Salah Ben Youssef  : Une vie, Un combat
271 pages
Français

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Salah Ben Youssef : Une vie, Un combat , livre ebook

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Description

S'il est vrai que l'Histoire des peuples et des nations est souvent construite sur des mythes et des mensonges, il ne faudrait surtout pas que la jeune génération de chercheurs tunisiens emprunte cettevoie. Car si réconciliation il doit y avoir, en ce pays, elle doit refermer les vieilles blessures ouvertes et souvent purulentes. Telle est la condition sine qua non d'une réconciliation qui vise à consolider les bases d'une construction nationale.It est indécent d'enseigner aux générations qui montent qu'un homme seul, un surhomme en quelque sorte, a fait l'Histoire de ce pays. C'est indécent et c'est contre-productif. De là viennent tous les déséquilibres qui ont miné la vie de la jeune Tunisie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2021
Nombre de lectures 12
EAN13 9789938075250
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Moncef Chebbi Salah Ben Youssef Une vie, Un combat ARABESQUES 2021 3
Livre : Salah Ben Youssef, une vie, un combat Auteur : Moncef Chebbi Couverture : Sahar Laadouz Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés à l’éditeur : ARABESQUES EDITIONSPremière édition Tunis 2021 ISBN: 978-9938-07-525-05 rue 20 Mars 1956 Bab Saadoun, Immeuble n°5, Apt 3 1005 Tunis www.arabesques-editions.net E-mail :editionsarabesques.tunis@gmail.com
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Introduction Lorsque l‟Histoire est découpée et recousue à la mesure des contingences politiques et la demande des politiciens, des pans entiers de sa vérité s‟écroulent alors que d‟autres pans sont mis sous les projecteurs. Mais l‟Histoire supporte, avec obstination, ces falsifications, et se charge de remettre les éléments, chacun à sa place. L‟Histoire possède une patience phénoménale. Et lorsque l‟heure de la révision arrive, tout se remet en ordre. Tout, ou presque tout : en réalité, il faudrait faire un double effort d‟écriture, réécrire l‟Histoire, parfois sombre, de la science historique, pour mesurer à quel point elle a été (et continue d‟être) malmenée.
Les lectures conjoncturelles ne résistent pas à la chute de ceux qui les ont inspirées. Seule reste debout la vérité. Et il en sera ainsi jusqu‟à la fin des jours, parce que la vérité est étayée par les faits, et les faits sont inamovibles. Les faits passés sont inviolables. Ce qui change c‟est la perception que nous avons de ces faits.C‟est la lecture qu‟on en fait, c‟est notre pouvoir ou notre disposition à 5
décrire les faits et établir entre eux les liens qui s‟imposent.Dans les sociétés anciennes, en général, et dans les sociétés orientales, en particulier, le régime politique évolue et multiplie ses centres d‟intérêt,mais à aucun moment il ne dépasse les limites du pouvoir personnel.
Et l‟Histoire, de ce point de vue, ne peut être qu‟un descriptif de la marche du père idéal, des ancêtres qui se sont succédés à la tête de ce pouvoir.L‟Histoire doit également être à côté de la force brutale, un outil de justification des options de ce même pouvoir.
Mais quand la conjoncture évolue, les peuples viennent à une nouvelle évaluation de ces pages de leurs vies et cherchent les moyens de rattraper le temps perdu. Ils remettentde l‟ordreleurs dans vies, comme le feraient les habitants d‟une ville après le passage d‟un ouragan.
L‟histoire du Mouvement National Tunisien a subi une attaque féroce de la part de cette force politique qui s‟est emparée du pouvoir, à la fin de la période coloniale. Cette attaque a visé essentiellement le rôle que le peuple tunisien a joué en vue de se débarrasser du colonisateur, l‟accenta été mis sur certaines faiblesses. Telle que cette histoire d‟une vieille dame qui aurait dit à Bourguiba, lors de ses tournées de mobilisation : « Non ! La paume de la main ne peut rivaliser avec 6
la lame du sabre». Ce à quoi leleader des deux combats« Si ! La paume de la aurait répondu : main peut rivaliser avec la lame du sabre aiguisé ». Cette image du „leader courageux et presque téméraire, sauveur en dépit de tous les dangers‟ illustre l‟éviction des masses populaires de l‟action historique.
L‟Histoire officielle s‟attaque ensuite, dans un deuxième volet, aux hommes et femmes qui ont consacré leurs vies à donner du souffle et un sens à la volonté libératrice d‟un peuple. Tous doivent être gommés. Tous, à l‟exception d‟un seul, le père proclamé, auto-proclamé, du mouvement national. Comme si ce mouvement ne pouvait souffrir d‟avoir plusieurs pères, plusieurs mères. L‟image de ces militants et de ceux qui leur ont succédé subissent de graves altérations. Seul Bourguiba reste debout, dans la scène historique, levant haut le standard de la liberté et rendant aux tunisiens, un à un, leur dignité, un peu comme Kim Il Sung en Corée du Nord, Enver Hodja en Albanie, et bien d‟autres leaders qui ont marqué leurs époques avant de sombrer dans la mégalomanie. Les fondateurs du mouvement national tunisien, tel que le cheikh Abdelaziz Thaalbi et les membres du comité exécutif du Parti Libéral Destourien sont jetés hors de l‟Histoire sous prétexte du mépris qu‟ils entretenaient à l‟égard du peuple et la préférence qu‟ils avaient pour le «militantisme de salon ». On leur impute également des relations
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avec le colonisateur, et une jalousie à fleur de peau à l‟égard de Bourguiba et de ses compagnons.
Ce n‟étaient là, bien sûr, que mensonges; une manière, pour la politique de tordre le cou de l‟Histoire.
Puis, vient le tour d‟une autre catégoriedes militants du mouvement national tunisien. Ce sont les propres amis de Bourguiba ! Ceux qui ont choisi de quitter, en même temps que lui, les rangs de la commission exécutive du vieux Destour. Nous voulons parler du Docteur Mahmoud Materi, Bahri Guiga, et de bien d‟autres, sous prétexte qu‟ils étaient incapables d‟imaginer les étapes ultérieures de la lutte pour la libération du pays, ou encore parce qu‟ils ont refusé de suivre Bourguiba, à un moment ou à un autre, et ont quitté la voie qu‟il traçait, tel que le Docteur Slimane Ben Slimane ! Ceux-là méritent d‟êtremalmenés de leur vivant et, plus grave encore, dans les récits de l‟Histoire officielle, bien après leur mort. En fait, ceux-là ont fait de l‟ombre à Bourguiba parce qu‟ils étaient aux avant-postes du mouvement national, ils ont reçu tous les coups auxquels était exposé ce mouvement, auquel ils ont voué leur vie.
Il était absolument nécessaire de les chasser de l‟Histoire pour que Bourguiba puise prendre toute la place. Bourguiba et nulle autre personne !
Le leader martyr Salah Ben Youssef étaitl‟un de ces militants de la première vague. Son sort ne fut 8
pas meilleur que celui de ses camarades. Il eut droit, comme eux, à l‟emprisonnement, à l‟exil, à toutes les poursuites possibles et imaginables, à toutes les formes de répression.
Mais il a eu le malheur de rester debout jusqu‟au dernier jour de sa vie, réclamant les droits inaliénable du peuple et du pays. Cet homme courageux n‟a pas accepté que Bourguiba accapare à lui tout seul le pouvoir de décision, au sein du néo-Destour et impose ses vues.
Il avait sa propre vision et ne manquait aucune occasion de l‟exprimer, et il possédait par-dessus tout une extraordinaire volonté de militantisme, une abnégation sans limites. Il occupa progressivement les plus hautes charges dans la direction du néo-Destourjusqu‟à en devenir le secrétaire général.
Avec l‟évolution du mouvement national, il acquit une vision assez claire des étapes ultérieures et des stratégiesà mettre en place, afin d‟amener la Tunisie à une indépendance totale et réelle, une indépendance à laquelle aspirent, à travers le monde, tous les peuples soumis aux puissances coloniales. Ben Youssef était dans l‟air du temps, en harmonie avec la vague indépendantiste mondiale.
En plus, il mesurait parfaitement la force de l‟adversaire. Il en est venu à comprendre l‟intérêt d‟une véritable union des forces intérieures et 9
même la nécessité d‟une coordination à l‟échelle maghrébine et une solidarité internationale. Il mesurait la puissance politique et militaire du colonialisme et ses ramifications internationales. Il avait saisi que l‟hydre coloniale était là mêmepour tous et que ses victimes devraients‟unir.
C‟est lorsqu‟il commença à évoquer le lien historique et indéfectible entre les peuples tunisien et algérien que démarral‟opération de sa mise à l‟écart, dans un effort visant à limiter son influence. Et cette démarche se poursuivit en Tunisie et à l‟étranger, jusqu‟au jour où une main criminelle finit pat l‟assassiner.
En même temps, et pendant plusieurs dizaines d‟annéesaprès sa mort, ses ennemis ont tenté de l‟exclure de la mémoire collective, la mémoire de la lutte nationale, mais en vains ! Ben Youssef est toujours là. il observe la Tunisie qui continue son chemin, en dépit des difficultés grâce à une volonté populaireque le temps n‟arrive pas à éroder.Elle progresse vers la récupération de son identité et de sa place, dans le concert des nations. Il s‟agit de cette Tunisie qui a manifesté, depuis bientôt deux siècles, une profonde aspiration à la liberté, à la citoyenneté et une réelle disposition à en payer le prix. En essayant de recoller les morceaux de la vie de Salah Ben Youssef, nous remettons en place les pièces du puzzle du mouvement national, de 10
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