Classé sans suite
38 pages
Français

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Description

Le commissaire Odilon QUENTIN est chargé d’enquêter sur un maître chanteur qui sévit auprès de magistrats réputés.


L’affaire s’avère d’autant plus délicate que les langues se délient peu dans le milieu et que ceux qui ont la charge de signer le mandat de perquisition permettant de confondre le suspect ont tout intérêt à ce que le coupable ne fasse pas ses gammes aux assises.


Cependant, le hasard va mettre sur la route du policier un personnage haut en couleur qui va à la fois simplifier et compliquer son travail...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 13
EAN13 9782373471939
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 19 *
CLASSÉ SANS SUITE
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
Très élégante dans sa robe de crêpe Georgette noir rehaussée d'un col et de manchettes de dentelle écrue, Gloria d'Amercœur con templa d'un coup d'œil circulaire l'ensemble de la pièce sans y découvrir une seule fausse note. De la clarté, des œillets rouges dans un bol de cristal taillé et les teintes claires d'un tapis d'Orient tempéraient l'austérité de son bureau d'ébène. Du luxe et du goût : c'était en somme le cabinet de travail d'une femme d'affaires qui n'a pas oublié qu'elle est une fille d'Ève.
me M d'Amercœur cependant n'avait rien d'un chef d'indu strie ; cela ne l'empêchait d'ailleurs aucunement d'être contente d 'elle-même en dépit d'une cinquantaine bien sonnée, et satisfaite de son idée.
Il y avait dix-huit mois déjà qu'elle avait repris cet immeuble cossu de l'avenue Niel. Certes, elle y avait investi des capitaux con sidérables en transformations et autres frais d'aménagement, mais au fond, c'était d e l'argent bien placé. Les garçonnières qu'elle louait au mois, à la semaine o u à la journée s'enlevaient comme des petits pains. N'eussent été l'élégance du quartier et la discrétion requise en ce genre spécial de profession, elle eut pu afficher sur sa porte un innocent bristol portant le simple mot : « Complet. »
C'était réconfortant ; il est vrai que l'adultère ne connaît pas de morte-saison ! De plus, les studios étaient aménagés avec coquette rie, sans négliger le confort que procure l'hydrothérapie : chaque boudoir comportait une alcôve minuscule, où se dissimulait une salle de bains complète.
Les divans étaient spacieux comme des champs de bataille ; des paravents de miroirs de Venise reflétaient à l'infini des étreintes voluptueuses, et sur un guéridon très bas, discrètement appuyée contre le col d'un v ase garni de quelques fleurs, une carte offrait aux amants fatigués le réconfort de sa gamme de portos.
Personnel stylé ; femmes de chambre avenantes ; deux ascenseurs : l'un pour monter, l'autre pour descendre, afin d'éviter des rencontres fâcheuses : tout avait été prévu !
Gloria d'Amercœur sourit : du hall, lui parvenait l e murmure étouffé d'un dialogue dont elle connaissait les répliques à force de les avoir entendues :
— Attends-moi un instant, chérie ; je vais amener la voiture devant la porte... Je te ferai signe...
— Oui, mon amour !
Ce luxe de précautions était peut-être puéril, mais il était charmant : et attendrie, la propriétaire de la maison de rendez-vous souleva imperceptiblement le
rideau de voile suisse, pour voir Mado rejoindre Hubert, dans la Peugeot sagement rangée le long de la bordure du trottoir. Ils étaie nt très élégants, très distingués, l'un et l'autre ; elle, un peu forte, mais habillée avec une discrétion parfaite ; lui, mince et sportif en dépit de ses quarante-cinq ans. À eux deux, ils formaient un couple merveilleusement assorti.
C'était du reste un collage solide qui tenait compt e des impératifs du code mondain tout en respectant les exigences profession nelles : Hubert Lhornier, avocat à la Cour, était depuis plus de deux ans l'a mant de Madeleine Grandmaison, l'épouse légitime du Procureur de la République !
Les mauvaises langues chuchotaient que le cher maître avait fait d'une pierre deux coups en joignant l'utile à l'agréable ; mais ces propos étaient inspirés par la médisance du côté femme, ou par la jalousie, lorsqu e dans la salle des Pas Perdus, les confrères se confiaient à l'oreille la chronique scandaleuse du Palais.
Le N° 14 demanda par téléphone des petits fours et une bouteille de Sandeman, et ce détail insignifiant empêcha la sémillante Gloria de s'attarder dans la contemplation du spectacle mouvant de la rue ; elle ne vit donc pas un monsieur vêtu d'un pardessus mastic glisser dans sa poche un appareil photographique de petit format.
Pendant ce temps, l'auto pilotée par Maître Lhornier se dirigeait vers le centre de Paris, tandis que ses occupants échangeaient de douces confidences. L'avocat déposa son amie au coin du boulevard des Capucines afin de lui permettre de regagner le domicile conjugal dans un taxi anonyme, puis il poursuivit sa route par la rue Royale pour rentrer à son bureau, rue Saint-Honoré.
Le crépitement de mitrailleuse d'une machine à écrire annonça à l'homme de lle loi que M Estelle, sa dévouée secrétaire, achevait de taper les conclusions en cause « Usines Seringa contre Thornton et Cie », et il pénétra dans son cabinet le cœur joyeux et l'âme en fête.
C'est à ce moment qu'il aperçut une enveloppe sur s on sous-main de cuir repoussé ; une lettre dont l'adresse était tapée à la machine et qui portait, soulignés au crayon bleu, les mots : « Confidentiel et urgent. »
De tels messages ne sont pas exceptionnels dans une étude d'avocat ; néanmoins, sans trop savoir pourquoi, Hubert Lhorni er s'empara de la missive avec un instinctif mouvement de répulsion, et il prit connaissance de son contenu, épongeant nerveusement les gouttes de sueur qui perlaient sur son front.
Certes, le texte était présenté sous une forme courtoise, mais la rédaction n'en était pas moins d'une ironie lourde de menaces :
« Monsieur l'Avocat,
« J'ai l'honneur de porter à votre connaissance qu' un hebdomadaire parisien connu, mais dont je préfère taire le nom, m'a confié la rédaction d'une série d'articles à tendance moralisatrice, de stinés à éclairer le grand public sur l'existence dissolue que mènent certains représentants des classes dites « dirigeantes ».
« Afin de remplir scrupuleusement le rôle d'informa teur qui m'a été dévolu, j'ai consacré ma première enquête aux amours adultères de l'épouse d'un éminent magistrat du Parquet avec un avocat de talent, dont la réputation d'habileté s'affirme chaque jour davantage.
« Je n'ai reculé devant aucun sacrifice pour donner à ce reportage un caractère attrayant propre à intéresser la masse des lecteurs ; c'est ainsi que des photographies en accompagnent le texte d'une haute tenue littéraire.
« Cependant, au moment de porter ce chef-d'œuvre journalistique à mon rédacteur en chef qui l'attend avec impatience, j'a i été saisi par une inquiétude dont vous apprécierez, j'en suis sûr, la haute portée philanthropique : n'allais-je pas briser un ménage, ruiner irrémédiablement une...
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