Les Gens de Bien
148 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Gens de Bien , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
148 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Une chronique douce-amère de l’avant-guerre, de l’Occupation, et des années de reconstruction de la France. Non pas racontée par des historiens, mais subie par des gens ordinaires, avec le ressenti du moment, l’ambiance et les problèmes du quotidien. Un roman, certes, mais aussi une description terre à terre de la vie de nos aînés qui ont respiré l’air de l’époque. Les peurs, les joies, les peines, et l’espoir au final, mais cet espoir n’a-t-il pas été trop grand ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mai 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332930156
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-93013-2

© Edilivre, 2015
 
 
Jean Bien était un jeune homme d’origine modeste, d’une intelligence moyenne, mais doué d’une grande ambition, et d’une haute idée de sa valeur. Il avait passé pas mal de son temps scolaire à essuyer le tableau, mettre du charbon dans le poêle au fond de la classe et le reste du temps surtout en primaire, au piquet ! Mais on n’a jamais su si son entrée au Lycée en sixième était due à un coup de pouce sur les notes rédigées par son instituteur qui l’ont mis, par miracle, au niveau exigé pour entrer au Lycée. Le maître fatigué de l’avoir depuis deux ans dans sa classe, avait trouvé ce moyen pour éviter un triplement inévitable.
Sa mère qui avait l’indulgence que donne un amour aveugle pour son enfant unique, était enfin heureuse d’un bon résultat scolaire qu’elle croyait acquis par le travail de son fils.
Au Lycée, Au début Jean passa assez inaperçu car les professeurs ne l’ayant qu’une heure de temps à autre, ne pouvaient pas mesurer sa valeur. Jean donc allait en cours avec assez de conviction car le Lycée lui plaisait finalement. Ne pas avoir toute la journée le même enseignant, était sécurisant pour un adolescent peu travailleur.
L’année 1933 touchait à sa fin, l’automne était tiède et ensoleillé. Jean qui avait pris la mauvaise habitude de sécher le cours de maths d’onze heures, allait passer ce temps dans le jardin public voisin. Un jour il vit que son banc était occupé par un homme âgé aux cheveux blancs qui dépassaient d’une vieille casquette. L’homme lisait et semblait très attentif à sa lecture au point qu’il ne vit même pas Jean s’asseoir au bout du banc. L’heure passe, Jean, se lève pour rentrer chez lui, alors l’homme semble s’apercevoir de sa présence et le salue d’un hochement de tête. Jean répond de même.
La semaine suivante, à l’heure dite, Jean retrouve son banc encore occupé par le même lecteur attentif. Pareillement, l’homme semble captivé par sa lecture, et ne répond pas au salut discret de Jean. Mais lorsque ce dernier se lève au premier coup de midi, il lève la tête et murmure un « au revoir ». Jean rentre à la maison située à quelques centaines de mètres du jardin public, et il rejoint ses parents pour le repas. Ils communiquaient peu dans cette famille, juste le strict nécessaire, pas de conversation soutenue, juste des petites phrases.
Le père était fonctionnaire à la Préfecture, oh pas un grand chef, mais juste un simple attaché au salaire modeste. Ils vivaient quand même dans la sécurité de cet emploi de fonctionnaire garanti à vie et avec une retraite au bout. Mais le père aurait aimé que son fils puisse devenir avec l’instruction, un Directeur pour le moins, car il n’envisageait pas autre chose que l’administration pour son fils.
La mère remplissait sa tâche de femme au foyer et elle le faisait bien, trop même de l’avis de Jean, car on n’entrait pas dans le salon-salle à manger sans les patins de feutre pour épargner le parquet ciré presque quotidiennement. Une famille très ordinaire, mais dans une époque qui allait être tout le contraire.
Les évènements pourtant nombreux et quelque fois inquiétants, faisaient les titres de la presse, mais en France on est de nature optimiste et on s’occupait surtout de la situation sociale et économique du pays, car là, il y avait matière à soucis. En Allemagne le changement de régime allait bon train mais les journaux n’en faisaient pas trop de cas. Les manchettes que Jean lisait en passant devant le kiosque à l’entrée du jardin public, ne disaient rien d’alarmant, tout semblait aller pour le mieux. Sauf bien sûr que la classe ouvrière Française souffrait de l’archaïsme des conditions de travail, qui étaient restées les mêmes qu’au siècle dernier. Et il y avait là une effervescence revendicative qui préparait l’arrivée prochaine du Front Populaire. A la maison de Jean, on n’était pas indulgent envers la classe ouvrière, comme partout en France, les revendications n’avaient pas le soutien massif des classes moyennes et supérieures. Mais à cette époque de grande industrialisation les ouvriers étaient très nombreux et formaient un mouvement assez uni, guidés en cela par les syndicats, tous de gauche, qui s’étaient appropriés les pensées de Karl Marx, et suivaient avec sympathie la révolution bolchevique. Cette idéologie du communisme se répandait chez les ouvriers dans toutes les usines de France. Bientôt la gauche Française sut en tirer parti pour prendre le pouvoir en formant le « Cartel des Gauches » qui après des élections victorieuses, le 3 Mai 36, a formé le gouvernement de Léon Blum. Mais on était encore en 33 et personne n’y pensait.
Sauf que, un jour alors que le temps était au beau fixe, Jean vit que son voisin de banc s’était endormi, et que son livre avait glissé au sol. Il le ramasse et avant de le reposer sur les genoux de l’homme, il lit en haut d’une page :
Léon Blum forme son gouvernement ; la date le surprend car il y est écrit : 5 Juin 1936. Or fin 33 qui pouvaient savoir ? Curieux il continue à lire : Composition du gouvernement :
Président du conseil : Léon Blum
Vice-président : Edouard Daladier
Ministres d’Etat
Camille Chautemps – Maurice Violette – Paul Faure
Ministre de la défense : Edouard Daladier.
Suivait une longue liste mais Jean n’était pas très intéressé par ces informations politiques. Et il referme le livre, le pose délicatement sur les genoux de son voisin, sans le réveiller. Puis quelques minutes plus tard rentre chez lui.
Le traintrain du Lycée, la vie de famille, les jeux, et la gymnastique étaient suffisants pour remplir son temps de jeune adolescent. Il oublia donc vite ce qu’il avait lu. Après l’hiver, arrive le printemps, puis l’été avec les grandes vacances. Enfin une période d’inactivité scolaire, car on ne partait pas en vacances chez lui. Pas de grands parents à la campagne, donc on restait en ville et une petite ville de province n’avait à offrir que trois cinémas et un théâtre poussiéreux. Heureusement il y avait le stade où Jean, nul en math, mais fort en physique ! Excellait dans presque tous les sports. Ce qui lui donnait sa revanche sur ses condisciples forts en thèmes et en Algèbre qui le regardaient de haut lorsque le prof rendait les copies notées, celles de Jean ne brillaient pas avec des notes à deux chiffres. Par contre lors des séances de gym, il se rattrapait en se gaussant de ses amis qui calaient devant la corde lisse, ou le saut en hauteur quand leurs pieds emmenaient souvent l’élastique. Jean prenait alors sa revanche des moqueries. Et il se forçait même un peu pour monter à la corde lisse les jambes en équerre comme il avait vu les trapézistes le faire au cirque.
Son bulletin scolaire brillait d’un 18 ou 19 en gym, et souvent un 2 ou un 3 en maths au maximum, et les autres matières le plus souvent en dessous de dix. Son père le grondait mais sans plus car il savait qu’il n’avait pas brillé lui non plus à l’école. Et au travail il avait dû son avancement à la grande ancienneté.
Après la crise qui avait débuté aux USA en 1929, était arrivé au pouvoir en Allemagne un tribun inspiré, qui galvanisait les foules. Les actualités montraient des foules innombrables ovationner ses propos, jusqu’à l’hystérie collective.
En France l’amorce d’une révolution sociale avec les troubles qui vont avec semblait se préciser. Pourtant le père de Jean restait serein et même optimiste. Il était dans la position de celui qui croît que son avenir n’est pas menacé, car protégé par le « statut » La famille logeait dans un appartement modeste du centre-ville, à deux cent mètres de la Préfecture, et à moins de trois cents du Lycée. Le marché se tenait au bas de la rue et le boulanger dans la maison voisine. Ils ne pouvaient être mieux. Même si le confort était assez spartiate, un seul cabinet à la turque au rez-de-chaussée, une cave en dessous donc quatre étages pour aller au charbon. Car ils logeaient au troisième et dernier étage d’une maison où il n’y avait qu’un seul locataire par étage. Les appartements étaient composés de deux chambres une salle à manger salon, et une cuisine. Un escalier en colimaçon aux virages raides reliait les étages depuis le couloir d’entrée.
Par contre ils avaient tous le gaz de ville, progrès moderne, qui permettait de n’avoir pas à allumer le fourneau en été pour faire cuire les repas mais dont l’énorme compteur trônait dans la chambre des parents, où un tuyau de plomb amenait le gaz dans les étages depuis la canalisation de la rue. La légère odeur de gaz qui flottait autour du compteur leur était devenue habituelle, heureusement le compteur ne faisait du bruit que lorsqu’il débitait.
Ce qui gênait le plus Jean, c’était les WC en bas, car pour la nuit il fallait avoir recours au « seau hygiénique » récipient émaillé avec couvercle qu’il fallait descendre chaque jour pour le vider. Mais aussi la corvée de charbon qui consistait à remonter les quatre étages avec deux seaux pleins de boulets. Il ne fallait pas oublier les allumettes pour allumer le bougeoir car l’électricité par mesure d’économie n’avait pas été amenée au sous-sol. Cette corvée lui était dévolue dès son treizième anniversaire. Heureusement qu’il était solide pour son âge.
La maison appartenait à un ancien artisan maçon, qui en tirait l’essentiel ou presque de ses revenus. Il louait le rez-de-chaussée à un marchand de vaisselle. Ce propriétaire venait quérir son loyer tous les premiers de chaque mois avec une exactitude toute militaire. Sauf le premier Janvier, car il était encore embrumé de vapeurs d’alcool de la veille minuit. Alors là exceptionnellement il passait le 2 au petit matin. Il plaisantait

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents