Avec ou sans toi
186 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
186 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Janet Danton, originaire de Hastings en Angleterre, est une jeune flic à l'enfance douloureuse. Elle va se trouver plongée au cœur d'une enquête sur des meurtres dont les fils qu'elle va patiemment démêler vont inexorablement la replonger dans un passé qu'elle aurait préféré oublier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342049428
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avec ou sans toi
Olivier Thérond
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Avec ou sans toi
 
 
 
« Nous recevons tous au berceau les croyances de notre tribu en tatouage ; la marque peut sembler superficielle, elle est indélébile. »
O. W. Holmes (1809-1881)
 
 
 
« L’éternité, c’est la mer mêlée au soleil. »
A. Rimbaud.
 
 
 
1. Hastings
 
 
 
Le temps semble s’être enfin stabilisé en cette fin d’après-midi. Le ciel n’est plus obstrué que par quelques nuages blancs qui se déplacent à la vitesse d’un vent qui n’en finit plus de souffler. Les mouettes se laissent bercer par la brise, seuls leurs cris viennent troubler le calme environnant. Tout est propice au calme et au repos.
 
De repos, Janet Danton en a bien besoin. Contre des parents qui se déchirent, un quartier où il fait de moins en moins bon vivre et des études qui, pour l’instant, la « saoulent », Janet n’a de repos qu’en haut de cette colline de West Hill qui domine Hastings.
 
Allongée dans l’herbe tendre, elle rêve à un monde meilleur, à un avenir radieux où elle pourrait faire ce qui lui plaît, loin des disputes incessantes de son entourage. Janet a des rêves. Elle aimerait devenir vétérinaire ou policier. Le rapport entre les deux : a priori aucun, à moins de connaître les goûts de ce petit bout de fille de douze ans, sa passion pour la nature et son besoin de justice.

Janet se redresse et laisse son regard la porter aussi loin que possible. En face, la ligne d’horizon qui sépare la mer d’une frontière imaginaire et pourtant imaginée à maintes reprises : la France… Dieu qu’elle aimerait visiter Paris, la Tour Eiffel, les Champs-Élysées, les boutiques de luxe, comme lui avait raconté Tina Walter, sa copine de classe, qui elle, au moins, avait pu participer à l’échange scolaire avec la ville française de Rambouillet. Pour Janet, cet échange n’a été qu’un espoir furtif. En effet, comment aligner la somme demandée pour participer à cette véritable expédition avec un père marin pêcheur au chômage et une mère au foyer dont le seul but dans l’existence semblait consister à attendre la foudre des coups de son cher mari s’abattre sur elle.
 
Mademoiselle Robinson, sa prof de français avait d’ailleurs accueilli cette impossibilité de financer le voyage comme une sorte de soulagement. Comment supporter de donner une image aussi pitoyable de l’Angleterre et surtout comment imaginer qu’un « Frenchie » puisse survivre chez les Danton ne serait-ce qu’une journée ? Janet avait dû se contenter de la cour de récréation pour profiter de l’accent français. Elle restait dans une salle pour travailler pendant que ses amis partaient visiter Brighton ou Londres.
 
Dans ces moments-là, Janet essayait tant bien que mal de se concentrer sur ses devoirs car malgré un sentiment de déception et de colère mêlées, elle pressentait que seule l’instruction lui permettrait d’échapper à ce que chacun semblait considérer comme sa destinée : issue d’un milieu populaire, tu y resteras jusqu’à la fin de tes jours, avec pour seule ambition de trouver un mari qui sera, à défaut d’un merveilleux amant, un parfait géniteur.
 
Le cri des nombreuses mouettes qui survolaient la colline sortit Janet de sa douce torpeur. Elle se redressa, s’étira puis choisit de descendre vers la ville en empruntant le vieil escalier en bois plutôt que le funiculaire qui charriait un flot incessant de touristes impatient de visiter les ruines du fameux château de la ville où Guillaume le Conquérant mit une mémorable pâtée à ces arrogants Français.
 
Il lui restait encore une bonne et belle balade à faire pour retourner chez elle. Elle redescendit lentement l’escalier, pour, après quelques minutes, haletante, se retrouver dans une petite cour où, depuis des lustres, plusieurs boutiques de souvenirs remplies de bols, assiettes et autres objets finalement bien futiles à l’effigie des deux symboles forts de la ville : le château (ou du moins ce qu’il en restait) et les mouettes se disputaient un espace réduit. Ah ! Les mouettes, elles sont omniprésentes à Hastings et ont de moins en moins peur de l’homme. Il n’est pas rare, que, si vous choisissez de vous allonger sur une des plages de galets de la ville et que vous ne prenez pas la peine de cacher votre « quatre heures », qu’une mouette s’approche si près qu’elle arrive à vous le voler en repartant en émettant un cri strident. Il est d’ailleurs devenu habituel, que la « Une » du journal local traite de problèmes rencontrés avec les mouettes. Comme se le remémore Janet, pas plus tard que la semaine dernière, une mère de famille a eu droit à cette Une. Son fils âgé de six ans a été littéralement agressé par une « horde » de mouettes qui en voulait à son biscuit. Comme avait dit son père, « ces bestioles sont pires que les fans de Southampton face à une pinte ! » On a les références que l’on peut, sourit intérieurement Janet en se remémorant cette remarque hautement philosophique.
 
Janet longeait maintenant la plage. Elle s’arrêta un instant au niveau du « Pier » qui, depuis cinq ans maintenant était désert et continuait pourtant à abriter des boutiques fantomatiques. Toute vie avait peu à peu disparu et il ne restait rien de ce Brighton miniature qu’une avancée délabrée sur la mer.
Elle arriva au niveau de Victoria Square, avec sa statue de la Reine Mère, dressée fièrement face à la mer. Janet sourit en pensant que même la statue d’une personnalité si respectée du Royaume ne pouvait échapper ni aux aléas du temps, ni aux déjections infectes de ces satanées mouettes.

Elle laissa Victoria à son repos éternel et se dirigea vers le 34, Berkeley Street, adresse de son «  home  » pas si «  sweet  » que ça. L’immeuble était un peu délabré, coincé entre un pub, où son père semblait avoir élu un second domicile, voire une garçonnière et un petit magasin ouvert jusque très tard le soir, tenu par Monsieur Singh, entouré de sa femme et ses quatre enfants. Il n’était pas rare que M. Singh, lors des soirées pas trop fraîches, réunisse quelques enfants du quartier au pied du magasin et leur raconte des histoires de son pays natal, l’Inde qu’il semblait parfois regretter. Il suffisait de voir ses yeux briller à l’évocation de son village, de la vie bouillonnante qui y régnait. Janet avait alors l’impression de voyager et oubliait, l’espace d’un instant, la médiocrité de son existence. Son père, d’ailleurs, ne s’y trompait pas, il n’avait de cesse de pester contre ce « macaque » qui « lui bouffait son pain ».
 
Le père de Janet, Luke Danton avait trente-deux ans, il était issu d’une famille commerçante de Brighton. Les grands-parents de Janet furent tués sur le coup lors d’un grave accident sur la route littorale entre Brighton et Hastings. Janet avait alors deux ans, et, aussi loin qu’elle puisse se souvenir, c’est à ce moment-là que son père commença à perdre pied. Il ne restait presque plus rien de ce qu’avait été Luke. Cheryl, la mère de Janet se souvenait parfois des rares bons moments passés avec lui, de leur rencontre, il y avait treize ans de cela. C’était au mois de juillet. Cette période propice aux festivals en tout genre et surtout ceux de musique organisés sur les plages du centre-ville d’Hastings. Elle avait décidé de s’y rendre avec Maggy McGuirre, sa copine d’origine écossaise, rousse comme une célèbre bière locale. Cheryl, elle, avait les cheveux bruns et longs qu’elle attachait de temps en temps ce qui avait le don de la rajeunir, et pour certains spécimens de la gent masculine, de la rendre très désirable. Elle avait de grands yeux marron verts, une belle bouche pulpeuse qu’accompagnait un sourire qu’elle savait ravageur. Maggy et Cheryl se trémoussaient sur la plage au milieu de leurs congénères que la chaleur du soleil d’été et la bière qui coulait à flots décomplexaient peu à peu.
 
Elle se cogna contre un beau jeune homme, s’excusa. Leurs regards se croisèrent et après les excuses d’usage, chacun reprit le cours de son activité, mais, l’intensité de l’échange du regard laissa une trace indélébile et ils ne purent s’empêcher de se retourner et de se chercher à nouveau du regard pour faire durer ce plaisir bien nouveau. La suite se résuma à quelques danses, pas mal de bières et un petit tour dans les hangars à bateaux, où, à l’abri des regards ils se donnèrent l’un à l’autre. Comme Luke avait un job sur un bateau de pêche et un salaire régulier, ils prirent très vite la décision de s’installer ensemble et Sheryl fut rapidement enceinte. Ainsi commença la construction de la petite famille.
 
Janet arriva chez elle. Son père était vautré dans un vieux fauteuil déglingué, sirotant une bière devant un match de foot. Elle n’osa pas faire de bruit de peur de le déranger car, perturber Monsieur en pleine concentration sportive pouvait s’avérer dangereux. Elle quitta donc ses chaussures et se rendit directement dans sa chambre sur la pointe des pieds. Elle passa devant la cuisine où sa mère sanglotait en rangeant une vaisselle fraîchement lavée. Janet ne s’arrêta pas car elle n’avait nullement besoin de savoir ce qui s’était passé : elle le savait. Une énième dispute, une énième raclée et ce soir une énième réconciliation. Cela, Janet en était certaine, car les murs, aussi épais que des feuilles de papiers cigarette l’obligeaient à entendre tout ce qui se passait dans la chambre d’à côté. À bien y penser, cela ne semblait nullement déranger ses parents.
 
 
 
2. Troubles
 
 
 
C‘est quelques jours plus

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents