Mourir à huis clos
260 pages
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Mourir à huis clos , livre ebook

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Description

Le Kakongo, un pays imaginaire de l’Afrique équatoriale, renaît à la démocratie après trois décades d’une parenthèse monopartite. Durant la décennie perestroika, à la suite des élections présidentielles sur fond de repli identitaire, le pays bascule dans le chaos. La création de milices prétoriennes légitimées par le président de la République démocratiquement élu marginalise la force publique régulière. À Mavoula, la capitale, les obédiences et partis politiques s’opposent par milices privées interposées qui s’affrontent, avant que la situation ne dégénère sur l’ensemble du Kakongo. Pendant ces événements, le lieutenant Malanda, un officier de la Police, est intercepté par une des milices. Soupçonné d’intelligence, il se retrouve coincé entre deux mondes belliqueux, aveuglés par des préjugés ethniques très intégristes. Pieds et mains ligotés, les yeux recouverts d’un bandeau de supplicié, cet officier est conduit au bord du fleuve, à l’onde aux langueurs mystiques, pour y être « descendu ». Tout à coup, le destin s’interpose et le voyage ad patres est contrarié, heureusement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 février 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332665348
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-66532-4

© Edilivre, 2015
Avertissement
La trame de ce roman est une histoire authentique. Cependant, les noms patronymiques de certaines personnes ainsi que les appellations des lieux ont été occultés à dessein ou substitués à d’autres pour des nécessités de commodité.
Toute ressemblance avec des personnes existant réellement serait fortuite.
Dédicace
Que ma prose aux senteurs de lunules,
Bien rimée aux anses de nos cœurs,
Ses effluves à flots d’or épandent,
En réelle dédicace à votre amour ardent.
À la mémoire de :
Alpha Noël MALONGA
Norbert ALOKOMBOUMBOU
Guy Roger M’BANGO
Parfait MOUSSAKI
En dédicace à :
Jean François NDENGUE
Philippe OBARA
Albert NGOTO
Jacques Antoine BOUITI
Médard BELEMENE


Et
À tous ceux qui, sincèrement, souhaitent que le Congo, souvent humilié par les pratiques insanes de certains compatriotes, retrouve la voie de la civilisation.
I
D ès que les coups de feu sont tirés et retentissent bruyamment dans les contrées environnantes, les premiers projectiles qui passent, sifflent à quelques centimètres des oreilles du supplicié. Le lieutenant Malanda s’évertue vainement à maîtriser ses émotions. Il n’ose faire le moindre mouvement de peur qu’un des projectiles le fauche au hasard de leurs trajectoires. Déjà, l’idée de la mort le met dans un état de profonde prostration. Éprouvant un horrible malaise, les tempes serrées et perdant la tête, il frissonne d’épouvante. Plutôt, les yeux bandés, la tête plongée dans un brouillard opaque, il se prend instinctivement à s’effilocher des hypothèses et des imaginations fantastiques. L’instant d’une seconde, une myriade d’idées et de pensées parfois invraisemblables s’entrecroisent et s’entrechoquent dans son esprit affligé. Mais, dans ses suppositions, il ne peut identifier avec certitude l’origine des tirs, ni savoir non plus qui tire, pourquoi, sur quoi. Une seconde salve de rafales crépite presque aussitôt. Il a la nette impression que les balles vomies par la Kalachnikov passent, à la vitesse de l’éclair, entre ses jambes déjà toutes tremblantes. Il est tétanisé et brisé par la peur.
– Tu vas bientôt tomber, crie triomphalement un milicien d’une voix emphatique. On va te tuer, continue-t-il ironiquement et d’un ton narquois, pendant qu’il manipule son arme, comme pour mieux préciser ses intentions.
« S’agit-il du même milicien, celui qui, à l’instant, vient de tirer ou quelqu’un d’autre », se demande le lieutenant Malanda dans son for intérieur. Une lueur vive bariolée en arc-en-ciel de feu illumine quelques instants le bandeau noir enrubanné autour de sa tête, à hauteur des yeux. Il comprend que son sort est scellé. Aussi, attend-il avec angoisse la cartouche fatale, celle qui lui ôtera la vie. Il imagine la violence avec laquelle la prochaine balle lui transpercera le corps, et comment celui-ci, inanimé, sera transformé en désuète passoire par la furie des autres projectiles qui s’y abattront, alors qu’il sera déjà sans vie, mais sur lequel, comme le veut la coutume, les miliciens enthousiastes vident leurs chargeurs rouillés sur les corps inanimés de leurs adversaires.
Instinctivement, comme projetées sur un écran virtuel, les funestes et pathétiques images de l’exécution de Nicolae Ceausescu, l’ancien président roumain, dont le corps ensanglanté gisait au sol à côté de celui de son épouse, lui reviennent à l’esprit. Quelle mort atroce ! Pauvre Ceausescu, se dit-il dans son tréfonds, osant déjà l’assimiler à la sienne. Par contre, lui, il se figure être entouré d’innombrables êtres étranges venus, à son chevet, des confins infernaux ou des profondeurs abyssales, là où siègent les censeurs du trépas. Certainement aussi, l’ombre de saint Michel, avec son trousseau de clefs, planerait-elle déjà dans les encablures de ce sillage, il serait prêt à ouvrir la porte qui lui conviendrait.
Bientôt, un des miliciens, dans cette cohue indescriptible de cris forains, vient subitement le tapoter dans le dos, presque amicalement, et lui demande d’une voix ironique :
– As-tu déjà fait ta dernière prière de salutiste, puisque tu es de cette confession religieuse, ou aimerais-tu simplement avoir l’assistance gracieuse d’un prêtre pour ton extrême-onction ? Rassure-toi, nous avons, parmi nous, autant de pasteurs, de prêtres, de guides spirituels, de bishops, un imam ou même Khomeiny et Mao en personne, ricane-t-il à gorge déployée, avec son haleine empestant une forte odeur vraiment fétide de chanvre.
Pendant que ce milicien le nargue vertement avec une ostentation si déconcertante, un autre vient aussi faire son numéro.
– Celui-ci, annonce-t-il à ses compères en touchant de son doigt indicatif pointé sur l’épaule du lieutenant, on le barre en second lieu. Faisons voyager d’abord l’infiltré qui a été intercepté à Kiadi, vers le stade municipal.
– Lequel ? s’interroge un autre milicien.
– Souviens-toi, mon gars, le militaire de ces hordes évanouies du professeur rêveur, celui qui se faisait passer pour un simple enseignant, mais qui s’est fait piéger comme un débutant par ses manies empruntées.
– Ah ! Oui, ce militaire nous prenait vraiment pour de pauvres cons. Un cafard a beau se saupoudrer de farine, il sera toujours identifié par un coq qui en fera un bon petit festin, Ah ! Ah ! Ah !
– Il devait certainement oublier qu’il y a parmi nous bon nombre de militaires, de policiers et de gendarmes qui ont préféré déserter la soldatesque du professeur et se rallier à la cause, se glorifie un autre milicien.
Le lieutenant, intéressé par la conversation des miliciens, est brusquement interrompu dans sa concentration. Brusquement, il sent le léger poids d’une petite charge posée sur son épaule dénudée. Puis, l’instant d’après, une courte rafale retentit à quelques encablures de ses oreilles tendues. Le crépitement continue de résonner, en écho, dans sa tête. Il tressaute instinctivement. Bientôt, il sent cet objet coulisser promptement sur sa peau jusqu’à une de ses parties les plus chaudes. Il comprend qu’il s’agit du canon d’une arme. Une autre rafale, plus longue que la précédente, déchire sa précaire quiétude et perçoit sur sa peau la chaleur de fournaise qu’émettent les projectiles expulsés du canon. Il essaie de se contenir, malgré son appréhension. Ses jambes, de plus en plus flageolantes, sont sur le point de s’effondrer sous son poids.
– Faisons-les voyager au même moment, c’est plus rapide et plus simple, propose un troisième. Pourquoi devons-nous attendre et continuer à s’embarrasser de ces énergumènes ? Blanc bonnet et bonnet blanc, c’est Dupont et Dupont. C’est identique et du pareil au même. Il nous faut gagner du temps en évitant de le perdre, mon vieux ! s’exclame-t-il. Nous n’avons pas que ça à faire, s’insurge-t-il enfin.
– Que dis-tu, toi « Cuirasse » ? demande un autre milicien à son acolyte. Qu’est-ce qu’on fait ?
– Tu veux que je dise quoi ! Moi, je n’ai pas la décision. C’est au chef Mao de décider. Il vient d’être appelé par le chef de poste de la « Main noire ». Attendons simplement son retour. Il saura nous dicter la conduite à tenir. Et puis, j’en ai déjà plein la gâchette.
– Ah ! Je comprends que ton palmarès est déjà suffisamment éloquent que tu préfères donner la passe aux autres.
– Penses-tu que j’ai déjà fini de déblayer le chemin ? rétorque Cuirasse, un milicien qui s’est fait une sinistre réputation de démolisseur. J’ai une conscience de tracteur qui ne s’embarrasse jamais de scrupules. Alors, casse-toi avec ces insinuations qui me font monter la moutarde au nez. L’un ou l’autre, personne, en tout cas, ne s’en sortira vivant. Qui des deux sera le premier à voyager ? Cela ne nous concerne pas et vous importe peu. Attendons les instructions.
Du fait de cet embarras de choix, une dispute semble s’engager et s’activer entre les miliciens, tous aussi surexcités les uns que les autres. Chacun voulant obstinément convaincre ses acolytes. L’infortuné lieutenant Malanda, abandonné à son triste sort, a du mal à comprendre que des humains, mortels comme lui, puissent s’amuser ainsi avec les vies de leurs semblables, sans apparemment le moindre remords. Il s’en prend sérieusement à lui-même. Si Henry Dunant pouvait vivre cela, il réviserait certainement quelques dispositions de ses fondamentaux, se dit le lieutenant Malanda.
« Que suis-je venu faire dans cette galère ? », se condamne-t-il, en piaffant d’impatience et en trépignant de nervosité comme une jument dans une arène de dressage. « J’aurais dû être tranquillement auprès de ma charmante et douce Isabelle en train de savourer les bienfaits d’une grasse matinée, bien engoncé dans mes draps, après une nuit assez sereine, m’éveillant les aubes joyeuses malgré la morosité des temps. »
La trêve, pourtant, a duré toute la nuit. Aucun crépitement d’armes automatiques ni hululement de mauvais présage des chouettes, ces déesses nocturnes qui ont déserté leurs maléfiques hauteurs nocturnes, n’a déchiré la quiétude de la nuit, ces nuits devenues longues et angoissantes.
Pour s’accorder une telle trêve, les pantins armés de ces bandes de milices politiques et paramilitaires en ont certainement marre de leurs damnables turpitudes qui les plongent, chaque jour davantage, dans les coulisses immondes de la bestialité et de la perdition. Obnubilés par les discours agressifs de certains politiciens qui ont galvaudé la noblesse du débat, ils ont été, du fait de leur candeur et de leur enthousiasme juvéniles, embrigadés dans des coteries du vice où ils apprennent à nier la vie.
Il est difficile de savoir si la lassitude de la duperie dont ils sont victimes les a contraints à l’accalmie ou simpleme

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