Mont-Dauphin - chronique d une place forte du roi
271 pages
Français

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Mont-Dauphin - chronique d'une place forte du roi , livre ebook

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Description

À la fin du XVIIe siècle, le duc de Savoie passe la frontière des Alpes pour envahir le Haut-Dauphiné. Conscient d’avoir négligé la défense de cette province, Louis XIV charge son commissaire général des fortifications, Sébastien Le Prestre de Vauban, de faire édifier une place forte assez puissante pour servir de verrou à cette porte d’entrée du royaume. Vauban part pour le Dauphiné et lance en hâte la construction de Mont-Dauphin. L’histoire racontée dans ce livre est celle de ce lieu conservé presque intact jusqu’à nos jours, de ses habitants et de ses hôtes de passage. Point stratégique des guerres de Louis XIV et de Louis XV, Mont-Dauphin, après les périodes tourmentées de la Révolution et des guerres napoléoniennes, a fini par devenir une paisible ville de garnison. Elle a été le séjour du compositeur Rouget de Lisle, du franc-maçon Masséna, futur maréchal d’Empire, du botaniste Lamarck et de bien d’autres. Elle a abrité cultivateurs et marchands, chirurgiens militaires, diplomates, conspirateurs, prisonniers du Premier Empire, alpinistes et voyageurs anglais …Une chronique composée à partir de documents d’époque et éclairée par plus de 150 illustrations.

Informations

Publié par
Date de parution 10 décembre 2014
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312030043
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mont-Dauphin
Bénédicte de Wailly
Mont-Dauphin
Chronique d’une place forte du roi

Médaille de la Monnaie de Paris, 2012 : le blason.

LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Photographies des paysages, bâtiments et plans-reliefs :
Gérard de Wailly















































© Les Éditions du Net, 2014 ISBN : 978-2-312-03004-3
En route vers la place forte
Le train a quitté la gare de Paris-Austerlitz la veille au soir et roulé vers le sud-est pour arriver en Embrunais au petit matin. Il a passé Chorges et Embrun et longé le cours de la Durance avant de s’arrêter dans une petite gare. Des montagnes s’élèvent de part et d’autre au-dessus de la plaine et des sommets enneigés semblent barrer la route menant vers Briançon. C’est l’arrêt Mont-Dauphin-Guillestre, dans le département des Hautes-Alpes, au confluent du Guil et de la Durance.
Il y a deux mille ans, l’antique voie romaine qui reliait l’Italie à l’Espagne empruntait le même chemin, sur la hauteur. Mais qu’y avait-il sur le vaste plateau escarpé situé sur l’autre rive et dominant la plaine ? Un oppidum gaulois peut-être.
Ne retournons pas si loin dans le passé, mais seulement à la fin du 17 e siècle, quand Louis XIV régnait sur le royaume de France et que le pays était en guerre.

La vallée de la Durance, Mont-Dauphin et la gare. La route et la voie ferrée continuent vers Briançon. À gauche, Réotier, où passait la voie romaine. Au loin, le massif du Pelvoux et la Barre des Écrins.
1
L’invasion du Haut-Dauphiné en juillet 1692
En 1692, le département des Hautes-Alpes n’existait pas encore et la province se nommait Haut-Dauphiné. C’était un endroit stratégique, à la frontière des États du duc de Savoie qui comptait parmi ses possessions le Piémont, accessible par le col du Mont-Genèvre, et la vallée de Barcelonnette, accessible par le col de Vars. Ce passage était idéal pour partir à la conquête de l’Italie, comme François I er en 1515. Il était malheureusement idéal aussi pour se faire envahir. C’est ce qui arriva au cours de l’été 1692.

Carte du Haut-Dauphiné, Bodenehr Gabriel, Augspurg, 1704. En bas de la carte, à gauche, Guillestre, le col de Vars, à la frontière de la vallée de Barcelonnette. En haut, Briançon et le Mont-Genèvre. À droite, le long de la frontière du Piémont, les places françaises de Pignerol, Exilles et Fenestrelle.
Sept ans après la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV et l’interdiction du culte protestant dans le royaume, la guerre a repris entre la France et l’empire des Habsbourg allié aux Provinces-Unies de Hollande et à l’Angleterre dans la coalition européenne de la ligue d’Augsbourg. Victor-Amédée II de Savoie, après des tractations secrètes avec les deux partis, s’est rallié à l’Empereur qui compte faire entrer son armée en Piémont pour envahir le Haut-Dauphiné.
Pour défendre la frontière des Alpes, Louis XIV vient d’envoyer dans ses forteresses d’Exilles, Pignerol et Briançon les quelques troupes qui ne sont pas sur le front de Flandre. Il a ordonné à Nicolas de Catinat de protéger, pendant l’hiver, à la fois le comté de Nice et la partie de la Savoie qu’il vient de conquérir, Suse et surtout la citadelle de Pignerol, s’imaginant qu’il pourra ainsi empêcher l’invasion. Mais, pour défendre cet espace, Catinat ne dispose que de 20 000 hommes tandis que l’empereur d’Autriche a augmenté son armée de dizaines de milliers de Piémontais, huguenots ou vaudois {1} français réfugiés pour fait de religion, Bavarois et Espagnols qui sont ses sujets. Il a nommé le duc de Savoie généralissime et c’est ainsi qu’en juillet 1692, ce dernier entreprend l’invasion du Haut-Dauphiné avec ses troupes, placées sous le commandement de son cousin le prince Eugène.

Places fortes françaises à la fin du 17 e siècle. Le camp de Tournoux est installé à la suite de l’invasion de 1692.
Le duc a feint de vouloir attaquer Pignerol, puis il a détaché discrètement une partie de son armée pour passer le col de Vars, pendant que le comte de Schomberg conduisait ses troupes vers Château-Queyras pour tenter, en vain, de prendre ce château vieux de plus de trois siècles, aménagé en forteresse et barrant la route du Guil.

Le Guil au pied de Château-Queyras.

Arrivée à Guillestre par le col de Vars.
La descente du col de Vars, est un endroit magnifique. On y trouve du bois, du fourrage, des faisans en quantité et l’eau claire des innombrables ruisseaux qui arrosent les prés. L’armée alliée dévale ses pentes et, le 27 juillet, met le siège devant le bourg de Guillestre protégé par les remparts qui le relient au château des archevêques, détenteurs de droits sur le pays et les habitants depuis le Moyen-Âge {2} .
Catinat a confié la garde du lieu à M. de Chalandières qui dispose en tout et pour tout de trois canons et d’une garnison de 600 hommes appuyés par un bataillon de 150 Irlandais catholiques exilés et par la milice locale.

Le manque de munitions oblige à capituler après trois jours et trois nuits de siège. L’ennemi exige une contribution de 6 000 livres, envoie la garnison et la milice prisonnières en Piémont, fait sauter quelques tours, laisse près de dix mille hommes sur les lieux, brûle les villages de Risoul et Eygliers, profane quelques églises et ravage le pays au passage avant de se diriger vers Embrun.
Catinat a confié au marquis de Larray la défense de la petite ville perchée au-dessus de la Durance, à trois lieues de Guillestre, et siège de l’archevêché. Ne pouvant lui-même attaquer par manque de troupes, il se contente de faire occuper tous les passages qui pourraient permettre à l’ennemi de s’avancer vers Briançon, puis il gagne le Mont-Genèvre avec le reste de son infanterie pour surveiller les mouvements hostiles et protéger Pignerol.
Pignerol reste hors d’atteinte mais les armées ennemies s’avancent dans le Haut-Dauphiné. Le 5 août, un laquais et un déserteur viennent l’informer que les Espagnols campent entre Saint-Clément et Guillestre. Le 8, les troupes commandées par M. de Schomberg campent entre Guillestre et Vars. Catinat est au camp du Mont-Genèvre quand on lui rapporte que les Espagnols ont entre Saint-Clément et Guillestre une partie de leur cavalerie et de leurs dragons, soit près de 2 000 chevaux selon son estimation. Quelques jours plus tard, Embrun est assiégé tandis que, du camp de Pallons, il ne peut qu’inquiéter l’ennemi. N’ayant ni approvisionnement ni munitions, Embrun finit par capituler avec les honneurs après avoir renvoyé à l’ennemi ses propres boulets de canon. Sa chute jette la consternation dans le Bas-Dauphiné où l’on s’attend à voir arriver l’armée ennemie. Le 28 août, le duc de Savoie quitte en effet la ville pour marcher vers Gap. Catinat va se poster à Bourg d’Oisans pour couvrir Grenoble.

À droite, vu de Mont-Dauphin, Saint-Clément, sa tour de guet médiévale, son église et son pont caché par les arbres. À gauche, la direction de Guillestre.

Extrait de la carte de Nicolas de Fer, Le Dauphiné divisé en haut et bas, 1693. Source : Bibliothèque Nationale de France.
C’est alors que Victor-Amédée attrape la petite vérole. Trop faible pour aller brûler Gap, il en charge M. de Caprara et se fait porter en litière à Embrun pour y être soigné à l’archevêché. Tandis que l’ennemi incendie Gap, le château de Tallard et tous les villages jusqu’à Embrun, Catinat renforce les volontaires qui occupent le col de la Croix Haute et fait construire entre La Roche et la montagne de Furfande en Queyras un chemin soutenu en plusieurs points sur l’abîme par des corbeaux scellés dans le roc.
Pendant ce temps, à Embrun, le duc de Savoie est aussi malade que furieux. Les nouveaux convertis ne se sont pas soulevés comme il l’espérait et il n’a pu emporter le Dauphiné dont la conquête aurait eu des conséquences incalculables. Ses espions rapportent que des troupes françaises se concentrent en Provence. Depuis un mois la pluie tombe sans relâche et les sommets commencent à se couvrir de neige. Bientôt les chemins seront impraticables. Il se ré

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