Croisées de destins
172 pages
Français

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Description

L’enquête sur l’assassinat d’un bijoutier est confiée à la commissaire principale Camille Ouessant, personnage incontrôlable, souvent redoutable, parfois fragile. Elle nous entraîne, dans une affaire complexe au cœur de la capitale des Gaules, au rythme de rebondissements en trompe l’œil ou à contrepied. Une savante orchestration du pire et du meilleur de la nature humaine, sur fond d’événements et de personnages troubles au service d’une énigme. Une parfaite alchimie, pour donner de la profondeur à l’ensemble et en rendre la lecture attrayante. Ce roman, politiquement incorrect, pose un regard noir sur des comportements déroutants, parfois édifiants. Les destins des personnages s’entrecroisent dans des drames, avec désinvolture et cynisme. A lire sans retenue.

Informations

Publié par
Date de parution 11 février 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312030470
Langue Français

Extrait

Croisées de destins
Georges Michal
Croisées de destins




















LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Dans ce récit, certains lieux ont existé ou existent encore. En revanche, les personnages et les événements sont le pur produit d’une imagination volubile et indisciplinée.
L’auteur de ces dérapages prie les lecteurs qui se sentiraient concernés de n’en point prendre ombrage et n’y voir que les facéties du sort.































© Les Éditions du Net, 2015
ISBN : 978-2-312-03047-0
P ARTIE I
Crime et chuchotements
C HAPITRE 1
Un bijoutier heureux
Mercredi 27 novembre.
Édouard Herriot, ancien maire de Lyon, accessoirement Président du Conseil au siècle dernier, est immortalisé dans la mémoire des Lyonnais par une rue qui porte son nom. Au cœur de « La Presqu’île », elle relie la place Bellecour et la place des Terreaux, La statue du roi Soleil et la Fontaine Bartholdi.
C’est au début de cette rue, coté Terreaux, que se trouvait la première des trois bijouteries de Gérard Slimani.
Le soleil rivalisait de chaleur et de lumière, une radieuse journée d’été en cette fin novembre. L’heure du déjeuner approchait, Slimani était d’humeur joviale. Sa campagne commerciale : « De l’or pour les sans-abri » lancée en début de mois, s’achevait. Elle touchait l’apogée de sa réussite et consacrait sans détour son succès personnel. Cette idée, celle d’un de ses gérants, était lumineuse et lui avait eu l’opportunité de s’en emparer pour la faire fructifier.
« Faites un geste humanitaire tout en vous enrichissant. Nous achetons votre or à un prix équitable afin de participer à la lutte contre la misère dans notre ville ».
Le commerce de l’or pour une grande cause humanitaire, introduire une valeur morale dans ce business, voilà de quoi séduire les braves gens.
Cette idée visait à relancer une dynamique et une représentation du métier en berne. Toute immoralité balayée, elle avait séduit et recueilli l’adhésion du plus grand nombre des membres de la corporation. En ces périodes de diète, tous voyaient là une façon de faire évoluer leur image et leur marge, gagner en notoriété et en rentabilité en traitant des affaires lucratives. La majorité aujourd’hui s’en félicitait et le félicitait alors que la campagne battait ses derniers jours. Le 30 novembre, dans trois jours ce serait la fin, ce serait aussi son anniversaire, le soixantième, un choix de superstitieux.
Habituellement plutôt frileux pour ce genre de risque, Slimani avait tout de suite compris son intérêt à monter en première ligne. Il n’avait pas lésiné. Tous les personnels de ses trois boutiques étaient mobilisés. Il s’était montré généreux auprès des associations de proximité, afin de les persuader de la pureté de ses intentions et obtenir leur soutien. Enfin, il avait usé de toute son influence auprès de certains notables pour les convaincre de leur participation.
Pour preuve, l’opération avait fait un plein de subventions et autre cofinancement et bénéficiait d’une caution morale.
Là, depuis bientôt trois semaines les crédules de tout bord affluaient et la campagne promettait un retour sur investissement conséquent.
Dans la sphère du négoce régional de la bijouterie, voilà de quoi affaiblir plusieurs de ses principaux concurrents, opposants malveillants à cette idée. Voilà, qui augurait une montée en puissance de son influence sur la corporation et le prochain aboutissement de son projet d’extension dans le centre commercial de Lyon-Part-dieu. De quoi satisfaire son insatiable avidité.
Slimani laissait ses pensées cyniques vagabonder sur les motivations de ses semblables, leur goût de lucre ou leur humanité de bazar. Son talent aussi pour flatter leur bonne conscience à bas prix, qu’importe… Son regard fut attiré par une silhouette à l’extérieur.
Il distinguait mal dans la zone d’ombre de la rue… Une personne semblait s’affairer autour de son véhicule, un 4X4 noir garé sur le trottoir en face de sa boutique… Ce ne pouvait être l’un des gardiens du temple des stationnements de la ville, ces derniers étaient suffisamment arrosés pour fermer les yeux.
Intrigué plus qu’inquiet, il concentra son regard sur l’importun. Sa silhouette était encapuchonnée dans une parka noire, il crut distinguer à la faveur d’un espace de luminosité une paire de chaussures de type NIKE, délacée, recouverte d’un bas de pantalon avachi. Slimani se filma la suite.
Un jeune dégénéré de banlieue, comme il en existe des milles, rejetons de dénaturés d’une autre époque, de son époque, celle dont il garde des souvenirs peu glorieux.
Ces excités qui se déplaçaient en meute et sous le moindre prétexte faisaient des descentes punitives à la sortie du Lycée ou à la Péniche, pour se confronter à d’autres bandes, pour casser et venger dans la castagne un futile affront.
Attention, ceux « d’Olivier de Serre » descendent à la Péniche, il paraît que Dahan a traité la sœur Ben Arif au Lycée, ils viennent pour la marave.
Dans la mouvance des MJC, la municipalité avait mis ce local à disposition des jeunes du quartier pour se réunir, malgré l’hostilité des riverains. C’était l’époque des boums improvisées, l’époque d’une Soul Music en émoi après la mort d’Otis. C’était aussi l’époque des Stones emblèmes d’un refus de l’ordre établi, installés dans un rôle de Bad Boys. Tous les mercredis et dimanches après-midi la Péniche était le théâtre de règlements de compte entre individus ou entre clans, épilogue d’un affront ou d’un honneur bafoué. Invariablement on retrouvait la bande des Buers, dites « les Strauss », du nom de leur pantalon. C’étaient des voisins concentrés au collège technique Jean ZAY ou à l’école professionnelle Jules Guesde, voies de garage pour parcours scolaires d’échec. La bande d’Olivier de Serre, dite les « Arbis » ils provenaient du quartier du même nom, ghetto à forte concentration maghrébine. Parfois, la bande de la « Grap », diminutif de la Grapinière, des étrangers de Vaulx en Velin, terres lointaines de l’autre côté du Boulevard de Ceinture. Pour leurs incursions belliqueuses ils se déplaçaient en meute, sur des bécanes.
Toutes ces bandes, quand elles ne s’étripaient pas entre elles avaient au moins un objectif commun, venir casser du « Bourge » aux Gratte-ciel, quartier central de Villeurbanne, qui regroupait une forte communauté juive et tous les « fils à papa » du Lycée Pierre Brossolette.
Pas de réelle casse physique… pas encore… Tout fonctionnait comme un rite. Un simple ennui dans le gris urbain des citées banlieue en plein essor des années soixante. Une habitude, comme les bagarres du bal du samedi soir à la campagne.
Les théories sur toutes sortes de ségrégations faisaient des débuts balbutiants, elles constituaient probablement une toile de fond inconsciente dans l’activité de ces bandes, mais pas uniquement…
Les ghettos intellectuels et le désœuvrement dans lequel on laissait ces quartiers en ont vraisemblablement constitué un ferment efficace.
La pensée de Slimani n’était pas aussi élaborée sur le sujet, il gardait tout au fond de lui une haine méchante de cette époque, humilié par ce qu’il avait dû endurer des autres et par les moqueries des siens sur sa couardise et sa servilité. La réalité contemporaine est-elle meilleure ?
Tous ces jeunes ne valaient pas mieux actuellement, à l’époque, le rap, internet et les téléphones portables, ça n’existait pas. La drogue ne faisait pas les mêmes ravages, les tournantes on n’en parlait pas…
Point de doute, il devait se trouver là face à un jeune agité, aussi débile que méchant de la génération actuelle. Une frustration facile à assouvir.
La rue était prise en enfilade par une des nombreuses caméras de surveillance dont la ville s’était dotée. Il voyait là l’occasion d’accomplir un acte remarqué, sans risque, filmé sur la place p

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