Père spirituel, fils adoptif
338 pages
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Père spirituel, fils adoptif , livre ebook

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Description

En 1831, le compositeur Hector Berlioz, lauréat du prix de Rome, s'embarque depuis Marseille pour rejoindre la villa Médicis, dans un contexte d'agitation révolutionnaire. À la morne vie romaine, il préfère celle des campagnes et des montagnes et de leurs habitants qu'il rencontre lors de ses multiples pérégrinations. Amoureux depuis l'adolescence de L'Énéide de Virgile, il rêve d'en faire un jour un opéra. En visite sur le tombeau du poète latin à Naples, une conversation s'engage entre le jeune homme et celui qu'il considère comme son père spirituel. En 1867-68, isolé après les décès de ses sœurs, ses deux épouses, son fils unique, Berlioz adresse une longue missive à Virgile et lui fait part de ses états d'âme et de ses difficultés à faire représenter son chef-d’œuvre, Les Troyens.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 novembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414140671
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-14065-7

© Edilivre, 2017
Dédicace

Dédicace :
À mon cher fils Emmanuel,
nouveau docteur en médecine,
qui vient de soutenir brillamment sa thèse en rhumatologie, aboutissement de 10 années d'études,
À son épouse Maureen,
qui l'a accompagné de son soutien précieux,
À ma chère fille Sabine,
qui vient d'entrer dans la vie active, après de brillantes études en école de commerce,
Avec tout mon amour de père.
Première Partie Le voyage en Italie
1 Départ De Marseille à Livourne
Le capitaine retarda son départ de deux jours.
Arrivé trois jours plus tôt, tu t’étais mis aussitôt en quête d’un navire en partance pour l’Italie. En déambulant avec nonchalance sur les quais, tu n’avais aperçu que de pitoyables embarcations dont les gréements te paraissaient aussi vieux que la mer elle-même. Les ponts noirs de crasse semblaient n’avoir jamais été lavés et exposaient aux regards leur trop apparente saleté. Il en émanait d’irrespirables miasmes. Ta vue et ton odorat furent l’un comme l’autre saisis d’un profond dégoût. Dormir à même le pont, coincé entre des balles de laine, des barriques d’huile et quatre ou six marins à la mine farouche, était une perspective redoutable.
Toutefois, si tu devais te retrouver ainsi réduit à cette extrémité, il fallait bien admettre que c’était de ta faute. Tu avais tout fait pour être exempté de ce voyage, et malgré tes subterfuges et dérobades, tu n’étais pas parvenu à obtenir la sainte dispense qui t’aurait permis de rester dans la capitale, à couler des jours heureux, dans l’attente de tes épousailles avec la belle Camille, ton ange, ton Ariel, épousailles auxquelles Mme Mocke, sa mère, avait enfin donné son consentement. Camille n’accordait guère confiance à cet accord et te suppliait de rester, de crainte d’un mauvais tour en ton absence. Mais puisque tu devais partir pour deux longues, deux interminables années, en théorie du moins car tu comptais bien être de retour au plus tard au bout de quinze à dix-huit mois, vous échangeâtes solennellement des bagues de fiançailles assorties de promesses de fidélité. Le visage inondé de larmes, Camille te laissa partir, seul, non sans avoir envisagé de te suivre. La séparation était douloureuse, certes, mais elle était le prix à payer pour tout lauréat du prestigieux prix de Rome que tu avais enfin arraché après de multiples échecs.
Tu avais obtenu un sursis et grappillé ainsi quelques mois, pendant lesquels tu avais pu faire découvrir à un public médusé ta Symphonie Fantastique et gagné par la même occasion les bonnes grâces de Mme Mocke. Tu pouvais désormais partir sans crainte, tenant enfin ce double gage de la mère et de la fille d’une heureuse union à venir, mais lorsqu’il fallut partir, il était trop tard pour franchir les Alpes dont les cols étaient fermés par la neige. Les autres lauréats – peintre, sculpteur, graveur, architecte – ne t'avaient pas attendu et avaient pris leurs dispositions pour effectuer ensemble ce périple jusque dans les États pontificaux où il te fallait les rejoindre. Le passage des Alpes étant devenu impossible, il ne te restait plus que la mer pour rejoindre l’Italie, ce qui expliquait ta présence sur le port de Marseille.
Tu avais d’ailleurs trouvé l’idée plutôt séduisante mais tu ne t’attendais pas à découvrir qu’elle pouvait se présenter sous la forme triviale de la puanteur. Il n’était pas question d’embarquer avec des larrons qui t’auraient dépouillé à la première occasion avant de jeter ton corps par-dessus bord. Tu renonças à cette solution, décidé à attendre qu’une occasion moins rebutante se présente. Après tout, si tu étais attendu à Rome depuis plusieurs mois, tu n’étais pas pressé de t’y rendre.
Profitant du temps qui se présentait à toi, tu partis en exploration à travers les rues de la fière cité provençale éclairée par un doux soleil hivernal. Le ciel limpide, sans aucun nuage, arborait un bleu profond et intense dont tu avais déjà entendu parler mais que tu n’avais jamais vu en cette saison. Ton attirance naturelle pour tout relief te conduisit sur les pentes escarpées de la colline de La Garde que tu gravis d’un pas alerte comme tu le faisais enfant dans tes montagnes du Dauphiné.
Le piton dominait le port. À son sommet se dressait une chapelle érigée au XIII e  siècle et dont les murs étaient recouverts d’ex-voto religieusement déposés par des générations de marins qui avaient réchappé à un naufrage et remerciaient par ce geste leur « bonne mère ». Un fort, bâti sous François Ier, entourait le sanctuaire et faisait face à un autre fort en contrebas, posé à quelques encablures du port, sur un îlot rocheux au nom des plus simples, If. Tu ignorais que ce château, première forteresse royale à Marseille, avait plus souvent servi de lieu d’enfermement pour des milliers de rebelles aux autorités constituées, notamment pendant les guerres de religion, que de site défensif. Tu ignorais également que son prisonnier le plus célèbre, Edmond Dantès, s’en était évadé deux ans auparavant pour échafauder avec patience son implacable vengeance contre tous ceux qui avaient conspiré contre lui, pour la bonne raison que ton futur ami Alexandre Dumas n’avait pas encore commencé sa carrière de romancier et écrit Le Comte de Monte-Cristo.
Depuis les hauteurs du piton, tu découvris le littoral rocheux et fortement découpé par ses calanques, univers sauvage qui contrastait avec l’animation de la ville et de son port. La mer t’apparut alors dans toute son immensité, monstre sublime propre à réveiller tes souvenirs d’enfant, ces lectures exotiques qui t’entraînaient vers de lointaines contrées sur tous les océans du globe. Au-delà de l’horizon se trouvaient ces îles Sandwich ou Moluques dont tu connaissais jadis par cœur les noms mais que tu avais certainement oublié depuis. Tu restas là, de longues minutes, appuyé contre un garde-corps en bois, ta tignasse rouge balayée par le vent, à contempler ce bout de mer, ce vert sombre parsemé de franges écumeuses qui ondulaient paisiblement. C’était ta première rencontre avec ce spectacle. Jusqu’à l’âge de vingt-sept ans, tu n’avais jamais vu la mer. Tes rêves océaniques se transformaient en une banale réalité, mais déjà, c’était fascinant. Si tu n’avais voulu devenir compositeur de musique, tu serais devenu marin. Tu laisserais un jour à ton fils unique le soin d’accomplir à ta place cette destinée en parcourant le globe sur des vaisseaux de guerre.
Tu redescendis de la colline et t’empressas de rejoindre le rivage pour laisser les vagues te caresser les pieds. Ce n’était qu’un léger clapotis dont le bruit en se brisant sur la plage n’était qu’un murmure tout juste perceptible, mais ton esprit vagabond et fantasque ainsi qu’une joie débordante en faisaient déjà le terrible rugissement d’une bête furieuse d’où jaillissaient des monceaux d’écume. Car telle était ta fertile imagination, Hector : tu métamorphosais ce qui était simple et banal en quelque chose d’extraordinaire pour la simple raison que tu le trouvais beau.
En remontant un peu plus tard sur la Canebière, tu croisas quelques jeunes gens dont l’aspect, bien plus avenant que les marins que tu avais d’abord rencontrés sur le port, t’inspira confiance. Tu engageas avec eux une conversation anodine, dans un mélange d’italien et de français qui avait une saveur particulière. Il ne te fallut guère de temps pour comprendre qu’il s’agissait, tout comme toi, de voyageurs désireux de regagner l’Italie et qui venaient de réserver leur place sur un brick sarde. Le vaisseau en question devait prendre la mer le lendemain dans la soirée. Il restait une place libre et tes joyeux compagnons t’invitèrent à les rejoindre sitôt qu’ils comprirent ton intention de rallier Livourne au plus vite. Il fallait toutefois se procurer les provisions nécessaires pour le voyage puisque le capitaine, s’il fournissait le logement à bord, ne pourvoyait ni à la nourriture ni à la boisson.
La sympathique équipée à laquelle tu venais de t’associer parvint sans difficulté à se mettre d’accord sur les produits à acheter pour une traversée qui devait durer trois ou quatre jours tout au plus et sur le partage des dépenses. Par précaution, il fut acheté pour huit jours de vivre, ce qui te surprit de prime abord. Tes nouveaux amis t’expliquèrent que la mer avait ses caprices et qu’on n’était jamais assez prudent. Enfin, on s’était entendu sur la répartition des restes une fois arrivé à destination.
Avec un air mystérieux, tes compagnons te firent comprendre qu’ils avaient à faire avant de prendre la mer. Ils te donnèrent rendez-vous devant le brick en partance le lendemain une heure avant le départ.
À l’heure dite, tu te retrouvais donc sur place, impatient d’embarquer et de vérifier, ce dont tu ne doutais pas, que tu avais le pied marin et que tu étais imperméable au mal de mer, même en pleine tempête.
Les jeunes Italiens étaient déjà là, en pleine discussion avec le capitaine qui, sans fournir la moindre explication, avait décidé de n’appareiller que le surlendemain. Le ton montait quelque peu, le capitaine ne se départait pas d’un calme flegmatique face à l’impatience de ses interlocuteurs. Quelques mots sonores, qui te firent sourire, jaillirent mais il fallut se résigner à ce retard.
Enfin, le 16 février 1831, par une matinée superbe, un pilote côtier escorta le brick par l’étroite sortie du port, tandis que les membres d’équipage déployaient des voiles carrées sur les vergues de ses deux mats ainsi qu’à l’arrière une brigantine, voile trapézoïdale qui donne son nom au navire. Les marins exécutaient la manœuvre sous le regard vigilant de leur capitaine qui répétait de

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