Leurre du layetier
112 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Leurre du layetier , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
112 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Cet ouvrage est une véritable tranche de vie d'une époque éloignée. On y découvre, entre autres, un métier aujourd'hui disparu, mais extrêmement passionnant. Paris – 1855. Les grands magasins commencent à ouvrir, la révolution industrielle est en marche ainsi qu'une certaine révolte intellectuelle, faite d'utopies et d'intrigues. Les voyages commencent à prendre de l'ampleur pour une bourgeoisie aux moyens quasi illimités. Un nouveau métier voit le jour, son développement étant assuré par le génie qui émane de ses professionnels, par les voyageurs aisés et l'apport de l'exposition universelle. Des personnages spéciaux mais brillants s'y rencontrent pour conspirer en envisageant un moyen de tricher par rapport à la loi en vigueur. Les événements décrits dans ces pages sont réels, la chronologie respectée, seule la liaison qui existe entre eux est romancée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2016
Nombre de lectures 3
EAN13 9782342052343
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Leurre du layetier
René Ricard
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Leurre du layetier
 
 
Remerciements
- Bibliothèque de la ville de Lyon
- BNF
Avant-propos
Ce roman se passe à l’exposition universelle de 1855 et notamment dans la rue appelée actuellement rue d’Aboukir qui ne le fut qu’en 1848. Elle doit son nom à la victoire de l’armée française en 1799 en mémoire de laquelle Bernard Gabriel Seurre fit le bas-relief « la bataille d’Aboukir » qui décore la façade est de l’Arc de Triomphe.
Sous ce nom furent regroupées les rues du fossé Montmartre, rue neuve Saint Eustache et rue Bourbon Villeneuve, dans l’ordre en partant de la place des Victoires, appellations que l’on peut encore trouver dans certains textes.
Les descriptions et événements exposés sont issus de documents de l’époque et au plus près de la réalité, du moment de l’action. Seule l’interférence de certains personnages, notamment la famille Dracir, dans l’histoire est une création de l’esprit de l’auteur.
De nombreux mots employés à l’époque sont employés de manière à restituer au mieux l’ambiance.
Les layettes, genre de caisses qui a donné son nom à l’art du layetier avait pour objet de contenir les pièces du trousseau ou la layette d’un nouveau-né.
La rue
En ce mois de janvier 1855, il faisait un froid glacial, rue d’Aboukir. Il y avait déjà deux jours que  le général Niel était devenu l’aide de camp de l’Empereur Napoléon III pour récompenser ses exploits en mer Baltique. Ce jour, La Gazette de France titrait : guerre de Crimée : le général François Certain de Canrobert commandant du 1 er  corps de l’armée d’Orient va recevoir la médaille militaire.
Quatre mois déjà que cette guerre le ronge, Eugène-Georges ne supporte pas ce conflit, à son avis, inutile et coûteux. Que les Ottomans se débrouillent pensa-t-il et que Monsieur le Lord Palmerston fasse la guerre avec ses seules troupes britanniques. Cela éviterait à nos militaires de mourir du choléra. Si au moins on pouvait effacer la honte des traités de 1815 !!! Venger cette occupation dont parlait grand-père le front bas, le visage déformé par tant de haine et de rage. Ah ! Sébastopol pensa-t-il en pliant délicatement le journal qu’il mit sous son bras pour continuer son trajet jusqu’au numéro soixante-quinze.
Il était tôt, l’heure du laitier diront certains, mais lui avait l’habitude de se lever de bonne heure et allait par tous les temps acheter la gazette au colporteur de la place des Victoires, le Gazetier comme il l’appelait familièrement qui œuvrait à l’angle de la rue Verderet. Chaque jour d’impression du canard, il faisait ce trajet, saluait Louis XIV et son fier destrier, lisait le nom de François Joseph Bosio gravé sur le socle de la statue avec le respect dû à cet autodidacte Baron, en jetant un regard distrait au bas-relief, par habitude, par superstition, sorte d’exercice préalable à la lecture, et revenait en analysant les titres.
Cela lui permettait d’entretenir, insidieusement, ses relations commerciales avec les clients de la place, habitants les hôtels particuliers, tout au moins pour les lève-tôt qui étaient rares, mais, persuasifs pour leur voisinage. Et surtout, il vérifiait sa monnaie, le Gazetier était insoupçonnable, mais il traînait, dans Paris, beaucoup de pièces n’ayant plus cours, des deux francs, des un franc et de vieilles monnaies suisses ou même grecques qui n’avaient plus cours.
Ce jour, un vilain crachin tombait sur la capitale. Les rues quasi-désertes renvoyaient l’image de quelques passants qui se reflétait, grâce à l’humidité, sur l’œuvre du préfet Cabrol, les pavés de Volvic mouillés, telle une ombre suivant son géniteur. Ils avançaient, têtes penchées vers l’avant, pour se faire petits donc plus pénétrant dans l’air turbulent, sous leurs parapluies gris et noir, dans un mélange de lumières blafardes, du jour se levant et des becs de gaz toujours allumés. Les poignets solides ne faiblissaient pas, tenant fermement les poignées en bois noir sculpté, malgré la bise hivernale qui picotait les joues rosies par le froid, rendait le nez sensible, coulant et les lèvres gercées.
Chacun tenait d’une main ferme aux articulations blanchies le pébroque garant d’une chevelure à peine humide, d’autant que l’autre main tenait le chapeau à bords évasés remontant droit sur les côtés, pour lui éviter une envolée mémorable et se soustraire à une course aussi effrénée que ridicule. Ce temps exécrable leur interdisait de voir correctement. Ils évitaient au dernier moment les vespasiennes, urinoirs publics que l’argot homosexuel avait baptisés « tasses ». Ces œuvres du préfet Rambuteau qui furent bien vite appelées « colonnes Rambuteau » surgissaient dans leur rayon d’action sans avertissement préalable.
Il passa, l’hôtel de Rambouillet, ex-haut lieu de la culture française ou, sous l’égide de Catherine de Vivone, les femmes avaient acquis ce titre d’honneur culturel que fut le nom de précieuse. Ce diplôme de bel esprit et de pureté morale se hiérarchisait selon leur délicatesse du sentiment ou leur finesse d’esprit en galantes ou spirituelles jusqu’à ce que jean Baptiste Poclin en décida autrement, ne voyant en elle que sarcasme et dédain et trouva ces précieuses ridicules.
Eugène-Georges ne traînait pas en route, les cheveux coupés court, à la mode. Son complet veston était de fabrication industrielle, l’invention des machines facilitait la confection. L’uniformité des tenues masculines était pratiquement généralisée, elles ne vont connaître, pendant longtemps, que des modifications de détails tellement elles étaient jugées pratiques et seyantes par l’ensemble des utilisateurs. Il aimait cet état d’esprit.
Les omnibus commençaient à circuler en ce début de matinée. Le quartier desservi par la ligne numéro douze de la toute nouvelle compagnie générale des omnibus (CGO) devenait plus attractif pour les commerces. Les clients s’étaient multipliés.
Le Baron Haussmann lui avait fait un cadeau aussi involontaire qu’utile. Comme on peut s’en douter, l’exposition universelle à venir n’était pas étrangère à cet aménagement plaisant.
Le résultat était là, dès sept heures, les voitures à impériale, marron et jaune, aux roues inégales sillonnaient le secteur. Les pavés amplifiaient le bruit de roulement des roues cerclées de fer qui se propageait au travers de chacun des seize rayons avant d’être amorti par l’essieu, accompagnant le martellement sec et rythmé des sabots des trois percherons de l’attelage aux licous, brides et jouières cirés, à la cire réglementaire, à l’oxyde de plomb.
L’équipage était composé des cochers et conducteurs, des gens sérieux au visage lisse, sans barbe ni moustache tel que le préconisait un règlement interne stricte. Les premiers, titulaires du permis de conduire délivré par la préfecture, et leurs collègues étaient engoncés dans leurs magnifiques uniformes bleus roi, neufs, à l’odeur encore entêtante de naphtaline, cravate noire, boutons argentés frappés d’un « O » gothique du meilleur effet, sésame dans bien des endroits.
Ils communiquaient par le biais d’une ficelle dont se servait le conducteur pour signaler l’arrêt nécessaire à son collaborateur, haut perché, maître de l’attelage, roi de la circulation. Il occupait fièrement sa position dominante et enviée par les employés et ouvriers qui n’avaient pas cette sécurité de l’emploi.
Pour six sous, les quatorze passagers de l’habitacle et ceux de l’impériale pouvaient ainsi se déplacer sans fatigue dans Paris, à un prix beaucoup plus raisonnable que celui pratiqué par les mille huit cent cinquante cochers, souvent hirsutes, des voitures de remise ou de place qui contrairement à ceux de l’omnibus n’étaient pas l’objet d’une sélection et usaient d’une politesse douteuse, parfois d’une violence extrême, ce qui sera illustré plus tard par Jacques Collignon, assassin de Monsieur Juge après une discussion à Auteuil.
L’omnibus doubla Eugène Georges Dracir au niveau du numéro soixante-trois, le sortant de ses pensées guerrières, rendu antirusse par quelques photographies de retour du front. Il attendait avec impatience celles, sûrement meilleures que pourra expédier Roger Fenton, ce pionnier intrépide, dans un mois.
Il aimait sa rue, c’était son univers. Pas une seule personne ne lui était inconnue, pas une voix ne lui était méconnaissable sauf bien entendu celles des employés des omnibus qui changeaient régulièrement et étaient déformées par les vibrations dues aux interstices entre les pavés. C’était la plus belle rue de Paris, sa villégiature, son paradis, son soleil, la rue lumière.
Levant la tête, il vit, derrière les vitres de sa fenêtre du sixième étage, dont l’une en verre mousseliné par acide, disparate, provenait de chez le maître verrier Gugnon, la jeune Berthe, celle qui a remplacé à son départ, Alfred Chauchard. Elle travaille comme demoiselle de magasin « au pauvre diable » pour vingt-trois francs par mois. Elle logeait au dernier étage sous le toit en zinc de Bray qui, faute de soleil, restait sans éclat.
Quelle idée avait-il d’aller rue de Rivoli, ex-rue impériale, créer un magasin de nouveautés ? Les galeries du Louvre, quel nom curieux ! Faire du commerce sous des arcades, comment est-ce possible ? Comment Messieurs Percier et Fontaine ont-ils pu concevoir une rue ainsi ? Combien va-t-il louer aux frères Émile et Isaac Pereire, à cette « Société Immobilière des terrains de la rue de Rivoli » ? Bien qu’avec l’exposition universelle, tout sera rendu poss

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents