Ombres & Lumières
202 pages
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Ombres & Lumières , livre ebook

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Description

«?Avec le recul qu'impose ma situation à ce jour, et lorsque je déroule l'ensemble du film de ma vie, je m'aperçois alors que l'ensemble de ces détails explique la tournure des étapes qui suivront. Nous sommes tous la somme des choses que nous vivons et très souvent, lorsque nous reprenons rétrospectivement le déroulement de nos vies, on se rend vite compte que chaque événement est la cause du suivant qui n'est autre que la conséquence du précédent...?» Le récit débute dans le petit village de Tifra, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, et se poursuit à Bejaïa, pour s'achever en France de nos jours. "Ombres & lumières" est le récit de luttes pour obtenir l'indépendance. L'indépendance d'un peuple d'abord, avec en toile de fond la guerre d'Algérie. L'indépendance de deux êtres ensuite, avec leur combat pour se libérer de leur condition. Celle de femme pour Fatima et celle de cadet pour Ayoub, mais aussi celle de pauvres à la merci des plus aisés. Un récit tout en contrastes comme ses personnages profonds et touchants, tantôt sombres tantôt lumineux. Un roman biographique et historique qui nous conte avec tendresse des destins exceptionnels et tragiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342053630
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ombres & Lumières
Younes Ayouaz
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Ombres Lumières
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
« Le bonheur est salutaire pour les corps, mais c'est le chagrin qui développe les forces de l'esprit. »
Marcel Proust
 
 
 
Remerciements
 
 
 
À ma tante, ma source d’inspiration, une femme exception­nelle, une grande Dame de ce monde.
À mon père, mon exemple, un modèle que je ne saurai égaler.
À ma mère, mon refuge, elle m’a transmis l’amour des mots.
À ma femme, mon soutien, elle m’épaule et m’accepte tel que je suis.
 
 
 
 
 
 
Tout a commencé dans ce petit village, perché sur la montagne. Au milieu de nulle part, entouré de champs d’oliviers à perte de vue, un étroit chemin traversait la montagne de part en part. La route sillonnait tel un serpent qui se mord la queue sans jamais parvenir à l’attraper. Pour beaucoup notre village restait inaccessible. Difficile d’accès, la wilaya (chef-lieu) la plus proche était située à plus de trois heures de marche. Il fallait vraiment prévoir son coup pour ne pas finir en rade à mi-chemin. C’était le bout du monde et pourtant je l’aimais tellement mon village, j’aurais tout donné pour ne jamais le quitter…
 
Nous sommes en 1939, il me semble que c’est le printemps. Je dirais le mois d’avril. En tout cas c’est ce qu’indiquera plus tard ma fiche d’état civil mais je ne garantirais pas que cette date soit exacte ; en effet, officiellement je suis née le 5 avril 1939 mais vous savez, dans mon village, on connaît mieux les périodes de moissons ou de récoltes des olives que le calendrier grégorien. C’est tout de même la période que ma mère a choisie pour me mettre au monde. En trente-neuf, pile poil l’année du début de la Seconde Guerre mondiale, tout un symbole. Vous me direz on ne choisit ni comment, ni où, ni pourquoi on vient au monde, mais pour moi le destin avait déjà choisi ; ce serait 1939 l’année de la guerre.
 
Pourtant, nous sommes si loin de cette guerre dans mon village. Nous n’avons ni télé, ni radio. Les journaux ont en général quelques semaines de retard sur l’actualité et rares sont les familles qui peuvent se vanter d’avoir une personne capable de lire les nouvelles à la maison. Nous sommes donc très loin de l’agitation qui touche l’Europe à cette même période. En fait, notre environnement nous protège et nous sommes heureux ainsi. Si loin de cette tourmente qui s’abat sur les pays « civilisés ». Ah oui, il faut que je vous dise, pour nous, la France c’est la civilisation. La science, la culture, le savoir-vivre et le savoir-faire, bref tout ce que l’on ne trouve pas dans mon village ; du moins c’est ce que j’ai souvent pensé avant de connaître moi-même cette France « civilisée ».
 
Je viens donc au monde après mes 2 frères aînés qui me précèdent pour l’un de trois ans et pour le plus âgé de six ans. Neuf années plus tard viendra le cadet de la famille, le dernier de quatre enfants pour ma mère ; et pas de sœur vous l’aurez remarqué ! Je crois que c’est ce qui me manquera le plus, une sœur. J’ai tellement envié, mes voisines ou copines du village qui elles, avaient des sœurs avec qui jouer, se confier, se parler de fille à fille, puis un jour de femme à femme. Moi, mise à part ma mère, aucune femme pour me comprendre et je dois avouer que ma mère n’était pas la plus compréhensive des femmes. Ce n’était pas qu’elle avait un esprit étroit, car malgré son manque d’instruction, elle était parfaitement capable de tenir la maison et le foyer à bout de bras, mais disons plutôt que l’âpreté de la vie qu’elle n’a cessé de connaître la rendait très imperméable à toute innovation ou évolution de nos mœurs. Je trouve que cette formule est bien plus élégante pour décrire à quel point il m’était impossible d’aborder certains sujets ou certains rêves que j’aurais pu partager si facilement avec une sœur. Toujours est-il que le destin en avait voulu autrement, pas de sœur un point c’est tout. Il faudra se consoler avec les cousines, voisines, copines et toutes ces femmes qui m’aimeront et m’entoureront tout au long de ma vie…
 
Je passe donc les premières années de ma vie aux côtés de mon frère Hassen de trois ans mon aîné, et qui deviendra rapidement un véritable chef de famille. Ainsi que de mon frère Mohamed le plus âgé de la fratrie ; qu’on qualifiera d’intellectuel. Pas nécessairement parce qu’il était le plus intelligent au sens propre, mais simplement car c’est le seul qui ira au terme de son cursus scolaire et qui dépassera d’ailleurs le certificat d’étude. Comme souvent on qualifie le diplômé d’intelligent et le non diplômé d’ignorant. Avec le recul, il me semble que cette caricature est de plus en plus fausse, mais c’est ainsi qu’on distinguait mon frère Mohamed et c’est pourquoi je resterai fidèle à ce qualificatif.
 
Ma mère était une femme de petite taille, chétive mais robuste, frêle mais endurante, dure mais si tendre, sévère mais si juste. Elle était tout à la fois, le soleil et la pluie, le jour et la nuit, le chaud et le froid… Elle soufflera d’ailleurs fréquemment le chaud et le froid dans notre belle maison qui surplombait l’école du village. Ma mère était une femme comme on n’en fait plus, issue d’une génération de femmes comme on n’en verra plus, pas parce que ces femmes avaient quelque chose de surnaturel ou de divin mais juste parce qu’elles ont connu un temps que les moins de vingt ans ne pourront plus connaître… Le monde a connu de tels changements, que ces femmes ne peuvent plus exister mais j’y reviendrai plus tard au cours de mon histoire.
 
Mon père, lui, était un homme pieux. Un homme droit et juste. Un fervent musulman qui pratiquait un islam éclairé. Pas l’islam que l’on nous montre aujourd’hui chaque jour au travers des différents faits divers ou autre bombe qui explose aux quatre coins du monde. Non, un islam comme il existait jadis, tel qu’il est si peu représenté aujourd’hui. Tout d’abord, c’était un homme, un vrai, qui assumait sa famille, ses enfants, et qui veillait à ce que personne ne manque de rien. Qui défendait l’honneur et la dignité du nom qu’il portait. Des valeurs et des règles qui, de nos jours, peuvent paraître obsolètes, voire moyenâgeuses, mais qui pour lui signifiaient tout. Sa femme, ses enfants, son foyer, constituaient l’épicentre de son monde et il chérissait chaque centimètre carré de cet univers. Physiquement, il était plus grand que ma mère, ce qui n’était pas difficile du reste, mais guère plus robuste. Assez maigre, je l’ai toujours connu marchant avec son bâton qui lui servait de canne un peu à la manière de Gandhi. Je l’ai finalement peu connu mon père, car il nous a quittés alors que j’avais à peine six ans mais pourtant son visage, son honneur et sa dignité resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Je dirais que si ma mère m’a transmis le courage et l’adversité, mon père lui m’a donné la fierté et l’honneur. Ces caractéristiques me colleront à la peau durant toute mon existence.
 
Très vite, on m’a enseigné les tâches les plus rudimentaires et les plus basiques de la maison. Quand on est une fille dans mon village, il faut être très vite opérationnelle, n’oublions pas que l’âge moyen d’une jeune mariée ne dépasse guère les quatorze ans. Je n’en suis pas encore là, mais l’éducation d’une jeune fille commence dès le plus jeune âge ; il ne faut pas perdre de temps… Mes frères vont à l’école du village, du moins une partie de la journée. Je les envie lorsque je les vois sortir de la maison et descendre la butte sur laquelle se trouve notre maison. L’école ne se trouve qu’à quelques mètres en contrebas, elle ne restera pourtant pour moi qu’un mirage. Ma mère considérait qu’une fille de la campagne n’avait pas besoin d’aller à l’école. Pour faire quoi ? Et pour y apprendre quoi ? À lire ? Quelle utilité pour une femme ? On ne livre pas Le monde tous les matins dans mon village ! À écrire ? Encore plus inutile pour ma mère, je ne connais aucune femme écrivain dans mon village et l’administration est réduite au strict minimum chez nous, c’est-à-dire pas grand-chose. Et puis il y aura toujours quelqu’un pour nous aider à remplir un document le jour exceptionnel où cela devrait se produire. Alors il ne reste plus que compter, pour tenter de convertir ma mère aux théories de Jules Ferry sur l’école ; ça restera le meilleur argument pour elle, qui considère que même à la campagne une femme doit savoir comptabiliser ses biens, ses bêtes et pour les plus chanceuses ses terres, mais là encore elle avait la parade. Selon elle, c’est le rôle du mari que de tenir à jour ces savants calculs. Le sujet était clos et il n’était même pas envisageable de pouvoir éventuellement entrouvrir une porte, que dis-je une fenêtre de débat. Encore si j’avais eu une sœur, à deux, peut-être que… Oublions ce n’était pas mon cas.
 
Je regardais donc mes deux frères courir vers l’école chaque matin et je restais auprès de ma mère pour l’aider dans toutes les tâches qu’une femme de la campagne doit savoir gérer dans une maison. Les journées commençaient très tôt le matin. J’aidais ma mère à préparer le café pour mon père et mes frères. Nous étions une famille relativement aisée dans mon village, même si je trouve ce terme quelque peu déplacé pour une famille dont les enfants ne portaient pas de chaussures. Ma m

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