Résister le 18 juin 1940
54 pages
Français

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Description

Pourquoi et comment commémorer des combats qui ont eu lieu voici 80 ans ? N’est-il pas temps de tourner la page et d’investir nos énergies dans le temps présent ? La réponse est non car l’histoire habite l’actualité. Les familles, les paysages, les mémoires ont été profondément marqués par la violence. La France et l’Europe ont été configurées par ces événements. Ce sont nos patries, telles qu’elles sont sorties des turbulences du XXe siècle. Comme en 1940, l’esprit de résistance et de créativité doit prévaloir pour nous ménager un avenir. C’est ce que la présente brochure se propose d’expliquer avec nos connaissances actuelles et le regard qui est le nôtre.

Informations

Publié par
Date de parution 09 décembre 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312078885
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Résister le 18 juin 1940
Association « Mémoire d’Avenir Commémoration des Combats des Vosges »
Résister le 18 juin 1940
Commémoration des combats des Vosges
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Illustration de couverture : Dessin d’Arnaud Arlabosse, 2019.
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07888-5
Avant -propos
Chaque année, aux alentours du 18 juin, la Municipalité commémore fidèlement les combats qui ont marqué l’histoire de Xertigny en 1940. Elle honore à cette occasion la mémoire des soldats qui ont payé de leur vie l’esprit de résistance qui les animait.
À L’approche du 80 e anniversaire de ces événements, l’idée germa d’un projet d’une commémoration plus solennelle qu’à l’accoutumée en juin 2020.
Les chevilles ouvrières de ce projet furent Mme Véronique Marcot , Maire de Xertigny , immédiatement acquise aux propositions faites par Julien Thiébaut , Nicolas Rogier et Jean - Pierre Warnier qui s’étaient rencontrés quelques années auparavant. Le premier, un jeune vosgien natif de Xertigny , passionné d’histoire locale, avait déjà consacré une magnifique énergie à la collecte et la conservation des traces des combats de 1940 incluant des documents d’époque, des photos prises par les militaires allemands, des objets matériels, des témoignages de toutes sortes et une connaissance intime des moindres sites où s’étaient déroulés les événements.
Au cours d’une réunion de travail à la Mairie de Xertigny , les idées fusèrent autour d’une préoccupation majeure : comment donner du sens à la transmission à nos jeunes dans une période de doute et de dilution de l’esprit collectif ? Nous avions là un terrain idéal d’expérimentation, sur un territoire somme toute réduit, de tresser des liens, de connecter, d’extraire un sens profond à des évènements tragiques déjà anciens dont la mémoire allait fatalement se diluer.
Au programme, étaient prévus un parcours fléché dans la ville, une exposition, des lectures publiques de documents d’époque par les collégiens et lycéens, des interventions de leurs enseignants, des reconstitutions avec des figurants en uniforme d’époque, une brochure permettant de revisiter ces événements à la lumière des savoirs et des préoccupations qui sont les nôtres en ce début de XXI e siècle.
Nicolas Rogier, né en 1962, est Saint-Cyrien de la promotion Général de Monsabert. Après avoir été officier, il exerce une activité de consultant indépendant et se passionne pour la transmission du savoir. Il explore depuis plus de 20 ans le labyrinthe d’une fratrie percutée par les conséquences de la 2 e guerre mondiale. Petit-fils du capitaine Raymond Rogier, officier de carrière, cavalier, tué lors de la défense de Xertigny le 18 juin 1940, il entreprend une lecture de l’itinéraire de son père et de sa famille aux prises avec l’abandon et les souffrances de l’orphelinat. Cicatrices indicibles qui altèrent la sérénité des descendants.
Jean-Pierre Warnier, né en 1939, universitaire et anthropologue, est le fils du lieutenant Jacques Warnier, industriel, officier d’artillerie de réserve, mobilisé en 1939. Ce lieutenant est aux avants postes dans la « drôle de guerre » ; il fait partie des unités qui choisissent de résister à la déferlante allemande ; il est gravement blessé lors de la bataille de Xertigny le 18 juin 1940. Cette expérience du feu marquera profondément son itinéraire au sein du mouvement patronal français après la guerre et le reste d’une existence tourmentée et engagée.
C’est son petit-fils Louis, né en 1985, qui, sensible à l’histoire familiale dans les guerres du XX e siècle, prend l’initiative d’y conduire son père en 2016 pour la première fois de sa vie, d’y rencontrer Julien Thiébaut (né en 1990), et de visiter les lieux du combat. La rencontre avec Nicolas Rogier se fit à l’automne 2016 à Paris. Ainsi se constitua une petite équipe de départ à laquelle s’adjoint Gabriel (né en 1993), fils de Nicolas Rogier. Quelques visites à Xertigny permirent de préciser le projet avec Mme Véronique Marcot et son équipe, à tout moment soucieuse de préserver la flamme. Des tentatives furent menées d’élargir le périmètre aux localités voisines de Xertigny mais la rareté de nos énergies nous contraignirent à rester mobilisés sur le terrain le mieux connu.
Ces projets prenaient tournure et se trouvaient en bonne voie de réalisation avec la création d’une association (loi de 1901), « Mémoire d’Avenir Commémoration des Combats des Vosges » ( MACCV ), quand ils furent anéantis pas la crise sanitaire et le confinement du printemps 2020. Et pourtant notre équipe avait réussi à présenter avec succès son projet à des acteurs publics de premier plan dans la perspective du programme des commémorations du 80 e anniversaire de la bataille de France et de l’Appel du 18 juin du général de Gaulle (Ministère des Armées / DPMA , Conseil départemental des Vosges, notamment).
La commémoration eut bien lieu, comme chaque année, à Xertigny mais réduite au minimum. De tout ce qui avait été prévu, restait la seule brochure dont les auteurs ont pensé qu’elle serait utile quoi qu’il arrive. Elle permet en effet de renouveler le regard porté sur les événements de juin 1940. D’autres publications comme celles de Henri Martin et du Chanoine Lemoine étant indisponibles, elle seule est maintenant susceptible de servir de support de connaissance et d’animation pour les années à venir.
Chapitre 1. Résister le 18 juin 1940
Commémorer des combats sanglants ne relève ni du divertissement morbide ni de la nostalgie héroïque ni du règlement de compte envers l’ancien ennemi, mais de la nécessité. Les institutions mises en place par les traités, si essentielles soient-elles, ne suffisent pas à gagner la paix. Les violences extrêmes ont laissé des traces durables. On n’en finit jamais de les exorciser, même des décennies plus tard. Il faut les débusquer, les nommer, en mesurer la profondeur et la permanence qui se transmettent obscurément d’une génération à l’autre. L’histoire continue son chemin.
En juin 1940, des civils, des vétérans de 14-18, des soldats sous les drapeaux ont résisté à l’avancée allemande à Bains -les- Bains , Les Voivres , Pont - Poirot , Xertigny , Dounoux , Forges -les- Uzemain . Quatre -vingts ans plus tard, les souvenirs de ces événements sont encore vifs. On sait ce qui s’est passé. On s’interroge : à la date tardive du 18 juin 1940, alors que l’armée française, bousculée par la Wehrmacht , était presque défaite, pourquoi un tel sursaut ? Ces actions coûteuses en vies humaines, destructrices, ont laissé des traces sur les bâtiments, le paysage, les cimetières, les mémoires, le psychisme des Vosgiens et des familles de combattants. Ces traces se sont transmises, modifiées, déplacées, comme le font de vieilles cicatrices. En 2020, 80 ans plus tard, il faut se les remettre en mémoire et faire le point de ce qu’elles sont devenues. Cela requiert un renouvellement du récit de ces événements.
Lors de ces combats perdus d’avance, le jeu valait-il la chandelle ? Pourquoi résister à l’inéluctable, et à quel prix ? Dans quel esprit cela s’est-il fait ? Avec quels espoirs en ligne de mire ? Depuis le 10 mai, la stratégie des Allemands avait été d’une audace incroyable. Comme en 1914, les Alliés les attendaient sur les frontières. Les Allemands négligèrent l’attaque frontale sauf, ponctuellement, en passant par les Ardennes et en visant la place hautement symbolique de Sedan. Sombre présage ! Au lieu de cela ils contournèrent toutes les armées alliées par l’ouest, les prirent à revers, entrèrent dans Paris, puis, sans rencontrer d’obstacles suffisamment forts pour les arrêter, traversèrent la Champagne en visant la Franche-Comté.
Arrivées à Langres, les forces allemandes, organisées autour des divisions blindées du général Guderian, piquèrent vers le nord-est pour encercler le deuxième Groupe d’Armées français, composé de 44 divisions intactes, au grand complet, positionnées en Alsace et en Lorraine, mais faisant face au nord.
Faire faire demi-tour à un dispositif militaire français d’une telle ampleur, comportant des centaines de milliers d’hommes avec chars, camions, canons, chevaux et intendance, ne se fait

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