De la poussière sur les touches
38 pages
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De la poussière sur les touches , livre ebook

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Description

Monsieur de Saint-Évremont, riche industriel, a acheté l’hôtel meublé du défunt compositeur Rémi Ducoudray pour faire plaisir à sa fille malade et passionnée par l’œuvre du célèbre pianiste.


La pièce maîtresse de la collection autour du grand maestro est le piano sur lequel il créait ses partitions de musique.


Le soir de la pendaison de crémaillère, alors que les invités sont tous dans la salle de réception, des notes se font entendre dans le salon, provenant sans nul doute du fameux instrument dont le couvercle du clavier est pourtant verrouillé.


Tout le monde se précipite dans la rotonde... elle est vide !


Parmi les convives, Claude PRINCE, le radiesthésiste détective renommé, témoin de la scène, propose son aide afin de résoudre cette énigme et demande à Edwige de débloquer l’abattant à l’aide de sa clé.


Personne n’a joué sur celui-ci depuis fort longtemps, la preuve en est, la poussière recouvre les touches !...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 6
EAN13 9791070030189
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

- 6 -

DE LA POUSSIÈRE SUR LES TOUCHES

De
Marcel PRIOLLET
* 1 *
Le piano d'un maître
 
— Oui, mes amis, dit M. de Saint-Évremont, lorsqu'on eut versé le thé et les liqueurs, ce n'est pas sans une espèce de respect que je vous reçois ce soir, afin de suspendre la crémaillère dans cet hôtel de la rue de la Pompe, où depuis vingt ans habitait le grand maître de la musique française, Rémi Ducoudray.
« Vous savez tous combien je suis passionné et ma fille Edwige surtout, de l'œuvre grandiose de ce compositeur ? À sa mort, survenue voici quinze mois bientôt, j'ai racheté cette maison, quelques meubles, et notamment le piano... oui, ce piano à queue en palissandre que vous voyez là, où, paraît-il, Ducoudray a composé ses plus belles œuvres. Lorsque je songe que des chefs-d'œuvre comme « Magda », « Brocéliande », « Le Salut de Fontenay », ont été joués pour la première fois sur ce clavier, j'éprouve une impression presque pieuse à regarder cet instrument.
— Bah ! dit un invité, ce qui m'étonne, c'est qu'on ait jeté au vent des enchères ces souvenirs précieux, car enfin, avec tous les succès obtenus, tant en France qu'à l'étranger, Ducoudray devait être riche... sa veuve ne doit pas être à plaindre !
« Pourquoi cet éparpillement volontaire ?
Claude Prince, qui dans un coin achevait de fumer un cigare, prit la parole.
— Je crois, dit-il, que vous vous faites illusion sur ce qu'était la situation véritable du grand compositeur. Il en est du reste ainsi de toutes les célébrités vues par le grand public... On les voit couronnées de gloire, applaudies, on en déduit qu'elles sont fortunées, ce qui est une grosse erreur.
« Pour ma part, j'ai eu l'occasion d'entretenir des rapports amicaux avec Ducoudray et sa femme. Ils avaient l'air de mener grand train : cet hôtel, trois domestiques, une auto de grande marque, une propriété aux environs de Paris, tout cela pouvait passer pour les marques extérieures d'une fortune solide.
« En réalité, Ducoudray vivait un peu au jour le jour, étayait sa situation précaire de conférences, de tournées, de leçons particulières, que lui procurait sa classe d'harmonie au Conservatoire. Suivant la formule populaire, il couvrait Paul pour découvrir Pierre, vivait beaucoup sur le crédit de ses fournisseurs... Oh ! M. de Saint-Évremont et surtout vous, M lle  Edwige, que je sais une fervente du maître, ne m'adressez point un regard furibond... Je ne parle pas à la légère et sans savoir ! Bien des fois – je m'excuse de cette confidence d'un ordre un peu intime – bien des fois, Rémi Ducoudray a eu recours à mon obligeance pour solder des fins de mois difficiles ! Oh ! c'était là, chose bien naturelle, puisque nous étions liés... cependant cela affirmait que sa trésorerie n'était pas aussi prospère qu'on était en droit de se l'imaginer ?
— Un artiste n'est pas un homme d'argent, coupa d'un ton sévère M lle  de Saint-Évremont.
— Nous sommes d'accord là-dessus, sourit le détective radiesthésiste en hochant la tête, l'imprévoyance du maître allait même très loin ! Bref, Ducoudray est mort couvert de dettes, laissant sa veuve dans une situation plus que désespérée...
« J'ai dû lui venir en aide les premiers temps de son veuvage, car la vente de cet hôtel et aussi des meubles qui le garnissaient n'ont pas été dans sa poche, mais bien dans celle des créanciers.
« Par la suite, j'ai perdu de vue M me  Ducoudray. Ses demandes d'argent devenant de plus en plus pressantes, il m'a fallu à mon grand regret, lui condamner ma porte.
Une dame déclara :
— J'étais à la vente de l'hôtel Drouot. Il paraît qu'elle n'a pas rapporté en tout cinq cent mille francs... les enchères ne montaient pas.
— Bien sûr, dit quelqu'un, que voulez-vous, les meubles de Ducoudray n'avaient aucune valeur commerciale... des vieux souvenirs de gloire morte, cela n'intéresse personne.
Ce fut au tour d'Edwige de Saint-Évremont de s'indigner :
— Heureusement, dit-elle, que mon père et moi étions là pour récolter les dernières reliques du maître disparu... Nous n'avons eu, hélas, qu'un regret, c'est de ne pouvoir tout acquérir... Une bande de marchands, sans doute de connivence avec le commissaire-priseur, avait déjà arraché à la faveur de l'encan, une partie de ces pieux souvenirs... Vous voyez, disposé à l'intérieur de ce petit salon, tout ce que nous avons pu réunir des épaves ayant appartenu au maître.
La jeune fille poursuivit avec une voix qui s'enrouait :
— Cette vitrine Louis XVI garnie de vieilles reliures, de groupes de porcelaine de Saxe... Ce bonheur-du-jour... plus loin cette poudreuse, ce fauteuil bergère... mais le plus inestimable de tous nos achats, ce piano Érard, ce bel instrument de concert où, si souvent, le maître a promené ses doigts agiles en quête d'une inspiration.
Tous les yeux fixaient celle qui parlait d'une voix basse et un peu fiévreuse.
M lle  Edwige de Saint-Évremont était petite, brune, étrangement pâle. Un regard de fièvre illuminait d'un éclat morbide, ce petit, visage blanc que le cerne des...

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