Conversation(s) d’une schizophrène
366 pages
Français

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Conversation(s) d’une schizophrène , livre ebook

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Description

Angela est malade. Angela s'imagine un univers qui n'existe pas. Mais elle n'est pas la seule. Dans son esprit, dans notre monde ou le sien, certaines choses restent inexplicables. Comme l'impitoyable vérité des exorcistes de Venise, les symphonies amères du paradis, les fantômes qui ne trouvent pas le repos et se lient aux mortels. Les anges qui traversent les siècles ou les meurtriers, avec leurs visions erronées... tandis que les vampires et les monstres cohabitent pour bâtir la ville idéale, l'enfer des humains les rattrape. L'Enfant Qui Se Brise met sa propre vie en danger pour sauver celle des autres. Et finalement, Angela se rend compte que sa propre imagination est aussi son pire ennemi. Mais n'ayez crainte. Vous n'êtes pas fous... eux, le sont... n'est-ce pas ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334141482
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-14146-8

© Edilivre, 2016
Dédicace


À Marie, Maya, Sara et Tommy.
Ce courage, je vous le dois.
Restez loin de Monroeville !
Vous n’y trouverez rien… si ce n’est la mort.
Vous riez et n’écoutez pas les conseils d’une vieille dame Mais, si vous saviez, vous trembleriez.
Car personne ne revient jamais de Monroeville.
Elle garde les étrangers et décide de leur sort.
Écoutez mon conseil et éloignez-vous de cette ville !
La Mort vit à Monroeville.
Si personne n’en revient jamais, comment puis-je le savoir ?
Oh, mais soyez sûrs que nous savons !
Elle garde les enfants du Seigneur et fait disparaître ceux du Malin,
Mais cela serait mentir de dire qu’elle ne rend jamais rien…
Car s’il y a bien une chose que Monroeville sait rendre, ce sont les cris de ses victimes et les pleurs de ses habitants.
Symphonie amère


C’est une impression étrange de savoir que votre vie va s’arrêter dans quelques minutes, de savoir que tout ce qui constitue votre être n’aura plus d’importance ; c’est étrange, en effet… C’est aussi très étrange comme les rêves peuvent sembler paisibles à celui qui ne rêve plus, comme la vie peut paraître simple à celui qui est sur le point d’en finir, comme les questions sans réponse peuvent être à ce point déplacées, comme ma vie peut être dépourvue de sens maintenant que je connais la vérité…
J’ai souvent essayé d’imaginer à quoi pourrait ressembler le paradis, et je me suis représenté un désert. Le vent chaud me fouette le corps tandis que j’avance, et j’entends cet air… Quelqu’un joue du piano près d’une cabane abandonnée. Cet air, je le connais si bien… Il est magnifique ! La dernière fois que je l’ai entendu, c’est lorsque j’ai failli mourir. Dieu que j’aurais souhaité mourir pour que cet air ne cesse jamais ! Sa mélodie m’envoûte et je continue d’avancer. Je demande à cette personne qui elle est ; une question peu utile si l’on considère que je suis dans le paradis que je me suis inventé.
« Vous savez qui je suis, me dit cette personne sans se retourner.
– Vraiment, je ne vois pas », dis-je.
Par sa voix, je sais que je m’adresse à un homme. Je regarde la cabane et n’y vois rien à l’intérieur. Le vent continue de souffler sur nous. Je jurerais presque qu’il s’agit de l’enfer.
« Vous me reconnaîtrez, dit-il sans s’arrêter de jouer.
– Où avez-vous appris à jouer comme ça ?
– Je ne sais pas.
– On ne peut pas ignorer d’où provient un tel talent.
– Mais on peut l’oublier », dit-il.
J’ai l’impression de le reconnaître à ses intonations. Aussi, je préfère m’asseoir et l’écouter, tout en fermant les yeux. Je laisse la mélodie s’emparer de moi, je laisse les notes danser… Un sourire se dessine sur mon visage. Pour la première fois depuis longtemps, je ne me sens pas maudit, je n’ai plus peur de fermer les yeux. La musique s’empare alors de mon cœur, ma respiration ralentit. Je m’allonge sur le sol sableux et je regarde le soleil qui disparaît peu à peu.
« Vous aimez la musique ? me demande-t-il.
– C’est merveilleux ! m’exclamé-je avec un sourire idiot.
– Vous connaissez cet air ?
– Il me rappelle la mort.
– Vous savez pourquoi ?
– Non, je l’ignore.
– On ne peut ignorer une telle chose.
– Mais, comme vous dîtes, on peut l’oublier.
– Oui, dit-il en souriant, on peut oublier… C’est si facile d’ignorer d’où on vient.
– Et d’où venez-vous ?
– Je ne saurais le dire.
– Dans ce cas, nous sommes deux pauvres idiots.
– Sans doute. »
Ses intonations deviennent plus violentes et le temps s’assombrit. Mon sourire s’efface alors que j’essaie de me souvenir d’où je connais cet air.
« Vous ne savez vraiment pas quelle est cette chanson ? demandé-je encore.
– Non, Monsieur, mais elle est tellement belle… Je pourrais la jouer jusqu’à ma mort, et même au-delà si on me le permettait.
– Cette chanson est belle à en mourir, oui. »
Le vent cesse peu à peu de souffler. Je commence à m’endormir.
« Vous ne vous rappelez pas ? me demande-t-il.
– De quoi ?
– D’où vous connaissez cette chanson ?
– Je vous ai dit que je ne la connaissais pas… Avez-vous quelque chose à me dire dessus ?
– Eh bien… Vous la connaissez peut-être, parce que c’est celle que vous avez écrite et jouée à l’enterrement de vos parents. »
Mon cœur se noue et la musique cesse. Il se retourne et, tel un miroir, c’est moi-même que je regarde. Il est moi et je suis lui, mon paradis avec ma conscience. La mort est une chose bien étrange, je vous l’accorde. Le piano continue de jouer sa mélodie sans son maître. Il s’avance vers moi et me dit :
« Je t’avais dit que tu me reconnaîtrais. »
Je souris, incapable de bouger. La mélodie s’est encore emparée de moi.
« Suis-je mort ?
– C’est une question de point de vue.
– Alors donne-moi le tien !
– Je n’en ai pas si tu n’en as pas. Je suis toi, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. »
Et je compris alors que le paradis n’existait pas. La seule chose qui puisse nous attendre après la mort, ce n’est qu’une prison avec sa propre conscience, comme si nous étions prisonniers du même corps sans pour autant bouger ; un corps de marbre qui se décompose tandis que l’âme voyage loin, très loin, mais toujours avec son reflet.
« La mélodie ne cessera donc jamais ? demandé-je.
– Jamais, dit-il en se rasseyant et en reprenant son jeu.
– C’est tout ce que je souhaitais », dis-je avec un sourire.
Confessions d’un meurtrier


Comment un esprit aussi sain peut-il devenir un esprit assoiffé de sang et de destruction ? On lui disait de ne pas fermer les yeux dans le noir, de ne pas éteindre la lumière, quand il était petit… « Ne dort dors jamais, ne meurs jamais. »
Il ne peut pas stopper cette peine ; une partie de lui le veut, mais l’autre est plus forte. Même en tombant du paradis, les anges deviennent démons à force de vivre avec les hommes. Lui, il se prenait pour Dieu, comme les « autres » en fait.
Sans jamais faillir, il parle comme une personne normale. D’ailleurs, il est normal pour tout le monde, un peu trop idéal parfois.
À chaque fois, pour s’endormir, ces mots résonnaient dans sa tête : « Ne dors jamais, ne meurs jamais. » L’immortalité est un secret bien gardé, alors comment faire pour le percer ? En devenant immortel à travers la mort et en devenant… un massacreur ?
On se souvient d’Hitler pour ses actes et pour la « Solution finale », on se souvient de son nom, mais se souvient-on seulement du nom des victimes ?
Les meurtriers, les dictateurs, les hommes qui ont fait le mal sont devenus immortels à travers le temps. Les victimes n’étaient que les pions de cette immense partie d’échecs pour y parvenir. On continue de les blâmer pour ce qu’ils ont fait mais on connaît leur nom et leur biographie dans les détails. D’où vient cette fascination, si ce n’est de la crainte de voir un jour des hommes semblables surgir de nulle part ?
Heureusement pour lui, la crainte ne l’a jamais atteint. Que peut craindre un tueur ? Un autre tueur ? Ce sont les autres qui ont peur, qui ferment leur maison à double tour, qui achètent un gros chien pour les effrayer, mais tout cela n’est pas plus efficace.
Un monde de terreur, voilà dans quoi nous vivons… Et c’est toujours les mêmes qui paient pour les erreurs des autres. Lui, il ne faisait cela que pour faire payer aux femmes d’une vingtaine d’années ce que ses parents lui avaient fait subir : un viol, des mauvais traitements, un environnement instable… Ils ont gâché sa vie, il allait gâcher la vie des autres jusqu’à ce que quelqu’un l’arrête, c’est-à-dire (du moins pour son cas) jamais !
Plus de soixante-six meurtres en Arizona, Géorgie, Californie, Illinois et dans le Delaware. Élargir son champ d’action pour que la police ne fasse pas de rapprochement, voilà quelle était sa devise.
« Mais une question me laisse sans voix, lui avais-je dit lorsqu’il me confessait ses crimes. Quel était le but ? »
Il était allongé sur son lit. Le cancer était en train de l’emporter.
« Moi aussi une question me laisse sans voix, me dit-il soudain d’une voix claire et grave. Est-ce moi… ou les autres qui sont fous ? »
Il s’est éteint la nuit suivante, dans son luxueux appartement de Manhattan, à New York. Il avait 53 ans. Il m’a dit qu’il avait commencé à tuer à l’âge de 26 ans. La folie meurtrière qui l’animait était partie avec lui.
L’ironie, c’est qu’il est né en enfer et il est mort dans une prison dorée, au paradis. Et moi je suis née au milieu de ce royaume… Le meilleur héritage qu’un père puisse laisser à sa fille, c’est de lui avouer sur son lit de mort que sa mère n’est pas morte dans un accident de voiture, comme on lui avait souvent répété, mais qu’elle fait partie d’une collection humaine enterrée dans le désert du Nevada.
Extrait de l’interview de Monsieur Lutz, sur son lit de mort, Manhattan, 17.
Juillet de cette année
« Pourquoi avez-vous fait cela ? Votre fille ne méritait pas de grandir sans sa mère… Regrettez-vous seulement vos actes ?
– Je n’ai plus rien à regretter… Je suis sur le point de mourir ; n’est-ce pas suffisant !?
– Non, je ne crois pas… Vous avez tué, Monsieur Lutz, et vous ne paierez jamais. Quel était votre but durant toutes ces années ?
– J’ai couru après des fantasmes, un bien-être, qui n’ont jamais été suffisants. Voilà pourquoi j’ai recommencé encore et encore, jusqu’à trouver ce moment intense.
– À vous entendre, on dirait que vous avez vécu un enfer… Sans doute pire que celui que vous avez fait vivre à vos victimes ? »
Il sourit.
« Il n’est pas question d’elles, mais de moi.
– Vous n’avez pas eu peur que votre fille débranche votre oxygène en apprenant la vérité ?
– Elle est comme moi, elle est aussi lâche, comme sa mère égaleme

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