Seconde Guerre mondiale - La Mer était rouge
270 pages
Français

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Seconde Guerre mondiale - La Mer était rouge , livre ebook

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Description

À la fin de l’été 1939, le Canada entre en guerre. Pour des milliers de jeunes hommes, l’enrôlement se présente comme une occasion d’apprendre un métier, d’acquérir une formation et de toucher un salaire décent.
Parmi eux, il y a Jean Lévesque, qui cherche désespérément à donner un sens à sa vie en portant l’uniforme des Fusiliers Mont-Royal.
Dès lors, il s’accroche à la guerre comme à une bouée. Lui et ses camarades ignorent encore qu’elle les mènera en Islande et en Angleterre, toujours loin du front, de l’ennemi et des combats. Résignés à vivre leur guerre en figurants, ils verront leur destin chamboulé, un matin d’août 1942, sur la plage de Dieppe.
La Mer était rouge s’inspire des témoignages des survivants, d’archives inédites et des théories qui ont fait du raid de Dieppe un événement mythique de la Seconde Guerre mondiale. La guerre s’y incarne à travers le quotidien, l’espoir et l’amour de ses protagonistes principaux – des soldats pour qui le temps pressait de quitter la monotonie des entraînements pour vivre, dans sa brève intensité, la violence d’un jour de combats qu’ils n’auraient jamais pu imaginer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 octobre 2021
Nombre de lectures 4
EAN13 9782898180903
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Seconde Guerre Mondiale


Nicolas F. Paquin
Copyright © 2021 Nicolas F. Paquin
Copyright © 2021 Éditions Monarque Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : Simon Rousseau
Révision éditoriale : Gabriel Thériault
Révision linguistique : Mélanie Boily
Conception et illustration de la couverture : Mathieu C. Dandurand
Mise en pages : Catherine Bélisle
ISBN papier : 978-2-89818-088-0
ISBN PDF numérique : 978-2-89818-089-7
ISBN ePub : 978-2-89818-090-3
Première impression : 2021
Dépôt légal : 2021
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Éditions Monarque Inc.
1471, boul. Lionel-Boulet, suite 29
Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada
www.ada-inc.com
info@ada-inc.com


Participation de la SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : La mer était rouge / Nicolas F. Paquin.
Noms : Paquin, Nicolas, 1977- auteur.
Description : Mention de collection : Seconde Guerre mondiale
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 2021006143X | Canadiana (livre numérique) 20210061448 |
ISBN 9782898180880 | ISBN 9782898180897 (PDF) | ISBN 9782898180903 (EPUB)
Classification : LCC PS8631.A699 M47 2021 | CDD C843/.6—dc23
On dit que la guerre est une affaire de calculs et de précision. Une arme bien entretenue permet à une mire adéquatement calibrée d’obtenir, chez le tireur convenablement formé, un résultat efficace. Un entraînement rigoureux est censé permettre un rendement optimal des ressources humaines. Le succès d’une mission dépend de cartes précises, de l’organisation sans faille de la hiérarchie et de la prise d’informations sensibles sur la préparation de l’ennemi ou encore sur la température ambiante.
Pourtant, à la guerre, l’improbable défie maintes fois l’impossible. Ce qui paraît invraisemblable dans l’œil de l’agile tacticien ou dans celui de l’analyste campé dans son examen des faits est forcément ce qui arrivera. Pourquoi ? Parce que la réalité qui dépasse la fiction est encore de la réalité. Pour se faire une image objective de ce que fut le raid de Dieppe, il faut donc revenir à l’essentiel, c’est-à-dire au témoignage de ceux qui subirent cet enfer.
Mais pour comprendre ce qu’ont vécu ces malheureux, il faut de l’empathie. Il faut comprendre ces hommes. Les comprendre et les aimer. Leur vie ne commença pas dans les barges qui abordèrent Dieppe le 19 août 1942 et, même pour ceux qui moururent, les conséquences de ce jour perdurent encore aujourd’hui.
Peut-être que si nous faisons preuve d’empathie, le sacrifice des gars de Dieppe prendra enfin un sens.
Nicolas F. Paquin
Chapitre 1
22 H 40, 19 Août 1967
D ans la grande salle du vieux Café des Tourelles, place Camille-Saint-Saëns, à Dieppe, ça sent le Picon bière, le calvados, la cigarette, le tabac à pipe, la sueur et les aisselles d’une chaude journée d’été qui tire à sa fin.
L’ambiance n’est pas comme d’habitude. À cause des étrangers. Demi-dieux, vedettes, héros. Héros ! À Dieppe, on prononce ce mot avec l’éclat d’un ballon qui touche une ampoule chaude. Ce soir, il suffit de survoler les conversations pour constater qu’on ne parle que d’eux, et du jour où ils le devinrent. Même après un quart de siècle, personne n’a oublié.
« Vingt-cinq ans, c’est pas une éternité.
— Admets tout de même que vingt-cinq années depuis la guerre, c’est toute la France qui a changé.
— Ah ! Ça, je veux bien. Les jeunes, c’est plus ce que c’était. Tu les vois, les yéyés, prendre le maquis ? Prendre les armes ? Prendre des risques ? Tu as raison, il est loin, le temps de la Résistance. Tous ces singes qui gigotent comme Cloclo ou Johnny Halliday, ça irait derechef au Service du travail obligatoire. Et je t’arrête tout de suite, car je sais que tu te prépares à me répliquer qu’il faut que jeunesse se passe. Eh bien non ! Je te cite Malherbe : « Qui cesse d’espérer, il cesse aussi de craindre ». Voilà ! Les jeunes de notre temps n’ont pas de courage, parce qu’ils n’ont ni espoir, ni crainte. C’est ce qui nous a fait choisir la Résistance en 42, nous. »
Chacun y va de son récit épique. Parfois, les propos enflent, comme le nez couperosé des piliers de bistro.
« J’y étais, moi. Je les ai vus. Et celui-là, à gauche… Le deuxième, avec l’espèce de menton. Tu vois ? Eh bien, je mettrais ma main au feu qu’il était par là, du côté de la rue du 19 août 42. Mais elle ne portait pas le même nom, la rue. C’était quoi, déjà ?
— Rue de la Martinière. J’y ai trouvé les deux gars, au pied des vespasiennes. Papa était brancardier. Il les a emmenés à l’hôpital.
— Qu’est-ce que tu racontes ! Ils étaient morts !
— Ça, c’est ce que tout le monde dit ! Mais mon père, lui, il a vu des choses… »
Les paroles demeurent en suspens, comme une fumée de Gauloise. Assis sur le bout d’une fesse, sur le bout d’un tabouret, au bout du comptoir, des habitués déballent leur petit bout d’anthologie :
« Ma mère en a vu arriver deux. Elle a dit ‘Oh ! Des Anglais’. Mais c’était pas des Anglais ! Ça non ! Ils disaient ‘J’voudra bin pas vous indisposer, mais on est des Canadins frinçais’…
— Ce que tu les imites mal ! Écoute-les, écoute-les ! C’est pas ainsi que ça cause, des Québécois.
— Oh ! Mais ils n’étaient pas Québécois. Ils étaient Acadiens !
— J’aurai tout entendu ! Pourquoi pas des Indiens du Canada ? »
La serveuse, prise d’une bouffée de nostalgie, s’essuie les yeux du coin de son tablier.
« J’en ai vu une dizaine dans la cour, mains en l’air. Les Allemands les tenaient en respect. Il y en a un qui m’a vue, par la fenêtre de l’étage, et il m’a dit que j’étais belle.
— Bon, voilà qu’elle recommence avec ses histoires, soupire son mari en remplissant un verre. Comme s’ils avaient eu le temps de jouer aux séducteurs…
— Et pourquoi pas, gros bêta. Il m’a dit son nom, mais j’étais si bouleversée que j’ai oublié. Je me souviendrai toujours de son sourire… Ils sont tous morts, je crois. Les pauvres gars ! »
Les souvenirs flottent dans une tapisserie de smog sous les solives anciennes. Ça fume tant qu’on ne distingue plus du bois les nœuds tordus et leur veinure séchée par leurs siècles de loyaux services.
« Et toi, tu faisais quoi, en août 42 ?
— J’étais cuisinier au champ de course. Je pissais dans le potage des Boches. »
Les habitués du Café des Tourelles, ce sont encore et toujours les autochtones du terroir dieppois. Ce n’est pas le terroir ; c’est plutôt le fond de mer. Car Dieppe est un port de pêche, et même si, à cette extrémité de la vieille ville, la faune n’est plus tout à fait celle du quartier du Pollet, elle demeure, dans sa chair et dans son sang, aquatique.
« Nous vivions dans un gobe creusé à même la falaise. Les Boches nous ont forcés à l’abandonner. Aujourd’hui, tout est casematé, bétonné. Puis, il n’était plus question de pêcher. Ils avaient réquisitionné le port et miné toute la zone navigable.
— Alors, de quoi viviez-vous ?
— Papa est devenu serveur au bistro. Lui pour qui prendre la flotte était une seconde nature, eh bien il est mort du foie en 47… »
Après plus d’un siècle, le Café des Tourelles demeure la destination quotidienne de ces irréductibles Normands du Nord. Les plus vieux ont le calme placide d’un chalutier qui revient de la pêche. Ils ont le visage tanné par le soleil de la Manche et l’air du large. Dans leurs rides se lit la carte des rues obliques du vieux Dieppe, et leurs moustaches, quand ils parlent, vont et viennent comme l’écume qu’abandonne la mer quand elle se reti

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