Vivre et survivre
126 pages
Français

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Vivre et survivre , livre ebook

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Description

Ce roman plonge le lecteur au cœur du XIIème siècle, au temps où des peuples anciens vivaient autour du lac Titicaca. La brillante civilisation de Tiawanaku s'y est développée et ce texte retrace l'évolution de ces peuples vers la formation de l'empire inca.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334014694
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-01467-0

© Edilivre, 2015
Dédicace

À Pierre, Frank, Arabelle, Luisa,
Sharon, Luca, Nicolas, Gabriel.
Les enfants des nuages
Cris et fureur, rage et haine. Des ondes tentaculaires et maléfiques s’insinuent dans les vallées, parcourent les basses terres, embrument l’espoir dans le cœur des hommes. La pluie ? Où est la pluie ? Les dieux des eaux semblent oublier leurs devoirs envers les êtres vivants. De gros nuages comme des outres passent au-dessus des crêtes et filent arroser les versants du septentrion et du levant. Les oasis créées par les eaux de ruissellement ne répondent plus aux besoins. C’est un fait : l’ouest et le sud se désertifient. Le froid lui, est présent. Un vent glacial et violent retient la fonte des glaciers qui gonflent, privant les rivières.
Les familles torturées par la faim supportent difficilement ces conditions. Les individus les plus faibles, les jeunes et les vieillards, disparaissent prématurément. De plus, une migration continuelle déferlante venant du midi, où les conditions de sècheresse s’aggravent, où la pénurie s’accélère, où la démographie est galopante, produit des êtres toujours plus affamés. Cela ne peut plus durer. Les regards se tournent vers les hautes plaines grasses, herbeuses et productives…
* *       *
Vers le XII ème  siècle, autour d’un des plus grands lacs du monde, situé à 3812 mètres d’altitude le « Puquinacocha », vivent « Les Enfants des Nuages » : les Puquinas. A ces hauteurs vertigineuses, qui sont celles des nuages, les êtres vivants subissent les grandes différences de température ; les saisons ne sont pas trop marquées, mais il existe entre les jours et les nuits des fluctuations pouvant aller jusqu’à 40 degrés centigrades. Le jour, le soleil est intense. La nuit est glaciale.
De gros nuages nocturnes, s’étalent tout à leur aise sur ces très hautes plaines. Bien sûr, ils apportent cette humidité bénéfique à toute vie sur terre mais, le matin, ils devraient disparaître au lieu de s’attarder à faire la grasse matinée, ou à tomber en gelée blanche, ou à se transformer en brouillard givrant, ou encore en « garoua », cette petite pluie brumisante…
Depuis des siècles les Puquinas habitent l’altiplano fertile et les versants des montagnes, qui entourent le lac. Il n’y manque pas de sources fraîches, de rivières riches en écrevisses, de lacs poissonneux.
Pour vivre et survivre, les « Enfants des Nuages » ont adapté malgré eux leur organisme à cette altitude où l’air est léger, l’oxygène si difficile à capter. Dans cette atmosphère le cœur s’affole et la fréquence des pulsations augmente. Les vaisseaux capillaires donnent de bonnes joues bien rouges ! A l’intérieur du corps, dans les cellules musculaires, la quantité et l’activité des enzymes s’accroissent, produisant de l’énergie.
Le corps humain finit par accepter ces conditions extrêmes, il compense et se met à produire plus de globules rouges et d’hémoglobine ; la fréquence cardiaque peut s’abaisser et l’oxygène se libère en quantité plus importante dans les fibres musculaires. Au cours du temps, bien que ces paramètres ne soient pas des acquis génétiques, finalement, ils se stabilisent puis diminuent pour retrouver des valeurs proches à celles observées au niveau de la mer.
Pour vivre et survivre les Enfants des Nuages se sont regroupés en grandes et solides familles, qui peu à peu, se sont organisées en état puissant : l’empire de Tiawanaku.
La famille, il faut la comprendre au sens le plus large.
Toutes les générations qui se succèdent se sentent reliées intrinsèquement au terroir. Le « chez soi » c’est le sol, la terre, le lieu précis immuable qui attache la famille et lui donne son identité. C’est la « pacarina » le lieu d’origine de la vie découvert par les ancêtres, créateurs de la famille, symbolisée concrètement par un site : une rivière, un arbre centenaire, un rocher, une colline, un cratère, une grotte ; ou encore un être vivant : un condor, un puma, un poisson… La pacarina est l’endroit vénéré où les individus prennent chair et s’identifient dans leur famille.
La famille, « ayllu », est fortifiée par la présence des corps momifiés du premier couple géniteur et des plus proches décédés : les « mallquis ». Ils reposent dans un endroit sacré, la « huaca », au milieu de leurs enfants.
L’ayllu est le lieu d’ancrage à Mère Terre. Le Puquina trouve sa place dans le monde, il sait d’où il vient, il connait ses racines, ses proches, et surtout il y construit son imaginaire.
Dans la pensée des Enfants des Nuages, la flèche du temps semble inversée. A cause de ces « mallquis » respectés et servis, leurs sentiments sont tournés vers le passé, ils se projettent peu dans l’avenir. Le passé est une source permanente de connaissance et d’inspiration, qui oriente l’action et les décisions immédiates. Le futur, inconnu et incertain, relève de la spéculation. Il est impossible d’avancer vers des événements qui n’ont pas encore eu lieu.
Le présent distendu prend toute l’importance. Dans cette idée il est admis dans les usages que les couples se marient vers la fin de leur vie…
Cette vision est, semble-t-il, contraire à la conception du temps que l’on pense commune à toutes les cultures humaines.
Encore assoupies à cette heure matinale, les familles attendent les premières lueurs de l’aube pour saluer les rayons bénéfiques qui dissiperont la fraîcheur.
Le brouhaha et les menaces qui montent des terres basses n’atteignent pas les Enfants des Nuages. Inconscients du danger, ils s’apprêtent à savourer la belle journée qui s’annonce : douceur et ciel sans nuage… Le soleil, astre vénéré, apparaît triomphant, glorieux, irradiant les hauts plateaux, les cimes enneigées éblouissantes.
Les travaux quotidiens vont commencer. Il faut réactiver les feux, aller chercher l’eau à la source, préparer les repas, nourrir les bébés, les enfants et conduire les animaux au pacage. Les hommes préparent les outils, constituent les équipes, répartissent la besogne. Quelques villageois, ceux des classes aisées, sommeillent encore à cette heure.
Kunantitutaya est la fille du « Kuraka », c’est-à-dire : le chef de l’ayllu, parce qu’il est le descendant le plus direct, par les premiers-nés, du couple géniteur. Elle peut donc jouir de quelques avantages, mais comme chacun, elle est tenue de réaliser sa journée de travail souvent près de la « pacarina » qui est, pour sa famille, la rivière « Mayorimac » et sa source voisine.
La jeune fille se réveille en chantant et s’habille en dansant. Elle revêt quatre jupes superposées, un poncho, des vêtements en bonne laine d’alpaga filée finement et tissée par sa mère.
Kunantitutaya doit distinguer les filiations : maternelle ou paternelle ?
Il très important de savoir de qui on parle, et à qui on parle. La maman et ses sœurs ce sont les « Mamas ». Elle est la « Huahua ». La grand’mère est « Payu », pour qui elle est « Hahua ». L’arrière grand’mère est « Mamapa payan », pour qui elle est « Huillca ». L’arrière-arrière grand’mère est « Payaypa payan », pour qui elle est « Chupuyu ».
La famille est tellement soudée qu’une même génération de filles, les mères et les tantes, vivent un quotidien proche ; celles-ci peuvent prendre le relais auprès des enfants si l’une d’entre elles venait à devenir impotente ou malheureusement disparaître. Idem, pour le père et les frères.
Toutes ces grand’mères, mêmes disparues, restent dans les cœurs de leurs descendantes pour qui elles sont toujours vivantes. Elles sont tout simplement endormies dans leur « huaca », un petit temple tout proche ; elles y reçoivent souvent des visites. Leurs filles et petites-filles leurs racontent les événements quotidiens ; elles aiment à les nourrir, et parfois les vêtir. C’est la filiation par les filles… Toutes les premières nées portent le même prénom. Ainsi, Kunantitutaya porte le nom de sa maman, qui portait le nom de sa mère, qui portait le nom de sa mère, qui portait…
En parallèle, le père, est appelé « Yaya », qui appelle son fils « Churi », le grand-père est « Machu », l’arrière-grand-père est « Yayapa machun », l’arrière-arrière-grand-père est « Machuypa machun ». Les premiers nés portent le prénom du père, qui porte le prénom de son père, qui porte le prénom de son père, qui portait… Bien sûr, c’est aux garçons de nourrir, de servir et de visiter leurs ancêtres, les « Caru Ayllu »…
Kunantitutaya, appelée par ses proches Tituta, se sert de quelques galettes confectionnées avec de la farine de pommes de terre et de la quinua, ajoute dans sa musette de jeunes roseaux bien tendres et croquants, une chirimoya parfumée, une tomate et quelques fraises ; petite provende qu’elle utilisera comme en-cas. Elle prend bien garde de ne pas oublier sa quenouille, car il ne faut pas perdre de temps et toujours aussi joyeuse, salue ses parents et le petit temple des mallquis en sortant de l’enclos. En courant, elle rejoint le pré où paissent les lamas. Ses frères et ses cousins sont déjà à l’ouvrage, bouchonnant les animaux à l’aide de brosses d’herbes sèches, les sabots sont particulièrement bien soignés. Ce sont des bêtes de grande taille, robustes, aptes à transporter des fardeaux, pas trop lourds cependant. Lorsque les hommes partent négocier vers les vallées, ils organisent des caravanes composées de ces guanacos ; bien que chargés, ils marchent d’un pas ferme et sûr en suivant les sentiers escarpés des versants de la montagne.
Les plus jeunes du troupeau reconnaissent Tituta. Ils se dirigent vers elle pour la lécher et quémander des caresses. Amusée, la jeune fille les peigne et orne leurs oreilles de brins de laine de couleur vive. Elle taquine

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