse.
Je lui fis également porter une amulette représentant l’œil Oudjat. En lui passant autour du cou j’avais jugé opportun de marmonner une courte prière pour son salut et le mien, les deux étant étroitement liés :
« Ô Thot, Dieu tout puissant, aide-moi à guérir le bon roi Cambyse, sinon ma courte carrière risque de connaître un dénouement tragique ! »
J’étais sans doute béni des dieux car mon traitement fut couronné de succès. Le roi voulut garder mon amulette. J’en fis venir une autre d’Égypte à mes frais, ainsi qu’un nœud d’Isis en jaspe rouge que je possède encore et que je conserve jalousement, car j’ai la faiblesse de croire qu’il me protège.
Guéri, Cambyse fut d’excellente humeur. Il voulut me prouver sa gratitude en m’attribuant une rente à vie. Il mit également à ma disposition une chambre dans une aile du palais avec un bureau attenant équipé de tout le nécessaire pour pratiquer la médecine. En contrepartie je devais coucher sur place, car il pouvait faire appel à moi à tout moment. Je lui fis timidement remarquer que le pharaon Amasis m’avait seulement « prêté », et qu’il était prévu que je retourne chez moi à l’issue de son traitement.
– Eh bien non, je te garde, me répondit-il, tu seras mon médecin personnel. Je remercierai Amasis pour son cadeau, et il ne pourra faire autrement qu’accepter.
Je lui expliquai alors que ma femme et mon fils étaient restés en Égypte et qu’ils n’avaient aucun moyen de subsistance.
– Ce n’est pas un problème. Ils peuvent te rejoindre à Pasargades, ou, si tu préfères, tu leur enverras chaque mois une partie de ta rente. Fais ce qui te convient le mieux. À ta place, j’en profiterais pour commencer ici une nouvelle vie. Les belles filles de manquent pas en Perse.
Je choisis alors de laisser ma femme et mon fils en Égypte, bien que cela me brisât le cœur, et de leur envoyer la plus grosse part de mes revenus. Je pensais les faire venir quand ma situation aurait été bien assise, à condition que leur vie ne fût pas mise en péril par les jalousies et les inimitiés que mes nouvelles fonctions pouvaient faire naître dans ce pays dont je connaissais la langue, mais pas les coutumes.
Cambyse régnait dans le palais construit par son père Cyrus II à Pasargades. Bâtie en altitude, cette cité était alors la capitale de l’empire perse. La citadelle royale, assez vaste, devait sa réputation à ses jardins paradisiaques. Les réceptions avaient lieu en plein air des premiers jours du printemps à la fin de l’automne.
La cour du souverain se composait pour l’essentiel de ses proches, de ses conseillers, et de sa garde rapprochée. Lors de mes allées et venues dans le palais je croisais régulièrement ses demi-sœurs Atossa et Meroe, sa sœur Roxane, son maître des requêtes Prexaspes, et aussi Crésus, l’ancien roi de Lydie destitué par Cyrus. Il était souvent accompagné d’un curieux personnage, petit et difforme, qui se faisait appeler Ésope et qui était en fait un esclave phrygien affranchi. Le frère aîné de Cambyse, Smerdis, apparaissait de temps en temps, et ces entrevues se terminaient régulièrement par des disputes. Il se retirait alors dans une satrapie 3 que lui avait attribuée son père. Il ne pardonna jamais à Cyrus d’avoir choisi son cadet pour lui succéder, alors que la place aurait normalement dû lui échoir.
Pour rendre plus agréable ce qui ressemblait bien à une captivité, Cambyse m’avait fait don d’une esclave à qui il avait ordonné de me tenir compagnie chaque nuit. Cette jeune femme était une Grecque d’Asie mineure nommée Cléonice, une fille de bonne famille qui avait été enlevée lors d’une campagne militaire par un lieutenant du roi de Perse. Elle s’était retrouvée parmi les esclaves personnelles de Cambyse après l’assassinat de ce lieutenant pour un motif maintenant oublié. Soumise durant des mois à leurs désirs les plus grossiers, elle en avait gardé un vif sentiment d’humiliation. En ce qui me concerne je n’ai jamais cherché à profiter de la situation. Cléonice couchait sur une banquette basse dans un coin de mon bureau et m’apprenait des expre

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