Cyanure à Saint-Luc

Nathaniel Thorne

Description

Comme toutes les mégapoles, Montréal attire les personnages les plus brillants comme les plus déjantés. À l’hôpital Saint-Luc se retrouvent de nombreux paumés en rupture et il n’est pas rare que certains y décèdent. Pourtant, quand les décès dus au cyanure se multiplient, force est de constater que les limites de la normalité ont été dépassées. Policiers et administration sont sur les dents, surtout que les cadavres ont une forte tendance à être des catholiques déviants. Roman noir et grinçant, "Cyanure à Saint-Luc!" dresse un tableau sociologique au vitriol de la ville de Montréal et de ses extrémistes. La normalité n’est pas de mise dans cette histoire loufoque qui se moque des prêtres, des anciens militaires et des "Vrais Catholiques du Canada pour le Retour de Dieu". Mais au-delà du thriller de genre, dans un style épuré et direct, tout en phrases courtes et dynamiques, c’est avant tout l’intolérance et la bêtise que dénonce Nathaniel Thorne.

Informations

• Publié par: publibook
• Nombre de lectures: 7
• EAN13: 9782748367676
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Cyanure à Saint-Luc !

Nathaniel Thorne Cyanure à Saint-Luc !

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Au sergent-détective Georges Widz et à ses proches collè- gues pour m’avoir sauvé la vie en 1980. À Salman Rushdie À Amir Khadir, humaniste et médecin À tous les prisonniers et prisonnières d’opinion Pour davantage de justice sociale À Bruno Roy et aux Orphelins de Duplessis

Chapitre premier Un matin comme les autres pour Écrivain Emmerdeur. Il quitte à peine la tendre et douce compagnie de Morphée, sa meilleure amie. Les yeux grands ouverts, il ouvre le téléviseur par le truchement de la télécommande noire prévue à cet effet. Avec le même outil, il passe en revue toutes les chaines, à le recherche de ce dont il est extrê- mement friand : des bulletins de nouvelles. Mais il reste sur sa faim car il n’est pas câblé. Qu’à cela ne tienne. Au moyen d’une autre télécommande, blanche celle-là, il in- vite chez lui René Homier-Roy et tous ses amis. Déjà, dès cet instant, le romancier se sent un citoyen au-dessus de tous les autres. Un auditeur de Radio-Canada. Le 95,1 en fréquence modulée uniquement. Surtout rien d’autre. Vers huit heures trente, il le fait chaque matin, il décro- che le combiné. Il téléphone à sa mère. — Bonjour, m’man ! — Ça va ? — Pas si mal. Que fais-tu aujourd’hui ? Nous sommes mardi. Je suis toujours prêt à te recevoir. — Accordé. Je serai chez toi à l’heure habituelle. Écrivain Emmerdeur est heureux. Dix minutes plus tard, la serrure claque. Tout à fait normal car Écrivain Emmerdeur est atteint de la sclérose

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en plaques et il est tout à fait dépendant du CLSC de son quartier. La première visiteuse venue est une jeune Fran- çaise fraichement importée de Toulouse. Sandrine Parmentier vient chaque semaine vérifier entre autres ses signes vitaux. Salutations respectueuses et échanges cor- diaux. Vers neuf heures, deux autres femmes s’ajoutent, des auxiliaires familiales et sociales et sociales dont le travail consiste à prendre soin des gens. Des championnes toutes catégories du Bien. Après le départ de l’infirmière toulousaine, l’homme de lettres est lavé de pied en cap sans qu’il ait à quitter son lit. Petit bonheur matinal. Puis, il est habillé et déposé dans une solide toile qui est elle-même attachée à une grue ap- pelée lève-personne par les initiés. Dès cet instant, les deux auxiliaires deviennent ipso facto grutières. Par une simple pression du doigt, le pamphlétaire est éjecté hors de son lit pour ensuite être déposé en position assise sur son fauteuil roulant électriquement motorisé. En tout confort, bien assis sur son trône à roulettes, Écrivain Emmerdeur quitte sa chambre alors qu’on lui prépare un très singulier petit déjeuner : une rangée complète de biscuits à l’avoine Leclerc, une tasse de lait et un café. Et quel café ! Un breuvage puissant tout à fait capable de tirer du sommeil un troupeau d’éléphants ! Après les salutations d’usage et les remerciements les plus sincères, la plume enragée met en marche son ordina- teur. Il lit son courrier et met à jour sa machine tout en mangeant le plus vite possible. Plus précisément, les bis- cuits, les courriels et l’ordi. En même temps, il met en marche Spy Bot, Microsoft update et Ad Aware 2008. Et le cerveau électronique, tout seul comme un grand garçon, s’occupe du reste.

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