Les Filles d Antigone
228 pages
Français

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Les Filles d'Antigone , livre ebook

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Description

De l'Antiquité à nos jours, la vie de femmes rebelles.

Elles ont opposé leurs valeurs personnelles à la loi d'un État despotique.

Elles ont dit non à la force brutale.

Au-delà du féminisme, elles ont agi au nom du genre humain.

Certaines l'ont payé de leur vie, telle cette jeune étudiante allemande, exécutée à Munich, en 1943, pour avoir déposé à l'université des tracts anti-nazis.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414067749
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-06772-5

© Edilivre, 2017
Du même auteur
Du même auteur :
La Légende de Christophe
Roman
France Europe Edition
Les Filles de Médée
(Femmes en rupture, mères maltraitantes)
Essai
Les Presses du Midi.
Prologue
L’homme reconnaît son désir au changement dans son corps et la femme s’abandonne au plaisir d’être prise par l’homme. Dans le jardin d’Eden, rien de tel. Adam et Eve ne savent pas qu’ils sont nus. Ils se regardent sans honte mais aussi sans envie, ils vivent dans l’ignorance de l’interdit et du péché. La nuit, ils dorment comme des enfants, l’un près de l’autre, sans que rien ne trouble leur sommeil, et se promènent le jour dans les allées fleuries. Ils ont le droit de cueillir tous les fruits du verger sauf ceux du pommier. C’est la seule restriction qu’impose Yaveh Dieu, leur créateur. Tel est son ordre, sous peine de mort.
« Non, vous ne mourrez pas, dit le serpent perfide à Eve pour la tenter. Ce pommier est l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Manger ses fruits, c’est accéder au savoir divin. Yaveh sait que du jour où vous en mangerez vos yeux s’ouvriront et vous deviendrez son égal. Et puis, leur chair est délicieuse… »
Eve, séduite par les propos perfides du démon, cède à la tentation. Elle cueille une pomme. Après avoir croqué dedans elle la présente à son mari pour qu’il goûte à son tour. Aussitôt l’homme et la femme s’aperçoivent qu’ils sont nus. Gênés, ils couvrent leur sexe avec des feuilles de figuier.
Mais Yaveh les surprend. Alors, pour punir Eve de lui avoir désobéi, il condamne la femme à la souffrance, la plainte, la soumission : « Tu enfanteras dans la douleur, ton désir te portera vers ton mari et lui te dominera. » Et pour punir Adam d’avoir écouté Eve, il condamne l’homme au travail pénible et à la finitude dans la mort : « Tu te nourriras des plantes du sol qu’il te faudra extraire entre les ronces et du pain qu’il te faudra gagner à la sueur de ton front, et ce jusqu’à ce que tu retournes à la terre d’où tu as été tiré, car tu es poussière et tu retourneras à la poussière. » (La Genèse, 3,1). Puis il chasse le couple du Paradis Terrestre et l’exile sur la terre.
Sur la terre, les hommes sont forts et les femmes allaitent les bébés. Est-ce à cause de ces données physiologiques (ou de la malédiction divine ?) qu’à l’aube de l’évolution les mâles, partis à la chasse ou à la guerre en laissant les femelles dans les grottes, ont pris les pouvoirs domestique et politique ? Le paradigme de l’homme qui agit dans le monde et de la femme passive, soumise et confinée dans la sphère familiale était né. Il a traversé les civilisations. En contrepoint, les figures féminines qui transgressent une loi supérieure ou qui résistent à l’oppression ont nourri les mythologies païenne et judéo-chétienne. En voici deux exemples, en Grèce et en Judée.
Thèbes, Béotie, Grèce centrale. Oedipe et Jocaste, roi et reine de Thèbes, ont eu quatre enfants : deux fils, Etéocle et Polynice, deux filles, Antigone et Ismène. Le couple royal étant mort, le pouvoir est vacant. Etéocle, qui ne veut pas partager la couronne avec Polynice, lui déclare la guerre. Voici qu’une lutte fratricide s’engage. Au cours d’un combat aux portes de la ville les deux frères s’entre-tuent. Créon, leur oncle, se fait acclamer roi. Pour mettre définitivement fin aux troubles qui ont agité la cité et affirmer sa jeune autorité, le nouveau maître de Thèbes croit bon de promulguer des lois. L’une d’elles régit le sort des dépouilles princières : Etéocle, bien qu’à l’origine du conflit, sera enterré avec tous les honneurs dus à son rang tandis que Polynice, qui a levé une troupe étrangère, sera abandonné sur le champ de bataille, son corps livré aux charognards. Il n’est à personne permis de lui rendre hommage, sous peine de mort. Des gardes empêcheront quiconque d’approcher du cadavre.
Le culte des morts est l’un des fondements de la pratique religieuse du peuple hellène. Ce décret est arbitraire, injuste et non conforme à ses coutumes et croyances. Antigone, attachée à son frère et aux valeurs de ses ancêtres, refuse de s’y soumettre. Pour elle, Polynice doit être enseveli selon les rites pour que l’âme du défunt rejoigne l’au-delà. Telle est la tradition. Elle la fera respecter quoi qu’il en coûte, fusse au péril de sa vie.
Une seule pensée occupe désormais sa conscience : enterrer le défunt. Elle confie son projet à Ismène. Mais Ismène, effrayée, conseille la soumission. Antigone, déçue par la lâcheté de sa sœur, décide d’agir seule. Elle sort de la ville dans la nuit pour se rendre en cachette sur le champ de bataille, trouve le corps de son frère et entreprend de le couvrir de terre. Hélas, le bruit alerte une patrouille. La princesse est arrêtée et amenée devant Créon.
Le roi, embarrassé, accepte de fermer les yeux sur l’infraction de sa nièce pourvu que personne ne l’apprenne Ainsi, son autorité ne sera pas remise en cause, le peuple ne pourra l’accuser de faiblesse partisane, il ne perdra pas la face. Mais Antigone refuse le compromis. Elle revendique son acte qu’elle juge légitime. Non révélé, celui-ci perdrait en sens et en valeur. Elle le proclame haut et fort afin que tous, à Thèbes, l’entendent. A Créon, s’il veut rester crédible et respecté, ne reste plus qu’à condamner sa nièce à être jetée aux oubliettes.
Béthulie, en Judée. Ozias, archonte de la cité, a refusé de se soumettre à Nabuchodonosor, le puissant roi des Assyriens. Holopherne, le chef de son armée, fait le siège de la cité. Après avoir occupé les points d’eau et les postes élevés sur les crêtes, il concentre ses troupes devant les murs. Béthulie est encerclée. Aucune issue possible, aucun ravitaillement.
Le peuple, assoiffé, à l’agonie, supplie Ozias de se rendre : « Nous serons réduits en esclavage mais nous ne verrons pas de nos yeux la fin cruelle de nos femmes et de nos enfants. » (Livre de Judith, 7,28) Ozias, qui veut encore croire en une intervention divine, demande de patienter cinq jours. Au sixième, si rien ne s’est passé, il donnera l’ordre d’ouvrir les portes de la ville.
A Béthulie il est une jeune et riche veuve, pieuse, sage, belle et respectée de tous. Elle a pour nom Judith. Devant l’adversité Judith se refuse à l’échéance fatale. Elle sait bien qu’Holopherne n’aura nulle pitié. Elle s’adresse à Yaveh dans une prière fervente : « Dieu de mon père, Dieu d’Israël, accorde à la main d’une femme, d’une veuve, la force d’agir, à son âme le courage. Ce n’est pas dans la multitude d’une armée que réside ta puissance. Tu es le protecteur des humbles et des faibles, le défenseur des accablés, le sauveur des désespérés. » Après avoir prié, Judith se purifie, se baigne, revêt des habits d’apparat, s’oint de myrrhe et d’encens, tresse sa chevelure couleur d’ébène, orne ses doigts de bagues et de bracelets d’ivoire.
Ainsi parée, plus belle que jamais, Judith s’éloigne de la ville et s’avance dans les rangs ennemis. Les soldats, médusés par son port, sa prestance, sa beauté, la mènent jusqu’à la tente de leur chef. Devant le général la jeune femme s’incline respectueusement. En s’inclinant, sa gorge blanche s’offre au regard de l’homme. Holopherne lui demande ce qu’elle veut, quels motifs l’ont poussée à venir jusqu’ici. Judith, dont le dessein est de se faire passer pour une traîtresse envers son peuple, répond : « C’est pour sauver ma vie. Je guiderai tes guerriers jusqu’à la ville par un chemin secret et je leur livrerai les résistants. »
Holopherne, subjugué par la beauté et la sensualité de cette femme, en oublie toute mesure de prudence. Cette fille d’Israël semble si docile, si désirable, tellement inoffensive. Il commande un festin dans sa tente et congédie ses gardes avec la consigne de ne plus le déranger. Des mets et du vin sont apportés. Holopherne invite Judith à boire. Judith porte la coupe à ses lèvres, boit à peine quelques gouttes et la tend à son tour à Holopherne. Judith boit à nouveau mais très modérément. Le jeu se prolonge dans la nuit. Holopherne, lui, boit beaucoup. Jusqu’à l’ivresse. Jusqu’à ce qu’il s’enfonce dans le sommeil. Au petit jour, Judith saisit une dague et frappe l’Assyrien dans le cou, le frappe tant et tant que la tête se détache du corps, puis, discrètement, quitte le camp endormi et regagne Béthulie en brandissant le macabre trophée.
Cependant la nouvelle de la mort d’Holopherne a jeté un grand trouble parmi les assiégeants. Terrifiés et privés de leur chef, ils s’enfuient en désordre. Voyant cela, les défenseurs deviennent attaquants : ils poursuivent l’ennemi tandis que les cités voisines, prévenues, se joignent à la chasse. L’armée de Nabuchodonosor est défaite, ses soldats terrassés. Judith, la jeune et belle veuve de Béthulie, est louée pour son acte héroïque. C’est la femme qui, avec l’aide de Dieu, a refusé l’adversité et a sauvé le peuple juif.
A l’instar des héroïnes mythiques, les femmes rebelles ont jalonné l’histoire du monde, du Moyen-âge jusqu’à nos jours. Elles ont pour nom Geneviève de Paris, Charlotte Corday, Sophie Scholl, Rosa Parks, Malala Yousafsai. Certaines d’entre elles furent à l’origine de grands bouleversements. D’autres sont mortes pour rien, sans avoir vu le fruit de leur courage. Pour rien ? Non. Comme Sophie Scholl, cette jeune Allemande qui, naïvement, crut qu’elle alerterait son peuple anesthésié du mal qui le rongeait, elles resteront dans les mémoires comme les rares symboles qui font l’honneur de notre pauvre Humanité.
Sophie Scholl, l’étudiante Allemande
Munich. Jeudi 18 février 1943 ; 10h. Hans Scholl, après avoir passé le porche de l’atelier Eickemeyer, a jeté un regard furtif et ci

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