Sous le ciel du midi - Tome 1
402 pages
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Sous le ciel du midi - Tome 1 , livre ebook

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Description

Ça se passe là où souffle le vent d'autan... Là où la langue occitane fredonne, roule et claque. En pays ardent, gorgé de soleil, où hommes et femmes vivent entre pâtures, pailles et vignes, où le temps s'égraine entre semences et moissons... Ce sont des scènes telles qu'auraient pu les capturer les chauds pinceaux d'un Van Gogh qui s'y serait aventuré. Ou des daguerréotypes aux contrastes à peine passés. On y voit ainsi, au premier plan, l'existence rurale au moment où le XXe siècle s'apprête à éclore. On y lit les gestes presque rituels, les cocasseries, les mésaventures qui égayent le quotidien et vous affublent, à vie, de surnoms. Les chamailleries et les discussions emportées pourraient même s'en échapper et ravir les tympans... Et puis, en arrière-plan, pointant timidement du fond de l'azur, le temps du cosmos, la marche de l'histoire, celle qui emporte tout sur son chemin, qui révolutionne les pratiques ancestrales, qui annonce les tourments, les luttes et les guerres. Riche fresque provinciale, ancrée à toute une région – à sa culture, à sa langue, à son identité – composée par un auteur qui donne corps et âme à toute une communauté, "Sous le ciel du Midi" est une œuvre immersive, portée par cette langue occitane qui l'habite intimement et qui lui donne ses accents incomparables. Une écriture pétrie d'humour et de poésie, un texte comme l'on en lit peu, capable de saisir tout ce que l'ordinaire et le quotidien peuvent avoir de littéralement fabuleux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juin 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342024791
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous le ciel du midi - Tome 1
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Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Sous le ciel du midi - Tome 1
 
 
 
« La mémoire est l’avenir du passé. »
P AUL V ALÉRY
 
 
 
A VANT-PROPOS
 
 
 
Les faucheurs du printemps, les moissonneurs de l’été, les vendangeurs d’automne ou les danseurs des veillées échangeaient, plaisantaient, s’aimaient, chantaient en occitan. Tous en oc !
Mes parents, mes ancêtres mieux encore, parlaient occitan aux animaux, aux insectes, aux plantes, aux éléments. Ils encourageaient ainsi la paire de bœufs qui courbait l’échine devant la charrue, rappelaient le troupeau qui filait dans la luzerne, murmuraient une sacramentelle pour apprivoiser l’essaim bourdonnant, fredonnaient une ritournelle en arrosant les fruitiers desséchés ou pestaient contre l’autan ! Tout en oc !
Dans les bourgs et les villages aussi, plus encore le dimanche et les jours de marché, les rues résonnaient de palabres occitanes. Partout en oc !
Partout ? Presque ! car au crépuscule du XIX e  siècle apparaît l’enclave française de l’école laïque.
L’Occitanie devint bipolaire : le français très minoritaire, voire absent de la vie des campagnes, prenait sa revanche en devenant totalitaire dans l’enceinte officielle de l’école républicaine.
 
Au XII e  siècle, les troubadours ont inventé l’écriture de l’occitan. Ils ont chanté et diffusé la culture occitane dans toutes les cours d’Europe. Mais la croisade des Albigeois est passée par ici. Puis le traité de Paris de 1229 est repassé par là : les pays de langue d’oc furent rattachés à la couronne de France. L’aristocratie puis l’administration ont peu à peu adopté le français et abandonné la graphie des troubadours. En 1539, l’édit de Villers-Cotterêt a fait un pas supplémentaire en promulguant le français comme langue officielle dans tous les actes administratifs.
Bien plus tard mais sur la même voie, Jules Ferry et son armée de hussards noirs ont réussi à parquer l’occitan dans la réserve des patois. Une réserve ? plutôt une grande décharge où l’on retrouve pêle-mêle breton, chtimi, corse, normand, catalan et tant d’autres encore. Toutes des langues de bourriques que les instituteurs républicains clouent au pilori de la bêtise humaine en coiffant les élèves qui les parlent d’un bonnet d’âne.
« Il faut se rendre à l’évidence : la langue française, c’était au début du XX e  siècle la langue d’une infime minorité de la population française. C’est curieux à dire, mais la France n’est francophone que depuis cinquante ans à peine !… 1 »
Les hussards ont si bien fait leur travail que de Bordeaux à l’Italie, de Clermont-Ferrand à l’Espagne, les occitans ont souvent intégré l’infériorité de leur langue : désormais ils parlent « patois ». Un patois, c’est-à-dire une langue au mieux régionale, pour le moins rurale et dépassée mais dans tous les cas inférieure à la langue officielle. Elle a pourtant sa graphie, sa phonétique, ses dictionnaires, ses précis de grammaire et de conjugaison, ses écoles, ses poètes et ses écrivains. Une langue occitane que l’on aime et que l’on respecte mais que l’on croit privée d’avenir. Avons-nous cessé de croire en ces enfants qui l’apprennent aujourd’hui sur les bancs des écoles ?
Les plus récentes embellies furent sans conteste le souffle magistral des écrivains du Félibrige de Frédéric Mistral et le soutien sans faille de Jean Jaurès.
Plus récemment une autre réminiscence eut lieu au début des années soixante. Par la magie de la T.S.F., le « patois » qui avait pris la porte rentrait par la fenêtre. Il avait désormais son entrée officielle : les ondes. L’occitan sur les ondes c’était le rendez-vous hebdomadaire où toute la famille abandonnait veaux, vaches, cochons, couvées, pour s’agglutiner autour du poste grésillant à gros boutons dorés. Suau ! Calatz-vos ! Comença ! « Radio-Toulouse, voici les aventures de la Catinou » crépitait la voix. « La Catinou » de Charles Mouly c’était notre feuilleton préféré, un mille-feuille burlesque et sucré, qui nous faisait nous esclaffer des malheurs de Jacouti et des répliques cocasses des villageois de Minjocèbos.
On pouvait aussi lire les aventures de la Catinou dans les journaux en phonétique française. Mais il existe une graphie officielle, dite « normalisée », issue des travaux titanesques de Louis Alibert 2 dans les années trente.
Cette écriture normalisée constitue une norme, un standard, pour toute l’Occitanie. Elle permet la lecture d’un récit bien au-delà de nos horizons languedociens, jusqu’aux portes de l’Espagne et de l’Italie. Elle nécessite cependant de la part du lecteur un petit effort d’apprentissage linguistique. Nous vous proposons une méthode de base, très simple, qui permet de retrouver rapidement les sons de l’occitan parlé.
La majeure partie de l’ouvrage utilise cette graphie normalisée, nous avons cependant conservé un tableau 3 , « Le service », qui recourt à la graphie de la Catinou.
 
 
 
Comment lire l’occitan normalisé : dix règles
 
 
 
C’est vraiment très simple : il suffit de connaître, dans un premier temps, dix règles essentielles.
 
Recette de lecture
 
Nous allons comparer une seule et même phrase écrite d’abord en français puis dans les deux graphies citées plus haut : la graphie normalisée (celle de Louis Alibert) et la graphie française (celle de la Catinou). Nous percevrons aussitôt les dix règles essentielles.
 
1) Phrase en français :
Il faut une bonne poignée de bois bien sec pour allumer le feu et chauffer la maisonnette.
 
2) Même phrase écrite en occitan suivant la graphie normalisée :
Cal una brava ponhada de lenha plan seca per alucar lo fuòc e caufar l’ostalon.
 
3) Même phrase écrite en occitan suivant la graphie française :
Cal uno brabo pougnado dé légno pla séco pér aluca lou fioc é caoufa l’oustalou.
 
En comparant la graphie normalisée (2) et la graphie française (3) on déduit aussitôt les dix règles principales :
 
Règle 1  : Le « a » final d’un mot se prononce « o ». On écrit « un a  » mais on prononce «  un o  », de même « brava » se prononce « brabo » etc.
 
Règle 2  : Le « e » d’un mot se prononce « é »  : on écrit « d e  » et on prononce «  d é  », de même pour « l e nha » qui se prononce «  l é gno »,  etc.
 
Règle 3  : Le « o » ou « ó » (accent aigu) se prononce « ou »  : on écrit «  pon hada » et on prononce «  pou gnado  », de même « sopa » se prononce « soupo », « amorós » se prononce « amourous » etc.
 
Règle 4  : Le « ò » (accent grave) se prononce « o », c’est le « o » du français de « bord » ou « fort » : en occitan on écrit « fu ò c » et on prononce « fu o c » ce qui dérive souvent en « fioc » !
 
Règle 5  : Le « lh » se prononce « ly »  : on écrit fami lha et on prononce «  fami lio  ».
 
Règle 6  : Le « nh » se prononce « gn  » : on écrit « po nh ada » et on prononce «  pou gn ado  » de même pour « le nh a » qui se prononce «  lé gn o  »…
 
Règle 7  : Le plus souvent le « n » final ne se prononce pas (sauf en provençal) : on écrit « pla n  » et on prononce «  pl a  » ; « ostalo n  » se prononce « oustalou »…
 
Règle 8  : Le « r » final ne se prononce pas  : on écrit « aluc ar  » mais on prononce «  aluc a  », de même pour « cauf ar  » qui se prononce «  caouf a  », etc.
 
Règle 9  : Le « u » précédé d’une voyelle se prononce « ou »  : on écrit « c au far » et on prononce « c aou fa ». De même si le « i » est précédé d’une voyelle, il se prononce « y » ainsi « paire » se prononce « payré », etc.
 
Règle 10  : Le « v » se prononce « b  » : on écrit « brava » et on prononce « brabo »…
 
Voilà pour l’essentiel en une seule phrase ! d’autres règles de prononciation existent, pour approfondir vous pouvez consulter le dictionnaire Français-Occitan de Christian Laux 4 pages 19 à 23.
 
 
 
« Benlèu qu’aquel raconte poirà ajudar lo que me legís per comprene lo mond ont sèm […] Viurem lo temps de deman amb l’èime que nos sèm fargats ara. »
 
 
C RISTIAN L AUS « La Coa de la Cabra »
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
« Ce récit pourra peut-être aider le lecteur à comprendre le monde où nous sommes […] Nous vivrons demain avec l’intelligence que nous nous sommes forgée aujourd’hui. »
 
 
C HRISTIAN L AUX « La Coa de la Cabra »
 
 
 
 
I. Début juillet 1895. La lieuse
 
 
 
À cette époque, Toulouse-Lautrec peignait le Moulin-Rouge et les premiers cyclistes zigzaguaient au pied de la butte Montmartre.
La renommée du peintre n’avait pas encore franchi les boulevards des Maréchaux. Si, par hasard, l’on avait posé à Louis la question désormais classique : « Que pensez-vous de Toulouse-Lautrec  ? »
Il aurait probablement répondu :
-. Tolosa ? Fa tròp luènh, preferi anar al mercat de Reialmont !  
Toulouse ? Ça fait trop loin, je préfère aller au marché de Réalmont !
 
Tenté par l’aventure du progrès, Louis avait acheté un vélocipède : un des premiers. Ce dinosaure de l’ère cycliste, aussi éloigné de la petite reine que la brosse à habit, du hérisson, ne possédait ni roue libre, ni freins. Aux dires des promoteurs, ces petits inconvénients constituaient un gros avantage car l’absence de roue libre permettait de freiner.
Dans un pays aussi vallonné que celui de Cocagne, l’important, pour s’arrêter, était de ne pas perdre les pédales. Il suffisait de peu : le doux regard d’une faneuse dans la descente, le beau rêve intersidéral qui s’ensuivait et le désastre s’annonçait ! La monture s’emballait, les mécaniques cliquetaient, les pédales moulina

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